mercredi 3 août 2022

Un casque et rondache de parade de Charles-Quint


UN CASQUE ET RONDACHE DE PARADE DE CHARLES-QUINT

                                                                                                                                     Alain GRAUX        Dans un article précédent[1] une armure de Charles-Quint appartenant à la collection royale d’Espagne vous était présentée. Deux autres pièces méritent aussi l’attention.

Ce jeu de casque et rondache[2], un des plus beaux ensemble de parade connus, est l’œuvre de l’armurier milanais Philippo Negroli ( vers 1510-1579)[3].

 LE CASQUE

 

                   

Le timbre du casque est d’une seule pièce, repoussée, ciselée et dorée, en forme de chevelure frisée ; le front est ceint d’une couronne de laurier.

Le couvre nuque de trois lames et jugulaires gorgerin  composées de deux moitiés, de quatre lames chacune, qui s’attachent sous le menton.

Ces pièces, ouvrées en relief, présentent des oreilles à lobe perforé pour le port de pendentifs et de favoris.

Le contour des pièces extérieures du gorgerin présente un bourrelet orné d’un cordon pointillé et d’une bande en creux, décorée de feuillages ciselés et, sur le couvre-nuque, de deux griffons qui portent un médaillon contenant la devise « PLUS ULTRA » et les colonnes d’Hercule surmontées de la couronne impériale.

Sous ce motif figurent la signature  et la date 1533 : « IAC PHILIPPUS NEGROLUS MEDIOLAN FACIEBAT M D XXX III ».

Ce casque est accompagné d’une bavière indépendante, ciselée dans le même style, avec bouche, moustache, barbe et boucles ; les poils sont dorés comme ceux du timbre. Elle s’attache autour du gorgerin par une sangle métallique, s’adapte au casque mais ne constitue pas un ensemble avec celui-ci.

La décoration de la lame inférieure du gorgerin porte le collier de la Toison d’Or au lieu de reprendre les motifs du porte nuque.

 

LA RONDACHE

La rondache est composée de deux pièces rivetées. Celle du dessus, au centre, est magistralement décorée en haut-relief (environ 6,5 cm d’une tête de lion dont les mèches de la crinière, distribuée en deux couches superposées, se déploient en cercle.

L’autre pièce en forme de disque au centre vide, possède un champ lisse, délimité par une bande richement décorée, bordée d’un ourlet orné comme ceux du casque et de la bavière.

Cette bande de contour est ciselée d’une frise de feuillages et de griffons portant des médaillons contenant respectivement : les colonnes d’Hercule et la devise « PLUS ULTRA », l’aigle  impériale accompagnée des initiales KI (Karolus Imperator), et la croix de Bourgogne accompagnéd du briquet, de la pierre à feu et des mêmes initiales.

Dans le haut, au bord suprérieur du champ lisse, on peut lire : « JACOBUS PHILIPPUS NEGROLUS MEDIOLANENSIS FACIBAT », et dans le bas, diamétralement opposée, la date M D XXX III.

Originalement, le champ lisse de la rondache était bruni en noir, faisant ainsi ressortir la tête du lion, la décoration de la bande de contour, la date et la signature de l’armurier qui conserve encore des restes de dorure.

Deux autres casques de même facture sont conservés l’un à  la Hofjagd-und Rüstkammer de Vienne et l’autre au Métropolitan Museum of Art de New-York.


[1] GRAUX A., Une armure de Charles-Quint, Dans « Semper Vivat » n° 30, 2012, 3 p.

[2] Une rondache ou rouelle est un bouclier de forme circulaire et généralement de taille moyenne. Elle est utilisée dans les combats rapprochés, ou corps à corps, comme moyen de protection et d'intimidation. Elle est souvent associée à l'épée courte. La rondache est petite, légère et peu encombrante pour l'attaque, ce qui lui donne toute sa qualité lors des combats.

[3] Philippo Negroli était reconnu comme étant extrêmement doué et peut être considéré comme l'armurier le plus célèbre de tous les temps. Travaillant avec ses frères cadets Giovan Battista (vers 1511-1591) et Francesco (vers 1522-1600) dans l'atelier de la famille Negroli dirigé par leur père Gian Giacomo Negroli (vers 1463-1543), Filippo était spécialisé dans le repoussé de l’armure, alors que son frère Francesco était réputé pour ses compétences en damasquinage . Les pièces de Filippo sont considérées comme particulièrement remarquables parce qu'elles ont été forgées en acier, plutôt que le fer plus facile à travailler qui était le médium traditionnellement assumé.

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