jeudi 31 août 2017

Conflits entre les abbés de Lobbes et le chapitre de Binche

LES CONFLITS ENTRE LES ABBES DE LOBBES
ET LE CHAPITRE SAINT-URSMER DE BINCHE
                                                                                                                                        Alain GRAUX

Théodulphe Barnabé[1] fut élu abbé de l’abbaye Saint-Pierre de Lobbes le 8 mars 1728, et le 26 juin 1734, il prit possession de la prévôté du chapitre de Binche.
Le 30 mai précédent, il avait déjà fait acte d’autorité prévôtale en députant un de ses religieux pour assister en son nom à l’ouverture de la châsse  de Sainte Amalberge en présence de messire Goulart, official de cambrai et du président de Marbais, délégué de la gouvernante générale des Pays-Bas, l’archiduchesse Marie-Elisabeth.
Le 25 août 1739, désirant visiter Binche et sa collégiale, l’archiduchesse fut reçue en grandes pompes ; l’abbé Théodulphe se trouvait à la tête du chapitre, il félicita la princesse au nom du chapitre, il voulait par là protester contre les prétentions des chanoines de Binche qui lui contestaient le titre de prévôt de leur collégiale avec première voix délibérative.
La dispute entre le chapitre et l’abbé s’envenima.
Au commencement de 1752, Dom Barnabé s’étant présenté pour occuper sa stalle dans la collégiale, le gouverneur de Binche, messire Emmanuel de Gongnies, escorté de quatre soldats, voulut l’en empêcher. L’abbé passa outre, mais les soldats le forcèrent à quitter sa place.
Le monastère de Lobbes adressa immédiatement une plainte au Conseil souverain du Hainaut.
Celui-ci porta le 11 février 1752, la sentence suivante :
« Le grand Bailly, président et les gens dudit Conseil souverain ont déclaré et déclarent qu’il n’a point été permis à l’intimé de tenter d’empêcher audit abbé l’entrée de la forme dont il s’agit, employant à cet effet quatre soldats armés, qui se trouvaient par hasard en la ville de Binche, moins encore de se servir des mêmes soldats armés pour l’obliger de sortir de ladite forme, défense à lui de le troubler à l’avenir en sa possession, l’y maintenant jusque à ce que, sur conclusion prise par qui il appartient, autrement soit ordonné, condamnent l’intimé pour ces voies de fait et violences à l’amende de trois cent florins et aux dépens »
Théodulphe Barnabé ne survécut pas longtemps à cet affront, il mourut à la fin de l’année.

L’abbé Paul Dubois[2] lui succéda à la tête de l’abbaye de Lobbes le 4 janvier 1753.
L’avènement de cet abbé réveilla les prétentions des chanoines de Binche qui refusaient de le reconnaître au titre de prévôt du chapitre Saint-Ursmer.
Il fut néanmoins installé comme prévôt quelques jours après avoir été béni, mais les chanoines lui refusèrent l’exercice des droits attachés à cette dignité sous prétexte que depuis longtemps les abbés de Lobbes n’en avaient fait aucun usage.
L’abbé Dubois et ses religieux présentèrent alors au gouverneur général, le prince Charles de Lorraine, une requête accompagnée d’un long mémoire argumentant et prouvant leurs droits en cette matière :
Ils prouvaient par des diplômes des empereurs Othon Ier en 973, d’Henri II en 1101, des bulles des papes Innocent II en 1131, d’Eugène III en 1150, que le chapitre Saint-Ursmer  a été fondé par le monastère de Saint-Pierre et placé sous la direction de l’abbé qui y confère les prébendes et que celui-ci est reconnu comme prévôt-né du chapitre.
Que lorsque le chapitre a été transféré à Binche en 1409, aucun changement n’a eu lieu.
Que l’archiduc Albert reconnut à l’abbé de Lobbes le titre de collateur et de prévôt du chapitre Saint-Ursmer.
Qu’en maintes circonstances, les abbés de Lobbes ont posé des actes par lesquels ils se reconnaissaient véritablement les prévôts du chapitre de Saint-Ursmer.
Ils citent la prise de possession des abbés Guillaume Gilbart, Raphaël Baccart, Barthélémy de Boussu, Lambert Veris, Pierre de la Hamaide, etc.
Ces abbés ont officié solennellement comme la première dignité de la collégiale, tel en 1608, la translation des reliques sous les archiducs Albert et Isabelle, et en 1740 aux funérailles de l’empereur Charles VI.
C’est donc à tort que le chapitre de Binche refuse à l’abbé de Lobbes ses droits de prévôt « parce qu’il n’a point de mémoire qu’il les ait exercés depuis 1534 », ce que nous avons dit prouve le contraire »
Ils donnent encore des exemples de l’exercice de ce droit en 1741, 1750, etc.
Ce mémoire donna raison à la requête de l’abbé et du monastère de Lobbes que le gouverneur lui accorda au détriment du chapitre de Binche.




[1] Barnabé Théodulphe, ° Florennes, † Lobbes 14-12-1752
[2] Dubois Paul, ° Charleroi 1707, † Lobbes 18-2-1778

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire