A propos des internats BINCHOIS
Alain GRAUX
Le pensionnat du Collège de
Binche
Privée d’établissement d’enseignement
depuis la Révolution française, la ville de Binche songe à se tourner vers l’école
de l’Ermitage d’Epinois.
Une lettre du sous-préfet au
bourgmestre de la ville ; datée du 28 août 1802, nous renseigne sur la
politique qui sera suivie : « J’ai
vu le pensionnat tenu par le citoyen Ducarme et ses collègues, et j’ai aperçu
dans ces professeurs les qualités
estimables que vous leur accordiez. Ils m’ont témoigné le plus vif plaisir de
transférer leur pensionnat dans le bâtiment du ci-devant collège et je leur ai
promis que secondé par votre zèle, j’espérais parvenir à satisfaire leur désir,
en les proposant comme professeurs de l’école secondaire ».
Les pourparlers s’engagent
donc entre le frère Jérôme et le transfert à Binche de l’école d’Epinois.
Le préfet de Jemappes
n’attendra pas la ratification par le Consul Bonaparte pour permettre, le 1er
novembre 1802, le transfert dans les locaux du collège, de l’école située à
Epinois et devenue Ecole Secondaire, par arrêté des Consuls daté du 30
vendémiaire an XII (22 octobre 1802).
Le premier Principal du
collège, après la Révolution, sera le directeur de l’école d’Epinois, le frère
Ducarme (ancien religieux du monastère d’Oignies).
Le règlement de l’époque nous
montre l’emploi du temps dans une journée bien chargée, il stipule entre autres :
…5. Les élèves seront éveillés à 5 heures du matin ; à cinq heures et
quart, ils descendront en la salle d’étude, où les prières seront récitées en
commun ; l’étude suivra immédiatement et durera jusqu’à sept heures.
…6. Une demi heure leur sera accordée pour se peigner, se laver et déjeuner…Après
la messe, les élèves seront reconduits dans leurs classes respectives…à 10
heures et demie, tous les élèves internes et externes se rendront en la salle
d’étude…à 11heures commencera la table pour les élèves à la demie pension…
11. Cette table finie, commencera celle des pensionnaires, qui sera commune
avec les maîtres.
12. Les écoliers pourront se récréer jusqu’à une heure et quart…les cours
se donneront jusqu’à quatre heures.
15. Il sera accordé aux élèves un quart d’heure pour goûter …
17. Les écoliers à demie pension
souperont à six heures du soir, et immédiatement après suivra la table des
maîtres et des pensionnaires.
18 Le table finie, les élèves auront la liberté de se récréer jusqu’à huit
heures, qui sera celle de la prière et de la retraite.
Délibération du Conseil
communal de Binche du 9 mai 1840 :
Par suite de l’entretien qu’il
a eu hier avec monseigneur l’évêque de Tournai, d’après sa résolution en date
du 4 de ce mois, n° 339, tendant à ce qu’il soit enseigné au pensionnat Saint Augustin
quatre classes latines de plus, c’est-à-dire la grammaire à la rhétorique inclusivement, et à délibérer
sur les points suivants qui sont de la plus haute importance :
1°- l’établissement sera pris
sous la protection de Monseigneur l’évêque. MM. Les directeurs, professeurs et
surveillants sont à sa nomination, ainsi que cela a lieu actuellement, comme il
en conte par la lettre adressée hier par M. Descamps, chanoine et vicaire général
honoraire du diocèse à MM. les bourgmestres et échevins.
2°- il n’y aurait plus convention à terme ni écrite.
3°- il sera facultatif, tant à
l’évêque qu’au conseil communal, de se désister de toute espèce d’engagement à
cet égard, à l’une d’abandonner et à l’autre partie de reprendre le collège,
parmi s’avertir réciproquement six mois avant l’expiration d’une année scolaire.
4°- les grosses réparations,
l’entretien des toitures, ainsi que la contribution foncière de
l’établissement, continueront à se payer par la Ville.
5°- le collège avec le jardin
qui y est aujourd’hui attaché sera cédé
gratuitement
6°- la clause que ce seul et
unique pensionnat est pour l’éducation et l’instruction des jeunes gens du sexe
masculin, à quelque profession qu’ils visent, reste obligatoire.
On continuera à recevoir les
élèves tant en pension qu’en demi-pension et les externes ; et les cinq
professeurs donneront aux élèves les moyens de faire, entre autres études, deux
années au moins d’études latines.
7°- afin que les jeunes gens de la ville de Binche
continuent à jouir des avantages accordés par suite des démarches faites par
l’administration et qui seront transcrites au procès-verbal de la séance du 16
décembre 1833, n° 1291, la ville devra accorder un subside annuel de mille
francs, à partir du 1er octobre 1840.
8°- si l’administration communale désire qu’on
enseigne les classes latines qu’elle sollicite, ce ne serait que successivement
que cela pourrait avoir lieu ; dans ce cas, on devrait en faire la demande
à Monseigneur l’évêque, qui y enverrait des professeurs ; leur traitement
serait de huit cents francs annuellement, et supporté par la ville. Par des
motifs longuement discutés et attendu que les obligations réciproques ne sont
que pour une année, et eu égard à l’exiguïté des ressources communales :
décide unanimement qu’il y a lieu à accepter les six
premières propositions, et vote conséquemment
un subside annuel de mille francs en faveur du pensionnat Saint-Augustin.
Et regrette infiniment que les charges de la ville
ne lui permettent pas d’aviser quant à présent à la huitième proposition, qui
tend à donner à la jeunesse les moyens de finir ses études à Binche,
conséquemment à des conditions moins onéreuses pour les familles.
La présente sera portée aujourd’hui à la
connaissance de Monseigneur l’évêque.
Fait en séance extraordinaire du conseil communal de
la ville de Binche, du 9 mai 1840.
Wanderpepen, N. lambret, Lecocq,
Courtois,
J-J. Paradis, Aug. Lengrand,
Malingreau,
E. Boursin, E. Derome, F. Gaffou.
Lengrand,
Secrétaire »
« Les soussignés : MM. Gustave Wanderpepen, bourgmestre, Philippe-Nicolas Derbaix et Adrien-Victor Leclercq, échevins de la ville de Binche, dûment autorisés par délibération du conseil communal du 18 juin dernier, et Monseigneur l’évêque de Tournai, d’autre part ;
voulant procéder à
l’organisation en cette ville d’un établissement d’instruction moyenne…ont fait
et arrêté la convention suivante en renouvellement de celle expirée le 30
septembre 1871.
Art. 1er- la ville
de Binche mettra, à partir du 1er octobre 1871, à la disposition de
Monseigneur l’évêque de Tournai, pour le terme de dix années consécutives, tous
les bâtiments et terrains servant actuellement
au pensionnat Saint-Augustin.
Cette convention est publiée le 20 juillet 1872[1].
Le
pensionnat de Demoiselles de l’école du Sacré-Cœur, Grand-rue
Les bâtiments de l’ancien
couvent des Récollets, furent convertis
en pensionnat pour demoiselles, avec un externat et une école gratuite
des filles, sous la direction des religieuses du Sacré-Cœur, venues de Mons en
1822.
Les débuts de l’institution
furent difficiles, en ce qui concerne les élèves payantes. Le Journal
de la Province de Hainaut du 13 février 1823 semble l’indiquer :
« Les Dames de la
congrégation du Sacré-Cœur de Jésus établies en la ville de Binche font connaître au public qu’ayant appris que
beaucoup de personnes des environs de cette ville ne cessent de témoigner le
désir d’obtenir d’elles des arrangements et des conditions qui leur donnent
plus de facilité de placer chez elles leurs jeunes Demoiselles, que ne leur
offre la pleine pension, quoiqu’elles l’aient fixée au prix le plus modéré
possible, eu égard au taux actuel des denrées. Voulant les dites Dames, selon
l’esprit de leur Institut, se rendre utiles à un plus grand nombre de jeunes
personnes d’une honnête condition, en accédant aux vœux de leurs respectables
parents, elles viennent de se déterminer à tenir chez-elles en demi pension,
des élèves qui en donnant 15 francs par mois, et fournissant leur pain, seront
logées dans la Maison et y recevront, outre l’instruction, leur dîner comme
toutes les autres pensionnaires sans distinction… »[2].
Lors de la guerre scolaire de
1879, les dames du Sacré-Cœur furent priées de quitter leur établissement.
Le
pensionnat de l’Ecole du Sacré-Cœur, rue de Robiano
Une série de cartes postales
montre le réfectoire, le jardin, la salle des récréations, etc.
Internat
du collège Notre-Dame de Bon-Secours
En
1880, la construction des nouveaux bâtiments à la rue de Merbes érigés sur les
plans de l’architecte Justin Bruyenne inclut au second étage des dortoirs pour
les internes. Bien que les derniers aménagements ne soient pas terminés,
maîtres et élèves investissent le bâtiment au mois d’octobre. En attendant la
fin des travaux intérieurs, les élèves se logeront, vaille que vaille, dans
tous les recoins disponibles, partageant ainsi l’incorfort des professeurs[3]
L’internat
du collège se maintient pendant la guerre jusqu’en
Dès
1946, les inscriptions affluent, obligeant le principal Ghislain (1944 -1946) à
équiper un dortoir supplémentaire, à agrandir le réfectoire.
Achat
en 1953 de la propriété Levie, occupée par la famille de Stexhe, à l'angle des
rues de Merbes et Wanderpepen, où s'installe
l’internat dit le "pavillon des aînés".
Internat
de l’Athénée Royal de Binche
Créé en 1981, place des Droits
de l’homme, 16, il propose des chambres à quatre lits ou individuelles
L’internat peut héberger jusqu’à 90
pensionnaires. Il est dirigé alors par Roland Maudua, premier administrateur
de l’internat.
L’internat de l’Athénée est accessible de la 1ère année primaire à la 6e année secondaire.
Une salle informatique est à la disposition des internes pendant les[1] Recueil des pièces
imprimées par ordre de la Chambre des Représentants, session 1873-1874, t. 2, Bruxelles 1874, p. 42
[2] A. MILET, Les
avatars du couvent et de l’église des Récollets à Binche, de 1796 à nos jours,
dans Les Cahiers Binchois, n° 14, 1996, p. 21.
[3] P. Clement,
l’enseignement à Binche depuis le début
du XIXe siècle, Tournai, 1972, p. 120,
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