mardi 1 janvier 2019

le château de Prisches


Un monument méconnu : le château de Prisches
                                                                                                                                        Alain GRAUX

L’ancienne prévôté de Prisches est bâtie sur la terre de Battignies, jadis propriété de l’abbaye de Sainte Rictude de Marchiennes sur la Scarpe (Fr.) « curtis » citée dès 1234, tenue par des censiers jusqu’à la fin du XVIe siècle puis par un prévôt religieux et quelques moines jusque 1802.
Le 22 mars 1405, Gérard de Sars et son épouse Marie de Beauffort arrentèrent la cense de Prisches, propriété de l’abbaye de Marchiennes, moyennant 37 livres tournois. Le 31 octobre 1419, ces époux arrentèrent à vie la maison de Prisches et cette rente fut consentie par Pierre, abbé de Marchiennes[1]
Les bâtiments reconstruits en 1698 sous l’abbé Dom Malapert, selon une pierre armoriée retrouvée sur place.
Remplaçant ceux-ci, le château et la ferme actuels furent bâtis entre 1752 et1756.
le château. Précédé d'un grand jardin emmuraillé, est un long bâtiment sans étage que limitent deux pavillons de même hauteur et que flanque à l'arrière, une tourelle de deux niveaux abritant une chapelle.
Le corps principal fut bâti en premier lieu sans doute, tout en briques et percé de fenêtres en arc surbaissé, il y en a sept à l'avant et trois à l'arrière. Le toit en bâtière d'ardoises à coyau porte en façade, deux petites lucarnes à croupe et épi de faîte.
Une tourelle octogonale faite de mêmes matériaux, date de cette première tranche de travaux. On voit aussi un toit pyramidal avec clocheton du XXe s., à amortissement piriforme et croix en fer ouvragée.
A chaque niveau, les fenêtres sont pareilles aux précédentes, certaines sont obturées.
Les pavillons en saillie sont greffés dans un second temps à une travée supplémentaire du corps principal. Le pavillon et travée de droite, seuls primitifs, les autres ayant été intégralement reconstruits en briques au XXe siècle. Les faces antérieures et flanc droit sont bâtis en briques sur soubassement à double ressaut en briques pour les unes, en moellons de grès pour l'autre; les faces postérieures sont toutes de ce dernier appareil.
Quatre pilastres corniers en briques portent avec une sorte d'entablement formé de cordons de même matériau, une très belle toiture d'ardoises à la Mansart plantée de grandes lucarnes à croupe et épi de faîte.
La porte percée dans la travée supplémentaire, au-dessus d'un perron en calcaire à marches moulurées, et abrite sous son arc en plein cintre une baie d'imposte à petits bois en éventail. Lui répondant à l'arrière, une fenêtre en arc de briques surbaissé sur croisée de bois est d'origine.
La façade et le flanc droit du pavillon proprement dit, est percée respectivement au-dessus de grands soupiraux, par une et trois fenêtres encadrées d'un double ressaut
Le mur du jardin est érigé en briques et moellons de grès, il est interrompu par trois entrées. La principale, jadis face au château, fut reconstruite près de la rue pour servir d'accès à un garage: les montants sont chaînés en grès, arc de briques en anse de panier à sommiers et clé de grès, cette dernière gravée du millésime 1756, et l’archivolte moulurée piquée d'ancres donne la même date.
Au-dessus, entre deux boules d'amortissement, une pierre calcaire armoriée mentionnée plus haut, est peut-être un manteau de cheminée, où se lisent la devise de l'abbaye "MARCHIENSE PIE ET IUSTE" et l'inscription suivante:
« Hoc AEDIFICIUM A FUNDAMENTIS / EREXIT VILLAMQUE DE PRISCHES IAM DIU NEGLECTAM/ VETUSTATE CADUCAM BELLO / COLLAPSAM UNDIQUE MURIS / CIRCUMcinXIT REPARAVIT / ET AUXIT AMPLISSIMUS D. DOMINUS ADRIANUS DE MALAPERT MARCHIANENSIS / ABBAS ANNO SUI IUBILEI / 1698 HUIUS VERoLOCI / DE PRISCHES ET BATTIGNIES PRAEPOSITO R. D. ALEXIO RASOIR MARCHIANENSI RELIGIOSO."
Cette pierre explique que Dom Alexis Rasoir, prévôt de Prisches, restaura le bâtiment et l’entoura d’une muraille en 1698, grâce au concours de l’abbé de Marchiennes Adrien de Malapert

L’amortissement sphérique de cette pierre encore datée 1698.
Les deux autres portes, de moindres dimensions et aménagées de part et d'autre du château, sont construites en type tourna sien sous un large fronton triangulaire animé de cordons de briques.


LES prévôts
Ce n’est qu’à partir de 1625 env., que les religieux de Marchiennes  (le prévôt et quelques moines) occupèrent les bâtiments de la prévôté :
Hugues du Trieu jusqu’en 1650
Dom Adalbert Bassecourt, mort à Marchiennes le 5 mars 1684
Dom Alexis Rasoir, installé le 14 mai 1695 jusqu’en 1702 au moins
Dom Albert Vollet depuis juin 1745, décédé le 13 mai 1759
Dom Maur Carlier prévôt depuis le 16 mai 1759 jusqu’en 1767
Dom Maurant Desvignes installé le 19 octobre 1767
Dom Georges de Beugny nommé le 11 janvier 1767, décédé le 23 mai 1784
Dom Amand Libessart, prévôt nommé le 2 septembre 1784
Ce dernier faisant l’inventaire des biens de la prévôté signale :
« Une maison contenant sept places basses, quatre cabinets dans une mansarde et une petite chapelle renfermée dans le corps de logis, qui n’a aucune charge, ni aucun bien séparé ; deux jardins, un verger, deux remises, un pigeonnier, une brasserie, deux petits étangs, une pièce de terre, ci-devant à usage de houblonnière.. »[2].

Les propriétaires après 1800
Comme tous les biens provenant d’institutions religieuses, la prévôté de Prisches fut vendue comme bien national, c’est Emmanuel Derome[3], cultivateur, qui acheta le bien en l’an XI (1802).
A la mort de ce dernier le bien fut acquis par Philippe-Joseph Dubois[4], rentier et son épouse Adèle Lixson, ils y habitaient avec leurs quatre enfants.
Le plan Popp de Battignies renseigne, article 82 : Dubois Philippe-Joseph, rentier :
Parcelle B. 77             Maison                          3a
                   78             Verger                         38a
                   79             Etang                            4a 10ca
                   80            Etang                            7a
                   81             Jardin                          23a
                   82             Verger                         11a 60ca
                   83             Bâtiment rural             40 a
                   84             Bâtiment rural             40a
                   85             Jardin                            6a 20ca
                   86             Jardin                          13a 30ca
                   87             Maison                          7a 10ca

En 1895, les demoiselles Dubois sont encore citées propriétaires, c’est-à-dire Désirée-Adèle[5] et Thérèse-Adèle[6] Dubois

Le château de Prisches et son site ont été classés le 4 octobre 1974




[1] GOOVAERTS, un village inconnu, Waudrez, l’ancien Vodgoriacum des Romains, Binche 1933, p. 219.
[2] A.G.R. – C.C. 46628

[3] Derome Emmanuel-Augustin, ° Bavay 14-11-1766, Binche 23-9-1850, x Binche 27 floréal an VI (16-5-1798), Sebille Marie-Thérèse-Adélaïde, ° Binche 20-3-1763, y † 4-10-1835, marchande.

[4] Dubois Philippe-Joseph, ° Mons 10-12-1781, † Battignies 28-2-1857, x Lixson Adèle-Félicité, ° Paris 16-9-1799, † Battignies26-5-1865
[5] Dubois Désirée-Adèle, ° Battignies 8-7-1827
[6] Dubois Thérèse-Adèle, ° Battignies 16-11-1829

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