UN CASQUE
ET RONDACHE DE PARADE DE CHARLES-QUINT
Alain GRAUX Dans un article précédent[1] une armure de Charles-Quint appartenant à la collection royale d’Espagne vous était présentée. Deux autres pièces méritent aussi l’attention.
Ce jeu de casque et rondache[2],
un des plus beaux ensemble de parade connus, est l’œuvre de l’armurier milanais
Philippo Negroli ( vers 1510-1579)[3].
Le timbre du casque est d’une seule pièce,
repoussée, ciselée et dorée, en forme de chevelure frisée ; le front est
ceint d’une couronne de laurier.
Le couvre nuque de trois lames et jugulaires
gorgerin composées de deux moitiés, de
quatre lames chacune, qui s’attachent sous le menton.
Ces pièces, ouvrées en relief, présentent des
oreilles à lobe perforé pour le port de pendentifs et de favoris.
Le contour des pièces extérieures du gorgerin
présente un bourrelet orné d’un cordon pointillé et d’une bande en creux,
décorée de feuillages ciselés et, sur le couvre-nuque, de deux griffons qui
portent un médaillon contenant la devise « PLUS ULTRA » et les
colonnes d’Hercule surmontées de la couronne impériale.
Sous ce motif figurent la signature et la date 1533 : « IAC PHILIPPUS
NEGROLUS MEDIOLAN FACIEBAT M D XXX III ».
Ce casque est accompagné d’une bavière
indépendante, ciselée dans le même style, avec bouche, moustache, barbe et
boucles ; les poils sont dorés comme ceux du timbre. Elle s’attache autour
du gorgerin par une sangle métallique, s’adapte au casque mais ne constitue pas
un ensemble avec celui-ci.
La décoration de la lame inférieure du gorgerin porte le collier de la Toison d’Or au lieu de reprendre les motifs du porte nuque.
LA RONDACHE
La rondache est composée de deux pièces
rivetées. Celle du dessus, au centre, est magistralement décorée en haut-relief
(environ
L’autre pièce en forme de disque au centre
vide, possède un champ lisse, délimité par une bande richement décorée, bordée
d’un ourlet orné comme ceux du casque et de la bavière.
Cette bande de contour est ciselée d’une frise
de feuillages et de griffons portant des médaillons contenant
respectivement : les colonnes d’Hercule et la devise « PLUS
ULTRA », l’aigle impériale
accompagnée des initiales KI (Karolus Imperator), et la croix de Bourgogne
accompagnéd du briquet, de la pierre à feu et des mêmes initiales.
Dans le haut, au bord suprérieur du champ
lisse, on peut lire : « JACOBUS PHILIPPUS NEGROLUS MEDIOLANENSIS
FACIBAT », et dans le bas, diamétralement opposée, la date M D XXX III.
Originalement, le champ lisse de la rondache
était bruni en noir, faisant ainsi ressortir la tête du lion, la décoration de
la bande de contour, la date et la signature de l’armurier qui conserve encore
des restes de dorure.
Deux autres casques de même facture sont conservés l’un à la Hofjagd-und Rüstkammer de Vienne et l’autre au Métropolitan Museum of Art de New-York.
[1] GRAUX A., Une
armure de Charles-Quint, Dans « Semper Vivat » n° 30, 2012, 3 p.
[2]
Une rondache ou rouelle est un bouclier de forme circulaire et
généralement de taille moyenne. Elle est utilisée dans les combats rapprochés,
ou corps à corps, comme moyen de protection et d'intimidation. Elle est
souvent associée à l'épée courte. La rondache est petite, légère et peu encombrante
pour l'attaque, ce qui lui donne toute sa qualité lors des combats.
[3]
Philippo Negroli était reconnu comme étant extrêmement doué et peut être
considéré comme l'armurier le plus célèbre de tous les temps. Travaillant
avec ses frères cadets Giovan Battista (vers 1511-1591) et Francesco (vers
1522-1600) dans l'atelier de la famille Negroli dirigé par leur père Gian
Giacomo Negroli (vers 1463-1543), Filippo était spécialisé dans le repoussé de l’armure, alors que son frère Francesco
était réputé pour ses compétences en damasquinage . Les pièces
de Filippo sont considérées comme particulièrement remarquables parce qu'elles
ont été forgées en acier, plutôt que le fer plus facile à travailler qui était
le médium traditionnellement assumé.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire