dimanche 27 novembre 2022

                                    A PROPOS DE L’ARBRE DE LA LIBERTÉ DE BINCHE

                                                                         Alain GRAUX

 Le premier qui, en France, planta un arbre de la liberté, plusieurs années même avant la Révolution, fut le comte Camille d'Albon en 1782 dans les jardins de sa maison de Franconville, en hommage à Guillaume Tell.

Les plantations d’arbres de la liberté se multiplient au printemps et à l’été 1792 : la France, en guerre contre l’Autriche, est saisie d’un élan patriotique, et la défense de la patrie se confond avec celle des conquêtes de la Révolution. L’arbre devient donc un symbole fort de l’idéal révolutionnaire.

La plantation des arbres de la liberté se faisait avec une grande solennité, toujours accompagnée de cérémonies et de réjouissances populaires auxquelles prenaient part toutes les autorités, magistrats, administrateurs, etc.

Ces arbres sont ornés de fleurs, de rubans tricolores, de drapeaux, de cartouches avec des devises patriotiques.

 La première cérémonie civique que connut Binche après la victoire française de Fleurus fut la fête de la plantation de l’arbre de la liberté, fête à laquelle la République attachait beaucoup d’importance dans toutes les localités au fur et à mesure que ses armées en prenaient possession, elle eut lieu le 28 messidor de l’an II (16 juillet 1794) à la requête du commandant de la place, le capitaine Chevalier, ainsi que nous le fait connaître le registre d’audiences[1] :

« Représentation faite que ce jour étant destiné à la célébration d’une fête civique pour la plantation de l’arbre de la liberté, il convient que tous les cytoïens de cette commune en partageant cette allégresse rendissent leurs hommages à cette même liberté. Conclu en conséquence de faire placer sur la place de cette commune trois ou quatre tonneaux de bierre aux fins prédites et d’inviter en la maison commune les officiers de la garnison, le commissaire pour partager la joie commune et leur présenter les vins d’honneur. »

 Le 16 pluviôse an IV (4 février 1796) lors de la célébration des fêtes de « la juste punition du roi des français » il avait été ordonné au sieur Hocquart[2], sous-inspecteur des forêts nationales, de faire « arracher le plus beau chêneau de la pépinière des Récollets » et de planter « ce nouvel arbre de la liberté avec ses racines sur la Grand-place de Binche »[3].

Les nombreuses fêtes républicaines se déroulaient toujours sur l’autel de la patrie érigé au pied de l’arbre de la liberté.

 En dépit des précautions prises pour sa conservation, l’arbre se dessécha et à la fin de 1797, des « vents impétueux » le renversèrent nécessitant la plantation d’un troisième arbre de la liberté le 1er nivôse an VI (21 décembre 1797)[4].

 Un quatrième arbre de la liberté fut planté sur la Grand-place le 24 pluviôse an VI (12 février 1798). Le Commissaire du Directoire exécutif invita les municipaux à y assister « vu que le premier (sic) avoit été mutilé par des malveillants »[5].

Une grille fut placée cette fois autour de l’arbre pour le protéger.

 Sous l’Empire, l’arbre fut supprimé au profit d’un arbre planté dans la propriété de la Pépinière le 14 février  1811 : « Au son allègre d’une musique guerrière, scandée par des décharges de mousqueterie, un chêne vigoureux qu’on appela Napoléon fut planté à côté d’un élégant mélèze Laryx  baptisé Marie-Louise. Symbole des chères espérances de la famille impériale, un chêneau qu’on appela aussi Napoléon fut placé entre les deux tuteurs. » 




[1] A.V.B. 00-00-01-40

MILET A. Fêtes républicaines et mentalité populaire à Binche (1794-1799), dans « Les Cahiers Binchois » n° 5, 1982, pp.1-17.

[2] Alexandre Hocquart. Sous l’ancien Régime,  il était bailli des bois domaniaux au quartier de Mons. Le 19 prairial an V (7 juin 1795), il fut nommé sous-inspecteur des bois et forêts du département de Jemappes.

[3] A.V.B. 00-00-01-41, p.44.

[4] A.V.B.01-00-01-1.

[5] A.V.B.01-00-01-1.

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