lundi 6 novembre 2017

A propos d'une maison de confection binchoise

A PROPOS D’UNE MAISON DE CONFECTION BINCHOISE
                                                                                                             Alain GRAUX
S.N.C. LEGRAND ET BASSELIER
La société en nom collectif "Legrand et Basselier", a été fondée en 1893, avenue wanderpepen.
Il s'agit de l'association de Camille Legrand[1], et de Félix Basselier[2], qui étaient voisins, rue de Senzeilles.


Les associés firent bâtir un atelier de confection rue de Senzeilles en 1901, sur les plans de l'architecte Gilbert Oscar, le permis de bâtir leur fut accordé le 20-4-1901[3].
Un papier entête daté du 15-11-1916 signale qu'on y fabrique des confections pour hommes et enfants, en gros et pour l'exportation.
La liste du personnel occupé dans les entreprises pour l'année 1903 renseigne Legrand-Basselier: 15 ouvriers[4].
Le 20-1-1912, MM. Legrand et Basselier demandent de pouvoir installer un moteur électrique de 3/4 CV dans leur atelier, ils y sont autorisés le 24-2-1912.
Les filles des deux associés se marièrent aux Frères Cantineau:
Victor Cantineau[5] et son frère[6], Lucien Cantineau devinrent directeurs de la firme.
L'association Legrand et Basselier fut à la base des "Etablissements Basselier-Bourgeois".

BASSELIER-BOURGEOIS
A côté de la fabrique bâtie en association avec Camille Legrand, Félix Basselier-Bourgeois, marchand tailleur, créa en 1898 une usine sise au n° 20 rue de Senzeille
Le 1-6-1928 la veuve et les enfants Félix Basselier sont autorisés à construire un atelier avec magasins, garage et bureaux, d'une surface de 1.000 m², sur un terrain leur appartenant, rue de Senzeilles[7]. Les plans demandés par MM. Cantineau et Bourgeois furent conçus par l'architecte Albert Thauvoye; le permis de bâtir fut accordé le 1-6-1928.
Le 20-1-1931, la veuve Basselier-Bourgeois est autorisée à installer 4 moteurs électriques de 1 CV destinés à actionner des machines à coudre dans son établissement[8]

S.A.  BASSELIER BOURGEOIS
Le 30-8-1932, devant le notaire Amé Vallée, une société anonyme est créée par les héritiers Basselier, c'est-à-dire René Basselier[9], Lucien Basselier[10], Gaston Hovine[11] et Victor cantineau[12] qui en sont administrateurs.
L'usine est mécanisée dès sa construction.
Un arrêté de la députation permanente du Hainaut du 24 janvier 1936 autorise pour 30 ans, la "S.A. Basselier-Bourgeois" à installer à Binche, rue de Senzeilles n° 16 à 22, un atelier de confection avec une cabine de transformation comportant un transformateur électrique de 11.000 Volts à 230 Volts d'une puissance de 75KVA[13].
Cet atelier fabriquait des vêtements pour hommes, jeunes gens et garçonnets en gros et pour l'exportation.
Le 25 mars 1938 les "Ets. Basselier-Bourgeois" sont autorisés à établir une chaudière à vapeur de 20 m² de surface de chauffe destinée à actionner une machine à rétrécir les tissus, ainsi que des presses et de modifier les appareils électriques existants[14] (
Le capital de la société fut augmenté le 28-7-1941 (voir M.B. 12482/1941)
Le 22-66-1946, le mandataire du comité de gestion de la firme qui est sous séquestre, déclare en vertu de l'arrêté du régent du 17-10-1945, établissant un impôt sur le capital, il a été créé, au profit de l'Etat, 160 actions sans désignation de valeur, sans qu'il en résulte aucune modification du capital statutaire de 4.000.000 Fr.
En conséquence, sont réduits à concurrence d'un vingt et unième, avec effet au 9-10-1944, sauf en ce qui concerne le dividende de l'exercice en cours à cette date, les droits et avantages qui étaient attachés aux 3.200 actions sans désignation de valeur existant au 9-10-1944.
Les titres créés au profit de l'Etat ne confèrent aucun droit de vote
En 1949, l'établissement déclare employer 230 ouvriers, 35 demis-ouvriers, 39 employés et 2 demi-employés[15]. Une vingtaine de coupeurs sont compris dans le chiffre des employés. L'atelier utilisait les services de giletiers à domicile. Il y avait 93 moteurs électriques d'une force totale de 23.919 watts.
En 1952 lors de la grande crise de la confection binchoise, personne ne quitta le travail pour participer à la grève du 26 mai car le patron menaçait de retirer la prime annuelle[16].
Le 27-6-1956, "Basselier-Bourgeois" est autorisé à placer une nouvelle chaudière à mazout et à disposer d'un dépôt de 9.600 l. de mazout. L'établissement occupe alors 450 personnes[17].
Le 22-8-1962, l'assemblée générale extraordinaire représentée par:
- René Basselier (798 actions)
- Lucien Basselier (799 actions)
- Nelly Basselier, veuve Victor Cantineau (300 actions en propriété et 300 actions en usufruit).
- Gaston Hovine (1 action)
- Marie-Marcelle Basselier, épouse Gaston Hovine (799 actions)
- Elisabeth Deprez, épouse Lucien Basselier (1 action)
- Adrienne Frand, épouse René Basselier (1 action)
- Yvonne Cantineau, épouse François Gilson (200 actions en propriété et 300 actions en nue-propriété).
- Andrée Basselier, épouse Ernest Lefèbvre (1 action), formant l'intégralité des titres émis décident:
a) de proroger le terme de la société à 30 ans.
b) l'actif a une valeur vénale de 36.092.018 Fr. répartis comme suit:
1) Disponible et réalisable, clients, débiteurs, stocks: 27.253.892 Fr.
2) Immobilisé à usage professionnel:
   - 1 propriété sise à Binche rue de Senzeilles, 12, comprenant conciergerie, bureaux, ateliers, magasins et dépendances faisant 26 a., avec tout le matériel fixe et roulant, matériel et mobilier de bureaux, installations en faveur du personnel, cadastré section C, nos 218y6, 2185, 2187
3) Immobilisé à usage non professionnel:
  - Plusieurs immeubles sis à Binche, Bruxelles, Estinnes-au-Mont, Merbes-le-Château, Mons, un bois avec pavillon sis à Ermeton-sur-Biert, le tout pour une valeur vénale de 8.838.126 Fr.
Le passif s’élève à:
1) Exigible à terme et à vue                           : 16.276.095 Fr.
2) Résultat antérieur et charges de la période:   1.076.209 Fr.
                                                                          ----------------
                                                                         17.352.304 Fr.
Actif net imposable                                       : 18.739.714 Fr.[18]
L'assemblée renouvelle les mandats d'administrateurs de René, Lucien et Nelly Basselier; la fonction de commissaire de Gaston Hovine, directeur de société. Ce dernier sera remplacé par son épouse en 1968[19].
Le 1er juin 1967, suite au décès de René Basselier, c'est Gaston Hovine qui achève son mandat. Lucien Basselier est désigné président du conseil[20].
Le 2 octobre1967, les "Etablissements Basselier-Bourgeois, S.A." sollicitèrent l'autorisation de maintenir en exploitation leur usine de la rue de Senzeilles, occupant 250 personnes. L'usine emploie 100 machines à coudre actionnées par des moteurs de 1/2 CV, une cabine électrique de 75 KVA., un groupe de compresseurs actionné par un moteur de 2 CV, 2 turbines d'aspiration actionnées par un moteur de 3 CV, 2 pompes à eau électriques, un garage pouvant contenir de 3 à 10 véhicules, un dépôt de mazout de 9.600 litres, l'autorisation leur est accordée[21].
Le conseil d'administration du 2-7-1973 désigna Ernest Lefèvre, administrateur délégué de la société et lui confère les pouvoirs de gestion journalière les plus étendus[22]. Son épouse, Andrée Basselier est élue commissaire le 19-3-1973 (M.B. 754.4/1973).
En 1975, la firme entrait en liquidation, le collège des liquidateurs était composé de Me Lorent, avocat à Charleroi et de O. Bardiau.
Le syndicat FGTB écrivait à ses affiliés :
« Lors de nos entretiens avec la direction des Ets Basselier-Bourgeois à Binche, nous sommes malheureusement arrivés, vu le manque de commandes et afin d’arriver à une liquidation totale saine, à accepter la fermeture au 1er avril 1976 ».




[1] Legrand Camille-Gratien, ° Binche 10-2-1859, y † 5-11-1910, x Binche 24-7-1882, Quinet Louisa, ° Battignies 21-8-1860Binche 4-11-1846
[2] Basselier Félix, ° Binche 16-4-1863, y † 28-11-1923, x Binche 7-12-1889, Marie Bourgeois, ° Binche 20-5-1866
[3] DURIEUX G. Exposition L'architecture binchoise de 1850 à 1950, septembre 1999
[4] A.V.B. 01-02-11-35.
[5] Cantineau Victor, ° Rance 18-1-1886, Binche 12-5-1952, x Binche 22-4-1911 Basselier Nelly ° Binche 9-5-1890.
[6] Cantineau Lucien-Louis-Edouard, ° Rance 14-2-1887, X Binche 13-8-1910,  Legrand Emilia, ° Binche 4-9-1889, y † 13-7-1983
[7] A.V.B. 01-00-02-21
[8] A.V.B. 01-00-02-21.
[9] Basselier René-Honoré, ° Binche 12-9-1897, x 1°- Dison 14-4-1923 Maria Keyeux, Morlanwelz 20-5-1938; x 2°- Oosduinkerke 25-8-1939, Frand Adrienne, ° Ecaussinnes-d'Enghien 27-7-1912, confectionneur, 25 Av. Marie-José.
[10] Basselier Lucien -Albert-Alfred-Jean, ° Binche 10-8-1906, y † 23-12-1973, x Binche 28-9-1929, Deprez Elisabeth-Marie-Joseph-Ghislain, ° Binche 7-2-1910, confectionneur, 28 Av. Marie-José.
[11] Hovine Gaston,° Antoing 12-5-1902, x Binche 31-1-1925 Marie-Marcelle Basselier, ° Binche 7-12-1895, confectionneur, 21 place Eugène Derbaix
[12] Victor Cantineau-Basselier, employé, cité patron confectionneur en 1930, habitant au 53 av. de Burlet, président du conseil d'administration Moniteur belge (M.B. 12289/1932).
[13] A.V.B. 01-04-09-998
[14] M.B. 13937/196, et A.V.B. 01-04-09-132.
[15] A.V.B. 01-02-11-34, taxes industrielles
[16] F.LIEBAERT Les leçons d'une défaite, 1952
[17] A.V.B. 01-04-09-8
[18] M.B. 25827/1962
[19] M.B. 700.13/1968
[20] M.B. 1544.14/1967
[21] A.V.B. 01-04-09-133
[22] M.B. 2418.10/1973

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