mardi 6 décembre 2022

Apropos des internats binchois

                                         A propos des internats BINCHOIS

                                                                                                                                                             Alain GRAUX

Le pensionnat du Collège de Binche

Privée d’établissement d’enseignement depuis la Révolution française, la ville de Binche songe à se tourner vers l’école de l’Ermitage d’Epinois.

Une lettre du sous-préfet au bourgmestre de la ville ; datée du 28 août 1802, nous renseigne sur la politique qui sera suivie : « J’ai vu le pensionnat tenu par le citoyen Ducarme et ses collègues, et j’ai aperçu dans ces professeurs  les qualités estimables que vous leur accordiez. Ils m’ont témoigné le plus vif plaisir de transférer leur pensionnat dans le bâtiment du ci-devant collège et je leur ai promis que secondé par votre zèle, j’espérais parvenir à satisfaire leur désir, en les proposant comme professeurs de l’école secondaire ».

Les pourparlers s’engagent donc entre le frère Jérôme et le transfert à Binche de l’école d’Epinois.

Le préfet de Jemappes n’attendra pas la ratification par le Consul Bonaparte pour permettre, le 1er novembre 1802, le transfert dans les locaux du collège, de l’école située à Epinois et devenue Ecole Secondaire, par arrêté des Consuls daté du 30 vendémiaire an XII (22 octobre 1802).

Le premier Principal du collège, après la Révolution, sera le directeur de l’école d’Epinois, le frère Ducarme (ancien religieux du monastère d’Oignies).

Le règlement de l’époque nous montre l’emploi du temps dans une journée bien chargée,  il stipule entre autres :

…5. Les élèves seront éveillés à 5 heures du matin ; à cinq heures et quart, ils descendront en la salle d’étude, où les prières seront récitées en commun ; l’étude suivra immédiatement et durera jusqu’à sept heures.

…6. Une demi heure leur sera accordée pour se peigner, se laver et déjeuner…Après la messe, les élèves seront reconduits dans leurs classes respectives…à 10 heures et demie, tous les élèves internes et externes se rendront en la salle d’étude…à 11heures commencera la table pour les élèves à la demie pension…

11. Cette table finie, commencera celle des pensionnaires, qui sera commune avec les maîtres.

12. Les écoliers pourront se récréer jusqu’à une heure et quart…les cours se donneront jusqu’à quatre heures.

15. Il sera accordé aux élèves un quart d’heure pour goûter

17. Les écoliers à  demie pension souperont à six heures du soir, et immédiatement après suivra la table des maîtres et des pensionnaires.

18 Le table finie, les élèves auront la liberté de se récréer jusqu’à huit heures, qui sera celle de la prière et de la retraite.

 La convention de 1840

Délibération du Conseil communal de Binche du 9 mai 1840 :

Par suite de l’entretien qu’il a eu hier avec monseigneur l’évêque de Tournai, d’après sa résolution en date du 4 de ce mois, n° 339, tendant à ce qu’il soit enseigné au pensionnat Saint Augustin quatre classes latines de plus, c’est-à-dire la grammaire à  la rhétorique inclusivement, et à délibérer sur les points suivants qui sont de la plus haute importance :

1°- l’établissement sera pris sous la protection de Monseigneur l’évêque. MM. Les directeurs, professeurs et surveillants sont à sa nomination, ainsi que cela a lieu actuellement, comme il en conte par la lettre adressée hier par M. Descamps, chanoine et vicaire général honoraire du diocèse à MM. les bourgmestres et échevins.

2°- il n’y aurait plus  convention à terme ni écrite.

3°- il sera facultatif, tant à l’évêque qu’au conseil communal, de se désister de toute espèce d’engagement à cet égard, à l’une d’abandonner et à l’autre partie de reprendre le collège, parmi s’avertir réciproquement six mois avant l’expiration d’une année scolaire.

4°- les grosses réparations, l’entretien des toitures, ainsi que la contribution foncière de l’établissement, continueront à se payer par la Ville.

5°- le collège avec le jardin qui  y est aujourd’hui attaché sera cédé gratuitement

6°- la clause que ce seul et unique pensionnat est pour l’éducation et l’instruction des jeunes gens du sexe masculin, à quelque profession qu’ils visent, reste obligatoire.

On continuera à recevoir les élèves tant en pension qu’en demi-pension et les externes ; et les cinq professeurs donneront aux élèves les moyens de faire, entre autres études, deux années au moins d’études latines.

7°- afin que les jeunes gens de la ville de Binche continuent à jouir des avantages accordés par suite des démarches faites par l’administration et qui seront transcrites au procès-verbal de la séance du 16 décembre 1833, n° 1291, la ville devra accorder un subside annuel de mille francs, à partir du 1er octobre 1840.

8°- si l’administration communale désire qu’on enseigne les classes latines qu’elle sollicite, ce ne serait que successivement que cela pourrait avoir lieu ; dans ce cas, on devrait en faire la demande à Monseigneur l’évêque, qui y enverrait des professeurs ; leur traitement serait de huit cents francs annuellement, et supporté par la ville. Par des motifs longuement discutés et attendu que les obligations réciproques ne sont que pour une année, et eu égard à l’exiguïté des ressources communales :

décide unanimement qu’il y a lieu à accepter les six premières propositions, et vote conséquemment  un subside annuel de mille francs en faveur du pensionnat Saint-Augustin.

Et regrette infiniment que les charges de la ville ne lui permettent pas d’aviser quant à présent à la huitième proposition, qui tend à donner à la jeunesse les moyens de finir ses études à Binche, conséquemment à des conditions moins onéreuses pour les familles.

La présente sera portée aujourd’hui à la connaissance de Monseigneur l’évêque.

Fait en séance extraordinaire du conseil communal de la ville de Binche, du 9 mai 1840.

                                                                                                            Wanderpepen, N. lambret, Lecocq, Courtois,

                                                                                                                  J-J. Paradis, Aug. Lengrand, Malingreau,

                                                                                                                             E. Boursin, E. Derome, F. Gaffou.

                                                                 Lengrand, Secrétaire »

 En 1871, eut lieu la reconduction de la convention pour le patronage, par la Ville de Binche, du pensionnat du collège de Binche et de l’école moyenne y annexée :

« Les soussignés : MM. Gustave Wanderpepen, bourgmestre, Philippe-Nicolas Derbaix et Adrien-Victor Leclercq, échevins de la ville de Binche, dûment autorisés par délibération du conseil communal du 18 juin dernier, et Monseigneur l’évêque de Tournai, d’autre part ;

voulant procéder à l’organisation en cette ville d’un établissement d’instruction moyenne…ont fait et arrêté la convention suivante en renouvellement de celle expirée le 30 septembre 1871.

Art. 1er- la ville de Binche mettra, à partir du 1er octobre 1871, à la disposition de Monseigneur l’évêque de Tournai, pour le terme de dix années consécutives, tous les bâtiments et terrains servant actuellement  au pensionnat Saint-Augustin.

Cette convention est publiée le 20 juillet 1872[1].

Le pensionnat de Demoiselles de l’école du Sacré-Cœur, Grand-rue

Les bâtiments de l’ancien couvent des Récollets, furent convertis  en pensionnat pour demoiselles, avec un externat et une école gratuite des filles, sous la direction des religieuses du Sacré-Cœur, venues de Mons en 1822.

Les débuts de l’institution furent difficiles, en ce qui concerne les élèves payantes. Le Journal  de la Province de Hainaut du 13 février 1823  semble l’indiquer :

«  Les Dames de la congrégation du Sacré-Cœur de Jésus établies en la ville de Binche  font connaître au public qu’ayant appris que beaucoup de personnes des environs de cette ville ne cessent de témoigner le désir d’obtenir d’elles des arrangements et des conditions qui leur donnent plus de facilité de placer chez elles leurs jeunes Demoiselles, que ne leur offre la pleine pension, quoiqu’elles l’aient fixée au prix le plus modéré possible, eu égard au taux actuel des denrées. Voulant les dites Dames, selon l’esprit de leur Institut, se rendre utiles à un plus grand nombre de jeunes personnes d’une honnête condition, en accédant aux vœux de leurs respectables parents, elles viennent de se déterminer à tenir chez-elles en demi pension, des élèves qui en donnant 15 francs par mois, et fournissant leur pain, seront logées dans la Maison et y recevront, outre l’instruction, leur dîner comme toutes les autres pensionnaires sans distinction… »[2].

Lors de la guerre scolaire de 1879, les dames du Sacré-Cœur furent priées de quitter leur établissement.                                                                                       

 

Le pensionnat de l’Ecole du Sacré-Cœur, rue de Robiano


Une série de cartes postales montre le réfectoire, le jardin, la salle des récréations, etc.

  


Internat du collège Notre-Dame de Bon-Secours

En 1880, la construction des nouveaux bâtiments à la rue de Merbes érigés sur les plans de l’architecte Justin Bruyenne inclut au second étage des dortoirs pour les internes. Bien que les derniers aménagements ne soient pas terminés, maîtres et élèves investissent le bâtiment au mois d’octobre. En attendant la fin des travaux intérieurs, les élèves se logeront, vaille que vaille, dans tous les recoins disponibles, partageant ainsi l’incorfort des professeurs[3]

L’internat du collège se maintient pendant la guerre jusqu’en  1917. A cette date la majeure partie des locaux est réquisitionnée par les Allemands, les internes doivent être renvoyés dans leurs familles. Il en sera de même de mai 1940 jusqu’à la fin de la guerre où l’internat est supprimé pour les mêmes raisons

Dès 1946, les inscriptions affluent, obligeant le principal Ghislain (1944 -1946) à équiper un dortoir supplémentaire, à agrandir le réfectoire.

Achat en 1953 de la propriété Levie, occupée par la famille de Stexhe, à l'angle des rues de Merbes et Wanderpepen, où s'installe  l’internat dit le "pavillon des aînés". 

 

Internat de l’Athénée Royal de Binche

Créé en 1981, place des Droits de l’homme, 16, il propose des chambres à quatre lits ou individuelles

L’internat peut héberger jusqu’à 90 pensionnaires. Il est dirigé alors par Roland Maudua, premier administrateur de l’internat. 

L’internat de l’Athénée est accessible de la 1ère année primaire à la 6e année secondaire.

Une salle informatique est à la disposition des internes pendant les


[1] Recueil des pièces imprimées par ordre de la Chambre des Représentants, session 1873-1874, t. 2, Bruxelles 1874, p. 42

[2] A. MILET, Les avatars du couvent et de l’église des Récollets à Binche, de 1796 à nos jours, dans Les Cahiers Binchois, n° 14, 1996, p. 21.

[3] P. Clement, l’enseignement à Binche depuis le début du XIXe siècle, Tournai, 1972, p. 120,

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