samedi 17 mars 2018

La firme binchoise "La Conferction du Centre"


La firme binchoise « LA CONFECTION DU CENTRE »
                                                                                                                 Alain GRAUX
La société anonyme Confection du Centre fut créée le 11 juillet 1930, devant le notaire Charles Derbaix par les personnes suivantes:
* Elie Boulanger[1], confectionneur, 9 rue de l'Eglise.
* Nestor Baudoux[2], fermier à Waudrez.
* Léon Boucquéau[3], comptable, 1 rue d'Hurtebise.
* Robert Dautrebande[4], industriel, 41 Grand-Place.
* Nestor Gerday[5], directeur de banque, 85 rue de Robiano.
* Herman Lebrun[6], confectionneur, 66 rue de Merbes.
* Joseph Meunier[7], brasseur, rue des Brasseries.
* Henri Tombeur, industriel à Nivelles.
* Jules Vandennoortgate, professeur, 6 rue de la Hure.
* Maxime Debaise[8], confectionneur, 17 place E. Derbaix.

La société a pour objet la confection en général.
Le capital social se monte à 1.000.000 Fr., représenté par 1.000 parts sociales.
La société est créée pour une durée de 30 ans,
Les apports à la société sont les suivants:
- M.M. Boulanger et Lebrun apportent toute leur clientèle belge et étrangère, estimée à 25.000 Fr.
Il leur est attribué 25 actions libérées, à partager selon leurs convenances. Ils reçoivent en outre 80 parts de fondateurs.
- Maxime Debaise apporte toute sa clientèle belge.
Cet apport est estimé à 30.000 Fr. Il reçoit 30 actions libérées et 60 parts de fondateur.
- M.M. Gerday, Meunier, Vandennoortgate, Baudoux, Tombeur, Boucquéau et Dautrebande, réunis dans leurs démarches, études, rapports, déplacements et relations financières, reçoivent 380 parts de fondateurs à se partager selon leurs convenances.
Les 945 actions du capital restant sont souscrites par:
- M.M. Boulanger et Lebrun, tant pour eux réunis que pour un groupe pour lequel ils se portent forts: 80 actions.
- Nestor Baudoux, pour lui et pour un groupe pour lequel il se porte fort: 155 actions.
- Léon Boucquéau, pour lui et pour un groupe pour lequel il se porte fort: 70 actions.
- Robert Dautrebande, pour lui et pour un groupe pour lequel il se porte fort: 100 actions.
- Nestor Gerday, pour lui et pour un groupe pour lequel il se porte fort: 60 actions.
- Joseph Meunier, pour lui et pour un groupe pour lequel il se porte fort: 150 actions.
- Henri Tombeur, pour lui et pour un groupe pour lequel il se porte fort: 200 actions.
- Jules Vandennoortgate, pour lui et pour un groupe pour lequel il se porte fort: 130 actions.
Les 480 parts de fondateurs restantes sont réparties comme suit:
- M.M. Boulanger et Lebrun: 40 parts.
- Nestor Baudoux: 78 parts.
- Léon Boucquéau: 35 parts.
- Robert Dautrebandes: 50 parts
- Nestor Gerday: 29 parts.
- Joseph Meunier: 75 parts.
- Henri Tombeur: 200 parts.
- Jules Vandennootgate: 65 parts.
Soit avec les 520 parts de fondateurs attribuées en premier lieu, les 1.000 parts de fondateurs[9].
L'assemblée générale qui suivit la fondation nomma les 5 administrateurs:
H. Tombeur, N. Baudoux, R. Dautrebande, E. Boulanger et J. Meunier.
Les 3 commissaires:
H. Lebrun, J. Vandennoortgate, N. Gerday[10].
Le 14 avril 1931, la Société Anonyme "Confections du Centre" est autorisée à installer 3 moteurs électriques de 1 CV destinés à actionner des machines à coudre dans un atelier de confection 5-7 rue du Rempart Saint-Georges[11].
Dans sa demande, l'entête de la firme indique que son siège est provisoirement sis 9, rue de l'Eglise. Son capital social est de 1.000.000 Fr.
Elle fut dissoute le 3-3-1933[12], mais continua à travailler en liquidation. Le liquidateur est Joseph Devrout de Bruxelles.
Deux assemblées générales des actionnaires relatives à la clôture de la liquidation eurent lieu le 1er avril 1948. Les comptes de la liquidation furent approuvés.
La société cesse d'exister à partir du 1er avril 1948. Ses livres et documents sont déposés chez Mme Octave Piette, domiciliée à Péronnes-lez-Binche, 86, route provinciale[13].


[1] Boulanger Elie, ° Binche 5-10-1891, y + 14-3-1957, x Masset Clémentine-Ursule ° Leval-Trahegnies 7-4-1897. Après la dissolution de la « S.A. La Confection binchoise » il continua à son compte propre. Il déclare en 1949, pour son établissement sis rue de l'Eglise 3 ouvriers et 3 demis-ouvriers  (A.V.B. 01-02-11-34, taxes industrielles).
[2] Baudoux Nestor Fidel, ° Buvrinnes 4-11-1869, marchand de bestiaux, x Waudrez 3-8-1897, Naveau Marie, ° Waudrez 3-10-1873
[3] Boucquéau Léon-Joseph-Arthur, ° Binche 10-7-1890
[4] Dautrebande Robert-Emile-Marie-Joseph-Ghislain, ° Gougnies 22-9-1896, † Binche 10-11-1946, x Binche 12-9-1925, Babusiaux Jeanne-Marie-Mathilde-Camille-Angèle, ° Binche 6-9-1900
[5] Gerday Victor, ° Masy 11-8-1900, directeur de la « S.A. Banque commerciale », x Henin Hélène, ° Tamines 17-10-1899
[6] Lebrun Herman-Louis, ° Binche 28-08-1880, y † 13-12-1962, x Binche 19-10-1909, Boulanger Marie-Philomène-Joséphine, ° Binche 11-06-1885 giletière
[7] Meunier Joseph-Emile-Edouard, ° Binche 5-1-1891, x Binche 1-3-1915, Devergnies Marie-Louise-Jeanne-Fernande, ° Binche 28-1-1897
[8] Debaise Maxime-Alexandre, ° Binche 3-6-1883, représentaant de commerce et ensuite confectionneur, x Binche 25-6-1904, Bailly Léonie-Gustavie, ° Binche 11-8-1885
[9] M.B. 12469/1930
[10] M.B. 12470/1930
[11] A.V.B. 01-00-02-21 et 01-04-09-727
[12] M.B. 4510/1933
[13] M.B. 9501/1948.

Généalogie binchoise: la famille Lignian


LA FAMILLE lignian
                                                                                                                  Alain GRAUX
SYMBOLES
° = Naissance.
x = Mariage.
+ = Décès.
Ursmer = Un prénom souligné est celui usité couramment.
LESCALIER = Nom en italique: second mariage, ou famille alliée

Classification:
Numérotation dite d'Aboville.
L'ancêtre le plus éloigné porte le n° 1.
Ses enfants portent les numéros 1.1., 1.2., 1.3., 1.4., etc.
Ses petits enfants portent les numéros 1.1.1, 1.1.2., etc.
Ces chiffres sont précédés d'une lettre:
A. = Branche continue de Binche.

A. N.N.
d’où :
A.1. PIERRE-JOSEPH
°1718±, † Binche 7-9-1793, orfèvre 
X DEREUSME Marie-Françoise, ° 1713±, d’où :
A.1.1. FRANCOIS-JOSEPH
° Binche 10-12-1740, orfèvre
X Binche 4-7-1768, DUPUIS Marie-Joseph, ° Binche 8-12-1741, d’où :
A.1.1.1. MARIE-PHILIPPE-JOSEPH
° Binche 1-6-1772, y † 12-9-1772

A.1.1.2. FRANCOIS-JOSEPH
° Binche 19-8-1773, orfèvre
1er ventôse an XIII (20-2-1805), FRANÇOIS Marie-Angélique-Joseph, ° Binche 19-11-1774, d’où :
A.1.1.2.1. JOSEPHINE-ELIE
° Binche 14 frimaire an XIV (5-12-1805), y † 28 frimaire an XIV (19-12-1805)
A.1.1.2.2. FRANCOIS-JOSEPH
° Binche 5-10-1807, † Anderlues 7-1-1878, rentier, célibataire
A.1.1.2.3. VICTOR-JOSEPH
° Binche 14-7-1809, marchand
X VINCENT Jeanne-Adolphine, 8 thermidor an XIII (277-1805), d’où :
A.1.1.2.3.1. EMILE-FRANCOIS
° Binche 23-6-1829, y † 27-6-1829
A.1.1.2.3.2. FLORENCE-ANGELIQUE
° Binche 19-7-1830
A.1.1.2.3.3. EMILE-FRANCOIS
° Binche 23-7-1831, y † 19-8-1831

A.1.1.2.4. LEANDRE-VICTOR-DESIRE
° Binche 20-10-1811

A.1.1.3. URSMER
° Binche 16-10-1775, y + 1-9-1787
A.1.1.4. MARIE-ADRIENNE-JOSEPH
° Binche 11-5-1777
X Binche 1°- 22 thermidor an XI (11-8-1803) SPLINGART Ferdinand-Joseph, ° Battignies 2-10-1758, † Binche 29 fructidor an XIII (16-9-1805), marchand
                2°- 7-10-1806, GILLEROND Constant-Félix ° Montrouge (Fr.), homme de loi, domicilié à Paris
A.1.1.5. MARIE-THERESE
° Binche 15-3-1780
X Binche 7 fructidor an IX (25-8-1801), (LE)BACQ Pierre-Joseph,  ° Le Roeulx 30-5-1766, négociant

A.1.2. PHILIPPE-LOUIS-JOSEPH
° Binche 29-9-1742
A.1.3. PIERRE-JOSEPH
° Binche 17-6-1745, y † 5-12-1811, sculpteur, maître de la confrérie des archers de Binche en 1781.
La certification de voyage le décrit comme suit : grandeur : 5 pieds 3 pouces, embonpoint médiocre, cheveux châtains, yeux bleus, nez assez fort, bouche médiocre
C’est lui qui fabriqua et sculpta la chaire de vérité de la collégiale Saint-Ursmer en 1790 :
«  Convenu avec Pierre Lignam, sculpteur pour l’exécution d’une chaire de vérité à placer dans l’église paroissiale de cette ville, suivant le plan qu’il lui resté en mains, approuvé par nous avec la Samaritaine au pied, et d’ajouter un double escalier, sous les conditions suivantes, savoir qu’il ne pourra employer que du bois bien sèche de quartier à vives hérettes (arêtes) sans aubier, bois rouge, ni nœuds, suivant le profil dudit plan et conformément et icelui relivré aux fraix dudit Lignan si Messieurs le jurés se trouvent convenir.
Il lui sera payé pour toute exécution compris la livrance du bois qui est à sa charge la somme de seize cent livres dont le payement de la moitié luisera fait en la plaçant et l’autre moitié six mois après en ce qui fut accepté par ledit Lignan soussigné »
Le 9 septembre 1790, l’artiste reçut 200 florins d’acompte. Il reçut ensuite la même année 400 livres[1].
Le compte de l’église de 1791 renseigne :
« A Pierre Lignan 52 livres pour boiserie du piètement de la chaire de vérité en ce compris le payement du tailleur de pierre et c’est en dessus du prix convenu pour ladite chaire suivant ordonnance et quittance …52. 0. 0. »[2].
Le compte de cette année signale un payement de 200 livres et de 400 livres et « n’a plus que 600 livres pour mémoire ».

X Binche 8-11-1784, HAINE Caroline-Françoise, ° Binche 26-7-1743.
A.1.4. MARIE-ANTOINE-JOSEPH
° Binche 8-5-1747, y † 17-6-1814, célibataire
A.1.5. MARIE-CATHERINE
° Binche 15-6-1749
A.1.6. MARIE-THERESE-JOSEPH
° Binche 23-2-1751, y †  18-4-1783
X Binche 15-1-1783, LEBRUN Louis-Joseph, ° Binche 7-4-1760, y † 10-8-1822, boulanger, fabricant de dentelle
A.1.7. JEAN-BAPTISTE
° Binche 16-3-1754
A.1.8. LOUIS-JOSEPH
° Binche 17-9-1755
X Binche 29-7-1767, GOFFAUX Marie-Anne-Joseph, ° Binche 21-1-1741, y † 23-9-1782, d’où :
A.1.8.1. MARIE-FRANCOISE
° Binche 24-5-1768
X LEBLON Remy, ° Binche 12-8-1768, y † 14-2-1813, journalier
A.1.8.2. PHILIPPE-JOSEPH
° Binche 19-3-1770, y † 13-3-1774
A.1.8.3. PIERRE-JOSEPH
° Binche 17-12-1771
A.1.8.4. LEOPOLD-ANTOINE
° Binche 1-5-1774
A.1.8.5. FRANCOIS-JOSEPH
° Binche 21-2-1776, y † 10-7-1778
A.1.8.6. MARIE-CATHERINE
° Binche 27-3-1778, y †10-1-1814, dentellière
X Binche 20 germinal an VII (10-4-1799), SIBILLE Bauduin-Joseph, ° Binche 21-12-1773, y † 5-4-1836, jardinier
A.1.8.7.URSMER-JOSEPH
° Binche 2-2-1780, y + 23-5-1793

A.1.9. STANISLAS-JOSEPH
° Binche 10-11-1761, orfèvre, cabaretier

N.2. ANTOINE-JOSEPH
° Mons (Saint-Germain)
X WEROOGHEM Marie-Thérèse, ° 1706 † Binche 21-2-1777

[1] A.V.B. 00-08-01-96. Comptes de l’église année 1790.
[2] A.V.B. 00-08-01-97

mardi 6 mars 2018

Binche sous le régime français


BINCHE SOUS LE REGIME FRANCAIS
                                                                                                                                          Alain GRAUX
BREF HISTORIQUE DE LA PERIODE FRANCAISE

Première invasion française
6-11-1792       Le général Dumouriez gagne la bataille de Jemappes sur les troupes de François de Croix, comte de Clerfayt
Après un simulacre de plébiscite, la Convention vote l’annexion du département de Jemappes à la France.
18-3-1793              Défaite de Neerwinden, retour des Autrichiens
                        Notre pays échappe ainsi au régime de la Terreur qui sévit en France.

Deuxième invasion française
26-6-1794       Jourdan gagne la bataille de Fleurus
2-7-1794         Marceau culbute les Autrichiens à Seneffe
                        Quelques jours plus tard, la Belgique est aux mains des Français.
1-8-1795         Annexion de la Belgique à la France (9 vendémiaire an IV)
26-10-1795     Installation du Directoire (26-10-1795)
9-11-1799       Coup d’état de Napoléon, création du Consulat (18 brumaire an VIII)
2-12-1804       Napoléon est sacré empereur des Français.
1-1-1806         Abolition du calendrier républicain
1/6-2-1814      Les Cosaques sont dans notre région.
6-4-1814         Abdication de Napoléon
30-5-1814       Réunion de la Belgique à la Hollande

Les 100 jours
1-3-1815         Bonaparte est à Paris
18-6-1815       Napoléon est vaincu à Waterloo
22-6-1815       Seconde abdication

A PROPOS DU CALENDRIER REPUBLICAIN
Pour marquer une ère nouvelle, les révolutionnaires français imaginèrent un calendrier rationnel, universel et purgé de références chrétiennes. De type solaire, il fait commencer l’année le jour de l’équinoxe d’automne, qui est aussi le jour de la fondation de la république.
Il compte douze mois de trente jours, complétés par cinq journées complémentaires, les « sans culottides ». Chaque mois comprend trois tranches de dix jours dont le dernier, le décadi, est férié.
Le calendrier ne sera jamais vraiment accepté par le peuple, attaché à ses saints et furieux de ne plus se reposer que tous les dix jours au lieu de tous les sept. D’autant plus que les autorités binchoises avaient pris des mesures impopulaires : défense le jour de la décade d’étaler des marchandises dans les rues ou d’empiéter su la voie publique ; défense d’étaler le poisson les jours d’abstinences indiqués par l’ancien calendrier ; obligation d’arborer le drapeau tricolore, le décadi, annoncé la veille par une sonnerie de cloche, etc.
Le 31 octobre 1793, le citoyen Fabre d'Églantine, le poète que l'on sait[1], a remis à la Convention un rapport basé sur un nouveau calendrier. Fabre est en réalité le coauteur dudit calendrier dont les calculs ont été établis par le mathématicien Romme[2], un député qui siège sur les bancs de la Montagne [3]à la Convention.
Nous publions ci-dessous les principaux extraits du rapport du citoyen Fabre. Ils laissent voir que le poète a su heureusement régler son inspiration sur les nécessités de la vie sociale :
« La Commission que vous avez nommée a cru qu'elle remplirait son but, si elle parvenait à frapper l'imagination par les dénominations, et a instruire par la nature et la série des images.
L'idée première qui nous a servi de base est de consacrer, par le calendrier, ler système agricole, et d'y ramener la nation, en marquant les époques et les fractions de l'année par des signes intelligibles ou visibles pris dans l'agriculture et l'économie rurale.
Plus il est présenté de points d'appui à la mémoire, plus elle opère avec facilité : en conséquence, nous avons imaginé de donner a chacun des mois de l'année un nom caractéristique, qui exprimât la température qui lui est propre, le genre de productions actuelles de la terre, et qui tout a la fois fit sentir le genre de saison où il se trouve dans les quatre dont se compose l’année.
Ce dernier effet est produit par quatre désinences affectées chacune a trois mois consécutifs, et produisant quatre sons, dont chacun indique à l'oreille la saison a laquelle il est appliqué.
Nous avons cherché même mettre à profit l'harmonie imitative de la langue dans la composition et la prosodie de ces mots et dans le mécanisme de leurs désinences : de telle manière que les noms des mois qui composent l'automne ont un son grave et une mesure moyenne, ceux de l'hiver un son lourd et une mesure longue, ceux du printemps un son gai et une mesure brève, et ceux de l’été un son sonore et une mesure large.
Ainsi les trois premiers mois de l'année, qui composent l’automne, prennent leur étymologie, le premier, les vendanges qui ont lieu de septembre en octobre : ce mois se nomme Vendémiaire. Le second, des brumes basses qui sont, si je puis m'exprimer ainsi, la transsudation de la nature d'octobre en novembre : ce mois se nomme Brumaire. Le troisième, du froid, tantôt sec, tantôt humide, qui se fait sentir de novembre en décembre : ce mois se nomme Frimaire.
Les trois mois de l'hiver prennent leur étymologie, le premier, de la neige qui blanchit la terre de décembre en janvier : ce mois se nomme Nivôse. Le second, des pluies qui tombent généralement avec plus d'abondance de janvier en février : ce mois se nomme Pluviôse. Le troisième, des giboulées qui ont lieu, et du vent qui vient sécher la terre de février en mars : ce mois se nomme Ventôse.
Les trois mois du printemps prennent leur étymologie, le premier, de la fermentation et du développement de la sève de mars en avril; ce mois se nomme Germinal. Le second, de l'épanouissement des fleurs d'avril en mai : ce mois se nomme Floréal. Le troisième, de la fécondité riante et de la récolte des prairies de mai en juin : ce mois se nomme Prairial.
Les trois mois de l’été enfin prennent leur étymologie, le premier, de l'aspect des épis ondoyants et des moissons dorées qui couvrent les champs de juin en juillet : ce mois se nomme Messidor. Le second, de la chaleur tout à la fois solaire et terrestre, qui embrase l’air de juillet en août : ce mois se nomme Thermidor. Le troisième, des fruits que le soleil dore et murit d'août en septembre : ce mois se nomme Fructidor.
Il résulte de ces dénominations, ainsi que je l'ai dit, que, par la seule prononciation du nom du mois, chacun sentira parfaitement trois choses, et tous leurs rapports : le genre de saison ou il se trouve, la température, et l'état de la végétation. C'est ainsi que des le premier de Germinal, il se peindra sans effort à l'imagination, par la terminaison du mot, que le printemps commence par la construction et l'image que présente le mot, que les agents élémentaires travaillent; par la signification du mot, que les germes se développent.».
Le calendrier républicain fut donc créé pendant la période où notre pays était redevenu autrichien après la première invasion française.
Mais Fleurus n’était pas loin, les armées révolutionnaires l’emportèrent le 26 juin 1794. En septembre les anciens Pays-Bas furent occupés par les armées françaises et furent annexés le premier août 1795 (9 vendémiaire an IV).
L’application du nouveau calendrier, ne se fit pas rapidement dans nos régions. Il est cependant une exception. Huit jours après la bataille de Fleurus, le 3 juillet 1794, eut lieu le baptême d’un enfant de soldat français : François Gérard. A la demande de la mère, cantinière, l’acte est daté du 15 messidor an II, chose étonnante car le calendrier n’était pas encore en usage dans nos régions, le curé Godefroid a ajouté après la date « vieux style, le trois juillet 1794 ». Il ne le fera plus désormais, étant hostile à la république.
Il faudra attendre le 18 octobre 1796 (27 vendémiaire an V), le mariage de Charles Bury et de Marie-Joseph Lecompte, pour que l’acte soit inscrit avec le nouveau calendrier.

Il aura un usage légal jusqu’au 31 décembre 1805.


                                              Vendémiaire: septembre-octobre


Brumaire: octobre-novembre

                                                          Frimaire: novembre-décembre 

                                                           Nivôse: décembre-janvier 

Pluviôse: janvier-février

 Ventôse: février-mars

                                                            Germinal: mars-avril 

Floréal: avril-mai 

 Prairial: mai-juin

Messidor: juin-juillet

Thermidor: juillet-août

Fructidor: août-septembre

Jours complémentaires: septembre



[1] Fabre Philippe, dit Fabre d’Eglantine, ° Carcassonne 1750, † Paris 1794, guillotiné avec les dantonistes. Auteur de chansons sentimentales (Il pleut, il pleut, bergère).
[2] Romme Charles-Gilbert, ° Riom 1750, † Paris 1795, homme politique et révolutionnaire français
[3] Groupe politique de la Révolution, qui connu son apogée en 1793, avec 300 députés.