jeudi 2 mars 2017

Le chemin de fer vicinal à vapeur de Binche


Le chEmin de fer vicinal à VAPEUR DE Binche
                                                     Alain GRAUX
L’introduction du chemin de fer vicinal dans notre région ne se fit pas sans de nombreux efforts de la part de la Ville de Binche.
Voici les différentes phases pour son installation.

La ligne Binche-Bracquegnies
En 1888, on était au début de l’établissement des vicinaux dans le pays, l’administration communale apprit qu’il était question de créer une ligne de Manage à Haine-Saint-Pierre et Bracquegnies.
Par délibération du 21 août 1888, le conseil communal de Binche émit le vœu de voir étudier la question du prolongement de cette ligne depuis Haine-Saint-Pierre jusque Binche.
Par le courrier daté du 25-10-1888, M. Lebrun, secrétaire général de la  Société Nationale des Chemins de Fer Vicinaux,  répondit :
« Messieurs,
Notre service provincial du Hainaut vient de nous transmettre son rapport au sujet du prolongement de la ligne vicinale « Haine-Saint-Pierre- Binche sollicité  par votre conseil communal.
Il résulte de cette étude l’impossibilité d’établir un ouvrage d’art, qui nous permette d’éviter le passage à niveau des voies de l’Etat à Haine-Saint-Pierre, nous obligerait à reporter la voie vicinale d’environ 400 m de ce point ; outre des terrains industriels très coûteux à traverser, il faudrait encore y établir un passage supérieur pour trois voies. De plus, les fortes rampes que présenterait une partie du tracé, sur l’accotement de la route de Haine-Saint-Pierre à Péronnes, rendraient impossible l’établissement d’un service de grosses marchandises ; à un coût kilométrique très élevé correspondrait donc une recette annuelle que seul le transport des voyageurs et des petits colis, ne saurait rendre suffisante pour couvrir les charges du capital et les frais d’exploitation.
Ajoutons que la ligne demandée ne desservirait en réalité –pour une longueur de 7Km- que les deux centres de Haine-Saint-Pierre et Binche, déjà reliés par un chemin de fer.
Dans ces conditions, nous estimons, Messieurs, qu’une suite favorable ne saurait être actuellement donnée au vœu exprimé par votre conseil communal.
Veuillez agréer, … »
C’est donc un refus qui oblige l’administration communale d’envisager de tourner ses efforts d’un autre côté. En  1890, elle apprit que l’on mettait à l’étude la création d’une nouvelle ligne de La Croyère (La Louvière) à Estinnes-au-Val par Saint-Vaast-Péronnes-Bray. Elle conçut le projet d’un embranchement de Binche à Péronnes, et d’accord avec l’administration communale de cette commune, elle résolut de faire toutes les diligences  nécessaires.
Lors d’une réunion des administrations communales intéressées qui eut lieu à Mons le 6-2-1891, les édiles de La Louvière et de Houdeng combattirent l’idée de ce branchement parce qu’il devait donner satisfaction aux intérêts de la ville de Binche. Selon eux, Binche ne devait pas avoir de vicinal.
En mars 1891, le conseil communal de La Louvière rejeta formellement le projet d’embranchement de Péronnes à Binche.
L’idée de cet embranchement donna l’idée d’une ligne de Binche à Bracquegnies par Péronnes et Saint-Vaast. C’était le seul moyen de relier Binche au bassin du Centre par une ligne vicinale.
Après de longues discussions les localités de Binche, Péronnes, Saint-Vaast et Stépy-Bracquegnies s’engagèrent à supporter les frais d’étude du projet de la ligne.
M. L’Hoir, ingénieur provincial, dressa un avant-projet et envoya son rapport à M. de Burlet, directeur général de la S.N.C.V., le 14 avril 1892.
Avant de saisir de l’affaire le conseil d’administration la S.N.C.V., M. de Burlet, selon l’usage, transmit ce rapport à la députation permanente du Hainaut.
Le gouverneur du Hainaut, le comte d’Ursel écrivit le 15 juin 1892, à la S.N.C.V. à Bruxelles :
« Messieurs,
En réponse à votre lettre du 28 avril dernier, 1ère division, n°10403, j’ai l’honneur de vous faire connaître que la Députation permanente, de l’avis conforme de la Commission provinciale des chemins de fer vicinaux, estime qu’il y a lieu de surseoir à l’étude du projet de la ligne de Binche à Strépy et de dresser le plus tôt possible, le projet de la ligne de la Croyère à Bray… »
Après cette lettre, tout paraissait de nouveau compromis, la Députation adoptait le projet de la Croyère à Bray, sans l’embranchement de Péronnes à Binche.
Le Collège du bourgmestre et des échevins résolut alors de se tourner vers Armand Wanderpepen, député permanent et Fernand Hauchamps, conseiller provincial du canton de Binche, leur exposa la situation et d’accord avec eux écrivit à la S.N.C.V. le 10-11-1892 :
« Monsieur le Directeur général,
Par votre lettre du 15 octobre dernier, vous avez bien voulu nous faire connaître que par dépêche du 15 juin dernier, n° 66.672, dont vous nous transmettiez copie, Monsieur le gouverneur vous avait annoncé que la Députation permanente était d’avis qu’il y a lieu de surseoir à l’étude de la ligne de Binche à Strépy-Bracquegnies. Vous ajoutiez que dans ces conditions il vous était assez difficile de soumettre ce projet à l’examen de votre conseil d’administration.
Nous avons l’honneur de vous faire observer que, si la Députation permanente a émis l’avis, en juin dernier, qu’il y avait lieu de surseoir à l’étude de la ligne de Strépy et de dresser le plus tôt possible le projet de la ligne de La Croyère à Bray, c’est que si dans  l’idée de plusieurs de ses membres, si pas de tous, la ville de Binche et d’autres communes devaient être reliées à la ligne de La Croyère à Bray par un embranchement de Péronnes à Binche. Cet embranchement enlevait évidemment beaucoup de son importance au projet de Binche à Strépy par Péronnes.
Aujourd’hui qu’il est acquis que l’embranchement de Binche à Péronnes ne peut s’effectuer, par suite du refus de plusieurs communes intéressées à la ligne principale, nous avons le ferme espoir que la Députation permanente émettra l’avis qu’il y a lieu de mettre à l’étude le projet de Binche à Strépy.
Nous vous prions de vouloir bien faire part des observations qui précèdent à Monsieur le gouverneur du Hainaut afin que la Députation permanente puisse être de nouveau saisie de la question…»
Suite à cette lettre, Constantin de Burlet écrivit le 25-11-1892 au gouverneur du Hainaut
« Monsieur le Gouverneur,
Nous avons l’honneur de vous transmettre par la présente, copie de la lettre adressée à l’administration communale de Binche le 18 courant au sujet de la ligne de Binche à Strépy-Bracquegnies.
En présence des considérations exposées dans cette lettre, nous vous prions de bien vouloir soumettre ce projet à un nouvel examen de la Députation permanente et d’engager ce collège à émettre un avis favorable sur cette question.
La construction de la ligne de Binche à Strépy donnerait satisfaction à tous les intérêts en cause ; plusieurs administrations communales intéressées à la ligne La Croyère-Estinnes-au-Val s’opposant à la fusion du capital de cette ligne avec celui d’un embranchement vers Binche, nous proposons de fusionner le capital de la ligne de La Croyère à Estinnes-au-Val avec celui des chemins de fer vicinaux du Centre, et de construire la ligne de Binche à Strépy au moyen d’un capital distinct.
Dans ces conditions, nous espérons que la Députation permanente ne verra plus aucun inconvénient à approuver ce dernier projet.
Quant à la ligne de la Croyère à Estinnes-au-Val, dont vous nous avez transmis l’avant-projet par votre dépêche du 12 novembre courant, nous ne pourrons en solliciter la prise en considération que lorsque toutes les délibérations communales concernant le remboursement éventuel des frais d’études nous seront parvenues… »
La décision d’approuver le projet tomba donc en mars 1893.
Cette prise en considération qui paraissait devoir être obtenue facilement, suscita au contraire de nouvelles difficultés.
Le 22-11-1893, M. de Burlet écrivait à l’administration communale de Binche :
« Messieurs,
Par dépêche du 26 octobre dernier, M. le Ministre de l’Agriculture, de l’Industrie et des Travaux publics, nous a fait connaître que le Département  de la guerre n’a pas d’objections à présenter contre l’octroi éventuel d’une concession de cette ligne ; par contre M. le Ministre des Chemins de fer, Postes et Télégraphes a subordonné son approbation à la condition « qu’il sera formellement interdit de délivrer sur la dite ligne des billets d’aller et retour ou des billets de sociétaires, avec réduction et d’y organiser des trains de plaisir »
Dans la dépêche précitée, M. le Ministre de l’Agriculture, de l’Industrie et des Travaux publics ajoutait qu’il ne pourra statuer sur notre demande de prise en considération que lorsqu’on lui aura soumis l’estimation détaillée des dépenses et des recettes probables de la ligne dont il s’agit.
Avant de faire procéder aux études nécessaires pour nous permettre de dresser cette estimation, nous vous prions , Messieurs, de bien vouloir nous faire connaître si, en présence des réserves stipulées par le Département des Chemins de fer, et qui sont reproduites ci-dessus, votre ville ainsi que les communes de Péronnes, Saint-Vaast et Strépy (dont vous nous avez transmis les délibérations) accorderont leur concours financier au projet»
Les études nécessaires pour élaborer ce mémoire durèrent jusqu’en août 1894.
Le devis inséré dans le document adressé le 24 août 1894, par le directeur de Burlet à l’administration communale stipule que le capital nécessaire est de 666.000 francs soit 56.923 francs par kilomètre.
Ce capital se répartit comme suit :
Etat ¼             166.000 Fr. de capital
Province ¼      167.000 Fr. de capital
Communes ½ 333.000 Fr. de capital réparties comme suit :
Binche :          115.000 Fr. de capital
Péronnes :         79.000 Fr. de capital
Saint-Vaast :     96.000 Fr. de capital
Strépy :             43.000 Fr. de capital

Il ne s’agissait plus seulement, en ce moment, d’obtenir la prise en considération du gouvernement, il fallait obtenir des communes intéressées, qui ne s’étaient engagées qu’à rembourser les frais d’étude, le vote de leur part contributive dans la formation du capital.
Plusieurs communes hésitaient à souscrire leur part d’intervention.
L’administration des chemins de fer de l’Etat devait encore susciter de graves difficultés
Dans le projet primitivement soumis au gouvernement, la ligne, après avoir traversé Péronnes et Saint-Vaast, se dirigeait sur le hameau de Strépy et de là sur Bracquegnies. A la demande des communes intéressées et dans l’intérêt de la ligne, l’ingénieur provincial avait modifié ce tracé. Au sortir de Trivières et de Saint-Vaast, au lieu de tendre vers Strépy, la ligne prenait la direction de Bois-du-Luc, gagnait la station de ce nom où l’on projetait l’établissement d’une gare de transbordement, puis longeait le chemin de fer de Mons à Manage sur 1 km, le traversait au moyen d’un passage supérieur, pour le longer de nouveau jusqu’à proximité de la gare de Bracquegnies où elle faisait sa jonction avec la ligne vicinale du Centre.
Le tracé primitif qui était de 11 km avait un grave défaut, au sortir de l’agglomération de Péronnes à Saint-Vaast, il s’enfonçait en pleine campagne sans rencontrer d’habitations, sauf au hameau de Strépy.
Le second tracé avait l’avantage de longer cette agglomération, ensuite il reliait cette dernière à Bois-du-Luc, gare de chemin de fer la plus proche, tandis que le tracé primitif ne donnait accès qu’à la gare de Bracquegnies, plus éloignée.
Le Ministre des Chemins de fer,  Jules Vandenpeereboom,  fit savoir au directeur général de Burlet par lettre du 8-2-1895, qu’il ne pouvait admettre le second tracé parce que le tronçon projeté de Bois-du-Luc à Bracquegnies avait pour but de concurrencer le trafic du chemin de fer de l’Etat.
Enfin après beaucoup de discussions et de courrier, en septembre 1895, le Ministre délégua M. Ramaeckers, secrétaire général de son département, pour visiter sur place le tracé de la ligne et le tronçon litigieux. Cette visite s’effectua le 2 octobre en compagnie du bourgmestre de Binche, Derbaix, du directeur général de la S.N.C.V., de Burlet, de l’ingénieur du service provincial M. Simon et des délégués des communes.
Suite à cette visite, le ministre des Chemins de fer levait son opposition, dans la lettre qu’il écrivit à Constantin de Burlet le 25-11-1895, le ministre dit «… Je ne m’opposerai pas, au point de vue de la concurrence avec les grandes lignes établies, à la réalisation du projet …».
A cette époque, le gouvernement, par une déclaration faite aux Chambres, annonça son intention de porter à l’avenir, à la moitié (au lieu du quart) l’intervention financière de l’Etat dans les lignes vicinales, celle-ci ne fut obtenue qu’en octobre 1896.
Une nouvelle répartition du capital fut donc établie :
Etat : ½                       346.000  Fr.
Province : ¼               173.000  Fr.
Communes : ¼           173.000 Fr.
Capital des communes est réparti comme suit
Binche :                      39.000 Fr.
Péronnes :                   39.000 Fr.
Saint-Vaast :               20.000 Fr.
Trivières :                    20.000 Fr.
Le 6-11-1896, C. de Burlet écrivait à l’administration communale de Binche :
« …nous avons supprimé, dans la nouvelle répartition, la souscription particulière du charbonnage de Strépy parce que, comme vous le savez, Messieurs, les actionnaires particuliers touchent 1% de plus que les pouvoirs publics ; la part du capital déjà souscrite par les communes et les particuliers s’élevait à 351.000 Fr., soit 5.000 Fr. de plus que la moitié ; afin de ramener ces souscriptions au quart du capital tout en supprimant la souscription particulière, nous avons dû porter celle de votre ville à 94.000 Fr. au lieu de 91.000. Elle était primitivement de 182.000 Fr. »
Comme on le voit, le conseil communal de Strépy, complètement modifié depuis les élections, refusait toute intervention, par contre Trivières comprenant mieux son intérêt, et satisfaite d’une modification du tracé souscrit sa quote-part.
Le 4-12-1896, l’administration communale de Binche envoyait à la direction des vicinaux toutes les délibérations des communes intéressées.
Le 15-12-1896, l’ordre est donné de dresser les plans de la ligne, le dossier complet est transmis par la S.N.C.V. au gouvernement.
Le 19-3-1898, le Moniteur publiait l’arrêté royal de concession octroyé par le roi Léopold II le 23 février 1898.
Le cahier de charge spécial au chemin de fer vicinal de Binche à Bracquegnies  édicté le 23-2-1898, stipule :
le prix du transport des voyageurs est fixé à 7 centimes du kilomètre, avec minimum de 15 cts. Pour la 1ère classe.
5 centimes pour les voyageurs de seconde classe avec minimum de 10 cts  des abonnements scolaires et pour les ouvriers sont prévus.
le prix des bagages est fixé à 6 cts. Par 100 kg et par km.
En juin 1898 les plans parcellaires nécessaires aux expropriations furent commencés.
Le 5 juillet 1900, sur proposition du conseiller Labrique, le conseil communal décide de demander une nouvelle étude à la S.N.C.V. pour les voies de garage et une entrevue sur les lieux avec un fonctionnaire de cette société[1]. Le 23-7-1900, après avoir examiné la question des voies de garage du vicinal de Binche à Bracquegnies, le conseil communal décide de reporter ces voies près de la chaussée de Merbes, entre la rue de Buvrinnes et la voie ferrée[2].
Les négociations pour l’acquisition des emprises et les travaux de constructions débutèrent en janvier 1899.
Il fallut encore attendre quatre ans avant que la ligne soit ouverte, elle fut inaugurée en 1903.
Le 4-3-1904, la S.N.C.V. demande à la Ville de Binche, l’autorisation d’établir une voie et un quai de chargement pour grosses marchandises à l’entrée de la rue d’Hurtebise, l’autorisation est  accordée le 12 mars.
Il y avait huit convois par jour dans chaque direction, le dimanche et les jours fériés, il y avait  huit convois supplémentaires.
Le trajet Binche à Bracquegnies se faisait en 50 minutes.
Le 17-11-1923, la S.N.C.V demanda l’autorisation de créer une voie de garage à établir à Binche, rue de Bruxelles à la cumulée 1173.
L’autorisation fut accordée le 3-12-1923.

                       On peut voir sur cette photo, le premier tram de la ligne Binche-Bracquegnies

La ligne Binche-Bersillies-l’Abbaye-Beaumont
Le 24 novembre 1898, eut lieu à l’hôtel de ville une réunion de la commission provinciale des chemins de fer vicinaux, des inspecteurs de la voirie et des délégués des communes intéressées à l’effet d’examiner un avant-projet de chemin de fer vicinal de Binche à Merbes-le-Château et Solre-sur-Sambre. Ce projet a rencontré l’adhésion générale et il a été décidé de le mettre immédiatement à l’étude[3].
Le 21 avril 1899, le conseil communal décide de prier la S.N.C.V. de bien vouloir étudier le plus tôt possible, un chemin de fer vicinal de Binche à Bersillies-l’Abbaye et de solliciter de l’Etat et de la province, la souscription d’une partie du capital nécessaire à la mise en exploitation de cette ligne, de supporter une part des mêmes frais, équitablement répartis entre les autres communes intéressées et de rembourser à la Société Nationale la part qui lui incombera dans les frais d’études déboursés par cette société en cas de non exécution du chemin de fer.[4]
Le projet de la ligne de Binche à Bersillies-l’Abbaye fut déposé en 1900, elle fut autorisée par la S.N.C.V. le 20 janvier 1902 et la concession de passage fut autorisée le 9 février 1907[5].
Le 22 septembre 1900, le conseil communal, suite à la requête de M. Théo Franck, de Bruxelles, tendant à établir un service public de transport de Binche à Jeumont, via Vellereille et Merbes, refuse, vu que ce service causerait une concurrence préjudiciable à la ligne de Binche à Solre-sur-Sambre, dont la prise en considération vient d’être accordée[6].
Le 17-3-1902, le conseil communal décide que si la ville de Beaumont ne souscrit pas à sa quote-part dans les frais de construction du chemin de fer vicinal de Binche à Merbes et Beaumont, il y aura lieu de poursuivre l’ancien projet allant sur Bersillies[7].
Le 27 septembre 1902, le bourgmestre fait connaître qu’en présence de l’attitude du conseil communal de Beaumont, qui n’a voté que 25.000 Fr. de participation, alors que sa quote-part est fixée à 51.000 Fr., et qui met en question le projet de ligne de Binche-Merbes-Beaumont, il a cru utile d’aller à Bersillies l’Abbaye avec l’ingénieur principal Simon pour engager le conseil communal de cette localité à voter les frais d’étude d’un projet de ligne de Binche-Merbes-Bersillies jusqu’à la frontière.
Le conseil communal de Bersillies a voté les frais d’étude deux jours après.
Le conseil communal de Binche considérant que ce tronçon rattaché à la ligne principale en projet Binche-Merbes-Beaumont procurerait un trafic supplémentaire considérable. Qu’il est certain dès maintenant que le produit en voyageurs et marchandises de la ligne en projet de Merbes-Bersillies sera plus considérable que celui du tronçon de Merbes-Beaumont, décide de prier la S.N.C.V. de solliciter le plus tôt possible la prise en considération de la ligne Solre-Bersillies-l’Abbaye (frontière)[8].
En séance du conseil du 3 novembre 1902, le conseil, considérant …que la ligne de Binche à Beaumont exigera pour sa construction et pour l’acquisition du matériel d’exploitation un capital évalué à 1.768.000 Fr.
Que la Province et l’Etat, seront sollicités d’intervenir respectivement à concurrence du quart et de la moitié dans la souscription de ce capital, et que par conséquent il resterait à fournir par les différentes communes intéressées le complément soit 442.000 Fr.
Décide que la ville de Binche interviendra jusqu’à concurrence de 144.000 Fr. dans la formation du capital nécessaire à la construction et l’acquisition du matériel d’exploitation du chemin de fer vicinal de Binche à Beaumont
Que le capital de cette ligne pourra être fusionné avec ceux des extensions à créer ultérieurement, lorsque l’adhésion à cette fusion aura été accordée par l’Etat et la Province…[9]
Le 29 septembre 1903, le conseil approuve les conclusions de M. Ghisbain au nom de la Commission des finances :
Messieurs,
Il nous a été communiqué une lettre adressée au Collège échevinal de notre ville par laquelle la Société Nationale des Chemins de fers Vicinaux lui fait connaître que le gouvernement va lui accorder la prise en considération de l’embranchement de Solre-sur-Sambre à Bersillies.
La part de Solre-sur-Sambre pour la formation du capital s’élève à 59.000 Fr.
La Commission des finances estime que cet embranchement est de nature à favoriser le commerce binchois et verrait avec plaisir la réalisation de ce projet.
Mais la commune de Solre-sur-Sambre se refuse à toute intervention.
Dans ce cas, la commission s’est demandé si Binche ne devait pas intervenir. Elle estime que oui.
Elle vous propose donc de décider qu’il y a lieu pour Binche de prendre à sa charge cette somme de 59.000 Fr., mais en laissant au Collège le soin de négocier de manière à arriver, si possible, à une intervention moins importante, soit en priant la commune de Bersillies de majorer sa participation, soit en faisant une nouvelle démarche auprès de l’administration de Solre ou de particuliers que la chose pourrait intéresser[10]
Le 12-3-1904, la S.N.C.V. a effectué un mémoire descriptif de l’embranchement de Solre à la frontière.
Le coût total de 400.000 Fr. est réparti comme suit :
Etat     ½         200.000 Fr.
Province ¼      100.000 Fr.
Communes ¼ 100.000 Fr. dont à charges de Bersillies : 41.000 Fr.
                                                                de Solre-le-Château : 59.000 Fr.
La commune de Solre se refuse à souscrire sa part sous prétexte qu’elle intervient déjà pour 50.000 Fr. pour la ligne principale.
Par sa lettre du 7 mars, l’administration communale de Bersillies-l’Abbaye fait connaître qu’elle a souscrit sa part d’intervention, mais qu’elle refuse de prendre à sa charge la moitié de la part de Solre, ainsi que lui avait proposé la Ville de Binche, qui dans cette hypothèse aurait souscrit l’autre moitié.
La Commission des finances de Binche écrivit à la commune de Bersillies :
« Messieurs,
Comme suite à votre lettre du 7 courant, nous avons l’honneur de vous faire savoir que la Ville de Binche, qui a déjà pris à sa charge une somme de 136.000 Fr. pour l’établissement de la ligne principale de Binche à Beaumont, par suite du refus de plusieurs communes de souscrire leur part, ne peut prendre un nouvel engagement de 59.000 Fr. aux lieu et place de la commune de Solre.
Elle vous propose de nouveau la souscription de cette part par moitié entre Binche et Bersillies.
Vous voudrez bien remarquer qu’en persistant dans votre refus, vous prendrez la responsabilité de faire échouer la seule ligne vicinale qui puisse tirer votre commune de l’isolement et favoriser ses intérêts tant du côté de la Belgique, que du côté de la France »[11]
Le conseil communal de Binche décida le 31 août 1904, qu’il interviendra jusqu’à concurrence de 52.000 Fr. dans la formation du capital de la ligne vicinale de Solre-le-Château à Bersillies-l’Abbaye (frontière).
Qu’elle se libérera au moyen d’annuités à concurrence de 1820 Fr. pendant 90 ans et que cette somme sera régulièrement inscrite au budget.
Le conseil autorise la S.N.C.V. à établir sur le domaine communal les supports de la ligne téléphonique à affecter au service du chemin de fer précité[12]
Les travaux du tronçon de Binche à Bersillies-l’Abbaye débutèrent en 1908, mais seront interrompus pour permettre l’aménagement du pont d’Hurtebise. Le 18 mars 1911, le conseil communal reçoit communication  des tractations relatives à certains différents qui ont surgi au sujet du passage de la ligne sous le pont d’Hurtebise.
En attendant une solution favorable, le conseil est d’avis de solliciter la création d’une voie provisoire par la rue du Transvaal et prend la délibération suivante :
Attendu que les travaux du chemin de fer vicinal de Binche-Merbes sont presqu’entièrement terminés, mais que la question du passage sous le viaduc du chemin de fer de l’Etat dénommé « pont d’Hurtebise » n’est pas sur le point de recevoir une solution…décide de prier la société nationale de construire une voie provisoire par la rue du Transvaal jusqu’au passage à niveau de la rue de Merbes.

                            Le pont d’Hurtebise avant son aménagement pour laisser passer le tram vicinal

Lors de la même réunion du conseil, celui-ci décide de prier la S.N.C.V. d’accorder la concession de la ligne Binche-Merbes-Beaumont à la S.A. des Chemins de fer vicinaux de Binche-Bracquegnies et extensions.
MM Leroy A., Ghisbain, Labrique, Lefèbvre et Meunier se sont abstenus au vote parce qu’ils sont intéressés dans cette société anonyme.
En mai 1911, un nouveau tracé aux abords du pont d’Hurtebise est soumis au conseil. Une réunion sur place du conseil avec M. de Burlet, directeur général de la S.N.C.V. et du commissaire voyer eut lieu.
Le 14 septembre 1911, l’ingénieur provincial des chemins de fer vicinaux fait savoir que la voie provisoire, sous le pont d’Hurtebise, sera réalisée afin de permettre l’exploitation de la section Binche à Merbes en attendant la construction du nouveau pont métallique.
Le 15 septembre 1911, le ministre des chemins de fer, annonce que suite aux instantes démarches effectuées par le bourgmestre, la S.N.C.V. consent à intervenir pour 25.000 Fr. dans les frais de substitution d’un tablier métallique à la voûte du pont d’Hurtebise.
L’inauguration de la ligne eut lieu le 18 mai 1912 pour le tronçon Binche-Merbes-le-Château. Le 3-3-1914 inauguration du tronçon Merbes-le-Château-Solre-sur-Sambre, et le même jour pour le tronçon Solre-sur-Sambre-Bersillies-l’Abbaye, ce dernier tronçon fut fermé temporairement en 1921
En 1935, on remplaça le tram à vapeur par autorails pour la ligne Binche-Bersillies-l’Abbaye-Beaumont,. Cette ligne fut fermée le 1er août 1953.

La ligne Binche-Anderlues
Le 18 février 1903, le conseil communal de Binche, considérant qu’un prolongement de la ligne de Binche à Anderlues de la ligne Binche-Bracquegnies, rendrait de grands services aux localités traversées et pourrait être exploité avantageusement, décide de prier la SNCV de bien vouloir étudier un prolongement du chemin de fer vicinal de Binche-Bracquegnies[13].
Le 21 juillet 1904, le conseil communal de Binche prend connaissance d’un projet de plan pour la ligne Binche-Anderlues et estime que ce plan peut être adopté[14].
Le 7 novembre 1904, le conseil communal après avoir pris connaissance de la correspondance échangée entre la S.N.C.B. et le Collège échevinal, décide qu’il est prêt à souscrire immédiatement à la quote-part qui incombe à la Ville dans la formation du capital de cette ligne, le tracé ne soulève pas d’objection sauf à partir de la gare de Binche. Il est facile de l’aplanir en plaçant près de la gare de Binche le terminus de cette ligne[15].
Le 10 décembre 1904, le conseil communal considérant que le capital nécessaire à l’établissement de la ligne Binche (Gare) à Anderlues et l’acquisition du matériel d’exploitation nécessitera la somme de 700.000 Fr., que l’Etat est sollicité pour la moitié et la province pour le quart, il resterait aux communes intéressées et aux particuliers souscripteurs à fournir la somme de 175.000 Fr.
Considérant que la ville de Binche  a le plus grand intérêt à ce que la ligne soit construite et livrée à l’exploitation dans le plus bref délai, décide que la commune interviendra à concurrence de 38.000 Fr. dans la formation du capital nécessaire à la construction et à l’acquisition du matériel d’exploitation du chemin de fer vicinal de Binche (station) à Anderlues.[16]
En septembre 1905, une augmentation du capital est prévue soit 760.000 Fr. dont 190.000 Fr. doivent être souscrits par les communes et 41.000 Frs en particulier pour Binche.
Le 13 août 1907, le conseil communal de Binche, vu la lettre du gouverneur du 5 juillet, constatant qu’aucune opposition n’est faite pour l’établissement d’une ligne vicinale de Binche à Anderlues, émet l’avis que le tracé proposé est adopté.
La ligne devrait prendre son origine avenue Wanderpepen, à proximité de l’hôtel des postes, c.-à-d. au centre de la ville plutôt que sur la place de la Station. Ce changement qui n’occasionnera pas de dépense supplémentaire, s’impose pour les motifs suivants :
Les habitants de Binche qui voudraient se servir du vicinal le trouveraient au centre de l’agglomération, au lieu d’aller le chercher à la gare des voyageurs.
Les étrangers qui descendent des trams pour venir à Binche trouveront le même avantage.
L’intérêt de la localité exige impérieusement cette modification du tracé.[17]


En août 1907, une nouvelle augmentation du capital est exigée, elle se monte à 1.010.000 Fr. La Ville interviendra pou 55.000 Fr.
En 1910, eurent lieu les diverses expropriation des parcelles pour le passage de la ligne de tram à vapeur allant de Binche à Anderlues. En mai 1914, mise en exploitation de la section Leval-Trahegnies à Anderlues.
Le 2 août 1915, le bourgmestre fait rapport au Conseil communal des nombreux pourparlers et correspondances qui ont lieu au sujet de la ligne vicinale de Binche à Anderlues qui doit aboutir à Binche par la nouvelle rue projetée de Ressaix à Binche[18].
L’accord entre Binche et Ressaix d’une part et les propriétaires intéressés n’ayant pu aboutir, le conseil décide à l’unanimité qu’il y a lieu de laisser continuer l’étude par le service provincial des vicinaux d’un nouveau tracé de la ligne de Binche à Anderlues[19].
Le projet de construction d’une nouvelle rue reliant les stations de Binche et de Ressaix sont toujours dans l’impossibilité de se réaliser en décembre 1918, le conseil communal « attendu qu’il y a urgence à construire l’assiette du chemin en vue de l’établissement de la ligne vicinale de Binche à Leval pour achever la ligne Binche-Anderlues qui doit rendre à la région des services appréciables…décide d’exécuter en régie ces travaux de terrassement sous la direction du personnel voyer… »[20].
Lors du conseil communal du 2 octobre 1922, l’échevin Richard dressant un tableau des lignes vicinales signale :
« …en ce qui concerne la ligne Binche-Leval-Anderlues, il est à remarquer que le tronçon Leval-Anderlues fonctionne depuis plusieurs années et qu’il reste à construire le tronçon Binche-Leval-Trahegnies. L’adjudication de la section Leval-Ressaix avait même eu lieu en 1915 et c’est l’autorité occupante qui fit cesser les travaux entamés. L’achèvement est prévu pour 1923, 1924 au plus tard par les milieux compétents… »[21]
Après la construction du tronçon de Fontaine-l’Evêque à Marchienne, la ligne électrique Binche-Charleroi fut inaugurée le 1er octobre 1930.

La ligne Binche-Morlanwelz
Le 7 novembre 1904, le conseil communal après avoir pris connaissance de la correspondance échangée entre la S.N.C.B. et le Collège échevinal, décide qu’il est prêt à souscrire immédiatement à la quote-part qui incombe à la Ville dans la formation du capital de la ligne Binche-Morlanwelz, le tracé ne soulève pas d’objection sauf à partir de la gare de Binche.
L’emprunt de la ligne existante de Binche à Bracquegnies, dans la traverse de Binche, ne peut que soulever de nombreuses difficultés, il est facile de l’aplanir en plaçant près de la gare de Binche le terminus de cette ligne.
Quand au prolongement projeté à partir de Battignies (Maison de M. Pennart) vers Ressaix et Péronnes-Charbonnages, il tend à réaliser une partie notable de l’ancien projet de Binche-Haine-Saint-Pierre par Péronnes-Charbonnages. L’avenir démontrera s’il est opportun d’établir une jonction vers Ressaix, entre le nouveau réseau du Centre et la ligne Binche-Haine-Saint-Pierre qu’il serait avantageux d’étudier[22].
Le 16 septembre 1905, le conseil communal considérant que le capital nécessaire à l’établissement de la ligne Binche (Gare) à Anderlues et l’acquisition du matériel d’exploitation nécessitera la somme de 840.000 Fr., que l’Etat est sollicité pour la moitié et la province pour le quart, il resterait aux communes intéressées et aux particuliers souscripteurs à fournir la somme de 210.000 Fr.
Considérant que la ville de Binche  a le plus grand intérêt à ce que la ligne soit construite et livrée à l’exploitation dans le plus bref délai, décide que la commune interviendra à concurrence de 36.000 Fr. dans la formation du capital nécessaire à la construction et à l’acquisition du matériel d’exploitation du chemin de fer vicinal de Binche (station) à Morlanwelz.[23]
En date du 30 novembre 1905, le directeur général de la S.N.C.V. notifie à la ville de Binche le refus du gouvernement de prendre en considération le projet de ligne de Binche à Morlanwelz[24].

La ligne Binche-Bray
Le 29 avril 1905, au conseil communal de Binche, vu la requête de M. Philippe Clément, docteur en médecine, à Bruxelles, de M. Fuisseaux Henri, ingénieur, d’Ixelles et de M. Brassine Eugène, industriel à Auderghem, tendant à établir un service public de transport par omnibus automobiles de Mons à Binche par St-Symphorien, Spiennes, Villers-St-Ghislain, Bray, Estinnes et Waudrez, aucune opposition n’a été faite à cette demande, la demande est accueillie favorablement.
On envisagea, dès 1923, le prolongement vers Binche de la section du vicinal allant de Mons à Bray.
Le 2-10-1923, dans sa communication au conseil communal, l’échevin Richard disait « Les journaux ont publié récemment l’avis de la mise en adjudication de la ligne vicinale de St-Symphorien à Bray. On peut se demander que deviennent les projets élaborés avant la guerre au profit de notre villela construction de la ligne Binche-Waudrez (Prince d’Orange)-Bray mettrait en communication directe par le chemin de fer vicinal via Binche, la région de Mons, le Centre et le pays de Charleroi…l’extension du réseau vicinal, à commencer par la ligne Binche-Waudrez-Bray, fait l’objet des préoccupations et des études du Collège échevinal et retient toute son attention. Cette question occupe le premier rang et doit bénéficier d’un droit de priorité, au point de vue sacrifices financiers, sur tous autres projets qui pourraient réclamer la sollicitude du Conseil communal… »[25]
En séance publique du conseil communal du 7 novembre 1924, les membres du conseil prient la Société nationale des chemins de fer vicinaux de bien vouloir étudier le plus tôt possible, un chemin de fer de Bray à Binche, via Waudrez (Prince d’Orange) et de solliciter l’Etat et la Province dans une partie du capital nécessaire à sa construction.
L’électrification de la ligne entraîna une nouvelle augmentation du capital, réalisée dans le courant de 1930, et mise en service le 24 décembre 1930, mais ceci est une autre histoire.


[1] A.V.B. 01-00-01-21, p.219.
[2] A.V.B. 01-00-01-21, p.220
[3] A.V.B. 01-00-01-21, p.137.
[4] A.V.B. 01-00-01-21, p.161.
[5] Moniteur Belge du 24-2-1907.
[6] A.V.B. 01-00-01-21, p.228.
[7] A.V.B. 01-00-01-21, p.300
[8] A.V.B. 01-00-01-21, p.323.
[9] A.V.B. 01-00-01-21, p.327.
[10] A.V.B. 01-00-01-21, p.365.
[11] A.V.B. 01-00-01-21, p.380.
[12] A.V.B. 01-00-01-21, p.399-400.
[13] A.V.B. 01-00-01-21, p.338.
[14] A.V.B. 01-00-01-21, p.393.
[15] A.V.B. 01-00-01-21, p.406.
[16] A.V.B. 01-00-01-21, p.409-410.
[17] A.V.B. 01-00-01-21, p.506.
[18] Actuelle avenue Marie-José
[19] A.V.B. 01-00-01-22, p.229.
[20] A.V.B. 01-00-01-22, p.347.
[21] A.V.B. 01-00-01-23, p.60.
[22] A.V.B. 01-00-01-21, p.406.
[23] A.V.B. 01-00-01-21, p.432.
[24] A.V.B. 01-00-01-21, p.454.
[25] A.V.B. 01-00-01-23, p.61.

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