L’INDUSTRIE DE LA CONFECTION A BINCHE
(1795-1918)
Alain
GRAUX
Origine
Au dix-huitième siècle, la fabrication des
serges, alimentant le marché local, semble être un des principaux éléments
ayant favorisé la genèse de l'industrie et du commerce des vêtements.
Le relevé des industries des Pays-Bas
autrichiens effectué en 1764 relève:
"... dans
cette ville, il y a quantité de tailleurs fripiers qui font des habits, tant
pour hommes que pour enfants, pour lesquels ils emploient en doublure les dite
serges, qu'on vient acheter journellement..."[1].
Le
recensement de l’an IV (1797)
Quelque 30 ans plus tard, le recensement de la
population de l'an IV (1797) confirme qu'il y a en ville: deux marchands
tailleurs :
Place : Minart U.
Rue du Cygne : L. Delahaye
16 marchands fripiers :
Place : Labie E., Masuy U.,-Navaux G.
Rue Notre-Dame : Lebeau V.- Leclercq N.-
Lecrigniez A.- Masuy A.- Masuy M.- Milcamps J.- Minart T.
59 tailleurs d’habits[2] :
Place : Baudoux J.- Beaurin F.- Bosquet U.-
Chevalier M.- Daumery A.- Masuy U.- Moulret A.-
Lavaux A
Rue de l’Eglise : Bourgeois L.
Rue du Cygne : Cligniez P.
Rue Saint-Jacques : Cligniez F.- Devergnies
A.- Maricau J-B.- Prate A.- Roulez C.
Grand-rue : Arnould J.- Charles J.
(tailleur fripier)- Chevalier U.- Fontaine J.- Lebrun A.- Lelong F.-
Masuy L.- Minart A.- Minart
J.- Roucloux J-F.
Rue Sans Raison (actuelle rue de la
Gaieté) : Lefrancq J.
Rue des Récollets : Milcamps A.
Rue de Million (actuelle rue L. Roland) :
Boussart F.- Canivet V.- Degrève M.- Delmottte A.- Lavaux P.-
Lebrun U.- Roulez J.
Rue des Archers : Brichot J.- Brichot T.-
Delcourt P.- Percy A.
Rue Lion Allart : Maricaux J.
Rue des Trois Escabelles : Cordier P.-
Samain U.
Rue du Cerf : Gorez U.- Samain J.
Rue Halle aux Filets : Jaupart E.
Rue de la Lune ; Francq J.
Rue de l’Enfer ; Navir U.
Rue de la Triperie : Debaise B.- Humphrey
A.- Navir F.
Faubourg Saint-Paul : Danis F.- Deltenre F.
Faubourg du Posty : Besanger F.- Dubois J.-
Francart L.
Faubourg Saint-Jacques : Cheverin C.-
Francq F.- Leclercq A.
On remarquera que ces marchands fripiers sont
principalement installés rue Notre-Dame et à proximité et que les tailleurs
sont établis dans le centre de la ville, il n’y en a que huit dans les
faubourgs.
Le
recensement de 1846
En 1846, on compte 49 tailleurs d'habits[3]:
37 hommes et 2 femmes, manufacturiers ou
artisans dans la catégorie tailleurs d'habits; un garçon de 9 à 12 ans et 9
garçons de 12 à 16 ans. Les ouvriers à domicile ne sont pas repris. C'est
pourtant ce travail à domicile qui est le principal moteur de l'industrie de la
confection dans la ville.
La
pétition de 1866
Par une pétition datée du 7 septembre 1866,
trente-cinq marchands tailleurs, fripiers et chapeliers de la ville prièrent
l'administration communale de prendre des mesures pour empêcher des abus qui se
commettaient chez certains commerçants. Ces derniers accostaient les personnes
qui arrivaient en ville, leur offrant en vente leurs marchandises. Ils
forçaient les chalands à entrer chez eux, en méprisant les marchandises de
leurs voisins[4]. De ce fait, s'ensuivaient
parfois des querelles et injectives. Cette pratique fit au commerce binchois de
la fin du XIXe siècle, une mauvaise réputation. Suite à cette pétition le
Conseil communal décida unanimement
d'établir un règlement pour empêcher les rixes et disputes signalées.
L’Almanach
du commerce et e l’industrie
Il faut relativiser le nombre des tailleurs de
cette époque, les Almanachs du Commerce
signalent:
1861: 4 marchands tailleurs:
Dubray A.J.F.; Godfroy V.; Ménart U.; Ramboux N.V.
1868: 8 marchands tailleurs:
Colman J.; Daumeries A.; Degrève D.; Dubray A.J.F.; Empain-Dubray A.;
Godfroy V.; Ménart U.; Nelis D.; Ramboux (Frères). On retrouve les mêmes en
1870-1873[5].
Améliorations
techniques
En 1845, Elias Howe inventeur américain de
Bridgeport (Connecticut) créa la machine à coudre. Lors de l’exposition
impériale de Paris de 1867, trois de ses modèles de machines à coudre sont présentés.
Louis Graux[6]
acheta en 1870 une de ces machines par les soins de l’agent général bruxellois
de la firme Firmin Mignot. L’achat de
cette première machine fut suivi en 1872, de celle d’Alfred Daumerie[7], rue
Saint-Roch (rue de la Triperie).
L’apparition de la machine à coudre fut suivie
de celle du fil en bobines. Auparavant il fallait se servir de fils en écheveaux.
L’amélioration des fer à repasser devait, elle
aussi, apporter un plus à la fabrication des vêtements
Les premiers fers à repasser étaient fabriqués
en fer forgé d’une masse de 4kg, possédant une semelle pointue et recourbée de
l’autre côté pour former une manche. Ces fers étaient placés autour des foyers
afin de les chauffer. Cette situation dura jusqu’à l »apparition du fer à
braises
Paul Laurent[8],
représentant de commerce, eut l’idée de mettre en vente le premier fer conçu
par la Maison Hurtu Hautain de Paris,
ayant une étoile comme marque. Certains tailleurs l’utilisèrent rapidement,
mais le fer présentait des inconvénients, le foyer était trop petit, le tirage
était insuffisant, le fer s’éteignait[9].
Le tailleur Hubert Delattre[10]
entreprit le commerce de fers et de braises. Il fit améliorer, après de
nombreux essais effectués par son oncle travaillant à la fonderie Lion, de
Battignies, des fers au tirage impeccable à condition d’être alimentés par des
braises au charbon de bois de qualité supérieure. Se promenant à Bruxelles, il
découvrit à l’entre d’une porte, l’étalage de braises mises en sacs de papier
et dont les morceaux se présentaient propres et bien calibrés. Intéressé, il
questionna le vendeur qui le conduisit devant une « baladeuse »,
petit crible à main monté sur quatre pieds en bois dont l’un dépassait le
treillis métallique de façon à imprimer un mouvement de va et vient.
H.
Delattre fit part de cette découverte à son fournisseur et ce dernier se hâta
de l’imiter. Il faut savoir qu’à cette époque, le charbon de bois acheté dans
la région de Chimay était reçu brut et livré dans des seaux. Pour l’utiliser,
il fallait le briser, ce qui entraînait des pertes de menus morceaux ; en
se salissait à chaque usage. C’est ainsi que les tailleurs binchois
n’utilisèrent plus que des braises bien préparées, livrées en sacs de papier[11]
La
confection binchoise de 1876 à 1900
L'exposé de la situation du Royaume de 1876 à
1900, explique que "...l'on compte à Binche 48 établissements qui
fabriquent en gros les vêtements confectionnés pour hommes et enfants... Le
chiffre d'affaires de cette production est évalué à 9.000.000 Fr... Binche
fabrique le costume pour hommes et enfants en laine peignée, en laine cardée
pure ou mélangée et en demi-laine (chaîne en coton)..."[12].
Vers 1890, deux sortes d'entreprises tentent de
se développer:
a) Les sociétés coopératives donnant des
confections aux travailleurs à domicile.
b) Les petits marchands tailleurs qui voulurent
donner plus de poids à leur entreprise. Ils s'associèrent généralement avec un
bailleur de fonds et un représentant de commerce. Ce fut le début des
entreprises faisant travailler pour leur compte des ouvriers tailleurs qui
continuent à œuvrer chez eux.
Tentative
de syndicalisation en 1897
Vers 1897 une tentative de syndicat socialiste
fut lancée sous l'impulsion d'Eugène Rousseaux. Ce dernier tenta de grouper les
tailleurs et parvint à en syndiquer plusieurs centaines. Mais ce syndicat n'eut
qu'une vie éphémère[13]. Il
fut bientôt réduit à une simple mutualité de retraite. Avec ce syndicat a
disparu la Bourse de travail qu’il s’était annexé.
L’organisation
des firmes
Jusqu’au premier quart du XXe siècle, la
fabrication des vêtements masculins est omniprésente dans les ateliers
binchois. Ceux-ci d’échelonnent du petit magasin à la firme qui ne s’occupe que
du commerce du gros
L'organisation de ces firmes est la suivante:
Le patron, aidé de un ou plusieurs coupeurs
préparent les vêtements, ils coupent les tissus et les doublures des
"confections" (vêtements de séries de tailles normales) ou des
"mesures" (vêtements coupés aux mesures spécifiques des clients). Ils
préparent les accessoires (épaulettes, boutons, etc.) et les directives
destinées aux ouvriers à domicile, ceux-ci prennent en charge les colis
préparés au siège de la firme.
L'entreprise employait aussi un nombre variable
de magasiniers qui travaillaient au stock de tissus, doublures, accessoires ou
vêtements confectionnés.
Les vêtements sont dits de confection, car ils
sont confectionnés en séries, de tailles supposées normales et courantes. Ces tailles
sont relativement limitées, elles varient du 42 au 52.
Cette façon de travailler incite les fabricants
à proposer le costume réalisé sur mesure, mieux adapté aux tailles moins
courantes, intermédiaires ou non proportionnées et qui se vendent plus cher.
Le(s) voyageur(s) de commerce recherchaient de
nouveaux marchés et achetaient les marchandises destinées à la firme. Dans les
petites firmes les patrons exerçaient souvent la fonction de voyageur.
Le
tailleur à domicile
L'artisan tailleur besogne dur avec l'aide de sa
famille. De manière générale il fait les découpes, apprête les vêtements et
finit les vêtements. Son épouse assemble à la main (à la machine à coudre après
1870), et repasse les vêtements. Les enfants s'initient au métier, ils
"défaufilent" ou besognent à des tâches subalternes.
Les
fournitures
Les fournitures de matière premières venaient à
cette époque des quatre coins du pays:
Les draps venaient de Verviers mais aussi
d'Eeklo, Saint-Nicolas-Waas, Grammont. Les tissus demi laine provenaient de
Courtrai ou Deinze.
Les doublures arrivaient de Gand, sauf le tartan
qui venait de Saint-Nicolas[14].
Les accessoires tels que la soie, fil,
cordonnet, bouton étaient fabriqués à Bruxelles[15].
Le
recensement industriel de 1896
En 1896 on peut décomposer l'industrie du
vêtement en diverses branches[16]:
Vêtements pour femmes :
Ateliers de confection: 27
Ateliers en activité: 25
Couturières:
Personnel autre qu'ouvrier: 28
Ouvrières:
32
Ensemble
du personnel: 60
Tailleuses:
Ateliers
de confection faisant travailler à domicile: 2
Personnel
autre qu'ouvrier (exploitants, directeurs, Contremaîtres, employés): 2
Ensemble
du personnel: 2.
Tailleuses
travaillant à domicile pour le compte de maison de confection et couturières: 1
Vêtements pour hommes
Tailleurs:
Personnel autre qu'ouvrier:
5
Ouvriers:
3. Ouvrières: 3
Ensemble
du personnel: 11
Maisons de confection faisant
confectionner à domicile: 54
Personnel
autre qu'ouvrier (Exploitants, directeurs, contremaîtres, employés):
Hommes:
65. Femmes: 1.
Ouvriers:
45
Ensemble
du personnel: 111.
Tailleurs travaillant à
domicile pour le compte de maisons de confection: 503
Personnel
autre qu'ouvrier (Exploitants, directeurs, contremaîtres, employés):
Hommes:
373. Femmes: 323.
Tailleurs, culottiers (ières), giletiers
(ières):
Ouvriers:
59. Ouvrières: 79
Ensemble
du personnel: 825.
Le
syndicat des voyageurs, employés, négociants et patrons binchois
Vers 1900, les patrons binchois élaborèrent une
association de défense de leurs intérêts: le "Syndicat de voyageurs,
employés, négociants et patrons binchois", association qui compta dès sa création
150 sociétaires dont la plupart étaient confectionneurs[17].
Le 23 novembre 1903, son porte-parole, Joseph
Delwart, déclara à la Commission de la petite bourgeoisie:
"La situation du commerce binchois, en général, et du
nôtre en particulier, traverse une crise intense et périclite de plus en plus.
Nombreuses en sont les causes, et je citerai en premier lieu la question des
douanes.
Alors que les pays voisins nous inondent de leurs produits
en ne payant, pour ainsi dire, que des droits d'entrée dérisoires, nous nous
voyons fermer leurs Frontières par des taxes exorbitantes et par toutes sortes
de tracasseries que les douaniers stimulés par certaines primes: droits de
prises, etc. font subir à nos clients. D'autres de mes collègues signaleront
des faits précis; Je viens donc au nom de notre association, vous demander de
nous accorder, si pas le libre échange, au moins la réciprocité des taxes.
D'autres abus nuisent considérablement à notre commerce,
tels les déballages. Bien souvent, nous voyons des gens qui viennent d'on ne
sait d'o—, ouvrir à Binche ou dans les communes environnantes, une maison de
solde. On y vend des confections et toutes sortes de marchandises à vil prix,
au grand dam du commerçant honnête; il en est de même des liquidations fictives,
de la vente des marchandises neuves sur les marchés, et il est à douter que, vu
le bas prix auquel ces marchandises sont parfois vendues, la provenance n'en
est pas toujours licite. Je signalerai aussi les économats et les coopératives
qui font du commerce et non pas de la coopération. Nous avons aussi des
grossistes (passez-moi le mot) qui donnent des collections d'échantillons à
leurs employés. Ceux-ci vendent des costumes et font, par conséquent, du
commerce sans acquitter la patente.
Nous demandons donc:
1° La diminution des Frais de justice en ce qui concerne les
débiteurs de mauvaise foi; ces Frais font reculer bon nombre de petits
commerçants et les mauvais payeurs en profitent pour recommencer ailleurs leurs
opérations malhonnêtes;
2° Que dans les faillites le curateur soit choisi parmi les
créanciers, ceux-ci étant à même de mieux connaître la situation du failli,
qu'un curateur non-commerçant;
3° La suppression du privilège du bailleur;
4° Que la liste des protêts soit mise plus rapidement à la disposition
des négociants et le prix du Moniteur du commerce moins élevé;
5° Enfin, nous réclamons avec instance la création d'une
succursale de la Banque Nationale, cette succursale nous rendrait de grands
services et amoindrirait, dans de notables proportions, nos Frais d'escompte,
envois d'argent, etc.[18].
A cette époque, la confection pour hommes,
dames, enfants occupe 1873 ouvriers et ouvrières.
Cette situation de crise força l'administration
communale à prendre des mesures pour donner du tonus aux industries.
Le
syndicat des patrons confectionneurs
Parallèlement les patrons tailleurs et
confectionneurs avaient créé une entente, malheureusement les archives de cette
organisation sont disparues.
Le Cercle
des tailleurs
fut fondé le 13 novembre 1887, mais cette organisation n’était qu’une amicale
de tailleurs dont un des articles du règlement interdisait de parler de la
profession.
En 1903, le Syndicat
des patrons confectionneurs était dirigé par Alfred Jaupart. En 1916, le
syndicat ayant son local à l’hôtel Weber, avait à sa tête Joseph De Hert comme
président. Le 4 février de cette année, au nom du syndicat, il écrit à la
Société d’électricité qu’un grand nombre
d’ouvriers tailleurs seraient désireux de faire placer l’électricité chez eux
afin de travailler le soir car plusieurs maisons de gros ont reçu assez bien de
commandes pour la saison d’été. A cause de la guerre, ces ouvriers ne sont pas
bien riches, et voudraient pouvoir en payer le placement après les hostilités,
la consommation serait payée mensuellement[19].
La chambre syndicale avait comme objectif
principal la fixation des barèmes ; elle d’occupait des revendications à
poser à certains organismes.
Dans les années 30, ce fut Georges Hupin-Deblock
qui dirigea le syndicat patronal mué en section locale (F.B.I.V.) au sein de la
Fédération des Industries de la
Confection et du Vêtement (F.I.C.V.).
Après la guerre de 1940-1945, cette dernière
groupa la plupart des patrons, car l’affiliation était rendue obligatoire pour
qui voulait obtenir certains bons de matières ainsi que les bons de charbons.
Mais depuis que la libération a été rendue au commerce, un assez grand nombre
de patrons n’ont plus renouvellé leur adhésion à l’organisation[20].
L’école
industrielle
En 1898, dans les locaux de l'actuel Musée
international du Masque et du Carnaval, une école industrielle fut ouverte.
L’école dut s’adapter, aux cours généraux, s’adjoignirent des cours de
comptabilité ceux-ci s’ouvrirent le 3 février 1901. Neuf professeurs s'occupaient
de 159 élèves. Le cours de coupe et couture d'habits est lancé par M.
Fauconnier, directeur de l'école des tailleurs de Bruxelles. Il fut secondé par
des professeurs choisis parmi les meilleurs tailleurs binchois.
Le temps passant, la mécanisation s’intensifiant
dans les ateliers de la ville, il devint indispensable d’organiser des classes
de confection mécanisées, dotées d’un équipement spécialisé et moderne, en
relation avec l’industrie locale. Ces cours préparaient les cadres et ouvriers
pour l’industrie de la confection.
Société
coopérative patronale
Le 30 janvier 1902, se constitua entre neuf patrons,
une société coopérative « Les
tailleurs et confectionneurs binchois » entre Victor Avaert, Louis
Daumerie-Déom, Alfred Degrève, Joseph Delwart, Gustave Navir, Eugène Ramboux,
Gustave Sauvenière, Omer Sauvenière et Paul Stevens. Son but principal était
l'achat de fournitures et des matières premières.
Le siège est fixé à Binche. La société a pour
objet principal de faire toutes les opérations commerciales relatives à la
confection servant directement les intérêts commerciaux de ses membres, tels
que achats et fournitures de matières premières, installation d’un magasin
d’approvisionnement, organisation d’un commerce de vente en Belgique et à
l’étranger, et tout au moins aider par tous les moyens ses membres à développer
l’importance de leur commerce.
Il est interdit à la Société de faire des
avances quelconques, même avec garanties, les achats faits par les membres
seront payés dans le mois de leur fourniture.
La durée de la Société est fixée à 30 ans. La
Société est à responsabilité limitée, les associés ne sont tenus qu’en indivis,
aucune solidarité n’existe entre eux.
Chacun n’est responsable que jusqu’à concurrence
de la part qu’il a souscrite.
Le capital social est formé des parts souscrites
par les sociétaires. Il est illimité, son minimum est de neuf parts. Les parts
sont de 100 Fr. Le capital est souscrit par :
Victor Avaert, rue de Robiano, 1 part
Louis Daumerie-Déom, Grand-rue, 1 part
Alfred Degrève, rue de la Gaieté, 1 part
Joseph Delwart, rue de Bruxelles , 1 part
Gustave Navir, rue Notre-Dame, 1 part
Eugène Ramboux, Grand-rue, 1 part
Gustave Sauvenière, rue Notre-Dame, 1 part
Omer Sauvenière, rue Notre-Dame, 1 part
Paul Stevens, rue de Charleroi, 1 part
Le 30 avril de chaque année l’administration
dresse un inventaire des valeurs mobilières, dettes actives et passives, etc.
Les bénéfices sont répartis :
-
5%
au fonds de réserve
-
10%
au fonds de révisions
-
La
somme nécessaire pour donner un intérêt de 4,5% au capital versé
-
Le
reste appartiendra aux coopérateurs, il se répartira entre eux au prorata de
leurs achats[21]
Cette association ne tint pas, elle n'avait déjà
plus que six membres en 1903[22].
Syndicat
chrétien des tailleurs
Le 10 novembre 1912, s'établit une union
professionnelle dénommée "Syndicat
chrétien des tailleurs et tailleuses de Binche et des communes limitrophes"[23]. Son
comité directeur était composé des tailleurs suivants:
Camille Ghislain, président; Isidore Francq,
vice président; Armand Boudart, secrétaire; Alfred Sauvenière, secrétaire
adjoint, Jules Bibert, trésorier, Edouard Cottin, trésorier adjoint.
Emile Graux, Florimond Cuaz, Dieudonné Dussart,
Gustave Chevalier, commissaires. La commission administrative s'adjoindra à
titre de conseils : un avocat et un aumônier.
Les membres ont pour obligation d'être tailleur
ou tailleuse, d'être âgé de 16 ans au moins, de reconnaître la religion, la
famille et la propriété comme bases nécessaires de la société, de se prêter
aide et assistance, d'assister aux funérailles religieuses des membres, de
payer par anticipation une cotisation mensuelle de 1 Franc. Chaque année, le
syndicat célèbre la fête de Saint-Hommebon, patron des tailleurs.
L'Union peut accorder des secours à ses membres
en cas de grève, de lock-out et de chômage involontaire.
En cas de décès d'un membre, l'union accorde à
ses héritiers un secours de 50 Fr. pour Frais de funérailles.
Le
recensement industriel de 1914
A la veille du premier conflit mondial,
l'industrie du vêtement génère 2718 emplois répartis comme suit[24]:
Hommes Femmes
Confection:
-
Patrons et gérants : 83 160
-
Membres de la famille occupés comme aides
9 6
-
Employés : 21 -
-
Ouvriers : 1001 1217
Commerce:
-
Patrons-gérants : 54 34
- Membres
de la famille occupés comme aides : 26 80
- Employés : 15 5
- Ouvriers :
7 -
La
concertation sociale de 1929
Le 20 août 1929, eut lieu une concertation
sociale entre tous les représentants des tailleurs de la ville.
Le Collège du bourgmestre et échevins ;
Camille Ghislain, président du syndicat chrétien des tailleurs ; Auguste
Rombaux, président du syndicat neutre des tailleurs, Ernest Jongen, délégué de
l’Union des voyageurs de commerce de Binche et des environs, Joseph Deliège,
délégué de l’ « Union des patrons tailleurs », au sujet de la
taxe de 2% que l’administration des contributions veut imposer sur le salaire
des ouvriers tailleurs binchois et des voyageurs en confection.
A l’issue de cette réunion, on décida d’écrire à
l’administration qu’il n’y a pas lieu d’appliquer cette taxe, les tailleurs
binchois étant considérés comme des ouvriers salariés et non comme des artisans[25]
[1] A.G.R.- C.F. 4830.
[2] A.V.B.2723.
[3] Recensement général du Commerce et de l'Industrie du
15-10-1846, Ministère de l'Intérieur.
[4] A.V.B. 00-00-01-15/2263.
[5] TARLIER H. Almanach du Commerce et de l'Industrie,
Bruxelles, H. Tarlier, 1861, p. 85; 1868, p.84; 1870, p. 102; 1873, p.104.
[6] Graux Louis-Joseph, ° Binche 20-1-1833, y †
29-1-1908, tailleur, X Binche
19-10-1859, Hamaide Marie-Thérèse,
° Binche 11-12-1833, y † 15-3-1915, dentellière.
[7] Daumerie Alfred-Pierre-Joseph, ° Binche 11-7-1867,
marchand tailleur, X 1°- Binche 1°- 25-10-1886, Wautier Jeanne-Marie-Louise, ° Binche 7-6-1872, y † 20-5-1931,
négociante ; x 2°- 2-3-1935, Hamaide Elise, ° Binche 16-11-1870, †
Haine-Saint-Pierre 20-10-1941, veuve BARAS
Auguste-Joseph
[8] Laurent Paul, ° Frameries 16-6-1856, x Mons
8-10-1881, Roulez Marie
[12] Statistique générale de
la Belgique. Exposé de la situation du Royaume de 1876 à 1900.Bruxelles, G.
Piquant, t.3, 8°, p.348.
[13] LEKEU J. Enquête ouvrière à travers le Centre.
Bruxelles, 1907, p. 71.
[14] GENART C, Les industries de la confection de vêtements pour hommes et de la
cordonnerie à Binche, 1904, pp.
65-66. LEKEU J., Enquête...o-cit. p.
83.
[15] GAILLARD J., Du
XIXe siècle à nos jours. L'industrie de la confection à Binche, in
"Tavau Binche", mai-juin 1962.
[16] Recensement industriel du 31-10-1896.
[17] Commission nationale de la Petite Bourgeoisie,
séances d'enquête orale. Binche 21e séance du 23-11-1903, Bruxelles 1904, t. 5,
pp. 280-281.
[18] Commission
nationale de la petite bourgeoisie, séances d’enquête orale, Binche, séance
du 23-11-1903
[19] Lettre de la collection
privée M. Courtois
[20] La situation de
l’industrie de la confection à Binche, dans « Le Hainaut
économique », mars 1949, pp. 203-204
[22] GENART C. Les industries...op.cit p.153.
[23] Recueil des actes des unions professionnelles, acte n°76, Bruxelles,
1912, pp.114-115.
[24] Recensement de
l'Industrie et du Commerce effectué le 31-12-1910, Bruxelles, 1910, Vol. II,
pp. 763-764.
[25] A.V.B. 01-00-02-21.
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