Dignitaires écossais à Binche.
Les deux « traités de Binche » de 1541 et 1550
Joseph HINNEMAN †
Hélas! Lorsque
la guerre avec François Ier se ralluma
en 1536, les Ecossais ne
s'estimèrent plus liés par le traité,
leur Reine étant française.
Les rapports sur les actes de piraterie arrivaient de plus en plus fréquemment chez Marie de Hongrie, qui avait succédé à sa tante Marguerite en 1531. Exaspérée, la
Reine fit arrêter tous les
Ecossais dans les Pays-Bas et fit
saisir leurs biens pour dédommager ses sujets spoliés. Sans tarder, James V,
dépêcha à nouveau Sir John Campbell chez Marie de Hongrie à Binche pour calmer la tempête.
De l’intervention
de Sir John résulta un traité, conclu "en la ville de Binch comté de Haynnaut
sous les signes manuelz de ladicte
Dame Royne et dudict Sr de Londy,
Ambassadeur", le 19 février
1541.
Tout comme celui de 1530, ce traité ne semble pas avoir trop ému les pirates. Nos marins se défendaient bien, minèrent même complètement un des pirates les plus réputés de Dundee... La situation devenait cependant intenable, et les Anversois s'étonnaient même que leur commerce ne fut pas entièrement miné. Jamais nos commerçants
n'avaient perdu autant de
navires, Aussi bien par de violentes
tempêtes inhabituelles que par l'audace
des pirates. La Reine se demandait comment
réagir aux "robberyes, pilleryes et incursions des Ecossais et aultres estrangers
hantans la mer".
Le danger était si réel qu'elle crut
nécessaire d'envoyer le vice-amiral
van Meckeren dans ''embouchure de la Tamise pour ramener son ambassadeur résident à Londres, pour qu'il ne tombe es mains des pirates. La situation s'étant empirée au point
que ceux-ci capturaient nos
vaisseaux dans la Tamise, et les
vendaient publiquement aux marchands anglais qui étaient de
connivence. On devait donc a
tout prix chercher à négocier une
paix durable.
Aussi le 18 juin 1550, Marie
de Hongrie envoie-elle de sa résidence de "Turnhout
"un sauf-conduit" pour deux gentilshommes écossais. Le 29 juin, Henri II,
de son côté, promet d'envoyer son
ambassadeur Basse-Fontaine avec l'écossais Erskine pour participer aux discussions. Le 3, Marie de Hongrie expédie de Binche un sauf-conduit pour la Reine douairière et Régente d'Ecosse. Tout semblait s'arranger,
lorsque, au reçu du dernier rapport de
son ambassadeur à Londres sur la piraterie des Ecossais, la Reine menace "d'user de revanche
quelque part que l'on pouvait
rattaindre les pyrates".
Tandis
qu'à Binche, Elle nomme ses
représentants, parmi lesquels les
comtes du Rœulx, de Lalaing et de Berlaymont
afin de préparer une trêve, à
Edimbourg, la régente d'Ecosse signe la commission
de Thomas Erskine et de son assistant. Vers le 10 octobre Marie de Guise arrive via Rouen à la cour
d'Henri II, accompagnée de ses ambassadeurs. De là, ceux-ci, Erskine et le Doyen de Glasgow, son assistant, partent pour Binche afin d'y entamer des discussions
ardues. Si ardues, que le 8 décembre,
des difficultés insurmontables ayant surgi à propos des déprédations
commises contre nos marins, les
négociations
sont rompues, mais devant les
arguments irréfutables de Marie de Hongrie,
Erskine ne reste plus intransigeant et sollicite une nouvelle entrevue le 11 novembre. Pour faciliter la négociation, Marie demande à
l'empereur de ne pas changer l'étaple écossaise (=
les entrepôts) établie A La Vère[1] comme il en avait l'intention.
Le 15 décembre 1550, le
traité fut enfin signé au palais de Binche; Louis de Praet,
Mr de Saint -Mauris, Viglius et
Erskine y apposèrent leur sceau. - Par lettre
patente datée de Binche, le 18 décembre, Marie fait remettre aux ambassadeurs deux chaînes
en or, d'une valeur de
... Le 20 décembre
eut lieu le
dernier des attentats écossais sur mer.
à noter que dans “L’histoire de la ville de Binche”
de T. Lejeune, on peut lire p.97;
1540 (1541 n.st.) : En
même temps, la gouvernante générale signa avec Jean Campbell, ambassadeur de
Jacques V, roi d’Ecosse, un traité qui assurait aux marchands écossais et à
ceux des Pays-Bas « prompte et bonne justice » au sujet des actes de
piraterie commis par les « écumeurs des mers. (DUMONT. Recueils des
traités d’alliance, de paix, etc. T IV, 2e partie, p. 208)
[1] II y avait Ecossais et Ecossais. Les marchands de cette nation étaient
fort bien vus a La Vère où ils procuraient
beaucoup de travail. Ils nous
envoyaient du saumon et les fameux
kippers d'Aberdeen, des peaux tannées,
des fourrures et de la laine; ils achetaient du vin, des épices, des textiles et des objets du culte: missels, chasubles, reliquaires, images. Les Ecossais sont restés fort catholiques jusque vers 1560.
[2] Le marc montois (les chaînes
venaient d'un atelier montois) pesait 491 gr, valait
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