mardi 12 mars 2019

A propos des oranges du carnaval


A propos des orangeS du carnaval
                                                                                                                                       Alain GRAUX
La plus ancienne description du carnaval[1] en 1859, cite «  les Gilles, comme de raison, ont toujours le pas dans cette sorte  de promenades, car ils sont beaux, fiers, ont la plus belle musique et sont généreux de leurs bonbons et de leurs oranges… »

En 1862, le journal libéral Le Centre décrit les gilles qui « puisent dans des paniers remplis d’oranges et de bonbons que…des porteurs ad hoc tiennent à côté d eux… »

En 1865, Le Centre[2], est fort critique :
C’était mardi à Binche le règne des gilles. Ces rois d’un jour en ont fait de belles : il n’est guère de fenêtre, en ville qui n’ait attesté le lendemain de la brutalité de leur royauté éphémère : il y avait partout des vitres brisées et c’était par centaines. Grâce en soient rendues à la belle société du café Masuy, disent les vitriers et cela se comprend ; mais cela ne fait l’affaire que des vitriers. Nous avons entendu bon nombre de nos concitoyens se plaindre de la manière dont messieurs les gilles d’aujourd’hui font les choses : au lieu de faire remettre ou de faire payer les carreaux qu’ils ont cassés, comme cela se faisait du temps qu’il y avait moins d’honorables, ils dépensent le lendemain, en consommations, l’argent que les sociétés réservent d’ordinaire pour remplir  ces obligations d’honneur. D’un autre côté, sous prétexte d’offrir des oranges aux spectateurs, on les leur jette à la figure, quand on peut, d’une manière telle qu’il en résulte parfois des blessures. Les gilles dégénèrent !

Le Progrès [3] en 1866, signale « les carreaux de vitre cassés sont innombrables ; il n’y  pas eu d’accident sérieux ».

On comprend dès lors que l’on protège les fenêtres de grillages.

En 1870, Le Progrès de Charleroi[4] mentionne un négociant binchois, qui à deux heures, évalue à 47.000 le nombre d’oranges vendues.

En 1875, L’Illustration européenne[5] cite « Les Gilles tiennent en main un balai, de l’autre un panier rempli d’oranges qu’à l’occasion ils distribuent et jettent de ci, de là… »

Le Binchois[6] souligne en 1880 « Les Gilles légendaires s’étaient séparés en deux classes : les Gilles libéraux et les Gilles cléricaux (les Gilles bleus et les Gilles roses !)…tout s’est passé admirablement…ils ont, sans distinction de parti, généreusement lancé leurs oranges aux libéraux et aux cléricaux… ».

Les plus anciennes photographies représentent le Gille portant le panier à oranges, initialement rond et en fil de fer du type panier à œufs, vers 1880, progressivement le panier d’osier remplace le panier de fil de fer.


[1] Journal de Charleroi, édition du Centre, 13 mars 1859
[2] Le Centre, dimanche 5 mars 1865
[3] Le Progrès, dimanche 18 février 1866
[4] Le Progrès de Charleroi, 15 mars 1870
[5] L’Illustration européenne, n° 14, 13 février 1875, article signé Don Estevan
[6] Le Binchois, dimanche 15 février 1880

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