Un monument méconnu : le château de Prisches
Alain GRAUX
L’ancienne prévôté de Prisches est bâtie sur la
terre de Battignies, jadis propriété de l’abbaye de Sainte Rictude de Marchiennes
sur la Scarpe (Fr.) « curtis »
citée dès 1234, tenue par des censiers jusqu’à la fin du XVIe siècle puis par
un prévôt religieux et quelques moines jusque 1802.
Le 22 mars 1405, Gérard de Sars et son épouse
Marie de Beauffort arrentèrent la cense de Prisches, propriété de l’abbaye de
Marchiennes, moyennant 37
livres tournois. Le 31 octobre 1419, ces époux
arrentèrent à vie la maison de Prisches et cette rente fut consentie par
Pierre, abbé de Marchiennes[1]
Les bâtiments reconstruits en 1698 sous l’abbé
Dom Malapert, selon une pierre armoriée retrouvée sur place.
Remplaçant ceux-ci, le château et la ferme actuels
furent bâtis entre 1752 et1756.
le
château. Précédé d'un grand jardin emmuraillé, est un long bâtiment sans
étage que limitent deux pavillons de même hauteur et que flanque à l'arrière,
une tourelle de deux niveaux abritant une chapelle.
Le corps principal fut bâti en premier lieu
sans doute, tout en briques et percé de fenêtres en arc surbaissé, il y en a
sept à l'avant et trois à l'arrière. Le toit en bâtière d'ardoises à coyau
porte en façade, deux petites lucarnes à croupe et épi de faîte.
Une tourelle octogonale faite de mêmes
matériaux, date de cette première tranche de travaux. On voit aussi un toit
pyramidal avec clocheton du XXe s., à amortissement piriforme et croix en fer
ouvragée.
A chaque niveau, les fenêtres sont pareilles
aux précédentes, certaines sont obturées.
Les pavillons en saillie sont greffés dans un
second temps à une travée supplémentaire du corps principal. Le pavillon et
travée de droite, seuls primitifs, les autres ayant été intégralement
reconstruits en briques au XXe siècle. Les faces antérieures et flanc droit
sont bâtis en briques sur soubassement à double ressaut en briques pour les
unes, en moellons de grès pour l'autre; les faces postérieures sont toutes de
ce dernier appareil.
Quatre pilastres corniers en briques portent
avec une sorte d'entablement formé de cordons de même matériau, une très belle
toiture d'ardoises à la Mansart plantée de grandes lucarnes à croupe et épi de
faîte.
La porte percée dans la travée supplémentaire,
au-dessus d'un perron en calcaire à marches moulurées, et abrite sous son arc
en plein cintre une baie d'imposte à petits bois en éventail. Lui répondant à l'arrière,
une fenêtre en arc de briques surbaissé sur croisée de bois est d'origine.
La façade et le flanc droit du pavillon proprement
dit, est percée respectivement au-dessus de grands soupiraux, par une et trois fenêtres
encadrées d'un double ressaut
Le mur du jardin est érigé en briques et
moellons de grès, il est interrompu par trois entrées. La principale, jadis
face au château, fut reconstruite près de la rue pour servir d'accès à un
garage: les montants sont chaînés en grès, arc de briques en anse de panier à
sommiers et clé de grès, cette dernière gravée du millésime 1756, et l’archivolte
moulurée piquée d'ancres donne la même date.
Au-dessus, entre deux boules d'amortissement,
une pierre calcaire armoriée mentionnée plus haut, est peut-être un manteau de
cheminée, où se lisent la devise de l'abbaye "MARCHIENSE
PIE ET IUSTE" et l'inscription suivante:
« Hoc AEDIFICIUM
A FUNDAMENTIS / EREXIT VILLAMQUE DE PRISCHES IAM DIU NEGLECTAM/ VETUSTATE
CADUCAM BELLO / COLLAPSAM UNDIQUE MURIS / CIRCUMcinXIT REPARAVIT / ET AUXIT
AMPLISSIMUS D. DOMINUS ADRIANUS DE MALAPERT MARCHIANENSIS / ABBAS ANNO SUI IUBILEI / 1698 HUIUS VERoLOCI / DE
PRISCHES ET BATTIGNIES PRAEPOSITO
R. D. ALEXIO RASOIR MARCHIANENSI
RELIGIOSO."
Cette pierre explique que Dom Alexis Rasoir,
prévôt de Prisches, restaura le bâtiment et l’entoura d’une muraille en 1698,
grâce au concours de l’abbé de Marchiennes Adrien de Malapert
L’amortissement sphérique de cette pierre encore
datée 1698.
Les deux autres portes, de moindres dimensions
et aménagées de part et d'autre du château, sont construites en type tourna sien
sous un large fronton triangulaire animé de cordons de briques.
LES prévôts
Ce n’est qu’à partir de 1625 env., que les
religieux de Marchiennes (le prévôt et
quelques moines) occupèrent les bâtiments de la prévôté :
Hugues du Trieu jusqu’en 1650
Dom Adalbert Bassecourt, mort à Marchiennes le
5 mars 1684
Dom Alexis Rasoir, installé le 14 mai 1695
jusqu’en 1702 au moins
Dom Albert Vollet depuis juin 1745, décédé le
13 mai 1759
Dom Maur Carlier prévôt depuis le 16 mai 1759
jusqu’en 1767
Dom Maurant Desvignes installé le 19 octobre
1767
Dom Georges de Beugny nommé le 11 janvier 1767,
décédé le 23 mai 1784
Dom Amand Libessart, prévôt nommé le 2
septembre 1784
Ce dernier faisant l’inventaire des biens de la
prévôté signale :
« Une
maison contenant sept places basses, quatre cabinets dans une mansarde et une
petite chapelle renfermée dans le corps de logis, qui n’a aucune charge, ni
aucun bien séparé ; deux jardins, un verger, deux remises, un pigeonnier,
une brasserie, deux petits étangs, une pièce de terre, ci-devant à usage de
houblonnière.. »[2].
Les propriétaires après 1800
Comme tous les biens provenant d’institutions
religieuses, la prévôté de Prisches fut vendue comme bien national, c’est
Emmanuel Derome[3], cultivateur, qui acheta
le bien en l’an XI (1802).
A la mort de ce dernier le bien fut acquis par Philippe-Joseph
Dubois[4],
rentier et son épouse Adèle Lixson, ils y habitaient avec leurs quatre enfants.
Le plan Popp de Battignies renseigne, article
82 : Dubois Philippe-Joseph, rentier :
Parcelle B. 77 Maison 3a
78 Verger 38a
79 Etang 4a
10ca
80 Etang 7a
81 Jardin 23a
82 Verger 11a 60ca
83 Bâtiment
rural 40 a
84 Bâtiment rural
40a
85 Jardin 6a 20ca
86 Jardin 13a
30ca
87 Maison 7a
10ca
En 1895, les demoiselles Dubois sont encore
citées propriétaires, c’est-à-dire Désirée-Adèle[5]
et Thérèse-Adèle[6] Dubois
Le château de Prisches et son site ont été
classés le 4 octobre 1974
[2] A.G.R. – C.C. 46628
[3] Derome
Emmanuel-Augustin, ° Bavay 14-11-1766, † Binche
23-9-1850, x Binche 27 floréal an VI (16-5-1798), Sebille Marie-Thérèse-Adélaïde, ° Binche 20-3-1763, y † 4-10-1835,
marchande.
[4] Dubois Philippe-Joseph, ° Mons 10-12-1781, † Battignies 28-2-1857, x Lixson Adèle-Félicité, ° Paris 16-9-1799, † Battignies26-5-1865
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