BINCHE SOUS LE
REGIME FRANCAIS
Alain
GRAUX
BREF HISTORIQUE DE LA PERIODE FRANCAISE
Première invasion française
6-11-1792 Le général Dumouriez gagne la bataille de Jemappes sur les troupes
de François de Croix, comte de Clerfayt
Après un simulacre de plébiscite, la Convention
vote l’annexion du département de Jemappes à la France.
18-3-1793
Défaite
de Neerwinden, retour des Autrichiens
Notre pays échappe ainsi
au régime de la Terreur qui sévit en France.
Deuxième invasion française
26-6-1794 Jourdan gagne la bataille de Fleurus
2-7-1794 Marceau culbute les Autrichiens à
Seneffe
Quelques jours plus
tard, la Belgique est aux mains des Français.
1-8-1795 Annexion de la Belgique à la France (9
vendémiaire an IV)
26-10-1795 Installation du Directoire (26-10-1795)
9-11-1799 Coup d’état de Napoléon, création du
Consulat (18 brumaire an VIII)
2-12-1804 Napoléon est sacré empereur des Français.
1-1-1806 Abolition du calendrier républicain
1/6-2-1814 Les Cosaques sont dans notre région.
6-4-1814 Abdication de Napoléon
30-5-1814 Réunion de la Belgique à la Hollande
Les 100 jours
1-3-1815 Bonaparte est à Paris
18-6-1815 Napoléon est vaincu à Waterloo
22-6-1815 Seconde abdication
A PROPOS DU CALENDRIER REPUBLICAIN
Pour marquer une ère nouvelle, les
révolutionnaires français imaginèrent un calendrier rationnel, universel et
purgé de références chrétiennes. De type solaire, il fait commencer l’année le
jour de l’équinoxe d’automne, qui est aussi le jour de la fondation de la
république.
Il compte douze mois de trente jours, complétés
par cinq journées complémentaires, les « sans culottides ». Chaque
mois comprend trois tranches de dix jours dont le dernier, le décadi, est
férié.
Le calendrier ne sera jamais vraiment accepté
par le peuple, attaché à ses saints et furieux de ne plus se reposer que tous
les dix jours au lieu de tous les sept. D’autant plus que les autorités
binchoises avaient pris des mesures impopulaires : défense le jour de la
décade d’étaler des marchandises dans les rues ou d’empiéter su la voie
publique ; défense d’étaler le poisson les jours d’abstinences indiqués
par l’ancien calendrier ; obligation d’arborer le drapeau tricolore, le
décadi, annoncé la veille par une sonnerie de cloche, etc.
Le 31 octobre 1793, le citoyen
Fabre d'Églantine, le poète que l'on sait[1], a remis à la Convention un rapport basé sur un nouveau calendrier. Fabre est en réalité le coauteur dudit calendrier
dont les calculs ont été établis par
le mathématicien Romme[2], un député
qui siège sur les bancs de la Montagne [3]à la Convention.
Nous publions
ci-dessous les principaux extraits du rapport du citoyen Fabre. Ils laissent voir que
le poète a su heureusement régler son
inspiration sur les nécessités de la vie sociale :
« La Commission que vous avez nommée a cru
qu'elle remplirait son but, si elle
parvenait à frapper l'imagination par les dénominations, et a instruire
par la nature et la série des images.
L'idée première qui nous a servi de base est de consacrer, par le calendrier, ler système agricole, et d'y ramener la nation, en marquant les époques et les fractions de l'année par des signes
intelligibles ou visibles pris dans l'agriculture et l'économie rurale.
Plus
il est présenté de points d'appui à la
mémoire, plus elle opère avec facilité : en conséquence, nous avons imaginé de
donner a chacun des mois de l'année un nom caractéristique,
qui exprimât la température qui lui
est propre, le genre de productions actuelles
de la terre, et qui tout a la fois
fit sentir le genre de saison où il
se trouve dans les quatre dont se compose l’année.
Ce dernier effet est produit par quatre désinences affectées chacune a trois mois consécutifs, et produisant quatre sons, dont chacun indique à l'oreille
la saison a laquelle il est appliqué.
Nous avons cherché même mettre à profit l'harmonie imitative de la langue dans la composition
et la prosodie de ces mots et dans le mécanisme de leurs désinences : de telle manière que
les noms des mois qui composent l'automne ont un son grave et une mesure moyenne, ceux de l'hiver un son lourd et
une mesure longue, ceux du printemps
un son gai et une mesure brève, et ceux de
l’été un son sonore et une mesure large.
Ainsi les trois premiers mois de l'année, qui composent l’automne, prennent leur étymologie, le premier, les
vendanges qui ont lieu de septembre en octobre : ce mois se nomme Vendémiaire. Le second, des brumes
basses qui sont, si je puis m'exprimer ainsi,
la transsudation de la nature d'octobre en novembre
: ce mois se nomme Brumaire. Le troisième, du froid, tantôt sec, tantôt humide, qui se fait sentir de novembre en décembre
: ce mois se nomme Frimaire.
Les trois mois de l'hiver prennent leur étymologie, le
premier, de la neige qui blanchit la terre de décembre en janvier : ce mois se
nomme Nivôse. Le second, des pluies qui
tombent généralement avec plus d'abondance de janvier en février : ce
mois se nomme Pluviôse. Le troisième,
des giboulées qui ont lieu, et du vent qui vient sécher la terre de février en mars : ce mois se nomme
Ventôse.
Les trois mois du printemps prennent leur étymologie, le
premier, de la fermentation et du développement
de la sève de mars en avril; ce mois se nomme Germinal. Le second, de l'épanouissement des fleurs d'avril en
mai : ce mois se nomme Floréal. Le troisième, de la fécondité riante et de la récolte des prairies de mai en juin :
ce mois se nomme Prairial.
Les trois mois de l’été enfin prennent leur étymologie,
le premier, de l'aspect des épis ondoyants et des moissons dorées qui couvrent
les champs de juin en juillet : ce mois se nomme
Messidor. Le second, de la chaleur
tout à la fois solaire et terrestre,
qui embrase l’air de juillet en août :
ce mois se nomme Thermidor. Le troisième, des fruits que le soleil dore
et murit d'août en septembre : ce mois se
nomme Fructidor.
Il résulte de ces dénominations, ainsi
que je l'ai dit, que, par la seule prononciation du nom du mois, chacun sentira
parfaitement trois choses, et tous leurs
rapports : le genre de saison ou il se trouve, la température, et l'état de la végétation.
C'est ainsi que des le
premier de Germinal, il se peindra sans effort à l'imagination, par la
terminaison du mot, que le printemps commence par la construction et l'image
que présente le mot, que les agents élémentaires
travaillent; par la signification du
mot, que les germes se développent.».
Le calendrier républicain fut donc créé pendant la
période où notre pays était redevenu autrichien après la première invasion
française.
Mais Fleurus n’était pas loin, les armées
révolutionnaires l’emportèrent le 26 juin 1794. En septembre les anciens
Pays-Bas furent occupés par les armées françaises et furent annexés le premier
août 1795 (9 vendémiaire an IV).
L’application du nouveau
calendrier, ne se fit pas rapidement dans nos régions. Il est cependant une exception. Huit jours après la
bataille de Fleurus, le 3 juillet 1794, eut lieu le baptême d’un enfant de
soldat français : François Gérard. A la demande de la mère, cantinière, l’acte
est daté du 15 messidor an II, chose étonnante car le calendrier n’était pas
encore en usage dans nos régions, le curé Godefroid a ajouté après la date
« vieux style, le trois juillet 1794 ». Il ne le fera plus désormais,
étant hostile à la république.
Il faudra attendre le 18 octobre 1796 (27
vendémiaire an V), le mariage de Charles Bury et de Marie-Joseph Lecompte, pour
que l’acte soit inscrit avec le nouveau calendrier.
Il aura un usage légal jusqu’au 31 décembre
1805.
Pluviôse: janvier-février
Thermidor: juillet-août
Fructidor: août-septembre
Jours complémentaires: septembre
[1] Fabre Philippe, dit
Fabre d’Eglantine, ° Carcassonne 1750, † Paris 1794, guillotiné avec les
dantonistes. Auteur de chansons sentimentales (Il pleut, il pleut, bergère).
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