jeudi 30 novembre 2023

Petite histoire d'un pâté de maisons de l'avenue Wanderpepen

 PETITE HISTOIRE D’UN pâté de maisons de l’avenue wanderpepen

                                                                                                                                      alain graux

L’îlot des maisons se trouvant entre la rue Carlo Mahy et la ruelle éponyme est intéressant, en voici la petite histoire.

Sur le plan cadastral on remarque principalement deux blocs de parcelles, l’un (parcelles C.140-141) qui est une savonnerie, l’autre accolée au rempart qui est une boucherie (parcelles B.877a, 877b, 876a, 876b)

Examinons d’abord le premier bloc (A)

 (A.1.) Savonnerie Schmidt

Pierre Schmidt[1], marchand de verre, épousa une Binchoise Constance  Froignu. Vers 1820, il installa une savonnerie route de Charleroi (devenue par la suite avenue Wanderpepen). En 1824, il installe une machine à vapeur dans son usine, nous sommes alors sous le Régime hollandais. Il continuera régulièrement à montrer les produits de sa fabrication.

En 1825, il présente ses produits  à l’exposition  des produits de l’industrie nationale à Harlem, c’est-à-dire quatre caisses de savons blancs à l’huile d’olive  et au suif et une caisse de sous-carbonate de soude. Il obtint une médaille d’honneur[2]

Le 7 juin 1847, il demande l’autorisation, au bourgmestre de Binche, de pouvoir exposer ses savons blancs et marbrés[3].

En 1850, la savonnerie Schmidt subit de graves dégâts par suite d’inondations provoquées par le barrage établi sur la Samme par le tanneur Gaillez, de Battignies. Pierre Schmidt se plaint que depuis 1842 « il a perdu plus de huit mille francs d’huile, potasse, et autres marchandises vu les inondations répétées »[4].

A son décès son épouse continuera les activités jusqu’à sa mort en 1853, avec son fils Adrien[5] et son beau-fils Augustin Huart[6]. Ce dernier dirige alors l’entreprise jusqu’en 1867, année où elle passe par succession à sa fille Augustine[7] épouse Adolphe Leroy

Il est à noter que ce dernier est déjà mentionné comme savonnier et électeur en 1864 dans l’Almanach du commerce et de l’industrie[8]

Le plan et matrice Popp renseignent Adolphe Leroy, marchand, proppriétaire :

Section C. parcelle 140a,  maison et magasin

                               141a, savonnerie

Les héritiers Leroy vendirent les bâtiments à Léon Deprez

A.2. Confection Léon Deprez

Léon Deprez[9] dit "Popogne du Barotie" (à cause d'une infirmité de la main) fonda en 1872, la firme "Deprez-Pauwels" qui subsista jusqu'en 1906 au n°12 avenue Wanderpepen dans l'ancienne savonnerie Leroy.

Au décès de son mari, Louise Pauwels continua l'activité:

La liste du personnel occupé dans les entreprises pour l'année 1903 renseigne Vve. Deprez-Pauwels: 24 ouvriers[10].

Une convention du 24-8-1904, signale que Mme veuve Deprez-Pauwels, négociante avenue Wanderpepen, met en dépôt des marchandises chez Mr Etienne, négociant à Charleroi[11].

 

La maison Deprez sera scindée en deux parties suite au départ de Louise Pauwels partie habiter à Buvrinnes en juin 1908.

 

Cette maison avait failli être rabotée sur son côté droit car dans un premier projet daté du 15-2-1890 [12] la Ville avait projeté de percer une rue venant de la rue des Pastures et suivant le tracé de la ruelle dite de Carlo Mahy. Elle commençe à exproprier une partie de la propriété de Mr Deprez, mais le 6-2-1897[13], le conseil communal de Binche décida que "Considérant que le dégagement de l'hôtel des postes implique la création d'une rue longeant le bâtiment. Que cette nouvelle artère rend inutile la rue projetée sur l'emplacement de la ruelle de Carlo Mahy.

Décide d'abandonner le projet postérieurement au jugement du 20-4-1890 du tribunal de Charleroi, requis pour exproprier une partie de la maison de Mr Deprez en vue de l'élargissement de la ruelle de Carlo Mahy »

 

A.3.1. Maison n° 4, avenue Wanderpepen

Maison appartenant à Alfred-Honoré  Bourgeois, employé, et à son épouse Guyot Marie-Constance en 1912.

Vers 1930, c’est le marchand tailleur Fernand Lebrun[14] qui y tient commerce

 

A.3.2. Maison n° 6, Stalon/Dehoux

La maison suivante est celle d’Henri Stalon[15],

Par succession la maison passe sa fille Joséphine, épouse de Nestor Dehoux [16] ouvrier coupeur de chaussure, il créa un commerce de cuir à l’enseigne «  A Saint-Crépin »provenant de la tannerie Lefèvre, des lacets de cuir pour les bottines de terrassiers, colliers et laisses pour chiens, clous, rivets, casques de mineurs, ceintures de cuir, des talonnettes, etc.

Dans la 2e partie du 20e siècle :

-          Le café « Sassz » dont l’ornement principal était…des cravates.

-          Le café « On danse sous les remparts »

-          Le restaurant marocain « Le Riad » tenu par Snoussi Karim

-          Le restaurant « Le Paysan » (cité 1995-1996)

-          Cette maison devenue en 2000, un commerce de fleurs, enseigné « Fleurs Michaël ».

Le rez-de-chaussée de la façade en a été profondément modifié pour les besoins de ce commerce.

A.3.3. Restaurant « Mille Luce »

Depuis 1997, cette maison est devenue le restaurant pizzeria italien « Mille Luce » tenu par Raymond Farruggia.

 

Le second bloc de parcelles (B) fut dédié principalement à la boucherie

B.1. Boucherie Quinet/Debrichy

La première maison est celle de Nicolas Quinet[17] qui a exercé plusieurs métiers : peintre, cordier et finalement  boucher,

Par succession la maison passa à sa fille Louise, épouse du boucher Debrichy[18].

Cette maison disparaîtra pour faire place à la rue Carlo Mahy. En effet, le Conseil communal du 29 mai 1897 [19] avait adopté le projet de l'architecte Charbonnelle pour créer une rue partant du nouvel hôtel des postes passant par le quartier Carlo Mahy pour rejoindre la rue des Pastures et le 4 août 1897 [20]  le conseil décida l'expropriation de la maison du boucher Nicolas Debrichy. Ce projet n’aboutit qu’en 1910.

 

B.2. Boucherie Elie Hainaut

La partie restante de la boucherie devint la propriété du boucher Elie Hainaut[21].

Il fut président de la Fédération Nationale de Bouchers et Charcutiers (1911-22); conseiller communal de Binche et il fut élu député socialiste à la Chambre des Représentants pour l'arrondissement de Thuin (1919-21).

 

B.3. Maison Schortz

Vers 1930, c’est le marchand tailleur Alfred Schortz[22] qui habite cette maison

Au cours du 20e siècle, différents commerces s’y sont installés  au rez-de-chaussée :

  • Des cadeaux, des souvenirs, … tenu par Emile Urbain
  • le café « Au Binchou »
  • la mutuelle Partena tenue par Bernard Catherine (Bernard Catherine et son épouse Yvonne Lebacq sont propriétaires du bâtiment et occupent l’étage)
  • le bureau d’assurances Hendriks repris ensuite par Fr. Ansion et la banque Axa
  • les bureaux de l’expert comptable Cédric Termolle
  • actuellement l’immeuble est vide, il appartient à madame A.-Th. Urbain


[1] Schmidt Pierre, ° Charleroi 11-8-1779, y 22-12-1850, x Jumet 7-5-1804, Froignu Constance-Adélaïde, ° Binche 20-2-1772, marchande d’étoffes

[2] A.V.B. 01-00-02-3

[3] A.V.B. 2718. Expositions universelles industrielles 1820-1848

[4] A.V.B. 01-10-03-13. Lettres des sieurs Huart, Schmidt et Cie  au gouverneur du Hainaut datée du 20 mars 1850.

[5] Schmidt Adrien-Joseph, ° Binche 7-10-1817, y 1-4-1848, x Binche 13-12-1843, Gaillez Julie-Louise, ° Binche 16-3-1815, y 20-10-1844

[6] Huart Augustin-Louis, ° Binche 15-5-1806, y 6-12-1882, x Binche  Schmidt Adolphine-Joséphine, ° Binche 5-7-1812

[7] Huart Augustine-Joséphine-Delphine, ° Binche 12-7-1838, X Binche  9-10-1860, Leroy Adolphe-Louis-Joseph, ° Anderlues le 12-7-1838, négociant.

[8] A.V.B. 6277.

[9] Deprez Léon ° Binche 28-6-1856, y 5-2-1902, y x 26-12-1872 Louise Pauwels, ° Binche 6-4-1854

[10] A.V.B. 01-02-11-35

[11] A.E.M. Enr. A.S.S.P. reg. 55

[12] A.V.B. 01-00-01-21

[13] A.V.B. 01-00-01-21

[14] Lebrun Fernand-Marie-Emmanuel, ° Binche 7-8-1877, † 1959, marchand tailleur, confectionneur, X 1°- Binche 2-7-1900, Beaudoux Louise, ° Binche 21-5-1877, y † 24-12-1924, x  2°- Saint-Gilles 17-6-1925, Burgeon Marguerite, ° Binche 25-2-1893,  † 1960

[15] Stalon Henri-Ernest, ° Binche 27-4-1869, x Binche 11-7-1894 Jaupart Emilia, ° Binche 6-8-1869. Ces époux eurent deux enfants.

[16] Dehoux Nestor-Léon-Victor, ° La Louvière 14-7-1878, x Binche 11-7-1900,  Stalon Joséphine, ° Binche 1-11-1879.

[17] Quinet Nicolas°  Binche 4-6-1821, y † 19-3-1865, X Binche 15-7-1846, Debaise Ursmarine, ° Binche 15-12-1822, y † 18-9-1880, dentellière

[18] Debrichy Nicolas-Vincent-Joseph, ° Soignies 20-12-1841, † Binche 7-8-1910, x Binche 25-5-1875, Quinet Louise-Ursmarine dite Louise, ° Binche 2-2-1853.

[19] A.V.B. 01-00-01-21

[20] A.V.B. 01-00-01-21

[21] Hainaut Elie-Jean-Joseph-Ghislain, ° Merbes-le-Château 14-7-1868, Binche  3-7-1922, x Frasnes-lez Gosselies 19-11-1894, Ypersier Léonie-Marie-Ghislaine, ° Frasnes-lez-Gosselies 23-4-1870, Binche  12-8-1947, bouchère

[22] Schortz Alfred-Hector, ° Battignies 21-5-1865, x 1°- Binche 29-2-1892, Stalon Védastine, ° Binche 25-9-1866, y † 27-1-1900, x 2°- Longuebraye Joséphine, ° Pâturages 19-8-1864