mardi 6 avril 2021

A propos de l'abattoir de Binche

                                                    A PROPOS DE L’ABATTOIR DE BINCHE

                                                                                                                                                                  Alain GRAUX

L’abattage pour la boucherie s’effectuait depuis toujours chez les bouchers, mais il existait aussi des endroits où cette opération s’effectuait, je citerai seulement un exemple ancien :

On cite le 26 mai 1616, « ….l’héritage et propriété tant d’une maison, chambre, cuisine, place appelée la turîe, estable…gisant en la rue de la Carlerie[1]… »

 Un lieu dit rappelle aussi… El turîe dit aussi el Turîe à pourciaux…

Appelation populaire de la rue de Fontaine, souvenir du coin où avant la création de l’abattoir communal, on tuait les porcs à proximité de la rivière la Samme.

Le 12 juillet 1879, une assignation est lancée par l’huissier Hans, à la requête d’Isidore Devergnies, greffier de Binche, tendant à faire disparaître dans un délai de un mois la tuerie de porcs établie au sentier de Fontaine derrière la maison qu’il habite.

Attendu que pour faire disparaître cette tuerie il faut construire un abattoir, le Collège décide de communiquer cette pièce au Conseil communal[2].

Il fallut attendre 17 ans pour que se réalise un abattoir communal

Le « Rapport annuel de l’administration communale » signale  l’ouverture de l’abattoir communal. 1er mai 1896, quelques travaux complémentaires, indiqués par l’administration provinciale, ont été exécutés. L’administration communale se félicite que les locaux sont bien installés et répondent entièrement à son attente et celle du public.

M. Bouzin, médecin vétérinaire, a été nommé directeur ; ce dernier démissionne en 1897, il est remplacé par Jules Potiaux[3]

 Les droits d’abattage sont alors fixés comme suit :

Deux  francs par tête de cheval, de bœuf, de taureau, de génisse, taurillon ou bouvillon

Un franc par tête de veau, de porc, de mouton, d’agneau, de cochon de lait, de chèvre ou chevreau.

Dès sa mise en service on y a abattu pour l’année 1897, 104 chevaux, 188 bœufs, 481 taureaux, 373 vaches, 818 génisses, 1044 veaux, 1550 porcs, 213 moutons, 487 agneaux, 1 cochon de lait et 1 chèvre.

L’abattoir communal fut transformé et modernisé vers 1938

L’abattoir communal dut fermer ses portes en 1995[4] :

« Les investissements de modernisation seraient trop lourds  L'abattoir de Binche est condamné

L'abattoir de Binche ne résistera pas aux normes européennes. Il devrait donc fermer ses portes dans les mois à venir. Selon les directives officielles, les abattoirs de grosse capacité sont tenus de répondre à certains critères en matière de bâtiment. Pour la mise en conformité de ceux-ci, la ville de Binche devrait consentir des investissements s'élevant à plus de cinquante millions, essentiellement pour l'aménagement de circuit et d'infrastructure. Une dépense qui ne peut être envisagée au niveau communal.

Certes, la possibilité qui pourrait exister est de réduire la capacité de l'abattoir, c'est-à-dire de diminuer le nombre de bêtes à tuer, à savoir 12 bovidés et solipèdes, ou 36 porcs ou 84 moutons et chèvres par semaine... En acceptant ce choix, les investissements se limiteraient à environ cinq millions; mais la situation ne serait pas viable financièrement...

Il s'agit d'un nouveau coup dur pour l'abattoir communal binchois. Il y a trois ans, il avait dû être fermé pour trois semaines en raison d'un mauvais entretien - l'employé responsable avait d'ailleurs été sanctionné et remplacé. Depuis lors, tous les contrôles effectués ont constaté un état de propreté impeccable. Pour 1994, près de 5.000 bêtes y ont été abattues. La demande vient non seulement de ce qu'on appelle les «usagers», c'est-à-dire les chevilleurs et les bouchers (environ 1.500 bovidés, 140 veaux, 400 chevaux, 2.700 porcs, 27 moutons), mais aussi de particuliers (110 bovidés, 18 veaux, 6 chevaux, 55 porcs, 17 moutons).

 

 



[1] La Carlerie = rue de Mons

[2] A.V.B. 01-00-02-17/8322

[3] Potiaux Jules-Omer, ° Mont-Sainte-Aldegonde 25-12-1869, x Malines 12-11-1895 Leloup Lucienne. Il fut diplômé  médecin vétérinaire le 15-9-1895

[4]  Corso C. L’abattoir de Binche est condamné, dans « Le Soir », 28-1-1995

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