QUELQUES
FAÇADES ATYPIQUES BINCHOISES
Alain
GRAUX
Suite
à la grande pénurie de logements engendrée par la première guerre mondiale,
sont expérimentés de nouvelles techniques et de nouveaux matériaux simples, peu
coûteux, et rapides à mettre en œuvre.
La
marbrite, verre coloré et opacifié dans la masse, fut inventée par le
maître-verrier belge
Arthur Brancart et
produite en grande quantité après la Première Guerre Mondiale par les verreries
de Fauquez en Brabant
wallon. Elle connut un grand succès dans l'architecture Art déco en Belgique durant les années
1920 et 1930, pour confectionner des revêtements de façade brillants et
colorés, afin d’imiter le marbre, dans des tonalités infiniment plus riches
pour un coût nettement inférieur.
La
fabrication de la marbrite démarre véritablement à Fauquez en 1922. Le
rayonnement du produit s’opère toutefois au lendemain de l’Exposition des Arts
Décoratifs de Paris en 1925, où les Verreries de Fauquez disposent de leur
propre pavillon, fort remarqué et même primé
La
valorisation des déchets de marbrite (qui représentaient près de 30% de la
production de marbrite) donna naissance au cimorné
(ciment orné) qui fut abondamment utilisé dans les années 1930 en milieu rural et
urbain pour réaliser des revêtements de façade brillants et colorés. Mis au
point par l’hennuyer Pierre Peetroons.
Cet
enduit, obtenu par le concassage de déchets provenant de la fabrication de la marbrite,
était utilisé en combinaison avec des lattes de marbrite encadrant portes et
fenêtres et avec des fragments de marbrite de grande taille recouvrant le
soubassement, appelé mosaïverre.
Cimorné
et mosaïverre sont composés de mortiers de ciment et de verre. Aujourd’hui leur
conservation pose problème, notamment à cause de leur esthétique atypique, plus
vraiment au goût du jour, ou à cause d’incompatibilité entre le verre et le
mortier de ciment (pour le mosaïverre).
QUELQUES FAÇADES BINCHOISES EN CIMORNÉ
LA MAISON GLACE (Rue des
Tripperies)
La
façade classique de la maison de l'ancien dentiste Glace fut enduite de « cimorné »
aux accents art-déco, dans les tons bruns et verts. Ce fut l’œuvre du
plafonneur Fernand Faucon[1] ayant
sa firme à la rue des Boulevards.
De
beaux vitraux complètent cette imposante façade
La maison Derave (Rue d’Hurtebise, n° 58)
Une
imbrication de volumes et d’ouvertures égaye cette maison d’angle de style
moderniste, la façade présente un enduit en « cimorné » alternant le
brun clair et le brun foncé soulignés par des lattes de marbrites
Un
toit plat couronne l’élévation de cette bâtisse.
Cette
maison fut bâtie pour Zéphirin Derave[2]
Maison (Rue Notre-Dame de Lorette)
Suite
au départ du couvent des Sœurs noires vers 1926, la propriété fut lotie en
plusieurs propriétés.
L’une
de celles-ci, maison à façade classique a été enduite de « cimorné »
dans les tons gris-bleus qui entourent portes et fenêtres et d’espèces de
papillons de tons bruns qui forment une décoration originale.
Maison, ancien café
« Saint-Jacques » (Rue
Saint-Jacques)
Cette
façade en « Cimorné » souligne les fenêtres supérieures par des tons
alternés de vert-clair et vert-foncé, le bas de la façade est uniforme et de
couleur grise.
Il existe une autre maison
enduite en « cimorné », 17, place du Centenaire, en ton unique de
vert, où celle de la
rue Georges Hautmont , n°20, en ton brun.
On garde le souvenir d’autres
maisons dont l’enduit en « cimorné » est aujourd’hui disparu, tels
« la maison bleue » dont l’enduit donna son nom à l’enseigne, qui fut transformée en 1928 par Hubert Deliant[3].
Il y avait aussi le « café
du Commerce », formant
l’angle de la rue de Savoie et de l’avenue Charles Deliège, dont le propriétaire,
M. Dufrasne fit effectuer des transformations de l'immeuble en 1929, par
l'architecte Albert Thauvoye[4].
[1] Faucon Fernand, ° Binche 1-12-1902,
x Binche 22-5-1926, Pruniaux Marie-Barbe, ° Leval-Trahegnies 21-3-1908.
[2] Derave Zéphirin, ° Binche
30-8-1877, x Bizoux Palmyre, ° Battignies 5-9-1874
[3] Deliant Hubert-Joseph-René, ° Somzée 26-5-1868,
x Binche 28-12-1891, Derave Joséphine, ° Binche 1-6-1856
[4] Thauvoy Albert-Augustin, ° Anderlues
23-1-1899, x Carlier Denise, ° 7-8-1901
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