lundi 17 octobre 2022

L'hôpital et le couvent Saint-Jacques à Binche

 L’HÔPITAL ET LE COUVENT SAINT JACQUES A  BINCHE

                                                                                                                                                       AlainGRAUX 

 1. L’HÔPITAL

 FONDATION

Au commencement du XVe siècle, Fastré, seigneur d'Esclaibes, possédait du chef de sa femme, Jeanne de Semousies, une maison avec ses dépendances situées à Binche intra muros, à proximité de la porte de Saint-Jacques. Cette propriété passa à Marie et à Jeanne de Beaumont, leurs petites filles, qui avaient épousé, l'une Jacques de Sars et l'autre Robert de Ghines, tous les deux écuyers. Ceux-ci la vendirent plus tard à Guillaume Seuwin, teinturier à Binche, qui en conserva une partie et vendit le reste à la confrérie de Saint-Jacques, sous certaines conditions; ce qui s'effectua pour accomplir « la bonne dévotion et affection » d'une noble dame, Melle Marie de Rosies, membre de la même association pieuse.

Avant d'entreprendre le pèlerinage de la terre sainte, où elle mourut, elle avait laissé une somme d'argent qu'elle ordonna d'appliquer à l'établissement d'un hôpital en faveur des pèlerins ; ce qu'attestait un chirographe daté du 24 février 1441 (1442 n. st).

En conséquence de ces dispositions, Guillaume Seuwin, d’une part, Tristan Chisaire, membre de la confraternité du Christ et de Saint Jacques le Majeur, délégué par ses confrères, et Godefroid Burlant, pelletier, d'autre part, se présentèrent devant les jurés de Binche, le l8 janvier 1449 (1450, n. st.), à l'effet de consacrer par un acte authentique l'accord intervenu entre eux au sujet du partage de la propriété pré mentionnée.[1].

Ces bâtiments ayant été appropriés convenablement, on y fonda, un asile hospitalier sous l'invocation du patron des pèlerins. Telle fut l'origine de l'hôpital de Saint-Jacques qui subsista deux siècles et demie.

a) Bien-fonds

Binche L'hôpital de Saint-Jacques avait une dotation particulière qui se composait de quelques biens-fonds situés dans l’alleu de Binche, à Bray, aux Estinnes, à Haine-Saint-Paul, à Maurage, à Péronnes, à Saint-Vaast, à Trivières et Waudrez,

L’héritage de l’hôpital

Lors du partage de janvier 1449 (cité supra) la portion qui fut attribuée à la confrérie comprenait «  La grande maison manaule, cuisine, édifice, court, estaules et tenures tenant par devant  par derier à l’héritaige dudit Godefroid Chauwet et d’autre part à l’édifice appelé le dortoir de ladite confraternité de Saint-Jacques, et avec cela la moitié du courtil tenant à ce dortoir et aussy d’une partie  de la place à widange estant entre ledit courtil et l’édifice de (la) chapelle ».

Cette portion d’héritage achetée par les confrères de Saint-Jacques fut acquise par arrentement perpétuel pour la somme de 13 sols 4 deniers de rente annuelle à payer à Godefroid Burlant et à ses successeurs et ayant causes

La chapelle

Godefroid Chauwet devait laisser le passage à la chapelle « pour les dits confrères et aultres personnes ecclésiastiques ou séculiers qui feront et estre vouldront à l’office divin qu’en ladite chapelle célébrer, ou feront les jours de solemnités dudit Saint-Jacques, pouvoir aller et passer durant le tour de la procession qui se fera des messes d’iceulx jours en sur et parmy la portion que ledit Guillaume avoit droict en ladicte place de widange et aussy la cour de sa dite maison ».

BIENS ET REVENUS

Jardin de l’hôpital

Le 12 août 1501, les membres de la confrérie de Saint-Jacques nommés :

Jacquemart le Carlier, Jean Naret, Me Jacquemin de Brabant, receveur, Jean Magreson, Collart Gilliart, Pierart du Bois, Thierry le Febvre, Ursmer Gouset, Pasquier Sanessin, Christophe Wauthier,  Pierart Hannecart, Laurent Claustrier, Jacquemart Henne, Sacré Martin, Jean le Comte et Gilliart de Namur, vendent une partie de jardin dépendant de la maison et héritage de l’hôpital Saint-Jacques, à prendre de cette partie du côté et du loin au jardin qui fut Jean de Hestrud, large de 24 pieds, au profit des Sœurs noires, religieuses et de leur héritage pour le prix de 100 livres de Hainaut et 3 muids de blé annuels.

Les Sœurs ont l’obligation de refaire un nouveau mur séparant les deux jardins.

                                                          

                                                        Cartulaire de l’hôpital Saint-Jacques[2]

b) Rentes

A peine Marguerite d'York fut-elle entrée en jouissance du domaine de Binche, qu'elle s'intéressa à cette maison hospitalière. Elle lui accorda en aumône pendant plusieurs années, à dater de 1478, une gratification pour l'entretien de la chapelle et le soulagement des pèlerins pauvres qui y étaient admis[3] :

« À la chapelle et hospital Saint-Jacques, situé en la ville de Bins, la somme de XV livres du pris de XI gros la livre, que madame, de sa bénigne grâce, a donné pour Dieu et en aulmosne pour l'augmentation dud. lieu et soustènement des povres membres de Dieu, qui journellement y fourmennent et sont secourus. Dont ce icy appert par lettres d'icelle dame et quittance des mambours d'icelui hospital, le tout cy rendu. lesd. XV livres dud. pris, vallent XXX livres tournois… ».

 Les rentes que l’hôpital possédait étaient assez nombreuses, mais elles n'avaient qu'une médiocre valeur. On évaluait ses revenus lord de la suppression de l’institution à la somme de 280 florins. Les charges comprenaient deux messes par semaine, dix-huit obits et quelques livres de chandelles[4].

 Anderlues

- Devant le mayeur et échevins d’Anderlues, Gilliart Malroy dit Boutin a vendu à Jean de Trahegnies, bourgeois de Binche, commis par les mambours de l’hôpital Saint-Jacques et ceux de la chapelle Saint-André, 70 sols de rentes nouvelles, que le dit vendeur sera tenu de payer à Pâques chaque année, à charge pour les acheteurs de faire chanter l’obit Jacquemart de Brabant et Quintine de Trahegnies.

- II rasières de blé acquises à Collart de Bauldoux faisant 10 sols.

 Alleu de Binche et dépendances

- 18 sols tournois de rente à Mont-Sainte-Geneviève.

- le 5 avril 1485, un demi bonnier[5] de terre près de Waudrez est légué à Jean de Liège, maître de l’hôpital Saint-Jacques, par Delle. Isabeau de Lescaille veuve Jean Hannecart, Jehan de Mons et Michel Amoury, ses cousins, terre gisant au dessus de Waudrez, tenant à l’héritage de la mairie de Bruisles et  à M. de Clerfayt

- le même jour, un autre demi bonnier de terre près de Waudrez est légué à l’hôpital par Delle. Isabeau de Lescaille, terre gisant à Waudrez, tenant à la chaussée Brunehaut, à M. de Clerfayt et aux hoirs Jacquemart le Mesureur.

- 90 sols de rentes sur plusieurs héritages (Cordier)

- la moitié de deux prés acquis à Jean  de Cuvellier

- 27 sols de rentes  pour l’obit Jean du Massilz

- 25 sols de rentes au Mont-Sainte-Geneviève donnés par Robert Roussiaul, bourgeois de Binche, à Robert du Bois, représentant les confrères de Saint-Jacques, en échange d’une messe basse chantée pour son âme et celle de sa femme et de leurs ancêtres. Cette rente est assignée sur un courtil gisant à Mont-Sainte-Geneviève, appartenant à Paul le Chien, bosquillon.

- 2 rasières de blé sur plusieurs héritages, obit Jean du Prêt.

- 30 sols de rentes

- le 14 janvier 1480, Cornil le Cordier, bourgeois de Binche, donne aux confrères de la chapelle l’hôpital Saint-Jacques nommés, Robert Rousseau, demeurant à Mons, Jacquemart de Ghoy, Jean Magresson, Jean Le Combe, Jean de Liège, Jaquemart Henne, Collart Gilliart, Jacquemart Braibant, Laurent Claboteau, Piérart du Bois, Jean du Bois, tous demeurant à Binche, la somme d’une livre, 19 sols de rente héritable, assignée sur la part que Ghobert Narez possède  sur un demi bonnier gisant au dessus du moulin le Comte, tenant aux hoirs Druon Longuet et à Robert de Gricourt, aussi sur un demi bonnier de terre tenant au chemin de Fantignies, tenant à l’héritage M. de Clerfayt, audit Robert de Gricourt, aussi sur deux journels[6] de terre tenant au Tril du Berger et à la voye de Mathée, aussi un demi bonnier tenant à la voyelette de Fantegnies tenant aux hoirs Aubert Willemotte et à Jean Noyelle ; aussi sur un journel, plus bas, tenant à Régnier Hannart et aux hoirs de Cuvelier ; aussi sur un demi bonnier, sis plus haut tenant au chemin de la Hayette ; aussi sur un journel de terre tenant au chemin du Menu Bois allant à Merbes.

Ce don est fait à charge de chanter messe à la mémoire de Cornil le Cordier et de son épouse Marguerite du Loroit dite de Heestrud.

- 115 sols tournois pour un pré à Buvrinnes baillé à rente à Pierrart Boudart

- 6 livres de rentes acquises à Guillaume Le Loup

- 60 sols pour l’obit Antoine Lapsent.

Binche

- 15 sols 6 deniers de rente acquise par Vincent BosdeHaine au nom de la confrérie de Saint-Jacques due par Jacquemart le Carlier et Catherine de Marpent son épouse dus sur une petite grange sise en la Haute Cauchie assez près du puits, tenant à l’héritage des Thierry Chisaire  qui jadis fut à Godefroid de la Tour, chevalier, et d’autre part à l’héritage Jean Petitreux le pelletier et allant par derrière jusqu’aux masures qu’on dit la rue Foubiert.

- En 1502, 16 sols de rentes sont réclamés par Jean de Braibant, prêtre, chapelain de l’église de Binche et Andrieu Le Cocq, mambours de l’hôpital, dus sur une maison et héritage appartenant à Guy Leroy, au fond de la Callerie, tenant à la maison Collart Lefèbvre.

- 40 sols de rente légués le 5 avril 1596, par Rémy Posteau marchand fruitier demeurant à  Binche, à charge d’un obit perpétuel priant Dieu pour lui, ses parents et amis. Cette somme est à lever sur l’héritage d’un jardin sis au faubourg de Binche, près de la porte de Mélion, tenant à l’héritage qu’on dit la Barette appartenant à Gabriel Sebille, d’autre de deux côtés aux hoirs Philippe du Trieu, de Mons, et par devant à la chaussée.

- En janvier 1641 « on fait scavoir que Messieurs les Doiens, Mres, et confrères de la maison de Dieu en l’hospital Monsieur St-Jacques en ceste ville de Binch, pour le plus grand proffit dudit hospital exposent par recours au plus offrant pour le terme de trois ans l’héritaige de la maison joindante la parte dudit hospital aussy plusieurs chambres et greniers avecq les caves ».

Le tout en diverses portions citées ci après :

   La première portion comprenant la maison, chambre et grenier où réside Pierre Carlier. Demeurée à Guillaume Leclercq

  Deux caves occupées par le dit Carlier. Demeurées à Guillaume Delmotte.

  Un grenier au dessus de la chapelle, que tient Michel Cuisset. Demeurée au dit Cuisset

  Un autre grenier étant au dessus de la chambre des pèlerins que tient Quintin Derbaix. Demeurée à Jean Posteau

  La 5e portion, consistant en une chambre au dessus du grand dortoir, que tient Grégoire du Blairon. Demeurée audit du Blairon

  Une autre chambre située au dessus la chambre des confrères que tient Jacques Desaubleaux

   Un grand grenier que tient Quintin Desaubleaux au dessus du grand dortoir. Demeuré  André Le Roy

  La place nommée le dortoir que tient Charles de Diste demeurée audit de Diste

  La chambre au dessus la cuisine que tient Michel de Belle[7]

Bienne-lez-Happart

- 50 sols de rente

 Haine-Saint-Paul

Le 24-7-1492, Allemand Willebroy, bourgeois de Binche  lègue à l’hôpital Saint-Jacques les rentes sur deux parts d’un journel de terre gisant à la couture de Labre à Haine-Saint-Paul, tenant à l’héritage Pierart Boislirauve, du Rœulx, de deux côtés et aux hoirs Jean Bourgeois. Item, sur deux parts de deux journels de terre à dîme Dieu gisant au passage qui va de Haine-Saint-Paul à Fannuel, tenant aux hoirs Bourgeois, à l’église de Bonne-Espérance, proche Martin du Terne de deux côtés et à M . d’Aimeries.

Ce don est fait à charge de célébrer une messe de requiem chaque année dans la chapelle de l’hôpital pour lui et sa femme Laurence de Mons.

 Epinois

Le 24-6-1489, Jacquemart Wattier, bosquillon demeurant à Epinois, vend

A Jacquemart de Ghoy, représentant les Confrères de l’hôpital Saint-Jacques à Binche, une rente héritable de 24 sols tournois, monnaie courante de Hainaut, assignée sur une maison, grangette, jardin et tenure gisant à Epinois, tenant d’un côté à l’héritage Jean du Bois près du moustier et à la voye allant de Prisches au château d’Epinois, comme sur la propriété d’un demi-bonnier de pré  tenant au demi-bonnier Notre-Dame du dit Epinois et aux héritages de la veuve Ursmer Naret et à l’héritage du dit Jean du Bois

 Estinnes et Bray

Le 10-3-1477, Jacquemart Bara, de Bray, arrente à Gilles Chanettin, représentant les Confrères de l’hôpital Saint-Jacques à Binche toutes les pièces et terres labourables ci après, venant de Bietris  le Jovene :

-  sur la couture de Stieval, un bonnier de terre tenant aux pauvres de Waudrez d’une part et au chemin de Mélion.

- deux journels  de terre tenant au chemin d’Estinnes allant à Bray, assez près de la Longue Pierre, tenant aux Pauvres de Binche  et à l’église de Saint-Denis en Brocqueroie.

- cinq quarterons de terres  tenant aux chanoines de Binche, à la veuve Gérard Raoul et butant sur la haute hurée allant à la Haye Servaine

- un journal de terre en la couture de Grammont tenant à l’héritage des hoirs Lottar Moreau dit le Carlier et tenant à l’héritage Jean Bosquet, de Binche et d’autre à l’héritage Jean Gelet, de Mons

- dans  la couture sous le village de Bray, cinq quarterons tenant aux hoirs Jean Tayenne, tout au loin à la voyelette de Deboult et tenant aussi à Nicaise Lourdot.

-  trois quarterons  de terre tenant aux Pauvres de Bray, aux hoirs Guillaume de Noirchin.

-  deux journels de terre un peu plus haut tenant à la voye des Esturbris et à une terre de la cure de Bray

- cinq journels de terre  tenant au chemin du Fayaul, aux hoirs Jean Tayenne et à l’héritage du dit Bara

- demi-bonnier de terre sis sur le Mont du Fayaul, tenant à l’église de Bonne-Espérance et aux Pauvres de Binche.

- dans la couture des Esturbris, cinq quarterons de terre tenant à Piérart Chevalier  et aux Pauvres de Binche

- deux journels plus haut en montant, tenant aux Pauvres de Bray de deux côtés et aux hoirs Hernut.

- un quarteron de terre, carré dessus le chemin de Maubeuge, tenant aux hoirs de Bruxelles, de Mons,  tenant aussi aux hoirs Jean Bourgeois, de Binche et tenant aux Pauvres de Binche au loin.

- trois quarterons de terre approchant Horrefosse, tenant aux Pauvres de Bray et aux hoirs Jean Tayenne.

- trois quarterons de terres, carré, tenant aux hoirs Jean tayenne de deux côtés et aux hoirs Gilliart du Puisch et aux Pauvres de Binche.

- au dessus du chemin de Haurech, deux journels de terre

 - 2 bonniers en 2 pièces avec aucunes rentes en argent acquis à Thiry le Cat des deniers Catherine Jochart, veuve Jacquemart Obier (46)[8]

La ½ d’un 1/12e en plusieurs héritages (79)

Partage de plusieurs héritages (112)

 Fantegnies (Buvrinnes)

Le 25 mai 1502, Jean  du Mont, père, demeurant à Fantegnies, vend à Jacquemart le Carlier dit le Parmentier et Jacquemart Quaret, maîtres de l’hôpital, 20 sols de rente qu’avait fondé Catherine des Prés pour un obit pour le repos de son âme, à prendre et lever sur l’héritage d’une maison , étable, cour et jardin contenant quatre journels gisant au Luce   seigneurie de Fantegnies  (76).

30 sols de rente par an pour l’obit Jean du Bois (90)

 Haine-Saint-Paul

Le 23 juillet 1483, devant les échevins de la seigneurie de Boussoit-sur-Haine et d’Haine-Saint-Paul, Allemand Willebroy, bourgeois de Binche donne en aumône à l’hôpital deux parts d’un journel de terre gisant en la couture de Labre à Haine, tenant à l’héritage Pierart Boislirvaud du Roeulx de deux côtés et aux hoirs Jean Bourgeois et deux parts de deux journels de terre à dîme, gisant au chemin qui va de Haine-Saint-Paul à Fannuelz, tenant aux hoirs Bourgeois, à un bonnier de l’église de Bonne Espérance, et assez près de la Samme à Martin du Terne, à Mgr d’Aymeries et à Jean de Clerfayt.

 Hannesuelle (Anderlues)

Le 25 avril 1530, devant le mayeur et les échevins d’Hannesuelle seigneurie de l’Empereur, Isabeau Wausart, demeurant à Binche, veuve Collart Gilliart, en son temps confrère de l’hôpital, lègue 46 sols de rentes à charge d’une messe annuelle de requiem pour l’âme de son mari lors de l’octave de Saint-Jacques. Cette rente est à lever sur une maison à Hannesuelle, au lieu dit la Tavernelle et au pré dit à Capon (101)

 Maurage

Le 7 novembre 1475, Gilles Canetier, cordonnier, et Louis Chisaire, maîtres de l’hôpital ont acheté à Simon de le Fosse, bonnetier, bourgeois de Tournai, le quart d’un demi-bonnier de terre, gisant en la couture du Gailleriau, tenance des hoirs Oste de Goegnies à  Maurage, lui venant en héritage par le trépas de sa mère Catherine de Carnières (24)

 Morlanwelz

Grâce à la rente de  30 sols tournois léguée à l’hôpital par Delle. Catherine Focharde, veuve Jacquemart Wiet, pour célébrer chaque semaine une messe en leur mémoire. Gilles Chanettin, représentant les Confrères de l’hôpital Saint-Jacques à Binche achète le 16-11-1480, à Jean de Walhain, cloutier de Morlanwelz, une rente due sur  son courtil, jardin et entrepresure contenant deux journels gisant à Morlanwelz au dessous du moulin, tenant à la rivière la Haine d’une part, à la rue de la Malaise d’autre part

 Le 31-8-1490, Collart de Walhain, laboureur de Morlanwelz, vend à jean de Liège, bourgeois de Binche représentant les Confrères de l’hôpital Saint-Jacques à Binche, 20 sols tournois de rente, échéant au jour de noël, que le dit de Walhain avait sur une maison, courtil et entrepresure gisant à Morlanwelz, appartenant à jean et Pierart Bouchiaul

 Péronnes

Le 8-7-1482, Allemand Willebroy, bourgeois de Binche  lègue à l’hôpital Saint-Jacques les rentes sur deux parts d’héritage d’un journel de terre touchant Collart Grégoire et Hanin le Parfait, tenant au chemin qui va de Ressaix  à la Louvière, du loin aux héritages du Fontenich

 Trois rasières de blé de rente données par Marie Parente, veuve Allemand de Maubeuge, bourgeois de Binche,  le 7-10-1488, assignées sur un terre que tient l’abbaye Saint-Pierre de Lobbes à Péronnes

 Saint-Vaast

2/3 de 2 journels et d’un bonnier (56)

La moitié de 3 rasières de plusieurs héritages (58)

 En août 1641, plusieurs terres labourables sont louées à cens à Philippe Le Cellier au rendage annuel  de six rasières de blé vaireux :

  Un demi bonnier de terre dessus les terres d’ Erquelinne, tenant aux hoirs Jacques de Maurage, à Augustin Maloux, aux hoirs Pierre Gobault et aux hoirs du capitaine Rosquier.

  Un quarteron en la couture du petit Quemont dessus Erquelinne devant le moulin, tenant au chemin de l’arbre à Haisne que l’on dit l’arbre brûlé, aux hoirs Sellier.

  Demi bonnier en bas dudit chemin de l’arbre à Haisne, à l’endroit dudit moulin, tenant de deux côtés à Philippe Le Cellier, le Vieux.

  Deux journels gisant en la couture de Quemont, tenant à la cure de StVaast, à la veuve Maurage, aux hoirs Pierre du Trieux, aux hoirs Compain

 Trivières

La ½ de 2 pièces de terre (26)

 Waudrez

Le 7 décembre 1638, Pierre Lescalier et Henri Delmotte,  maîtres de l’hôpital Saint-Jacques louent à cens pour 9 ans, à Philippe Massard, marchand, bourgeois de Binche « un journel de terre labourable gisant en la coulture de Prelle sur le terroir de Waudrez tenant à Nicaise de Belle, à la cure de Waudrez, à M. Massiette, et à la piedsente allant à Haulchin ».. Il renouvelle le bail le 29 octobre 1647[9]

 Le 27 juillet 1639, Jean Lejeusne, censier demeurant à Binche prend à bail et à cens pour 9 ans, un demi bonnier gisant en la couture entre Waudrez et Bruisle au dessous de la chaussée Brunehaullt et tenant à celle-ci, à Me Jacques Jocquet et aux hoirs Simon Deppe, et un autre demi bonnier, au même endroit, tenant à M. Massiette et à veuve Lemarchand, pour le prix annuel de  quatre rasières de blé vaireux[10]

 

SUPPRESSION

 Cette institution fut supprimée avec beaucoup d'autres par un décret de Philippe V, roi d'Espagne, publié à Bruxelles le 3 juillet 1703.

« Comme il convient à notre service et au bien de nos soldats et autres sujets, de bénéficier de notre hôpital royal que nous avons érigé en notre ville de Mons, et d’en augmenter le revenu autant que la justice le permet, afin de pouvoir mieux entretenir nos dits soldats malades, et que nous sommes informé qu’il y a plusieurs confréries et autres fondations pieuses, tant en la ville de Mons que d’autres villes et lieux de notre province de Hainaut, qui ne subsistent plus ou sont fort inutiles, et dont les revenus se divertissent à d’autres usages, savoir faisons que nous avons par avis de notre conseil, et à la délibération de notre très cher et féal cousin don Ysidro de la Cueba et Benavides, marquis de Bedmar, etc., commandant général de nos Pays-Bas, résolu d’éteindre les confréries de Saint-Sébastien et du Noble-Phénix érigées en la ville de Mons, et d’incorporer et unir leurs biens et revenus…Nous avons pareillement uni à notre dit hôpital royal les biens de celui de Quiévrain, de Boussu, de Carnières, celui de Saint-Jacques à Binch, de la maladrerie d’Estinnes et de Bray, de l’hôpital de Saint-Nicolas à Estinnes…Bien entendu, néanmoins, que ceux de notre dit hôpital royal seront tenus de faire acquitter les messes, obits et charges portés par les fondations des dites confréries, hôpitaux et maladreries et que ceux qui voudroient maintenir que leurs revenus seroient destinés par les fondateurs à d’autres usages, en pourront exhiber à notre conseil royal les titres et institutions, pour y être pris tel égard et résolution qui sera trouvé y échoir en justice… »

PERSONNEL

L’hôpital était géré par des Sœurs Augustines appelées Sœurs noires.

Le personnel de l'hôpital Saint-Jacques à Binche se composait, comme suit, au 6 septembre 1704:

Sœur Angeline Gravis, supérieure (encore en l707).

- Charlotte-Philippe Dartevelle.

- Agnès de Patinies.

- Ursmarine Waulde.

- Marie-Catherine Bourgeois.

- Jeanne-Françoise Gravis

- Marie-Magdeleine Anseau, procureure.

 Néanmoins les religieuses Augustines dites Sœurs noires qui s’occupaient de cet établissement continuèrent à soigner les malades et ce jusqu’au Régime français.

 

  1. le couvent

 Le couvent des Sœurs Noires, adjacent à l’hôpital Saint Jacques fut créé vers 1494.

Marguerite d’York duchesse douairière de Bourgogne acquit un terrain situé à proximité de l’hospice Saint-Jacques et elle en fit la donation aux Sœurs Augustines

A ma très redoubtée dame a esté délivré par ce receveur la somme de iijc xxxv livres x sols tournois de xx gros la livre, sur ce que icelui receveur puet et poura devoir a cause de sad. recette de l'année finie le darrain jour de septembre mil chincq cens, en deniers payez par led. Waitte pour le porpris  d’une maison pour les nones seurettes dud. Bins, lxxix livres. Compte du domaine de Binche, rendu par André de Herloy, du ler octobre 1499 au dernier septembre 1500 [11].

La dame de Binche ordonna qu'on y construise des bâtiments propres à leur destination et elle supporta les frais qu'occasionnèrent les travaux exécutés selon sa volonté.

Là, ne se bornèrent pas ses largesses. Elle dota cette maison religieuse des ressources les plus indispensables, afin que les Sœurs  noires pussent se consacrer au soin des malades et l'enseignement des enfants pauvres[12].

La première supérieure de ce couvent fut Laurence Couvreur, qui administra la communauté avec sagesse jusqu'à sa mort arrivée en 1525.

Des dons particuliers accrurent, au XVIe siècle, les ressources de la communauté.

Vers 1540, l'empereur Charles-Quint leur vendit des rentes sur le domaine de son comté de Hainaut[13].

En 1554, lors de la prise de Binche par les Français, les religieuses s’enfuirent à Mons, le couvent devint la proie des flammes et fut entièrement détruit. Les bâtiments durent être reconstruits et les travaux entre­pris à cette fin se trouvèrent terminés trois ans après les désastres de l'incendie.

Ce fut alors que les religieuses agrandirent leur établissement. Elles y annexèrent un ouvroir, ainsi que l'ancien arsenal de la ville qu'elles acquirent par l'appui du comte de Mastaing [14]

Une plaque commémorative, fut retrouvée dans le jardin de la propriété Seghin:

EN L’AN DE GRACE 1657, LE 5 AVRIL, MONSR (Monseigneur) LE COMTE DE MASTAING, GOUVERNER (Gouverneur) DE LA VILLE (et) PREVOSTE DE BINCH, ADJOINT (siégeant avec) DE LA NOUVELLE ET ANCIENNE LOI (le Magistrat ancien de 1656, et le nouveau) ET COMNAUTE (et communauté) DE LA DITE VILLE ONT, PAR AGREATION ET AMORTISEME (amortissement) , OBTENU DE SA MAJESTE ET INTERINEM (entérinement) FAIT LA LILE (Lille) , VENDU A TOUSIOURS A LA RED (Révérende )MERE SOR (Sœur) AUGUSTINE BUTIN ET RESES (religieuses) AUGUSTINES D’ICELE (de cette) VILLE, LE VIEUX ARCENAL ET OVROIR (atelier), UN WARISAIX (terre commune) FAISANT PNTEM (présentement) PARTIE  + I H S CE JARDIN – MARIA.

 La communauté souffrit beaucoup des troubles qui agitèrent nos provinces durant la seconde moitié du XVIe siècle. Du 16 mars au 28 juin 1578, les Sœurs noires donnèrent dans leur couvent asile aux religieuses de l'abbaye de la Thure, qui avaient dû prendre la fuite devant la persécution des troupes des Etats[15]

Le 16-2-1713 “Les révérende mère et religieuses Augustines de cette ville représentent que les bâtiments de leur maison allant périssant, elles ont été contraintes d’en faire de nouveaux auxquels elles espèrent que la ville voudra bien faire apposer ses armes au moyen d’une vitre qu’elle leur donnera »[16].

 Le recensement des XXe de cheminée de 1715, signale que trois maisons attenantes au couvent sont louées par les religieuses :

Les religieuses Augustines pour leur maison occupée par Jean Brulet           2 ayres

Les dites religieuses pour la maison occupée par Nicolas Waitte                   2 ayres

Les dites religieuses pour sa maison où réside Jean Thomas             2 ayres [17]

En 1787, la supérieure fournit à l'autorité gouvernementale la déclaration des biens et revenus du couvent qui étaient d'une mince valeur[18].

 La guerre qui éclata entre la France et l'Autriche en 1792, amena les armées ennemies dans nos contrées. Le 3 mai 1794, les Hollandais érigèrent en hôpital le couvent des Sœurs noires. Ils en furent chassés par l’armée républicaine victorieuse sur les bords de la Sambre. On pilla l'établissement des religieuses et l’on en dispersa les titres des propriétés qui leur appartenaient.

Elles subirent peu de temps après les effets de la loi du 15 fructidor an IV (31 août 1796), qui supprimait les corporations religieuses en Belgique. Les commissaires de la république la leur signifièrent le 7 vendémiaire an V. Mais elles réclamèrent les bénéfices de l'art. 20 de la loi de proscription. La supérieure, Sœur Victoire Leghait fit remarquer que l’article 20 de la loi exemptait de la mesure les maisons religieuses ayant pour objet l’éducation publique ou le soulagement des malades. C’était le cas à Binche.

7 vendémiaire an V (29 septembre 1796).

Ce jourd'hui 7 vendémiaire, cinquième année de la République française, nous soussignés Jean-Francois-Hyppolite Dobi­gnies, inspecteur du domaine national au département de Jemmapes, à la résidence de Mons, et Pierre Melsnyder receveur dudit domaine, à Binch, accompagné du citoyen Lecocq, notaire public, commissaire adjoint, et de Bernard Pon­celet, secrétaire nommé par le citoyen Guillemot, directeur dudit domaine à Mons, nous sommes transportés en la maison des Sceurs­ Noires de Saint-Augustin située à Binch, à l'effet de mettre à exécution la loi du 15 fructidor dernier sur la suppression des ordres religieux situés dans les neuf départements réunis par la loi du 7 vendémiaire an IV. Ayant fait appeler la supérieure de la maison et fait convoquer les religieuses de la communauté, nous leur avons donné lecture de la susdite loi du 15 fructidor et avons demandé la représentation du registre de profession ; à quoi elle nous ont observé que, par leurs instituts, elles étoient obligées d'aller garder les malades en ville ; que la maison avait été établie à cette condition ; qu'elles étoient en outre forcées de tenir des écoles et d'enseigner gratis les pauvres de la ville ; qu'à cet effet, elles tenoient des écoles au dehors ; qu'elles étoient dans le même cas que les Sœurs Noires de Mons ; qu'elles ne pouvoient nous représenter les titres en vertu de quoi elles étoient établies, parce qu'ils avoient été pillés lors de la dernière entrée des troupes françaises ; qu'elles alloient faire toutes les recherches aux ar­chives de la maison, affin de trouver le titre primitif dont elles nous donneroient copie; que  dans le cas où elles ne pourroient point le donner, elles promettoient fournir dans la huitaine un certificat tant par les plus anciens de la ville que par les  autorités instituées pour prouver qu'elles sont dans l'exception portée par l’article 20 de la loi du 15 fructidor.

Nous leur avons fait lecture du présent procès-verbal qu'elles ont signé avec nous. Nous leur avons declaré que nous allions suspendre le sur­plus des opérations voulues par la loi pour être référé à qui de droit.

Fait a Binch lesdits jour, mois et an ci-dessus, Sr Victoire Leghait, supérieure, Sr Augustine Lamouret, Sr   Constance Sohier, Sr Angelique Delattre, Sr Monique Demarbaix, Sr E­mélie Horlait, Sr Pelagie Leghait, Sr Marie-Philippe Villain, Sr Eléonore Villain, Sr Marie-Thérèse Buisseret, Sr Norber­tine Challetain, Sr Henriette  Bourdon, Sr Agnès Carlier.                                                                                                                                                                                        DOBIGNIES, LECOCQ, PONCELET.

 Le 12 vendémiaire an V (4 octobre 1796), elles remettaient au notaire Lecocq une attestation dont nous tirons l’extrait suivant :

« Nous, agent, anciens municipaux et citoyens notables de la commune de Binch, certifions avoir entendu par tradition, que les Religieuses Augustines, dittes Sœurs noires de cette commune ; avoient été reçues dans l’ancien hôpital de Saint-Jacques pour y continuer les secours aux infirmes et aux malades, et y enseigner la jeunesse. Certifions aussi, qu’il est de notre connaissance que lorsqu’elles sont appelées chez les citoyens pour le service des gardes-malade, elles se sont toujours empressées de si rendre et d’y apporter leurs soins jusqu’à leur convalescence »

Néanmoins les religieuses furent convoquées afin d’entendre la lecture de la loi du 15 fructidor (1er septembre 1797) supprimant toutes les maisons religieuses et ordonnant l’évacuation des lieux. [19].

 Leur demande n'ayant pas été accueillie, elles allèrent se réfugier en pays étrangers. La communauté, qui avait pour supérieure Victoire Leghait, se composait alors de 15 membres[20].

 Comme l’indique le  procès -verbal  d’estimation des bâtiments conventuels du 26 thermidor an VI (13-8-1798), le tout  était composé « d’un bâtiment du cy devant monastère propre, d’un bâtiment cy devant à l’usage d’école, un bâtiment de brasserie et bûchers comprenant trois cours, un grand et un petit jardin, un verger et un autre bâtiment divisé en trois demeures occupés par différents particuliers[21] faisant face à la rue Saint-Jacques de la longueur de 19 toises, le tout entouré de murailles, avec porte cochère du côté de la Halle aux filets ».

Le couvent des Sœurs Noires fut vendu à Mons le 11 vendémiaire an VII (23 septembre 1798) comme bien national à Jean-Baptiste Degroot, de Mons, pour la somme de 355.000 francs[22]. Ce dernier était désireux d’abattre les bâtiments. Il ne semble cependant qu’il n’e


[1] A.V.B. 00-12-07-1. – L. DEVILLERS, Notes sur un cartulaire de l'hôpital Saint-Jacques, à Binche, dans les Bulletins des séances du Cercle archéologique de Mons, 4e série, p, 348.

[2] A.V.B. Cartulaire de l’hôpital Saint-Jacques, manuscrit du XVIe siècle, sur parchemin, contenant des actes de 1450 à 1596, in 4° de 119 f., et table.

[3] A.G.R. – C.C. 8.839, f°39. Compte de Cornille le Cordier du 1-10-1477.

[4] A.G.R. Conseil Privé. Carton 1515

[5] Un bonnier est une unité de mesure de surface qui vaut 100 ares, c’est-à- dire 1 hectare environ.

 (6] Le journel (journal), est une mesure de terre qu’on peut labourer en un jour. En plusieurs endroits on donne les terres par journal au lieu d’arpent.

[7] A.V.B. 00-012-07-11. Registre des baux à cens de l’hôpital Saint-Jacques, 1635-1659

[8] Les chiffres entre parenthèses se réfèrent aux pages du cartulaire de l’hôpital.

[9] A.V.B. 00-012-07-11. Registre des baux à cens de l’hôpital Saint-Jacques, 1635-1659

[10] A.V.B. 00-012-07-11.

[11] A.G.R. Chambre des comptes, n° 8,860 fol. 41 v°.

[12] T. LEJEUNE, Histoire de la ville de Binche, p.509

[13]  F. VINCHANT. Annales du comte de Hainaut, t. v, p. 141. — GILLES WAULDE, Chronique de Lobbes, p. 473. — P. BRASSEUR. Origins omnium Hannoniæ cœnobiorum, p. 382.

[14] A.E.M. Pièces concernant le couvent des Sœurs noires.

[15] T.LEJEUNE. Monographies historiques et archéologiques. p. 246.

[16] A.V.B. 00-00-01-26

[17] Cahier des XXe de cheminées de 1715

[18] A.G.R. Chambre des comptes, no 46,628.

[19] MILET A., La suppression du couvent des Sœurs noires, rue Saint-Jacques, à Binche (1796-1798), dans Les Cahiers Binchois, n°14-1996, p. 42.

[20] A.E.M. Procès-verbal relatif a la suppression de ce couvent.

[21] Le premier occupé par Ursmer Delcourt, tourneur, au rendage de 44 livres ; le second par Remy Chevalier, journalier, au rendage de 66 livres ; le troisième par Toussaiant Leblanc, boulanger, au rendage de 65 livres.

[22] A.E.M. Biens nationaux, affiche 110, article 7

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