LE CORPS DES SAPEURS POMPIERS
BINCHOIS
Alain GRAUX
Le conseil de Régence de la ville de Binche se dota d’un règlement
contre l’incendie le 2-12-1823, il
prévoit la constitution d’un groupe de préposés et de sous-préposés pour la
lutte contre ce fléau qu’est l’incendie. Le conseil communal de Battignies
possédait un règlement pour la lutte contre les incendies daté du 5-10-1823[1].
En 1826, le Collège échevinal rédige une liste de Binchois se
constituant en corps de pompiers.
Binche dispose de deux pompes placées sur un train de 4 roues, une
pompe portative manœuvrable par un seul homme, 100 seaux, 4 grandes échelles, 3
grands crochets, deux pioches, 2 piquets, un levier en fer et une hache.
Le 14-4-1827, le Collège échevinal émet un avis favorable en même temps
qu’il décide de payer 150 florins à Huart Chapelle, propriétaire d’usines à
Charleroi, pour la livraison d’une pompe à incendie foulante et aspirante,
placée sur un train à quatre roues, cette pompe étant la 3eme pompe des
pompiers.
Le premier chef du corps de pompier est désigné officiellement le
6-1-1838, c’est Florent Thomas, qui s’occupait de la pompe à incendie depuis
1817.
Le 14-6-1838, le Conseil communal définit le Règlement d’ordre et de
service du corps de sapeurs-pompiers
Il existe pour cette commune un dossier pour la lutte contre les
incendies allant de 1820 à 1865[2].
Joseph Ramboux, menuisier, reçoit 11 florins 79 pour bois fournis en
1826 pour remettre en état les pompes à incendie.
Jacques-Henri Lebrun,
peintre à Binche, reçoit 9 florins 96 pour avoir remis en couleur les pompes à
incendie.
Sur le plan Popp apparaît
au parc communal un bâtiment pour pompe à incendie, il est cadastré sect. B.23a
et a une superficie de 2 a
50 ca.
Il est à noter que le
bassin situé dans le parc de Binche est constamment tenu en réserve, tant pour
les cas d’incendie que pour le lavage des rues[3].
Le 30-4-1873, le Conseil
communal prend acte que les membres de la « Société des carabiniers de
Binche » s’exerçant avec des armes de guerre sollicitent l’autorisation de
créer une compagnie de pompiers volontaires dans la ville.
Dans ses résolutions, le
Conseil décide « qu’attendu que ces messieurs donnent comme un des buts de
leur demande, l’établissement d’une police qui faciliterait la tâche des
fontainiers en cas d’incendie et qu’une compagnie de pompiers volontaires peut
rendre d’incontestables services…il y a lieu d’établir en cette ville une
compagnie de pompiers volontaires[4].
L’organisation de cette
Compagnie demanda environ un an, et se dota d’un règlement.
En séance publique du
Conseil communal du 28-7-1874, le bourgmestre donne lecture du projet de
règlement pour l’organisation d’un corps de pompiers volontaires, dont la
teneur suit :
Règlement pour le corps de
pompiers volontaires (non soldés) de la ville de Binche.
Art. I. L’effectif du
corps de sapeurs-pompiers est provisoirement fixé à vingt hommes, le nombre en
pourra être augmenté.
Les sapeurs-pompiers
auront la charge de fa ire la police en
cas d’incendie.
Ils feront faire la haie à
la foule, l’empêchement d’investir les lieux incendiés, établiront les chaînes
vivantes nécessaires, pour porter les secours où de droit et venir en aide aux
fontainiers salariés par la ville.
Le corps des sapeurs
pompiers est placé sous les ordres immédiats du bourgmestre ou de celui des
échevins délégués pour le remplacer.
Art. II. Le terme de
l’engagement des pompiers volontaires est de trois ans.
Art. III. Les
sapeurs-pompiers volontaires s’engagent à s’équiper à leurs frais personnels.
Leur costume (sauf les
modifications à intervenir) se comporte d’un képi en drap gris garni d’un
liseré noir et accessoire.
D’une tunique en drap vert
foncé avec brandebourgs noirs et boutons de bronze aux armes de la ville.
D’un pantalon gris avec
bande noire et de souliers.
Art. IV. Le corps des
sapeurs pompiers sera armé du fusil et sabre réglementaires adoptés pour
l’infanterie de la garde civique. – Bretelle et ceinturon en cuir laquais (sic)
noir.
Art. V. En cas d’incendie
les sapeurs pompiers s’engagent à veiller attentivement à la conservation du
matériel et empêcher sa dégradation.
Art. VI. Le corps ne se
séparera qu’après la remise du matériel.
Art. VII. Le commandant
règle tous les détails du service, il convoquera toutes les réunions et
exercices.
Il obtempère aux
réquisitions faites d’urgence et directement par le bourgmestre.
Tout sapeur pompier dûment
convoqué à une réunion ou exercice qui ne s’y rendra pas, subira une amende de
deux francs.
Art. VIII. La direction du
service en cas d’incendie appartient sans partage au bourgmestre ou à son
représentant légal.
Art. IX. L’habitant chez
lequel éclate un incendie est tenu d’ouvrir les portes de sa maison aux sapeurs
pompiers et à tous agents de la force publique, il en est de même des voisins
lorsque le service des secours juge que l’on pénétrera dans leur maison.
En cas de refus de
pénétrer de vive force et il en sera dressé un procès verbal.
Art. X. Dans les incendies
et dans les manœuvres, les sapeurs pompiers doivent observer le plus grand
silence, exécuter attentivement les signaux et commandements et exécuter les ordres sans réplique.
Art. XI. Tous les sapeurs
pompiers doivent connaître les emplacements des bouches à feu, à cet effet il leur
sera remis à chacun d’eux une liste indicative.
Art. XII. En cas
d’incendie, au son de la cloche d’alarme, les sapeurs pompiers doivent se
trouver à l’hôtel de ville pour prendre les ordres du commandant. Si l’incendie
éclate la nuit, les hommes du même quartier s’appelleront les uns les autres,
ils ne quitteront la demeure de leur camarade que lorsque celui-ci sera sur
pieds.
Tout sapeur pompier qui ne
sera pas rendu à un incendie sera passible d’une amende de cinq francs, sauf en
cas de force majeure dont il justifiera.
Art. XIII. Dans un
incendie le commandant des sapeurs pompiers et les agents de la force publique
feront observer le plus grand silence tant par les sapeurs pompiers que par les
autres personnes, afin que commandements puissent facilement être entendus.
Art. XIV. Lors d’un
incendie il sera placé aux environs du lieu où il se sera produit et aux
débouchés des rues avoisinantes des postes ou sentinelles qui seront fournis
par la gendarmerie, la police locale et les sapeurs pompiers.
Art. XV. Nul ne pourra
franchir cette enceinte ou y rester si son service ou un réquisition spéciale
l’y autorise sous peine d’une amende de cinq à quinze francs.
Art. XVI. Les postes ou
sentinelles remettront en mains de la police tout individu qui voudrait sortir
de cette enceinte avec des paquets, objets ou effets quelconques.
Art. XVII. Tout individu
qui lors d’un incendie aura pris sous sa garde des objets quelconques devra
dans les 24 heures en faire la remise au propriétaire ou au bureau de police.
Art XVIII. Toute personne
qui désirera faire partie du corps des sapeurs pompiers volontaires devra en
faire la demande écrite au commandant qui convoquera le corps pour le vote.
Le nom du candidat devra
être affiché pendant huit jours au moins au local de réunion du corps.
Les candidats pour être
admis devront toujours réunir les trois quarts de voix des membres présents.
Le vote aura lieu au
scrutin secret.
Tout sapeur pompier qui
dans l’exercice de ses fonctions serait conduit de manière à nuire à la dignité
du corps ou qui lors d’un incendie se refuserait à exécuter les ordres du
commandant, subira une amende de 20 à 100 fr. et la révocation.
Les pénalisations seront
proposées sans appels par le bourgmestre.
Tout refus de paiement
d’une amende entraînera nécessairement la révocation
Le Conseil communal approuva unanimement le règlement ci-dessus[5].
En 1896, sur invitation de
la Commission des monuments et sites, on dégagea la collégiale des
constructions parasites qui enserraient l'édifice. On démolit le presbytère et
une ancienne remise des pompes à incendie de la Ville.
Dès au moins 1897, les
habitations des pompiers sont reliées à la remise aux pompes et au logement du
fontainier par un avertisseur électrique. On peut constater, à chaque incendie,
les avantages de cette mesure (rapport de l’administration communale,
1897-1908.
En 1898, deux incendies
ont pu bénéficier de la vitesse d’intervention grâce à ce système.
Vers 1935, la caserne de
pompiers se transforme. La ville acquiert des autopompes « Guignard »
et « DKW » et du premier véhicule à moteur « Renault » qui
disparaîtra pendant la guerre. Le service récupère une camionnette
« Ford » abandonnée par des réfugiés.
Au Conseil communal en 1937,
on arrête un nouveau règlement créant le corps de sapeurs-pompiers volontaires.
Il deviendra le 7e groupe régional du service d’incendie pour l’arrondissement de Thuin, et ce,
jusqu’en 1968
En 1948, une ambulance
« Dodge » est achetée dans un stock américain.
Peu après on convertit un
ancien camion-citerne « Chevrolet » en camion de transport de
matériel.
C’est en 1957 que le corps
fait l’acquisition d’une autopompe « Ford » flambant neuf.
Les missions des pompiers
actuels sont bien plus vastes que celles de leurs prédécesseurs car à la
prévention et la lutte contre les incendies ils exécutent de nombreuses interventions
pour le transport et les soins aux asphyxiés et noyés, le dégagement et
désincarcérations de personnes impliquées dans des accidents, d’électrocutés,
ou de personnes bloquées sous des décombres dus aux incendies ou explosions.
Ils s’occupent de la vidange de caves inondées, d’interventions en cas
d’inondation ou de catastrophes ; neutralisent et détruisent les nids
d’abeilles ou de guêpes, présentant du danger, ils exercent biens d’autres
missions au gré des circonstances. Pour ce faire le corps de sapeurs-pompiers
dispose de deux autopompes, de deux autos-échelles, d’un camion citerne, de
deux camionnettes de désincarcération et
de transport de matériel, deux motopompes tractées, deux motopompes portables,
dix pompes vide-caves, d’un appareillage de réanimation, de onze masques
respiratoires autonomes, de trois groupes électrogènes, d’un ventilateur de
fumée et de 3.000
mètres de tuyaux de refoulement.
Les locaux du service de
pompiers se situent maintenant rue de la Pépinière.
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