A propos d’UN coutelier binchois DU XVIIe S.
Alain GRAUX
Les couteliers binchois n’ont eu de cesse de se
protéger contre les contrefacteurs de leurs fabrications, déjà en 1589, ils
demandent au Magistrat de Binche, de pouvoir imprimer leur marque sur leurs
couteaux[1]
afin de prouver leur bon aloi.
Rémy Soupart[2],
maître coutelier avait obtenu la même autorisation du grand bailli de Hainaut en 1656.
En novembre 1658, il obtient la même garantie
du Conseil privé pour le duché de Brabant, en voici sa requête et
autorisation :
« Défense à tous maistres couteliers de ne
se servir, contrefaire, ny usurper la marque usée sur des cousteaux par Rémy
Souppart. 20 novembre 1658
Veue au Conseil de Sa Majesté ordonné en
iceluy pays de Brabant la requeste présentée par Rémy Souppart, maistre
coutelier de la ville de Binche, remonstrant par icelle que comme il importoit
au public, que les marques d’autruy ne soient contrefaites, pour les grandes
tromperies et fraudes qui se commettoient par tels contrefacteurs au grand préjudice
des bonnes gens, lequels pensans d’avoir et d’achapter des marchandises de la
valeur et bonté, qui sont celles de ceux, dont elles portoient la marque, se
trouvoient par après grandement trompé, si avoit sa dite Majesté esté servie de
luy faire despécher en son Conseil privé les lettres en estantes par où icelles
avoit desfendu à tous couteliers, de contrefaire ou usurper la marque du
remonstrant, dont il marquoit les cousteaux, estant une croix à degrez avec un
B. au dessoubs d’icelle, notifiant la marque de justice de la die ville de
Binche, et ce à peine de confiscation des cousteaux et vingt sols d’amende pour
chaque cousteau, sauf au regard de ceux qui avoient la mesme marque devant luy.
Or comme toutes les
dites desfenses ne s’entendoient pas par ce pays et duché de Brabant, et que
certain maistre coutelier de cette ville appelé Jacques Blondeau s’estoit
émancipé de contrefaire et usurper sur les cousteaux de sa fabrique la marque du remonstrant, il avoit obtenu à
sa charge interdiction provisionnelle du premier juillet 1656, mais comme
depuis, il estoit venu à sa connaissance qu’il y avoit encore d’autres maistres
couteliers en ce pays de Brabant qui usurpoient et contrefaisoint s marchr
leurs cousteaux la marque du remonstrant, et notamment Gilles du Jardin
demeurant depuis peu en la ville de Lierre, au grand préjudice du remonstrant,
qui pour ce sujet se retiroit vers cette Cour, suppliant très humblement
qu'icelle fust servie de luy accorder pareille lettre de défense et
interdiction en forme deue.
LA COUR de ce que
dessus considéré at ce sur advis du conseiller et advocat fiscal de brabant,
inclinant favorablement à la supplication du suppliant, a desfendu et interdit
à tous maistres couteliers et autres dans ce pays et duché de Brabant, de ne se
servir, contrefaire et usurper la marque dudit suppliant sur leurs cousteaux, à
peine de confiscation d’iceux ainsi contrefaits avec sa marque et de vongt sols d’amende sur chaque
cousteau, sauf ceux quy ont eu la mesme marque devant ledit suppliant, luy
accordant ce présent acte pour s’en servir contre ceux qu’il appartiendra, avec
permission d’en faire l’insinuation ou publication où il jugera nécessaire.
Donné en la ville de
Bruxelles sous le cachet secret de Sa Majesté le 20 novembre 1658.
Signé A. de Steenwinckel »
[1] A. Graux,
Les métiers des « fèvres » à
Binche ou la transformation des métaux, dans « Les Cahiers binchois »
n° 18, 2002, p. 92.
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