le télégraphe A Binche
Alain GRAUX
La
Belgique était un des premiers pays au monde ayant installé un système de
télégraphie. L’usage en fut logiquement réservé en premier lieu aux chemins de
fer et au personnel boursier.
Les
autres utilisateurs étaient un nombre limité de commerçants, ainsi qu'une
petite partie de la presse. Le prix pour expédier un télégramme de 20 mots
coûtait à cette époque 1 franc.
De
1846 à 1850 la télégraphie en Belgique, d’abord limitée à la ligne le long des
voies du chemin de fer Bruxelles-Nord, Malines et Anvers, était entre les mains
de la société privée « Compagnie du Télégraphe Electrique Cooke et Wheatstone ».
A
l’origine, les autorités Belges ne voulaient pas participer à la construction
et l’exploitation de ces lignes. Wheatstone reçut une concession pour 21 ans et
dut installer les lignes télégraphiques à ses frais. Une des conditions
d’exploitation était que la ligne devait être à la disposition des chemins de
fer gratuitement et en permanence. L’exploitation ne fut pas rentable, et en
1850, celle-ci fut reprise par l’Etat.
La
loi du 4 juin 1850, autorise le gouvernement à établir des télégraphes
électriques sur les lignes de chemin de fer de l’Etat[1] et ouvre à cet effet un crédit de 250.000 Fr.
pour faire face à cet établissement. Cela constitue la première ébauche de ce
qui s'appellera plus tard le ‘’monopole’’ d’Etat.
En
1852 il y a 26 bureaux de télégraphie, nombre qui sera doublé en 1853.
En
1861, les bureaux de Binche et de Houdeng-Goegnies, sont équipés des appareils
à lettres du système Siemens (courant magnéto-électrique sans pile)[2]. Il
n’y a que trois bureaux équipés de ce système en Belgique à cette époque). Le
bureau de Binche se positionne à la 37e place sur 153 bureaux
existant. Vers cette époque le nombre des télégrammes annuel émis de Binche est
de 737[3]
La loi du 6 août 1862, a ouvert au
département des Travaux Publics un crédit de 325.000 Fr. pour l’extension des
lignes télégraphiques de Belgique. Ce crédit avait pour objet de relier à
l’ensemble du réseau les localités encore éloignées du chemin de fer.
Dans l’énoncé des motivations
pour l’ouverture de ce crédit, on apprend que trente bureaux installés le long
du chemin de fer seront à mettre en exploitation sur le parcours de lignes
télégraphiques déjà établies. Vingt-six appareils ont été établis dans ces
conditions et Binche en fait partie.
Le nombre de bureaux de
télégraphe fonctionnant dans tout le royaume s’élève à 252 à la date du 1er
janvier 1864. Des fils conducteur du télégraphe ont été placés sur la section
de Mons à Binche par La Louvière[4].
En 1865, à Binche, le service
est limité de 9 h. du matin à midi, et de 14 h. à 19 h. le soir. Les dimanches,
le service est ouvert de 2 à 5 h. le soir[5].
En 1866, le volume des télégrammes a augmenté notablement puisqu’on
relève 3.277 télégrammes privés, envoyés cette année là. Binche se positionne à
la 34e place sur 317 bureaux établis en Belgique[6]
La
Première Guerre mondiale représenta un
arrêt net et définitif en matière de télécommunication en Belgique. Les
dommages causés lors du conflit et le démantèlement partiel des réseaux
placèrent l’administration des télégraphes et téléphones devant un besoin
d’investissements colossaux.
Les
installations du télégraphe sont inclues dans la gare, d’abord dans les locaux
de la gare aux marchandises et ensuite dans les locaux de la nouvelle gare (aile droite)
Le
code télégraphie est LBH.
En
1928 on compte au nombre du personnel trois télégraphistes : Alfred Bady,
Armand Boudart et Eugène Tison.
C’est
le 19
juillet
1930 qu’est créée la Régie
des Télégraphes et Téléphones (RTT). L’entreprise publique gagne en autonomie :
elle n’est désormais plus tributaire des budgets annuels de l’État et a la
compétence requise pour mener une gestion propre.
En décembre 1955, un arrêté
royal autorise le Ministère des Communications, Régie des Télégraphes et des
Téléphones, à établir à Binche une centrale téléphonique manuelle, place Eugène
Derbaix.
Celle-ci comprend deux
batteries d’accumulateurs électriques de 240 Ah/24 V. et un groupe de secours
composé d’un moteur à essence de 1Kw et d’une dynamo de 2,5 A .- 40 V.
L’autorisation est valable pour 30 ans[7].
La régie cessa ses activités
dans les locaux de la gare de Binche le 16 juin 1966 pour s’installer dans de
nouveaux locaux situés à proximité, rue de Versailles. Elle employait à cette
date 30 employés sous la conduite de M. Verpoorten[8].
Les activités du bureau de
Binche de la R.T.T. cessèrent définitivement le 1er décembre 1987[9].
[1] Moniteur belge du
7-6-1850.
[2] Annales des Travaux Publics volume 18, année 1861
[3] Annales des Travaux Publics volume 20, année 1861
[4] Recueil des pièces imprimées par ordre de la Chambre des Représentants,
volume 2, 1864.
[6] VANDERSTCHELEN J., Situation et trafic des lignes télégraphiques
belges en 1866.
[7] A.V.B. 00-00-01-..
[8] E.O. Michel Valenduc, entré à la Régie en 1946,
comme porteur de télégrammes.
[9] L’Arsouille, 26-11-1987, n° 240, p.2.
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