mardi 7 mars 2017

La garde civique de Binche

LA GARDE CIVIQUE DE BINCHE
                                                                                                                                                     Alain GRAUX

La Garde civique est la milice créée dans la jeune Belgique indépendante en octobre 1830. Elle a été fondée par l'unification des gardes bourgeoises qui s'étaient constituées lors de la révolution belge, le 26 août 1830, suite aux émeutes survenues la veille (25 août 1830) à Bruxelles après la représentation de l'opéra romantique d'Auber, La Muette de Portici, au théâtre de la Monnaie.
La Garde civique est organisée au niveau communal, à l'origine dans toutes les communes de plus de 30.000 habitants. Elle est composée de citoyens entre 21 et 50 ans, prioritairement les jeunes célibataires et veufs sans enfants, ne faisant pas partie de l’armée.
Elle a pour mission : Maintenir l'obéissance aux lois, conserver ou rétablir l'ordre et la paix publique, assurer l'Indépendance de la Belgique.
Tout comme le régent, notre premier souverain apporta un intérêt et un soin particulier à la milice citoyenne qu'il considérait comme un instrument nécessaire, voire indispensable à l'ordre public. Une loi de 1835 organisa la garde civique sur le modèle de l'armée. Après la conclusion de la paix avec la Hollande en 1839, la garde civique fut réduite à l‘inaction.
En 1848, les émeutes françaises amenèrent le gouvernement belge à reconsidérer la loi de 1835. Une loi, votée le 1er mai 1848, décida de rendre la garde active dans toutes les communes de plus de 2.000 habitants. Les inscriptions avaient été régulièrement faites à Binche, mais la garde n'avait pas été organisée. La commune dut payer pour son contingent dans les frais de la garde civique depuis 1832, au quartier-maître de la légion du canton de Binche, la somme de 1.200 francs
Sous l'action de certains milieux parlementaires, la garde civique fut de nouveau affaiblie en 1853. Une nouvelle loi fut décrétée le 13 juillet 1853. Par arrêté du gouverneur de la Province de Hainaut du 17 octobre 1853, la garde civique fut organisée dans la province.
Auguste Wanderpepen[1]  fut le commandant de la garde civique.                                      
La Garde civique est constituée en Compagnies commandées par un capitaine et subdivisées en trois bans. Le premier ban joue un rôle au niveau national ; il est essentiellement destiné à faire respecter l'inviolabilité du territoire. Le second ban seconde l'armée nationale "sans toutefois sortir de la province". Le troisième ban est sédentaire. Le service ordinaire consiste à monter la garde, effectuer des patrouilles pour la sûreté des personnes, la conservation des propriétés et le maintien de l'ordre public.
En effet, tous les Belges ne justifiant pas de conditions d'exemption (par exemple : être malade, ne pas avoir les moyens de se pourvoir un uniforme, avoir moins de 1,4 mètre de hauteur, être ministre d'un culte) étaient tenus d'effectuer le service dans le premier ban de la garde de l'année pendant laquelle ils atteignaient l'âge de 21 ans et ce jusque 32 ans. Les gardes étaient alors versés dans le second ban (réserve) jusqu'à leurs 40 ans.
Pour exemple :
En 1858,  la garde civique se composait de 53 soldats, nés en 1839, il y eut 8 miliciens congédiés, 11 ont changé de domicile, 10 décédés, 19 nés en 1807 ont été rayés.
En 1870, la garde civique se composait de 64 soldats, nés en 1849, il y eut 8 miliciens congédiés, 34 ont changé de domicile, 8 décédés, 26 nés en 1820 ont été rayés.
En 1887, la dernière maison d’arrêt de Binche fut créée à l’endroit même où s’élevait, dans la rue de la Halle-aux-Filets, la salle des séances de la justice de paix. En 1902, lorsque cette dernière quitta la rue de la Halle-aux-Filets pour la nouvelle construction de la Grand-rue, c’est la garde civique qui occupa les lieux.
La garde civique était composée de Binchois ayant « échappé » au tirage au sort. Ceux qui avaient pris un mauvais numéro devaient accomplir le service militaire (à moins de payer un remplaçant), les autres étaient pour la plupart enrôlés dans la garde civique.
La garde civique de Binche, appelée à l’activité par arrêté royal du 23 décembre 1904, comprenait la compagnie de Chasseurs à pied fondée en 1902 (Uniformes verts) et une compagnie d’Infanterie de ligne (Uniformes bleus).
Ils portaient des armes tout comme les soldats de l’armée nationale.
La première intervention, sans doute une des rares de la garde civique, eut lieu le 18 avril 1902, alors que ses membres n’étaient pas encore tout à fait équipés, elle fit front à une manifestation en faveur du suffrage universel.

                     La garde civique dans la cour de l’école moyenne (Actuel musée du carnaval et du masque)

Le dimanche, c’était la revue des troupes, alignés impeccablement sur la Grand-Place, ils attendaient l’inspection, le commandant, en grande tenue, à cheval, parcourait lentement le front des troupes.
Comme dit plus haut, la garde civique dont le siège était situé rue de la Halle aux Filets, fut dotée d’un nouveau local situé rue de la Pépinière, la construction du « stand » pour l’usage de la cartouche de guerre fut décidée par le conseil communal le 3 juillet 1909, sur un terrain acquis à cet effet.

CONSEIL DE REVISION
Un conseil civique de révision était présidé par Albert Leroy-Grégoire, négociant en vins et le président suppléant était Paul Leroy-Nélis, négociant en grains.
Les membres de ce conseil étaient Herman Babusiaux, marchand de chevaux, officier de la garde et P. Simonet, maréchal-chef de logis, pensionné chef de la gendarmerie, et Jules Potiau, médecin-vétérinaire, directeur de l’abattoir.

L’ETAT-MAJOR
Chef de la garde Auguste Derbaix[2], notaire.
Adjudant-major, officier instructeur : Capitaine-commandant Louis Jaupin.
Médecin de la garde : Octave Houze.
Quartier-maître : Sous-lieutenant Amédée Milcamps, employé.
Officier rapporteur : sous-lieutenant Ponthot Emile, avocat.
Adjudant secrétaire du chef de la garde et du corps d’infanterie de ligne : Maurice André.

Compagnie de Chasseurs à pieds
Capitaine-commandant : Babusiaux Herman.
Lieutenant : Dumont Henri
Sous-lieutenant : Hupin Raphaël, négociant en chaussures.
Sergent-major : Dessart Albert, employé.

Compagnie d’Infanterie de ligne
Lieutenant : Leemans Raoul, plafonneur.
Sous-lieutenant : Delhalle Maurice, tailleur.

Cette institution recréée en 1902, termina sa fonction juste avant la guerre 1914-1918.




[1] Wanderpepen Auguste ° Binche 28-2-1814, y † 18-3-1879, tanneur, candidat notaire.
[2] Derbaix Auguste ° Binche 31-8-1856, † Walcourt 28-3-1943, notaire.

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