samedi 14 octobre 2017

A propos de monuments Boussart

A PROPOS DES MONUMENTS BOUSSART
                                                                                                                                                   Alain GRAUX

A différentes époques, des Binchois conçurent le projet d’élever un monument au général d’Empire, André Boussart. En 1830, le notaire Hubert Wanderpepen en fait la proposition. En 1848, un capitaine en retraite, Jean-Baptiste Dineur[1] et Caroline Popp, née Boussart[2], reparlent de cette idée, mais celle-ci reste sans suite[3].
Ce ne fut que vers 1930 que le projet prit forme. Le chanoine Edmond Puissant suggéra qu’on élève u mémorial à la gloire des Boussart au centre d’une pelouse  du parc communal de Binche[4].
C’est à l’initiative de l’écrivain dialectal René Légaux[5] que se forme le 3 novembre 1936 un comité pour l’érection d’un mémorial Boussart[6]. Il en prend la présidence, le bourgmestre Charles Derbaix étant président d’honneur, Paul-Clovis Meurisse et Eugène Lemonnier Vice-présidents à l’éffigie, soit le secrétariat étant tenu par Louis Gérard.
Plusieurs projets sont écartés tels que plaque commémorative, gravure de médailles, buste du général :
« …M. le bourgmestre n’aime pas un buste sur colonnette qui lui semble faire trop cimetière… »[7].
« …nous avons donc songé à un bloc de pierre brute genre rocher dans lequel serait un buste taillé en ¾ saillie dans une niche… »[8].
« …et ici nous revenons à notre idée première, un bloc de pierre brute supportant soit une plaque de marbre, soit un buste du général. Cette pierre serait utilement ornée de quelques insignes, décorations, voire l’ombre des pyramides… »[9].
Finalement, on retint l’idée d’un monument très simple qui serait confié à un sculpteur en renom. Victor Demanet fut recommandé par M. Yvan Paul.
Le monument  fut imaginé par l’architecte Victor Rémy[10].
Le 30 mars 1838, Réné Légaux soumet au comité l’avant-projet  de sculpture d’un médaillon[11]. Celui-ci est favorablement accueilli.
Le 18 mai 1938, le sculpteur  signale qu’il est grand temps de commander  les pierres, car il craint une hausse des prix. A cette date, un plan d’aménagement des pelouses du parc est établi. Le 30 juin, le comité se rend au parc où un gabarit est monté aux dimensions exactes et au niveau voulu. On décide de placer la face du monument  entre les deux chemins et le kiosque. Lors de cette réunion, le sculpteur a décidé des changements de détail sur l’ordonnance du monument. Il va remplacer les palmes encadrant l’effigie de Boussart par une moulure avec un filet doré, un N surmonté d’un aigle selon l’officiel du temps est prévu au sommet du médaillon. Le texte est fixé lors de cette séance.
Le 20 juillet 1938, le comité se rend chez l’artiste qui en est déjà à la finition de la stèle. René Légaux trouve le médaillon très impressionnant et dit qu’il a un relief fort imposant[12]. Il signale qu’on supprimera la reproduction du sceau communal qui était prévu au dos du monument car le texte suivant est prévu : Au lieutenant colonel Félix Boussart, membre de la légion d’honneur 1771-1813 et aux 60 Binchois médaillés de sainte-+Hélène 1858, et que la gravure de la médaille de Ste-Hélène est donc préférable au sceau[13].
Le comité s’activa à recueillir les derniers fonds. Il faut signaler qu’un comité français avait été formé et que de part et d’autre de la frontière de nombreuses manifestations, expositions, concerts, etc.[14] avaient été organisés afin d’ériger le monument qui fut inauguré le 18 septembre 1938 en présence et sous le patronage de la princesse Napoléon.

Le monument fut vandalisé en juin 1940, pendant l’occupation allemande, comme nous l’apprend Paul-Clovis Meurisse :
« …au lendemain de l’évacuation devant les hordes allemandes, quelque esprit fort, mis à l’abri par l’anonymat, estima qu’il faisait œuvre  patriotique en jetant bas le monument Boussart. Un pavé de granit servit à marteler l’effigie du vaillant soldat et brisa l’aigle, symbole de cette époque… Quelques années plus tard, les pierres étaient redressées, mais le gracieux monument est une ruine qu’il serait vain de chercher à restaurer. S’il fallait retailler les pierres, elles seraient en lames de couteau…»[15].
Le monument sculpté par Victor Demanet fut déposé dans la cour de la maison Bette.

En 1948, un comité pour l’érection d’un monument à la mémoire de René Légaux se créa. Il était présidé par le Dr Henry et était composé de MM. Louis Leroy, Fernand Delval, Raoul Danheux, Albert Alardin, Charles Blairon, Maurice Dufour, Paul Vanderborght, Paul-Clovis Meurice, François Navez et Norbert Delporte. Ils décidèrent d’un ensemble comprenant  le monument René Légaux et la remise sur pied  d’un nouveau monument à la gloire d’André Boussart dans les lignes de l’ancien (à la verticale) et le monument Légaux au fond du parc (à l’horizontale). Ils proposèrent l’abaissement du mur donnant sur la chapelle du Vieux cimetière et de le remplacer par une grille.
La partie sculpturale fut confiée à Edmond Dubie, de Mons[16].
En séance du 27 mars 1948, le secrétaire du comité signale que les usines Godin, de Guise (France) ont mis en œuvre l’effigie en bronze du général entourée d’une couronne de lauriers ainsi qu’un aigle pour orner le monument. Elles promirent aussi un livre en bronze pour le mémorial Légaux.
Les techniciens de Guise, vinrent mettre au point  les détails le 5 avril 1948 accompagnés de l’architecte Delval et du sculpteur Dubie.
Les monuments furent élevés par souscription locale et grâce à la générosité des usines Godin. Ils furent inaugurés le 13 juin 1948


Le second monument à la gloire d’André Boussart



[1] Dineur Jean-Baptiste (fils Adrien et Boussart Marie-Joseph), ° Binche 14-10-1748, x Binche 8-1-1781, Fagnart Anne-Florence.
[2] Boussart Caroline, ° Binche 12-12-1808,  †  Bruges 2-12-1891 x Mons 1827, Popp van Schaalkwijk Philippe-Christian, ° Utrecht 1805, † Bruges 3-3-1879, ingénieur cartographe
[3] ELLER, A propos d’un mémorial A. Boussart, dans le Journal « L’Opinion publique » n° 46, du 16-9-1938.
[4] Lettre de P.C. Meurisse à la Commission des Monuments et Sites, en date du 25-11-1936

[5] Légaux René-Charles-Antoine-Ghislain, ° Binche 28-9-1897, †  au camp de Neuengamme ...-1-1945

[6] A.V.B. 6920. Compte-rendu des séances du comité pour la commémoration du général André Boussart

[7] Compte-rendu  de séance du comité non daté
[8] A.V.B. 6920, lettre du comité à M. H. Cassier-Popp, de Bruxelles, en date du 2-1-1936.
[9] A.V.B. 6920, lettre de P.C. Meurisse à R. Légaux, en date du 27-12-1936.
[10] Séance du 2 juin 1937, tenue au café Monico.
[11] Après la guerre 1914-1918, Julien de la Palud, descendant des Boussart offrit à la Bibliothèque Royale de Bruxelles un médaillon en plâtre reproduisant les traits du général (Médaillon actuellement déposé au musée de l’armée). C’est d’après cette pièce que Victor Demanet réalisa l’effigie du général)
[12] A.V.B. 6921. Lettre de R. Légaux au bourgmestre Derbaix en date du 20-7-1938.
[13] Idem.
[14] A.V.B. 6920 et 6921. Correspondances
[15] P.-C. MEURICE, Plaidoyer en faveur des monuments A. Boussart et R. Légaux, Binche, 1948.
[16] Edmond Dubie, né à Mesvin en 1907, est un sculpteur, spécialiste en portrait-buste et excellent dessinateur (Dictionnaire biographique des artistes belges de 1830 à 1970, Ed. Arto, Bruxelles, 1978).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire