L’Auberge (FERME) de la Couronne A BATTIGNIES
Alain GRAUX
Proche de la place de Battignies, dans la rue des Pastures, on peut voir une belle demeure du XVIIIe siècle qui fut suivant la tradition orale - sans qu’on puisse vraiment le démontrer - l’hôtel de la Couronne.
La propriété appartenait à Alexandre Blairon[1],
elle passa par succession à sa fille Marie-Jeanne-Victoire[2],
épouse Adrien Latteur.
Elle est probablement louée à un nommé Brogniez
Un fait divers y est signalé le 15
juillet 1785 : « Jeanne
Guerenon, jadis cuisinière est décédée chez le Sieur Brogniez, aubergiste de la
Couronne à Battignies… » [3].
En 1846,
la propriété est citée appartenant à leur fils Henri Latteur[4],
avocat à Mons.
Le cadatre de Battignies signale
que ces biens sont vendus en 1851 à Elie Meunier, brasseur à Binche, mais ils
ne restèrent pas longtemps entre ses mains car le plan et matrice Popp de Battignies, vers 1860,
cette maison et dépendances sont signalés : ferme appartenant à André Rougez[5],
cultivateur.
Parcelle A.174 Verger
175 Jardin
176 Maison
Ses fils Nicolas[6],
né du premier lit (Rougez-Boudart), et Auguste[7],
né du second lit (Rougez Carpentier), cultivateurs tous deux, lui succèdent.
Le couple
Auguste Rougez-Laurent a eu 4 enfants nés à Battignies : Julia[8],
Omer[9],
Jeanne[10],
Auguste[11],
cultivateur.
En 1912,
sur la liste électorale de Binche Nicolas Rougez est toujours cité cultivateur.
La
propriété fut vendue à Emile Limbourg[12],
marchand de chiffons.
La propriété passa par succession à sa fille Jeanne, épouse Fernand Légaux[13],
et ensuite à Léon Laigaux[14], négociant en chiffons et métaux.
Dans un article de Paul Clovis Meurisse[15],
celui-ci suggérait que la ferme sise au
n° 30 (actuellement n°22), de la rue des Pastures, appartenait à un abbé de
Marchiennes étant donné
qu’une pierre armoriée avait été placée au dessus de la porte cochère.
Mais cette pierre, carrée, recouverte de
multiples couches de chaux, était placée la tête en bas. Ce n’était peut-être
qu’un élément rapporté maladroitement d’un autre bâtiment. L’hypothèse n’était
pas probante à mon avis.
Un article paru dans le journal
« Le Centre » vers 1930, montrant divers aspects de la ville de
Binche, le bâtiment est entièrement couvert de chaux (Voir photo supra).
En 1946, un article parle de cette demeure[16] ;
Au fonds de la
place de Battignies un corps de logis vaste et tout blanc frappe l’attention
des passants. Les Allemands l’avaient d’ailleurs repéré sur leurs cartes
militaires, ils s’attendaient à y trouver des chevaux et des écuries, mais
l’antique ferme de la Couronne a été
transformée depuis longtemps et son propriétaire L.O. Legaux n’avait
certainement pas l’intention de lui rendre sa destination primitive.
Quelques années après cette date, la
demeure fut restaurée, sablée et remise dans son aspect primitif, elle est
décrite par Françoise Carlier[17] :
Sur un
soubassement en moellons de grès de Bray à assises réglées, belle habitation
basse de type tournaisien du XVIIIe
siècle, en briques prolongée à droite par un corps de dépendances.
Façade homogène,
animée par cinq ouvertures avec bandeau de pierre calcaire au niveau des
appuis, porte centrale avec base des montants en harpes.
A la face
latérale gauche, trois baies en arc de briques surbaissé. Même type d’ouverture
à l’arrière, restauré. Travée gauche ouverte d’un vaste porte charretière en
anse de panier. Au dessus, cartouche de pierre armorié et lucarne passante à
croupe de tuiles. Adroite, trois portes charretières plus petites.
Vers les années
1980, on y trouve un commerce d’antiquités enseigné « Au vieux
Binche »
De 1987 à 1995 au moins, les époux Haumont-Marcoux[18],
y habitaient.
[1] Blairon Alexandre-Joseph, ° Binche 10-7-1728, y † 17-8-1773,
marchand, X Binche 16-1-1753, Loregn(i)ard, Marie-Philippe, ° Maurage 9-4-1733,
† Binche 18-4-1766.
[2] Blairon Marie-Jeanne-Victoire, ° Binche 27-7-1760, y † 11-10-1825 x Binche 27-5-1786, Latteur Adrien-Emmanuel-Joseph, ° Binche 4-2-1760, y † 9-8-1830, pharmacien.
[3] AVB. Registre des décès de la paroisse de Binche
[4] Latteur Henri-Adrien-Ursmer, ° Binche 16 prairial an VIII
(5-6-1800), † Mons 30-7-1882, avocat et
suppléant de justice, X Binche 9-7-1831, Quinet Sophie-Marie-Florentine ,
° Mons 2-8-1808, y † 14-11-1891,
[5] Rougez André-Joseph, ° Ressaix
7-7-1792, † Battignies 31-10-1880, X 1°- Ressaix 31-5-1830, Boudart Adélaïde °
Buvrinnes 27-5-1788, † Battignies 6-9-1840 ; x 2°- Battignies
26-4-1843, Carpentier Marie-Philippe, ° Strépy 3 pluviôse an XIII (23-1-1805),
† Battignies 5-7-1878
[6] Rougez Nicolas, ° Battignies
10-3-1842, x Binche 7-7-1896, Boussart Laure-Catherine-Augustine, ° Binche
7-8-1876
[7] Rougez Auguste, ° Battignies
22-7-1843, † Binche 5-1-1891, x Battignies 30-12-1868, Laurent Elisa, °
Battignies 17-12-1843
[8] Rougez Julia, ° Battignies 13-2-1867, légitimée
[9] Rougez Omar, ° Battignies 10-9-1869
[10] Rougez Jeanne, ° Battignies 29-9-1871, y †
29-12-1871
[11] Rougez Auguste, ° Battignies 19-10-1874
[12] Limbourg Emile-Auguste-Hubert, ° Binche 23-12-1891, x
Binche 16-2-1901, Gaillard Marie-Louise,°
Binche 13-9-1887
[13] Legaux Fernand-François-Jean-Ghislain, ° Binche 5-1-1899, † Jette 14-7-1927, employé, X Binche 14-8-1922, Limbourg Jeanne-Palmyre-Marie, ° Binche
4-10-1900, y † 25-3-1978.
[14] Légaux Léon-Joseph-Omer-Ghislain ° Binche 3-1-1924, X Péronnes-lez-Binche 3-9-1947, Adam Marie-José-Lucienne-Ghislaine, ° Péronnes-lez-Binche 29-8-1925.
[15] P.C. Meurisse, L’abbaye de
Marchiennes eut-elle un refuge à Binche ? Dans les Annales de la
Société d’Archéologie, Binche 1922, pp. 23-25.
[16] F.D. Battignies mystérieux dans Le
Centre en date du 18-10-1946.
[17] F. Carlier,
dans « Le patrimoine monumental de
la Belgique/ Wallonie/ Hainaut/ Thuin, 101. Liège, 1983,
pp.173-174
[18] Haumont René-Marius, °
13-5-1944, agent de publicité, x Marcoux Armande-Jeannine, ° 8-2-1947, assistante sociale