LA DRAPERIE BINCHOISE
DU XIIIe au XVIIe SIÈCLE
Alain
GRAUX
LA TECHNIQUE
Le tissage
est l’art d’entrecroiser des fils pour en faire des tissus.
On distingue deux ensembles de fils, les uns
parallèles au sens d’avancement du tissu en cours de fabrication, appelés fils
de chaîne, les autres perpendiculaires à la chaîne, appelés fils de trame. Le
mode d’entrecroisement peut varier à l’infini, ce qui permet de créer des
tissus très différents les uns des autres.
Les morceaux de tissu les plus anciens datent
du néolithique. Des tissus élaborés et d’une grande finesse ont été retrouvés
en Egypte. C’est en Chine que la technique du tissage progressa le plus
rapidement. On y trouve deux sortes de métiers, celui à traction (Chine et
Europe) et le métier à pédale laissant à l’ouvrier la liberté de ses mouvements
(Chine).
Les métiers à tisser restèrent très primitifs
en Europe pendant des siècles.
L’évolution des métiers à tisser fera
apparaître progressivement :
-
le métier à main : tous les mouvements
nécessaires pour réaliser le tissu sont assurés par le tisseur. On n’y fabrique
que des tissus de petit métrage.
-
le métier mécanique : il comporte un certain
nombre de mécanismes synchronisés, mais le changement de canette est effectué à
la main.
-
le métier automatique : il ressemble au métier
mécanique mais le changement de canette n’est plus manuel.
-
la machine à tisser ou métier sans navette : l’insertion de la trame n’est pas faite
par le moyen classique de la navette, mais par un autre dispositif.
Quelque soit la catégorie à laquelle ils
appartiennent, deux mouvements sont à considérer, le mouvement des fils de
chaîne et le mouvement des fils de trame.
Le chaînage était l’opération qui consistait à
fixer par une
boucle des brins de laine (au centre) aux
chevilles d’un cadre,
opération avant le tissage. Les ouvriers
tendaient la laine sur le
cadre et la raidissaient à l’aide d’une résine
Après quoi, elle
était prête pour le métier à tisser
Le tissage était la dernière étape dans
la transformation du fil en draps que
les marchands binchois allaient vendre.
AUX ORIGINES
Les historiens n’ont guère étudié la draperie
binchoise. L’existence du métier de la draperie dans la ville est carrément
oubliée[1]
ou simplement très controversée[2].
Notre ville n’a pas laissé suffisamment d’archives médiévales qui eussent
permis un travail plus fructueux.
Nous disposons d’une source intéressante, même
si elle nous laisse sur notre faim. Edité par Léopold Devillers, conservateur
des Archives de l’Etat à Mons, le fameux cartulaire des cens et rentes établi
après une enquête des officiers comtaux qui a duré de 1265 à 1286. Ce cartulaire qui est aussi un rentier et un
censier fait l’inventaire des richesses, des droits fonciers, des revenus VI s.fiscaux
dus au comte de Hainaut. Il révèle les rentes sur les masures, les cens sur les
terres, les rentes en nature, etc.
Il spécifie que la halle aux draps comprend des
étaux donnés aux drapiers (transmissibles par héritage), tanneurs et fripiers
qui paient annuellement à la Saint-Rémy (1er octobre) 6 sous blancs.
Cela ne signifie pas que ces draps étaient nécessairement fabriqués dans la
ville, mais que leur commerce était important :
Et si a li cuens se hale de dras, d’escoherie et de viewariers. Si doit
il estaus des drapiers ki est donnés à iretage VI s. par an. De che
doivent :
Li hoir Ribert Cysaire, VI s.
Vinchans Corgnieu, VI s.
Li prestre de Cantinpret, VI s.
Et si a li cuens après I estal dont on prent che qu’on puet
Si fu jadis Kanepin. Valt entor VIII s. par an
Jakemes Lorens, V s. Hues
Kenepin, Vi s.
Et après a li cuens I estal kif u Wybert li Crespe, valt VI s.
Jamineaus del Atre, Vi s. Jehan
Beniaus, XII s. Colars
Brokecherens, Vi s.
Et si après I etit estal dont on ne puet nient avoir.
Jakemes Galons, XII s. Jehans
Galon, XII s. Pières de
Gornemont, XII s.
Jehan de Huy, XII s. Gillars
Raingars, XII s. Jehans Tetins,
XII s.
Colars de Hautchin, VI s. Willaumes
Galons, XII s. Jehans Beausnies, VI
s.
Ansiaus de Lestines, VI s. Colars
li Borderes, XII s. Bertrans de
Lobes
Jehans Blanspains, vI s. Bauduins
Aliles, XII s. Gilles Godelens,
XII s.
Gilebert Corgnieus, VI s. Jehans
Scoufleaus, VI s. Colars Herbrans,
VI s.
Watiers Lubiaus, VI s. Gilles
de Mathies, VI s. Obers li
Borgnes, VI s.
Jehans Sponceaus, XII s. Isaac
des Murs, VI s.
Summe des staus de drapiers : LI et demi, valent XV lib. X s. par
an. Si doit cascuns estaus avoir de largèce II piés et une paume, et de longèce
XI piés. Si rechoit-on ces stalages à le Saint-Rémi »
On remarquera que sur ces cinquante et un étaux
de la halle, vingt-quatre ne sont payés que par douze personnes, deux ne sont
pas occupés, un est trop petit pour en tirer un cens et un est payé par le
prêtre de Cantimpret.
Le comte de Hainaut percevait aussi un droit de
vinage sur les draps passant par Binche, cette taxe est due sur toute
marchandise entrant ou sortant du comté, un tonlieu sur les laines, les filets
(fils), les draps blancs :
« Et si a le cuens en sen winage à Binch LI karée de dras ki kiet et
winage doit IIII s. li karète, II d. ; li summe des dras doit VIII
d. ; li fais à col, II d.
Et si a le cuens au tonliu des laines, de V s I d. et de VI d. ob. Une
ob. Se valt cis tonlius par an entor VII lib. »
Le cartulaire stipule que le maire de l’alleu
de Binche doit avoir « …les melleurs
dras de celui ki muert en l’aluet à ki le cuens prent melleur catel… »,
mais le comte peut se servir le premier si la succession ne comprte que des
draps.
On trouve dans certaines redevances du
cartulaire maints éléments plus probants qui penchent en faveur de
l’établissement de drapiers, il y avit des « polies », c.à.d. des
rames servant à l’étendage et au séchage des draps :
« Les masures Jehans des polies », « Caufelewe, por se maison et por ses polies », « les polies Henri Mignolet ».
Ces épolies » étaient tenues de payer un
cens à la recette du Domaine. Deux fouleries étaient situées, l’une à proximité
du pont à bouzarte et l’autre était proche du moulin par-dessus-le-Mont
(actuelle ferme de la Princesse, chemin de Péronnes).
Il y avait aussi des teinturiers :
« « Gosses li Taintiniers »
« Li masure Francart li Taintenier »,
et des merciers « Bertrans li
merchiers ».
Le cartulaire de la draperie de Mons indique
que les officiers de cette ville étandaient leur juridiction sur la draperie de
Binche. On y remarque que « ...Conseil
que li doyens et cil de le drapperie de Binch vinrent prendre à chiaus de le
drapperie de Mons l’an LX IIII (1354)… »[3].
Il est probable que dans ces marchands,
certains étaient des artisans travaillant la draperie domestique, qui se mua en
draperie plus élaborée au fil du temps. Le compte du prévôt de Binche de
1328-1329 signale l’amende encourue par un certain Bousart, foulon, et trois
autres compagnons pour avoir travaillé « contre l’usaige dou mestier» [4].
Le compte suivant cite Vinchant le Tondeur et
Jehan Vinchant le drapier[5].
Vers 1335, le tonlieu[6]
de « le hale des nues dras »
était affermé pour la somme de 24 livres 6 sous blancs[7]
« Le Tonnieu de le hale as noes dras » signalé par des
comptes du Domaine du XIIIe au XVIIe siècle, produisait 25 livres blancs[8].
Il est à noter que ce tonlieu est à distinguer
de celui des laines. Les draps neufs destinés au commerce des drapiers
s’opposaient au « vies draps »
laissés au commerce des fripiers nommés « vieswariers ».
CONTRÔLE DE QUALITÉ
Aucun écrit ne nous est parvenu concernant la
corporation des drapiers, mais elle dut exister, « li doyens » est cité en 1364 et si l’on en croit ce texte des
environs de 1372-1380, où l’on parle des « rewarts », inspecteurs du
métier, ceux-ci se sont trompés sur la qualité d’un drap, lui ont apposé un
plomb de bon aloi. Plus tard, ce drap se révéla médiocre. Jehan Castiauls le
descella sans en aviser ses pairs, il est puni par une amende pur ce
geste :
« De Jehans Caltiauls pour un drap fait à Binch liquel il et ses
compaignons, rewards de le drapperie,
avoit bullet et sellet comme souffisant. Et despuis fu sceu que ils dits draps
n’estoient mies bon asseis pour passer au reward. Et pour ce, li dis Jehans le
descella sans ses compaignons rewards appeilet, on il fu pour celt cause jugiés
pour cascun des compaignons qui au dit
drap sceller avoient esteit …110s.t. »[9].
Les drapiers binchois se réunissaient à la Saint-Rémi (15 janvier) pur banqueter :
Les drapiers binchois se réunissaient à la Saint-Rémi (15 janvier) pur banqueter :
« As rewards et connestables des drappiers de la ville de Binch,
donnet ensi qu’il est de coustume à la fiste de le Saint-Rémy l’an IIIIXX VIII (1388) quant ils eurent quittet leurs los et pris estaus en le halle IIII
los de vin et une crasse auwe pour a Kancte
XV IIII sols »[10]
On ne peut que constater la réduction du métier
de drapier au cours du temps. En 1335, les étaux de la halle se réduisent à 25.
Au XVe siècle, ils ne sont plus qu’une douzaine. Ce phénomène n’est pas propre
qu’à Binche, la décadence de l’industrie drapière était due à la concurrence des draps venus de
l’étranger.
LA PETITE DRAPERIE
En 1434, Philippe le Bon interdit l’importation
de draps dans les « Pays de par deçà »,
des draps et des filés anglais. La « petite draperie » ou commerce
des sayes ou sayette suppléa à « la
grande draperie » décadente. Les sayes étaient des étoffes, serges de
laines communes de teinte foncée. C’est à n’en pas douter , des artisans travaillant
ces étoffes que l’on rencontre dans les
textes du XVIe siècle sous la dénomination de drapiers.
Le 4 mai 1448, des envoyés de la ville de
Binche vinrent demander aux échevins de la ville de Mons des informations sur
le « petite draperie » qu’on pratiquait dans cette ville, on conclut
de leur donner satisfaction « attendu
que se sont de bons voisins »[11].
Le compte du Domaine de 1495 cite comme
drapiers : Jehan Amourette, Colart Bourlart, willame Bourlart, Laurent
Francquart, Jacquemart Henne, Jehan Moreau, Visme du Trilz, Collart Plicette,
Jehan Sallemont et Jehan Wansart[12],
mais le compte de 1505 ne cite que cinq drapiers exposant leurs produits à la
halle :
« Leurent Francquart drapier demorant à Binche pour ung plein estal dont
on paye par an XXV solz blancs. Item pou ottel : Piere Carmer, Jehan
Moreau, Jehan Gobert, Jacquemart Hayne… »[13].
Leur nombre est fluctuant. Ils sont neuf en
1520-1525 :
Michel de Hayes, Jehan Amourette, Anthoine
Denis, Anthoine de le Motte, Jehan de Dinant, Herme du Trilx, Collart Gilbault,
Bertrand Descrolliers et Jehan Mauraige.
Des attestations médiévales de l’existence du
lieu-dit la « Triperie » tentent à démonter qu’une usine était située
à proximité de la rue des Triperies actuelle où se fabriquait des étoffes de qualité médiocre, comme le situe ce
texte : « une maison, chambre,
graigne, et jardin…gisant au fond de la tripperie, joindant à l’huis de la tour
au ferme, ten. Au rempart et au conduit de la ville… »[14]
AU TEMPS DE MARIE DE
HONGRIE
Divers éléments font penser que l’activité et
le commerce drapier sont bien implantés.
Le 17 juillet 1533, eut lieu la cession en
arrentement d’une maison et ouvroir par Jean Tayenne, bourgeois et marchand
drapier, à Cornille Gilbault, tisserand de toile, pour 50 sols l’an de rente[15].
Le 15 février 1545, Jehan Troye, sayetteur,
vend à Janin du Bois fils Collart, une maison sur la Haulte Cauchie[16].
Il sera encore cité sayetteur le 24
novembre 1552, il se déshérite alor d’une autre maison sise Haulte Cauchie, en
faveur de sa fille Quintine[17].
Parfois on cite un tapissier[18] :
le 4 mai 1545, Jehan Naret fils Michel, tapissier demeurant à Binche, vend à
Pierre Naret, tanneur, une masure aux Roquettes[19]
Mathieu de Ransart, tapissier demeurant à
Binche, vend le 23 octobre 1546, à Sire Robert Moreau, prêtre, chapelain de
l’église de Binche, une maison rue Lion Allart[20].
Le 21 octobre 1549, Guillaume Tayenne, marchand de draps à Beaumont, vend à
Andrieu le Cocq, clerc, son cousin, le jardin dit la Tellerie[21].
Des contacts avec Londres sont établis par les
tayenne :
Le 6 juin 1551, Jean Tayenne, marchand de draps
demeurant à Binche, vend à son fils Ursmer, marchand de draps demeurant à
Londres, des rentes levées sur divers biens à Binche[22] ;
de même le 1er mars 1555, par Philippe Tayenne fils Gilles, marchand
drapier, fait le transport d’un jardin au profit de Philippe Tayenne, fils
Jean, marchand de draps agissant au nom d’Ursmer Tayenne, marchand de draps
demeurant à Londres[23].
Le 23 juin 1552, François Moreau et Charles
Ansseau mari de Marguerite Fiefvet, ont baillé à rente et à main ferme à
Collart Gilbart, fils martin, marchand de draps demeurant à Binche, une maison
sise près de ma grande fontaine de Binche[24].
En 1554, à l’époque la plus florissante de la
cité, onze étaux de drapiers sont tenus par la veuve Denis le Bailly, Cornil Le
Clercq, Anthoine Destenne, Colin et Collart Gilbart, la veuve Simon Huelin,
Godefroid Jacquet, Jehan Moreau, Guillaume de le Motte, Jehan Odreau et
Philippe Tayenne.
LES SUITES DU SAC DE
LA VILLE
La fabrication et le commerce des draps furent
ruinés suite au sac de la ville du 22 août 1554.
Par une requête envoyée à Marie de Hongrie,
dame de Binche, les fermiers du tonlieu des laines, Meslin du Jon, Philippe et
Simon Bosquet, père et fils, demandent d’être libérés de leurs obligations, car
il ne se vend plus de laine dans la ville :
« …par fortune de la guerre et ruyne d’icelle cille la dite marchandise
qui estoit la principalle de quoy l’on se mesloit en la dite ville, comme est
notoire, estoit venue en décadence, de sorte que tous ceulx meslant de laines
n’en estoit demouré ung seul, mais sestoient rethirés à Mons, Songnies et
d’aultre part dans les villaiges non bruslez… »[25].
Il n’y a plus qu’une douzaine d’ouvroirs
« dont le meilleur ne valait pas l’un des anciens » et pourtant il y
avait en 1549 environ 70 ateliers qui travaillaient la laine que l’on
accumulait, surtout en mai, juin et juillet, mois « pendant lesquels se
faisait la principale provision de l’année »[26].
Néanmoins on trouve encore dans le greffe Scabinal
des actes où apparaissent quelques représentants du commerce de la
draperie :
Le 21 décembre 1554, Anthoine de le Motte,
marchand de draps demeurant à Binche déclare qu’après son trépas, ses biens
appartiendront à Waudru Gilbart[27].
Philippe Tayenne, fils Jean,vend le 11 novembre
1555, à Pierre Candamaine, marchard de laine demeurant à Binche une maison rue
de la Carlerie (rue de Mons)[28].
Le 23 octobre 1556, Leurent de Jeumont vend à
Jehan Moreau, marchand de draps, 60 livres de surcens levés sur un cellier[29].
Gille Corne, tisserand demeurant aux Roquettes,
faubourg de Binche, vend le 20 juin 1560, une maison à la Carlerie, derrière
les Trois Rois[30].
Le 8 janvier 1566, Jehan Minne vend à Anthoine
le Voet, marchand de draps demeurant à Binche, une rente due sur une maison au
Marché[31].
Le 13 mars 1570, « la masure, tainture, caudière et hostel y servant d’estable, jardin et
héritaige dui fu aux hoirs Gilles Vernoye, gisant hors la porte Saint-Jacques,
faubourg de Binch, tenant au pré as Asnes, aussi à Andrieu le Hayt et aux rues
est demoré à nouvelle rente à fautede réédifier, à Jehan Zecque, tainturier au
prix de 35 L .
12 d… »[32].
Les comptes du Domaine signalent une foulerie
de draps située près des moulins saint-Jacques :
De 1559 à 1573, c’est Piérard Dodo, foulon qui
paie par arrentement
« pour un nouveau arrentement à luy accordet par jean Hannart lors
receveur, le faulx rieu du moelin Saint-Jacques joindant sa foullerie de 12 pieds de large ou
environ, joindant depuis la muraille du welz jusqu’au thour de l’eauwe dudit
moelin, à charge de payer deux chapons au noël… »[33].
LE RENOUVELLEMENT DES
COUTUMES
Le renouvellement des coutumes, rendu
nécessaire par leur perte lors du sac de la ville, fut réalisé en mars 1589.
Les articles 9 et 10 sont consacrés au métier de la draperie. La confection des
draps est réalisée sous la surveillance des « eswars » de la ville :
« 10.
Qu’estant la loi et magistrat de ladite ville renouvellé en la forme susdite
chacun an, au commencement du susdit mois de fébvrier, seront tost après l’introduction
de chacun en charge, par lesdit prévost, jurez et conseil, renouvellez les
connestables et eswars des mestiers, et as ce choisis les plus idoines,
lesquels s’obligeront par serment d’en cette charge bien et soigneusement
s’acquitter et faire bon rapport, après avoir de mesme juré qu’ils sont
catholiques, et font profession de la seule religion apostolique romaine, et ne
participent à aucune hérésie ou opinion contraire à ladite religion, ny
permettront qu’à leur adveu où sçeu soit fait au préjudice de nos droits
et hauteurs.
11. Que par lesdits
jurez et six du conseil seront créées les six personnes de la vingtaine, qui
ont le regard et administé justice, en ce qui dépend de l’art et mestier de la
sayetterie, de mesme le doyen de la drapperie qui avec ses eswars a semblable
administration de justice sur ledit mestier de drapperie et feront iceulx
pareil serment que les susdits connestables, tant au regard de la religion, que
ce qui concerne leur charge et authorité… »[34].
LE REGISTRE DE BOURGEOISIE
Peu à peu, la sayetterie, draperie rurale d’un
genre nouveau, développa ses activités comme en témoigne en 1619 le registre
des droits de bourgeoisie.
Celui-ci révèle les noms des drapiers binchois
de cetemps ; chaque bourgeois paie 2 sols 6 deniers à la Saint-Rémi[35].
Deux sortes de fabrications y sont désignées : la draperie et la génoise[36].
Draperie : Charles Chevalier, maître ; Gilles
wamberchies ; Emile de le Vigne ; Jean Dampremy ; Jean
Delebecq ; Jean Gilbart ; Jean Philippe ; Louis Millebille et Nicolas
le Voet.
Génoise :
Jean Hulin, maître ; François Maret, lieutenant ; Antoine
Durant ; Floris Beghin ; Jean du Puich.
Le 11 février 1631, le registre d’audiences de
la ville signale : « Dénommez
pour doiens de la drapperie Me Foeillien Deppe, Guillaume Stassart, Me Bauduin
Navet et pour lieutenans Me Charles Jean et Foeillien du Trieu »
Le même registre en février 1632 cite :
« Henri Defaux, doien de la drapperie et les lieutenans Nicolas Deppe et
Bauduin Willemotte »[37].
Cette année là les droits de la halle des
nouveaux draps étaient affermés pour la somme de 17 livres . On payait 28
deniers pour les grands draps, outre un denier est prélevésur six draps à titre
de gabelle.
Le preneur devait entretenir « les navetz, foretz, coings, marteaux, plombs
et aultres semblables instruments qu’il convenoit avoir pour seeler les draps
de taincterie… ». Il recevait deux sous pour chaque pièce de drap
qu’il était requis auner et un denier pour chaque plomb apposé[38].
[7] A.E.M, extrait de compte de la recette générale de
l’ancien comté de Hainaut, t. 1 (1334-1400), Mons, 1871, p.17.
[9] E. ROLAND, La justice à Binche et dans sa prévôté (1372-1380), dans Les Cahiers Binchois, n° 2,
1979, p.23.
[11] Archives de la ville de Mons, n° 1296. Registre aux
résolutions (1425-1456)
[14] Transcription par le baron de Moreau du greffe
scabinal. Embrefs, reg. 3.
[16] Transcription par le baron de Moreau du greffe
scabinal. Embrefs, reg. 1, f° 84.
[17] Transcription par le baron de Moreau du greffe
scabinal. Embrefs, reg. 2, f° 79 v°.
[18] On ne peut assimiler le métier de tapissier à celui de
drapier. L’étude d’Ernest Matthieu : Le métier des tapissiers de haute
lice à Binche, bulletin des commissions royales d’art et d’archéologie, tend à
démontrer que des tapissiers exercent leur art à Binche sous la Renaissance,
mais il ne peut avancer que quelques noms d’artisans, tels que ceux cités ici.
Aucune trace de cette activité n’est présente dans les archives, si ce n’est
quelques tentatives du Magistrat citées dans cet article.
[19] Transcription par le baron de Moreau du greffe
scabinal. Embrefs, reg. 1, f° 71.
[24] Transcription par le baron de Moreau du greffe
scabinal. Embrefs, reg. 1, f° 75.
[25] M.A. ARNOULD, Les répercussions
démographiques du siège et de la ruine de Binche en 1554, in Mélanges Georges Smeth, p.67.
[27] Transcription par le baron de Moreau du greffe
scabinal. Embrefs, reg. 3, f° 11.
[35] A.V.B. 00-00-02-2.
[37] A.V.B. 00-00-01-15.
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