BINCHE ET LA
« PETITE REINE »
Alain GRAUX
Honnoré Diricq[1],
forgeron à Battignies, rue de Parsignies, qui fabriqua le premier vélo qui
exista à Binche pour le compte de Joseph Paris[2],
qui demeurait au château de la Samme à Binche.
Cet engin était délicat, Honnoré Diricq dut
souvent le réparer, c’était un tricycle tout en fer. La roue avant était
actionnée par le cycliste qui poussait sur les pédales et dirigeait le guidon.
Un deuxième cycliste se trouvait derrière et par chaîne, pignons et pédales
faisait mouvoir l’essieu arrière qui entraînait les roues.
Louis Diricq[3]
dit « le Pompier », fils d’Honnoré, qui travaillait avec son père,
essaya un jour cet engin en compagnie d’un ami.
En descendant la rue Saint-Paul, le tricycle prit de la vitesse et se
fracassa contre la vitrine d’un marchand qui habitait le bas de la rue.
Le forgeron construisit un autre tricycle très
robuste pour trois personnes. Il différait du précédent par le mode de
propulsion de l’essieu arrière. Cet essieu était constitué par un arbre à deux coudes et à chacun de ces
coudes était fixé un levier que l’on manœuvrait d’avant en arrière. La roue
avant mesurait 1 mètre
et les deux roues arrière étaient d’1,15 m. Les moyeux étaient de fonte et
affectaient la forme d’une bobine.
Ce tricycle ne permettait pas de promenades
faciles.
Ensuite, pour alléger ces engins, il eut l’idée
de construire un grand bicycle dont la roue avant mesurait 1,5 m était muni de pédales
et d’une jante en bois. La roue arrière était plus petite et était en fer.
L’équilibre était difficile à maintenir pour atteindre la selle. Il suffisait
de rencontrer de petits cailloux pour être renversé. Dans les descentes, vous
étiez emporté et si on essayait de freiner
on passait par-dessus.
Il y eut trois vélos fabriqués de la sorte vers
1885, deux furent fabriqués par les Diricq, dont un qui appartenait à Charles
Hapiot. Un autre fut fabriqué pour Willem Audiart dit « Marchi »[4]
par Rodolphe Mallet[5] forgeron à la rue de la
Station.
On eut ensuite l’idée de construire des vélos
en fer avec pédales en laiton et selle mobile sur ressort transversal. C’est M.
Boulanger, directeur de la verrerie qui a eu le premier, il venait de
Charleroi.
Georges Devergnies[6]
en possédait un autre. Un de ces vélos fut déposé au musée communal de
Binche :
[7].
Peu après,
on inventa le bandage en caoutchouc plein que l’on collait sur la jante et l’on
fit usage de chaîne et pignons. C’était beaucoup mieux et plus silencieux.
La véritable révolution se produit en 1888, quand le vétérinaire écossais
John Boyd Dunlop
invente le "tube creux de caoutchouc gonflé d'air" à la place d'un
bandage plein jusqu'alors en vigueur, mais il fallut 1900 pour que ces pneus
apparaissent à Binche.
Louis Diricq construisit des cadres pendant longtemps.
Le vélodrome
Un vélodrome en bois fut bâti vers 1930 à la rue du Rœulx (Rue du Cœur
Dolent) à l’emplacement de l’actuel hôme Jeanne Mertens, il fut démoli avant la
guerre.
Les associations cyclistes
binchoises
La première association connue est le “Véloce Club Binchois” créée vers
1889.
On trouve ensuite le “Cercle Binche sportif” qui organise des courses
cyclistes avant la guerre 1914-1918[8]
Il y avait avant la guerre deux clubs cyclistes à Binche, “Les Lionceaux
Binchois” et les “Rouleurs de chez Maxim’s”.
C’est à l’initiative de Maximilien Baras[9] que fut créée l’ « Amicale Cycliste
Binchoise » en 1943. Victor
Lescalier et Marius Hannecart faisaient partie des membres fondateurs. Dès sa
création on compte 200 membres.
L’Amicale Cycliste Binchoise en 1946
Les courses cyclistes
Le Binche-Tournai-Binche a eu lieu pour la première fois en 1911.
Ensuite, de nombreuses éditions eurent lieu jusqu’en 1930. Il y eut une
interruption pendant 54 ans pour
reprendre en 1984, l’épreuve est considérée comme un critérium. Elle a
lieu depuis régulièrement. Binche-Tournai-Binche, est une épreuve en ligne pour
professionnels qui lentement, mais sûrement, s'installe au sommet des courses
disputées en Wallonie.
Les amateurs internationaux
ouvrent les festivités lorsque l'imposant peloton des professionnels s'élance à
l'assaut d'un parcours de 206 kilomètres constitués de 160 kilomètres en
ligne et de quatre circuits locaux, sans compter à chaque édition, la montée de
la célèbre « montagne Saint-Jacques ».
Binche-Tournai-Binche c'est toute
une tradition cycliste qui prit naissance dans le Borinage dans les années
vingt. Les anciens vous parleront encore d'Omer Taverne et d'Alfred Sira que
l'on revit encore, en spectateurs, lors des dernières éditions d'une épreuve
renaissante.
LES COUREURS VEDETTES BINCHOIS
Adrien Cordier[10]
Bien qu’il soit tailleur, il aime le vélo et fait à 18 ans (1927) sa
première course à Epinois, poussé par Omer Taverne et arrive 4e. En
1929, il court pour le marchand de vélo Léon Jouvenoy, de Péronnes, qui l’avait
remarqué (il avait gagné 14 courses locales).
Il participa à toutes les courses régionales. En 1932. il passe chez les
indépendants, gagne quelques grands prix, à Carnières,, Jeumont, Beaumont,
Froidchapelle, il est souvent 2e . Il a gagné en compagnie de son camarade, le
coureur binchois Alfred Bourlard, le grand prix de la Ville de Binche : 1er
Bourlard, 2e Cordier.
En 1934, il est second à Virelles. Cest en quelque sorte le Poulidor
binchois.
Il avait l’intention de passer professionnel en 1940, la guerre l’en a
empêché.
En 1917 il commence à
« s’essayer » dans des épreuves locales puis se lance dans les
classiques : 10e et puis 15e de Liège-Bastogne-Liège en 1925 et 1926, 45e
de Paris-Tours
en 1927, sa carrière sportive se déroula entre 1922 et 1935.
En 1929, il veut s’engager dans
le Tour de France. La course est à sa 23e
édition, elle aura lieu du 30 juin au 28 juillet sur une distance de 5286 km (tour 2003 : 3427 km ), comprend 10 équipes
de marques et les « touristes-routiers » dont fait partie Omer.
Chacun courra pour soi. Il gagna la troisième étape (Cherbourg-Dinan) longue de
199 km ,
Omer Taverne met tous les coureurs d'accord en s'imposant au sprint devant tous
les favoris. Il terminera le tour à la 21e place, le voici donc
entré dans la légende.
Au tour 1930, il va de nouveau
s’illustrer lors de la 4e étape Brest-Vannes, 210 km , elle se termine au
sprint, Taverne l’emporte de justesse devant Charles Pélissier, Piemontesi Binda et Leducq. Il
terminera le Tour de France à la 29e place sur 100.
C’est au cours de l’année 1930
que Omer Taverne va encore s’illustrer, dans les classiques cette fois, il
termine 10e du Tour
des Flandres remporté par Frans
Bonduel. Il va remporter le championnat de Zurich (actuellement épreuve de
la coupe du monde). Le palmarès des vainqueurs de cette épreuve, indique
qu’Omer est le seul vainqueur belge de 1914 à 1963.
En 1935, il terminera 7e
de la course Paris-Roubaix .
Sira Georges[12]
Cafetier, rue des Passages, il
était aussi coureur cycliste. On le voit ici le 10-8-1921
Sira Alfred[13]
Fils de Georges, coureur cycliste
qui fut 2e de la course Binche-Tournai-Binche en 1926.
Albert Dubuisson[14]
Coureur, dit le Colonel, ayant
participé aux plus grandes épreuves cyclistes de 1938 à 1952.
Il fut 5e à la course
Liège-Bastogne-Liège, de même au Grand-prix de Wallonie en 1943, 6e au
Paris-Tours en 1947, il a gagné le tour de Belgique en 1950.
[1]
Diricq Honnoré, ° Morlanwelz 28-12-1841 x Battignies 8-7-1861, Brohet Joséphine, ° Battignies 27-4-1839
[2] Paris Joseph-François, °
Batavia 20-8-1824, † Lobbes 9-12-1905, ingénieur civil, x Charleroi 4-7-1858,
Isaac Flore-Elise-Pétronille, divorce, x 2°- Gand 22-12-1883, Dellaert
Marie-Thérèse, ° Gand 23-8-1856
[3] Diricq Louis, ° Battignies
22-8-1866, x Pouillart Marie-Stéphanie, ° Binche 24-2-1856
[4]
Audiart Willem, ° Binche 24-4-1870, tailleur, x Vellereille-les-Brayeux
20-4-1891, Sablon Céline-Marie, ° Vellereille-les-Brayeux 28-5-1869, tailleuse
[5] Mallet Rodolphe-Florimond, ° Binche 3-6-1849,
x Binche 22-5-1877, Bourgeois Delphine
[6] Devergnies Georges-Isidore- ° Binche 26-7-1866, agent
de change (1896), x Binche 19-6-1889, Dubois Maria-Pauline-Florence, ° Binche 30-9-1864.
[8] A.V.B. 01-00-01-22
[9] Baras Maximilien, ° Binche 26-12-1920, † La Louvière
30-3-2002, tailleur, X Binche 10-12-1945, Dorval Marie-Louise, ° Binche 23-5-1928.
[10] Cordier Adrien, ° Binche
13-9-1909.
[12] Georges Sira, ° Binche
24-11-1881, x Binche 1°- 30-4-1901
Silence Marie, x 2°- 9-11-1935, Empain Maria° Binche 28-6-1883, † 28-3-1959,
[13] Sira Alfred,°
Binche 25-4-1906, † La Louvière 4-3-1990, cafetier, x Binche 24-10-1931, Graux Eva dite Yvonne° Binche 8-12-1907, y †
25-11-1978, giletière.
[14] Dubuisson Albert, °
Binche 28-10-1918, † Leval-Trahegnies 21-2-1974
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire