jeudi 1 novembre 2018

A propose de Sainte Amalberge


                                              A PROPOS DE SAINTE AMALBERGE
                                                                                                                                         Alain GRAUX

Les généalogistes amateurs qui étudient leurs ancêtres et collatéraux binchois sont toujours étonnés de rencontrer une ou plusieurs fois le prénom d’Amalberge dans la généalogie de leur famille.
Il faut savoir que les reliques de cette sainte faisaient partie du trésor de la collégiale Saint-Ursmer, elles furent détruites pendant les exactions de la Révolution française.
Lorsque le chapitre de Lobbes fut transféré à Binche le 11 juillet 1408, ils emmenèrent avec eux les « corps sain(t)s, relikes, juwiaus, livres, calisses, clokes, aournemens, fourmes, aiglier et autres appartenances.. » [1].
C’est ainsi que les reliques d’Amalberge firent partie des saints vénérés à Binche.
En 1549, eut lieu une translation des reliques des saints patrons de Binche, elles furent retirées des fiertés en bois où elles reposaient et on les déposa dans de nouvelles châsses richement ornées. Sur demande du chapitre et du Magistrat, les chefs de Saint Ursmer et de Sainte Amalberge furent mis à part dans des châsses d’argent[2].

Qui était Amalberge ?
Il ne faut pas confondre Sainte Amalbergue, bénédictine de l’abbaye de Susteren (Celle-ci éleva dans son monastère les deux filles d’un roi de Lorraine, qui après sa mort, la firent élever au rang des saints), elle est fêtée  le 21 novembre, et, Amalberge, abbesse de Maubeuge du 7e siècle, fêtée le 10 juillet, dont les reliques furent déposées à Binche.
Une querelle d’anciens historiens se fit à propos d’Amalberge.
Pépin de Landen, maire du palais, avait une sœur nommée Amalberge, les uns disent qu’elle épousa Walbert, d’autres qu’elle fut mariée à Witger.
Dans la généalogie de Sainte Gertrude de Nivelles écrite par Miraeus[3], on y lit qu’une Amalberge, sœur de Pépin, épouse de Witger, fut mère de quatre enfants, Embert, Gudule, Pharailde et Renelde.
D’autres prétendent qu’après la mort de son mari, Walbert, elle épousa en secondes noces, Witger, de qui elle eut deux enfants, Saint Vincent et Saint Gengulphe.
Une seconde carte généalogique des œuvres diplomatiques de Miraeus[4], semble vouloir aplanir cette difficulté en faisant exister deux Amalberge.
Selon cette table, Amalberge, sœur de Pépin avait épousé Walbert, comte de Hainaut, de cette union sont issus un fils, Walbert et une fille Amalberge.
D’une autre généalogie, tirée des archives du chapitre de Bruxelles, éditée en 1770, on trouve au nombre des enfants du comte Walbert et d’Amalberge, Brunulphe, qui épousa Vraie de Bologne qui mit au monde Sainte Aye, et Gertrude, citée dans le testament de Sainte Aldegonde.
Walbert le Jeune, que Bauduin d’Avesnes, dans sa chronique des comtes de Hainaut, appellé duc de Lothier, épousa Bertille, fille de Bertaire, prince de Tongres. Cette dernière donna naissance à Sainte Waudru et Sainte Aldegonde.
Amalberge, fille d’Amalberge et du Comte Walbert III de Hainaut, épousa le comte Witger, seigneur de Condace et de Vergÿ, de qui elle eut cinq enfants dont quatre filles élevées au rang de saints: Embert, évêque de Cambrai ; Renelde, Pharaïlde, Ermelinte et Gudule.
Suivant cette généalogie, plusieurs difficultés sont aplanies, Amalberge, épouse Walbert, sa fille Amalberge épouse Witger.
Panckouke[5], dans l’abrégé chronologique de l’histoire de Flandres, se trompe, lorsqu’il rapporte qu’en l’an 872, le comte Bauduin fit transporter à l’abbaye Saint-Pierre de Gand, le corps d’Amalberge, sœur de Gertrude de Nivelles, morte à Tempseck, village de sa seigneurie, sur l’Escaut. Cette Amalberge ne pouvait pas être la sœur de Gertrude de Nivelles, mais la sœur de Gertrude citée dans le testament de Sainte Aldegonde.
Sainte Amalberge, épouse de Witger,  naquit à Saintes en Hainaut, proche de Tubize et de Braine-le-Comte. Très pieux, ces époux se retirèrent chacun de leur côté dans un monastère afin de finir leur vie dans la quiétude. Witger alla au monastère de Lobbes et Amalberge se retira à Maubeuge.
A sa mort, le corps d’Amalberge fut transporté à Lobbes auprès du corps de son époux[6].


[1] T. LEJEUNE,  Histoire de la ville de Binche, p. 471.
[2] Idem, pp. 478-479.
[3] Aubert Le Mire, ° Bruxelles, 30 novembre 1573 + Anvers, 19 octobre 1640, aussi appelé Aubertus Miraeus, était un historien ecclésiastique, un historiographe et un biographe belge
[4] Tirée de son 8e volume, chapitre Notitia ecclesium begii.
[5] A-J. PANCKOUKE. Abrégé chronologique de l’histoire de Flandre, Lille, 1762
[6] DESTOMBES, Vie des Saints des diocèses de Cambrai et d’Arras.

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