A PROPOS DES FAMILLES BARD ET GOBART
A.E.M.
Nicolas
Gobart (c.1644-c.1715). Il fut seigneur d'Herchies et chef de la ville de Binche, annonçant ainsi ce que
seront ses descendants : bons fonctionnaires et fervents Binchois. Son fils,
Nicolas-Joseph Gobart , fut
avocat et juré de la ville de Binche, tandis que ses petits-fils :
Nicolas-Joseph et
François Gobart (1728-1788)
furent l'un, premier juré de Binche, l'autre, receveur du chapitre de Binche.
Ce François-Germain Gobart avait, dans sa jeunesse, servi dans les
gardes-nobles du roi de France. II devint, dans la suite, administrateur du convent supprimé des Récollectines à Binche où sa sœur
Victoire avait été supérieure. Son autre sœur, Eulalie, de santé débile, fut
soignée au couvent des Miséricordes à Marchienne-au-Pont et obtint de demeurer
avec les religieuses, après la suppression du couvent. Le membre le plus
brillant de la famille paraît avoir été Charles-Ursmer Gobart. Fils de
François-Germain Gobart et de Marie-Thérèse Bard, il naquit à Binche en 1753.
Il obtint sa licence en droit à l'Université de Louvain puis s'installa à Mons
où, dès 1784, il épousa Catherine Dessuslemoustier, descendante d'une illustre
famille hennuyère. Il fit, en 1783, partie du Conseil de la ville de Mons et,
comme tel, intervint à l'assemblée des États de Hainaut. Mais son zèle
monarchique déplut et, en 1787, il lui fut interdit d'y siéger. Ce décret fut
cassé par le pouvoir central qui récompensa son zélé fonctionnaire en
l'appelant à de nouvelles charges. En 1787, Charles-Ursmer Gobart fut nommé
premier commissaire de l'Intendance du Hainaut, en 1788 substitut avocat fiscal
au Conseil de Hainaut, en 1789 juge des impôts, moyens courants et droits de
barrière des États de Hainaut et, même, conseiller au Conseil de Hainaut,
malgré l'opposition de ce corps. Trauttmansdorff l'avait chargé, en 1788, de
lui faire un rapport secret sur les troubles qui venaient d'éclater à Mons.
Aussi n'y a-t-il rien d'étonnant à ce que, pendant la Révolution brabançonne,
les gardes bourgeoises envahirent sa maison, s'y installèrent, pillèrent ses
meubles et le forcèrent à s'enfuir avec sa petite famille, dont un bébé de
quelques semaines. Ch.-U. Gobart se réfugia à Maubeuge et y tomba malade. Sa
femme, tout affaiblie encore, le soigna pendant de longues semaines, mais fut
elle-même atteinte par les fièvres. Elle mourut en exil, en 1790 ; son bébé ne
lui survécut que quelques mois. Rentré au pays après les Autrichiens, Ch.-U.
Gobart se vit accorder le titre de chevalier héréditaire. Ses patentes de
noblesse ne lui furent jamais délivrées, si bien qu'en 1822, pour faire
reconnaître ses droits par le Gouvernement hollandais, il dût faire faire des
recherches dans les archives autrichiennes. Le Conseil de Hainaut le chargea,
en 1791, de défendre ses intérêts dans le différend qu'il avait avec le Grand
Conseil de Malines à cette occasion, les États de Hainaut lui ouvrirent toutes
grandes leurs archives. Mais l'occupation française le mit en fuite: il suivit
le Gouvernement à Ruremonde puis à Wesel. Après son retour en Belgique en 1793,
la seconde occupation française l'éloigna des affaires publiques pendant de
longues années. Il se consacra à son cabinet d'avocat, à la gestion de ses
biens et de ceux de ses nombreux parents ; il épousa en secondes noces
Augustine Paternostre de la Mairieu. L'Administration impériale l'appela à son
service : elle le nomma président du tribunal de Mons en 1808 et, en 1811,
président de la Cour d'appel à Bruxelles. Cette dernière désignation déracina
sa famille qui vint s'installer à Bruxelles tandis qu'elle laissait le soin de
ses biens hennuyers à la charge du cousin Emmanuel Gobart. La Révolution de
1830 trouva Ch.-U. Gobart à son poste, mais affaibli par l'âge et par la
maladie. Aussi le Gouvernement belge l'admit-il à la retraite. Il s'éteignit en
1832, âgé de près de 80 ans. Son fils, Joseph-Louis-Marie Gobart (1786-1874), fit ses études de philosophie à l'Université
de Louvain et compléta ses études de droit à la Faculté de Bruxelles où il
obtint sa licence en 1810. En 1814, il fut nommé chef de bureau au commissariat
général de la justice. Quoique Wallon, il perfectionna sa connaissance du
flamand, ce qui le fit choisir comme secrétaire particulier par son chef. Le
comte de Thiennes, en effet, s'en faisait accompagner chaque fois qu'il devait
aller à La Haye, présider la première Chambre des États Généraux. J.-L.-M.
Gobart fit ainsi une carrière administrative rapide en 1817 référendaire
honoraire ; en 1822 référendaire de seconde classe au Conseil d'État. Détaché
un moment de son département pour aider à la réorganisation des prisons, il fut
en 1826 nommé référendaire de première classe. En mai 1830, il devenait
secrétaire du cabinet du roi à La Haye. La Révolution de 1830 l 'y surprit. Son
patriotisme l'incita à demander sa démission : il ne l'obtint qu'en février
1833, sous le prétexte - d'ailleurs fondé - de sa mauvaise santé. Rentré en
Belgique, il passa sa vie dans la retraite : l'été au château de Veylst à
Brusseghem, l'hiver dans son hôtel à Bruxelles. Il géra minutieusement ses
intérêts et ceux de sa famille. Car il continua à remplir, auprès des nombreux
Dessuslemoustier et Gobart, le rôle de " bon parent " qu'avait
toujours joué son père. Il épousa, sur le tard une jeune femme, Élisabeth de
Baré, dont il eut un fils unique Charles, le futur bourgmestre de Brusseghem.
J.-L.-M. Gobart descendait, par sa grand'mère paternelle, de la Famille Bard.
La tradition familiale voulait qu'au XVIe siècle le petit Liévin Bard († 1608) et son frère eussent été amenés d'Allemagne par un
abbé de Saint-Omer. Tandis que son frère s'établissait aux environs de
Saint-Omer, Liévin Bard vint habiter Binche. Il y devint receveur des Domaines
du Hainaut et bailli du chapitre de Saint-Ursmer. Il laissa une nombreuse
descendance. Une de ses petites-filles, Anne-Thérèse Bard, épousa Jean-Antoine
Carbon, seigneur d'Haulchin. Sa parenté lointaine avec les Gobart valut à
ceux-ci des droits précieux sur la succession de Jeanne-Ernestine Carbon
d'Haulchin († 1797) et sur les bourses d'études créées par Jean
Delcourt, seigneur d'Haulchin . Une
autre petite-fille de Liévin Bard, Agnès de Beugnies († 1689), dût à son
mariage avec Cornille Vandersteyn de participer à l'héritage de Ladislas
Dessuslemoustier. Elle disposa de sa part en vue de fondations pieuses, avant
même que cette succession eût pu être liquidée. Aussi l'administration de son
testament passa-t-elle entre les mains de ceux qui avaient à régir le testament
de L. Dessuslemoustier. Quant à Charles-Liévin Bard († 1689), un des petits-fils de
Liévin, il fut lieutenant de mayeur de l'allouet de Binche. De son mariage avec
Isabelle Royart naquirent : Jean-François 1671-1732, le chef des jurés de la
ville de Binche, et Charles-Antoine (1667-1710),
le greffier de la ville de Binche. Ce dernier épousa Marguerite-Thérèse Lucq et
en eut de nombreux enfants. L'un d'eux, Charles-Ursmer Bard (1701-1775), fut receveur des impôts et moyens courants des
États de Hainaut au quartier de Binche, receveur des Domaines à Binche, bailli
de Prisches et Battignies et bailli de la seigneurie de la Cour au Bois
d'Haine. Sa femme, Sainte-Marie-Elisabeth Plamont lui donna un fils et deux
filles qui épousèrent deux frères Gobart : Marie-Joseph Bard = Nicolas-Joseph
Gobart d'Herchies, Marie-Thérèse Bard = François-Germain Gobart. Le fils de ces
derniers, Ch.-U. Gobart, hérita de sa grand'mère Plamont des droits aux bourses
d'études de Bay et Castillon.
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