dimanche 12 décembre 2021

Apropos d'une tpisserie de Charles-Quint: la revue des troupes à Barcelonne

 A PROPOS D’UNE TAPISSERIE DE CHARLES-QUINT/ LA REVUE DES TROUPES A BARCELONE

                                                                                                                                   Alain GRAUX


Charles Quint fit tisser la Conquête de Tunis pour commémorer son expédition contre les Turcs, entreprise en 1535. Les peintres Jan Cornelisz Vermeyen (1500-1559) et Pieter Coecke van Aelst (1502-1550), accompagnèrent l'Empereur, afin de préparer des esquisses d'après nature qui puissent servir plus tard de modèles pour les cartons des tapisseries. La participation des deux peintres à l'expédition est prouvée par la présence de leurs autoportraits sur le carton et la tapisserie intitulée « Le sac de Tunis: deux hommes barbus mais jeunes, assistent aux épisodes guerriers et tracent des esquisses et des croquis dans un album.

Jan Cornelisz Vermeyen, aussi nommé Juan de Majo, fut au service de Marguerite d'Autriche, tante de Charles 1er, jusqu'en 1534, année pendant laquelle il fut appelé par l'Empereur qui désirait utiliser ses services d'ingénieur et de peintre. I1 fut chargé de peindre les personnages qui prirent part à l'expédition historique, tandis que Pieter Coecke van Aelst réalisa les architectures et la topographie des lieux, fidèlement respectées dans 1es nouvelles perspectives aériennes des cartons.

Cette série fut la tenture la plus coûteuse de Charles Quint. Le 20 février 1540, Willem de Pannemaker (1535-1578), tisserand bruxellois, signa le contrat par lequel il s'engageait à exécuter la série La Conquête de Tunis, avec des soies de Grenade, des laines fines et des fils de Lyon, ainsi que 1es fils d'or et d'argent que l'Empereur ferait obtenir.

Les douze immenses tapisseries, qui totalisent approximativement six cents mètres carrés, requirent une longue période, de 1546 à 1554, pour la réalisation des cartons, ainsi que pour la rédaction des inscriptions et la confection des tapisseries.

L'expédition militaire et navale entreprise en 1535 par Charles Quint contre le célèbre corsaire Kair ed-Din Barbarroja et 1e pouvoir du sultan turc Soliman en Méditerranée occidentale s'acheva par la prise de La Goulette et celle de 1a ville de Tunis, le 21 juillet de la même année. Les dix pièces conservées de la série bruxelloise sont: La Carte, la revue des troupes à Barcelone, le débarquement à La Goulette, l'attaque de La Goulette,  la bataille navale devant La Goulette, la sortie de l'ennemi de La Goulette, la prise de La Goulette, la prise de Tunis, le sac de Tunis, et le rembarquement de l'armée à La Goulette.

 Examinons la deuxième pièce de la série dite « La revue des troupes à Barcelone »

 Les cartonniers ont brisé la monotonie des scènes guerrières en plaçant très haut la ligne d'horizon et en exposant avec exactitude 1e développement des événements au premier plan. Pour plus de clarté, les faits principaux sont relatés en castillan et en latin dans les inscriptions explicatives des bordures.

Cette deuxième tapisserie représente 1'arrivée de 1'empereur à Barcelone, face à son armée, et la revue qu'il fait passer à la flotte, composée des caravelles portugaises, sous le commandement d'Antonio de Saldana, des galères génoises de 1'amiral Juan Andrea Doria et des navires espagnols du célèbre homme de mer Alvaro de Bazan.

L'Empereur, qui était arrivé à Barcelone le 3 avril 1535, passa la revue générale 1e 14 mai. Le défilé des différents corps de cavalerie espagnols, allemands, italiens et portugais eut lieu au Champ de la Lagune, hors la Porte de Perpignan. Parmi les principaux cavaliers, on reconnaît l'infant de Portugal, Don Luis, frère de 1'impératrice (Horn pense qu'il s'agit d'un page du duc d'Albe), le duc d'Albe, ainsi, que Charles Quint, au second p1an, portant toutes ses armes, la tête couverte d'une casquette et une masse d'armes en fer doré à la main. On distingue également le cavalier qui porte 1'étendard cramoisi de Gênes, orné de la Vierge tenant son fils dans les bras.

La scène est entourée d'une bordure de cercles entrelacés, avec l'aigle bicépha1e de l'empire et les armes du Monarque dans 1es coins supérieurs, et une couronne florale entourant la croix et le briquet de Bourgogne dans 1es coins inferieurs. Les colonnes d'Hercule et la devise de Charles Quint « PLUS OULTRE » figurent au milieu des bordures latéra1es. Deux cartouches contenant des inscriptions explicatives en castillan et en latin occupent 1es bordures supérieure et inferieure, version castillane: « Toutes choses étant ainsi ordonnées, et compté le temps auquel il paraissait convenable à l'empereur de partir pour Barcelone, à l'époque même où il pourrait joindre 1es flottes, il part de Madrid et arrive à Barcelone, où reconnaissant les vaisseaux qu'il avait ordonné d'y fournir, sant les vaisseaux qu'i1 avait ordonné d'y fournir, il fit une revue ou parade des grands et des chevaliers de sa cour et ayant achevé la jonction des flottes qui avaient rendez-vous à cet endroit, dernier jour de mai, il mit à 1a voile, prenant en sa compagnie de l’infant Don Luis, son beau-frère, qui participa à cette expédition avec de nombreux cavaliers portugais. I1 fit escale à Majorque et à Minorque et après quelque temps, i1 traverse le Golfe du Lion vers la Sardaigne où il trouve 1a flotte que le marquis del Gasto amène d'Italie, comme on le voit sur la première pièce qui est 1a carte de navigation; et ainsi, avec plusieurs flottes réuni.es en une seule de plus de 350 voiles, 1'empereur poursuit son voyage vers l'Afrique.

Version lati.ne: 'MADRITI CAMPOS AC TECTA RELINQVIT AVITA / CAESAR ET IN LAETIS BARCINNI CONSTITIT ARVIS / SIGNAQ(vE) DVM LVSTRAT PROCERES TVRMASQ(VE) EECENSET / EN PIA VOTA FACIT EXPANDENS VELA PER AVRAS // VT FRETA BINA SECANS BALEARES EXPLICET VNDAS / SAEDOASQVE SIMVL: QVO CLASSIS IVSSA COIRE / GERMANOS ITALAMQVE MANVM VETERESQVE COHORTES / PORTAT IBERORVM ET LIBYCIS ADVERTIT ARENIS » (Quittant les champs madrilènes et les demeures ancestrales, César s'arrêta (sic) dans les riches terres de Barcelone. Tandis qu'il passe en revue les enseignes et recense 1es grands et 1es troupes, voici qu'il fait des vœux pieux en déployant les voiles au vent. Fendant deux fois les flots, il calme les ondes baléares et sardes : c’est là que la flotte a reçu l’ordre de se rassembler. Emmenant les Germains, la troupe italienne et les anciennes cohortes des Ibères, il se dirige vers les sables libyens.).

Cette tapisserie est conservée au Palais royal de  Madrid.

 

 

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