LE « GRAND SALON » OU « WAUX-HALL » DE
BINCHE
Alain GRAUX
Si l’histoire du théâtre communal, appelé aussi Waux-hall,
est bien connue, il n’en est pas de même du bâtiment qui le précéda, examinons
de plus près la genèse et les étapes de l’histoire de cette grande bâtisse :
L’ECOLE DES GARCONS PAUVRES
L’administration du Conseil de Bienfaisance, pour pallier
au manque d’instruction de la classe laborieuse de Binche, avait décidé de
créer une école. Ces cours eurent une fréquentation dépassant les espérances.
Le comité de Bienfaisance de la ville fit une demande à
l’administration afin de créer une nouvelle école. Le Conseil des bourgmestre
et échevins décida le 19-4-1824, de créer une commission afin d’examiner les
possibilités d’une telle requête. Les membres de cette commission créée le
13-7-1824, étaient : M. Brouwet, échevin et M.M. Coupez et Lecocq, membres
du Conseil.
Ces messieurs présentèrent leurs conclusions au Conseil
municipal extraordinaire du 19-8-1824 :
« Projet d’amélioration de l’école des garçons pauvres
de la ville de Binche :
Il existe une école communale pour les indigents de la
ville, elle est fréquentée par 134 élèves. L’exiguïté du local oblige
l’instituteur à diviser sa leçon, l’une a lieu le matin et commence à six
heure, l’autre a lieu l’après-midi. Le local est prévu pour 150 élèves. Il n’y
aura plus qu’une leçon qui se donnera le jour avec plus d’aisance et moins de
lumière.
La conservation des provisions est exposée à des
inconvénients sans nombre. Dans le nouveau local, elles seront à l’abri. Le
rez-de-chaussée pourra renfermer le charbon, les caves serviront à contenir les
pommes de terre et les greniers les grains.
Les fêtes et réunions extraordinaires, ainsi que les bals
d’hiver, les fêtes du carnaval, ont lieu jusqu’ici dans les salons de l’hôtel
de ville . On en avait senti depuis longtemps tous les inconvénients. On a donc
pensé que le bâtiment projeté offrait une occasion favorable à faire cesser cet
état de choses. En destinant la grande salle et ses appendances à ces réunions
et en établissant pendant tout le cours de l’année une société de personnes les
plus notables de la ville pour gérer cet établissement, on peut raisonnablement
porter à 900 florins le produit de cette partie du bâtiment au lieu de 300
florins.
L’emplacement retenu est situé sur la Grand-place de
Binche, à l’emplacement de la halle aux grains appartenant à la Ville.
Cette permutation de propriété serait profitable à
l’administration du bureau de bienfaisance par la location du
« salon » augmentant ainsi son revenu, indépendamment que la Ville
pourrait reprendre la jouissance de la demeure actuelle de l’instituteur.
Il y a divers moyens économiques pour réduire les
dépenses qu’exigera l’établissement de bienfaisance, le Conseil
d’administration n’aurait qu’un léger sacrifice à faire, celui de la concession
du terrain, tous les frais de construction seraient supportés par le bureau de
bienfaisance.
Le bureau de Bienfaisance possède à Gottignies des
parties de prairies dites « Bernardines », tenant en une seule
pièces, près de la ville du Roeulx . Elles sont converties en héritages avec
quatre maisons, jardins, prairies, terres labourables et houblonnière,
contenant 11bonniers 47 perches, divisés en 27 portions, occupées par bail
emphytéotique de 99 ans par François Cambier et consorts, commencé le 1-12-1729
et finissant le 30-11-1828, au fermage annuel de 74 florins 28 cts. La vente de
cette propriété pourrait couvrir les frais projetés » (1).
Les cours furent dispensés dans cette école jusqu’en 1843 environ, comme nous l’apprend ce texte daté du 20-12-1869 :
Suite au rapport du bourgmestre relatif aux
cessions faites en 1824, par
l’administration communale au Bureau de bienfaisance, du terrain situé entre la
Grand-place et la rue de la Triperie , nommé les Halles, pour y construire les
bâtiments d’une salle d’école avec logement pour l’instituteur.
Que l’ancienne maison d’école, sise rue de l’Ecole,
fut également abandonnée au Bureau de bienfaisance, celui-ci s’étant engagé à
tenir constamment à la disposition de la Ville un local pour les écoles
communales.
Attendu que depuis 1843, date de la nomination des
Frères comme instituteurs communaux, le Bureau a été provisoirement dégagé de
fournir des locaux pour les écoles, la commission tutélaire des Frères ayant
mis à la disposition de ceux-ci, gratuitement, une partie de la maison
anciennement occupée par le Sieur Coupez, rue de l’Ecole.
Attendu que le gouvernement réclame de la Ville la
construction des écoles, celles-ci devant être aux termes de la loi
propriétaire des bâtiments des écoles communales.
Attendu que la ville pourrait, en vertu de la
convention de 1824, réclamer du Bureau de bienfaisance son intervention pour la
construction des écoles et que le Bureau de bienfaisance a converti en salon le
local qui servait anciennement d’école communale.
Attendu que si la Ville prend à sa charge la
construction des écoles, il est équitable que le Bureau lui en tienne compte,
soit en réduisant le prix de la location du Waux-hall, soit en lui remettant la
maison de la rue de l’Ecole et l’indemnisant du terrain de l’ancienne halle.
Après délibération, prie Messieurs Grégoire et
Wilmart, conseillers, de vouloir bien examiner ce dossier et de faire les
propositions qu’ils jugent convenir (2).
LE GRAND SALON
Le Conseil communal fut favorable aux conclusions de
la commission et on procéda à l’échange des propriétés de la Ville et du bureau
de Bienfaisance.
L’architecte Depuydt signa les plans et les devis
estimatifs le 20-3-1825. Le montant de la construction s’élevait à 33.236 florins
des Pays-bas.
Le bâtiment s’étendait de la Grand-place où était
située la façade principale, jusqu’à la rue de la Triperie, où se faisait
l’entrée de l’école.
Le plan figuratif comprenait :
Rez-de-chaussée
-
Un portique (Salle des pas perdus) de 5 aunes de largeur sur 3,2 aunes de
profondeur.
-
Sur la droite du portique, l’escalier.
-
A gauche du portique, l’estaminet servant de bureau des séances du
comité.
-
Au fond du portique, un salon pour la distribution des vivres, peut aussi
servir de billard, de 9 aunes de long sur 4 de large.
-
Un dégagement pour aller de l’escalier aux magasins sans passer par le
salon de distribution.
-
Un autre dégagement.
-
Une remise pour les pompes, échelles, crochets, bancs appartenant à la
ville, contenant 18 aunes de long sur 13 de large.
-
Un deuxième magasin au charbon, les hangars pour la remise au bois à
brûler et les latrines.
-
Un escalier pour aller à l’école dont l’entrée sera dans la rue de la
Triperie.
Sous terrain
-
Une boulangerie dans laquelle se trouve le jet d’eau venant des
fontaines, de 6 aunes de long sur 3,2 de large.
-
Caves de 15 aunes de long sur 4 de large.
Premier étage
-
Un salon de réunion et exercices publics de 18 aunes de long sur 13 de
large. Le salon est décoré de colonnes qui soutiennent le plancher supérieur et
diminuent la portée des bois.
-
Buffet, comble du portique et escalier.
-
Ecole de 13 aunes de long sur 9 de large.
-
Communication de l’école avec le salon au moyen d’une cloison mobile que
l’on pourrait enlever pour rendre au besoin le salon plus grand.
Grenier
Mansardes avec grenier au milieu, pour y placer les
grains provenant des fermages appartenant aux pauvres.
Pour la construction du bâtiment il fallut acheter
un bâtiment enclavé dans les halles, ce dernier appartenait à François Baurain (3). La vente eut lieu le
25-4-1825 pour le prix de 1067 florins.
Le bâtiment fut rapidement érigé. La décoration
intérieure fut confiée à l’entrepreneur de peinture Henri Lebrun.
La salle de danse
était peinte de couleur jonquille à la détrempe, surmontée d’une
corniche corinthienne dorée et le soubassement peint en gros lilas.
Douze colonnes peintes en blanc au vernis, les chapiteaux en or et les bases en
bronze. La place des rafraîchissements était peinte en chamois. Ces
travaux furent réalisés pour la somme de 141 florins 65 cts.
L’INAUGURATION
Après la messe de la Sainte Cécile, en présence de
l’administration communale au complet, des membres du Conseil de Bienfaisance
et des administrateurs des établissements publics, la réunion eut lieu en
l’hôtel de la Régence à 11 h.
Un cortège se mit en route au son de la cloche et du
carillon et des harmonies de la ville. Arrivé au « Grand salon », le
Conseil installa M. Toubeau, instituteur désigné pour enseigner dans la
nouvelle école destinée aux indigents.
Des discours furent prononcés, tant par le président
du conseil, que par l’instituteur. Ensuite plusieurs morceaux de musiques
furent exécutés et chantés. La cérémonie se clôtura par un banquet. Un toast
fut prononcé par le président du conseil de Bienfaisance à la prospérité de cet
établissement. Il fut suivi par celui du bourgmestre dédié au roi et à la
famille royale. Le président de l’hospice fit un troisième speech sur les
bonnes intentions manifestées dans les résolutions du Conseil communal pour la
construction de l’édifice dont on célèbre l’inauguration.
LES FÊTES DE BIENFAISANCE
De nombreuses fêtes furent organisées au profit de
l’institution de Bienfaisance. Les fêtes du premier de l’an, du carnaval, de la
kermesse du mois de juillet, de nombreux bals, etc. étaient organisées par le
régisseur qui passait les contrats entre lui et les musiciens devant notaire.
En général il y avait un orchestre de huit musiciens pour exécuter « les
contre-danses, galops et valses qu’il plaira au bureau ».
Outre les bals, de nombreuses manifestations eurent
lieu dans l’édifice, des concerts, de nombreux vaudevilles (4), etc.
Nous avons relevé pour les vingt-cinq premières
années, entre autres :
* Le 9-9-1838 :
Les artistes réunis des théâtres d’Anvers et de Liège
donnent :
« Elle est folle », drame-vaudeville en
deux actes de Mesleville, suivi de :
« Les deux divorces » pièce en un acte de
Cognard.
* Le 2-12-1838 :
M. Anguinet, un des premier physiciens de France,
ventriloque, conjointement avec sa demoiselle et M. Comte, physicien du roi,
présentent une seule et brillante représentation de ses exercices, entre autres
« la colonne de la place Vendôme » (de 4 pieds 3 pouces de haut) et un
programme en dix points. Scènes de ventiloquie.
* Le 9-7-1839 :
Concert vocal et instrumental par la chanteuse
Sophie Gueton et Benoit Fauconier au piano.
* Le 30-12-1839 :
Grand concert spirituel et vocal par 40 chanteurs
montagnards des Hautes Pyrénées, élèves du conservatoire de
Bagnères-de-Bigorre.Attendu le déficit qui se trouve dans la caisse du bureau de bienfaisance par suite de prescriptions médicales, le président organise une grande tombola qui sera tirée le 8-5-1840, ainsi qu’un grand bal.
Le « Théâtre des Jeunes acteurs de Binche » dirigé par le Sieur Picolo, présente de nombreuses pièces et ballets:
* Le 26-9-1841 :
« La prima Dona ou la sœur de lait »,
comédie-vaudeville en un acte, suivie de :
« Souvenirs d’enfance », vaudeville
en un acte, suivi de :
« La meunière de Marly »,
comédie-vaudeville de Mesleville et Duvegris.
* Le 27-9-1841
« Le mariage enfantin », vaudeville
en un acte, de la Gaieté. Suivi de « Monsieur Lefebvre »,
comédie en un acte, et terminé par
« La fermière », tableau villageois
en un acte, des Variétés.* Le 30-9-1841 :
Le « Théâtre des Jeunes acteurs de
Binche » présente :
« La
folle ou le testament d’une anglaise », drame en 2 actes, suivi de
« Le filtre champenois », de Mesleville et Brazier,
comédie-vaudeville en un acte, du Gymnase.
* Le 3-10-1841:
Le « Théâtre des Jeunes acteurs de Binche »
présente :
« La
Dame des belles cousines ou la duchesse de Metz », vaudeville en un
acte, suivi de :
« Zoé, ou la petite jardinière »,
vaudeville en un acte, suivi de :
« « La fiole de Cagliostro »
vaudeville en un acte.
* Le 10-10-1841 :
Le « Théâtre des Jeunes acteurs de
Binche » présente :
« Le gamin de Paris »,
drame-vaudeville en deux actes. Suivi de :
« La coquette corrigée », comédie
en un acte, suivie d’un ballet.
* Le 17-10-1841 :
Le « Théâtre des Jeunes acteurs de
Binche » présente :
« Bruno le fileur »,
drame-vaudeville en deux actes, de Barthélémy et Filliot.
* Le 19-6-1842 :
Soirée « spirituelle et constructive ».
M. Weiss, prestidigitateur, professeur de l’académie
de physique de Paris, présente un spectacle de prestidigitation, magie blanche
et physique amusante, terminée par la fantasmagorie.
La salle représentera « un temple
d’illusions », brillante illumination.
* Le 24-1-1842 :
Les artistes du théâtre de Mons présentent :
« Plus de jeudis ou les deux ouvriers »
vaudeville en deux actes de Scribe. Suivi de :
« La permission de 10 heures »,
vaudeville en un acte du Palais Royal.
* Le 9-1-1842 et le 26-3-1842 (Laetaré) :
Soirée musicale par la société « Les
Chasseurs ».
* Le 29-1-1843 :
Théâtre physique et mécanique, dirigé par Louis Courtois,
du théâtre de Mons. Il présente l’art de la magie et prestiges. Magie
égyptienne.
* Le 4-12-1843 :
M. et Mme. Léon, artistes du théâtre de la
Renaissance et du Vaudeville de Paris, conjointement avec les élèves du
Conservatoire, présentent :
« Michel et Christine ou le retour d’un
brave » suivi d’un spectacle de vaudeville.
* Le 7-12-1843 :
Les mêmes produisent :
« Pauvre Jacques », comédie en un
acte, suivi de plusieurs petits vaudevilles.
* Le 11-12-1843 :
Les mêmes montrent :
« Le tailleur et la fée »,
vaudeville fantastique, suivi d’un spectacle de vaudeville.
* Le 7-8-1843 :
Le théâtre de Charleroi et M. Charles des Lys
présentent :
« La sœur de Jocrisse », vaudeville
en un acte de Varner et Duvert, et « Valérie ou la jeune aveugle »,
comédie en trois actes de Scribe.
* Le 27-4-1845 :
La compagnie des « Artistes dramatiques »
sous la direction de M. Perrier donnent trois vaudevilles en un acte:
« Louisette ou la chanteuse des rues »,
« Margot, la comtesse » et « La sœur de Jocrisse »
* Le 1-5-1845 :
La même compagnie représente :
« La grâce de Dieu », vaudeville en
cinq actes, suivie de :« Le caporal et la paye », vaudeville en un acte.
* Le 6-7-1846 :
Concert de M. Montigny, au violoncelle, et Melle.
Fayt, pianiste.
* Le 20-12-1846 :
Le théâtre des Variétés de Mons présente
« Bruno le fileur », vaudeville en
deux actes de Cognard Frères, et « Elle est folle »,
vaudeville en deux actes de Mesleville.
* Le 9-4-1849 :
Le théâtre Royal de Mons donne en représentation
quatre pièces de vaudeville.
* Le 22-5-1849 :
« Vues dissolvantes » de l’école
polytechnique de Londres et « tableaux brillants », exercices
équilibristes et gymnastiques.
* Le 25-12-1850 :
La troupe de M. Marcus présente :
« Qui se ressemble se gêne »,
vaudeville en un acte de Michel Fontaine.
«Le cachemire vert », comédie en un acte
d’Alexandre Dumas.
« Le ménage de Rigolette »,
vaudeville en un acte de Brissebarre et Gériz.
* Le 7-5-1854 :
« Palais enchanté » de la famille Gransart-Courtois, célèbres
prestidigitateurs, spectacle de magie.
LA REDOUTE DE BINCHE
- Le titre que prend la société indique suffisamment le but qu’elle se propose, la société se réunit pour se livrer au plaisir de la danse.
- Tout sociétaire parle fait seul de son admission, contracte sur l’honneur l’obligation de se conformer strictement aux règlements qui régissent la société, de se comporter dans ses réunions avec tous les égards dus aux dames et aux membres d’une société recommandable.
- Il est facultatif à tous sociétaire de présenter des étrangers moyennant un franc d’entrée par cavalier.
- Le présentant est personnellement responsable de l’étranger présenté.
- Tout étranger présenté devra se conformer ponctuellement au règlement de la société et sera soumis aux mêmes lois que le sociétaire.
- La société confie à la délicatesse de chacun de ses membres le choix des dames qui l’accompagneront.
- Cependant et dans le cas inattendu où l’un des sociétaires s’écartant du respect qu’il doit à la société, se fit accompagner dans l’une de ses réunions par une femme qui ne peut convenir à cette société, les commissaires devront à l’instant faire au sociétaire peu délicat, les représentations qu’ils jugeront nécessaires : ils inviteront la personne ainsi introduite à se retirer, ils l’exigeront le cas échéant.
- Le respect que l’on doit aux dames ne permet pas que l’on soit admis à danser en bottes éperonnées.
- Les personnes de cette ville non signataires ne pourront être admises à aucune de ces redoutes, qu’en justifiant d’avoir acquitté l’abonnement entier.
- Les personnes dans un état d’ivresse et dans une tenue peu décente seront priées de se retirer.
- Tout individu employé par la société, tels les musiciens, limonadiers, garçons de salle, porteurs de cartes ou préposés, seront soumis à la surveillance des commissaires et doivent exécuter, chacun selon la nature de ses fonctions, les ordres qu’ils peuvent leur donner.
Lors de cette séance, sont délégués commissaires
pour veiller à l’exécution du règlement, MM. Georges, Lecocq, Leclercq et
Malingreau.
QUELQUES TENANCIERS
Parallèlement aux activités organisées dans au
profit du bureau de bienfaisance, le « Grand salon » et la taverne
étaient loués par le régisseur à divers tenanciers. La transaction se faisait
par bail de 3/6/9 ans.
Le 27-5-1826, François Plomb, cabaretier à
Houdeng-Aimerie propose la location du « café de Bienfaisance » pour
400 fr. annuels à condition que l’administration lui fournisse le billard, une
pompe à bière et les quinquets.
Le Bureau de la bienfaisance se montre réticent. Il
passera un bail devant le notaire Lecocq le 25-3-1828 qui fut accordé à
Charles-Emmanuel Depape, propriétaire et marchand limonadier à Waudrez, et
Félicité Bury, veuve Charles Lucq (sa belle-mère), pour trois ans, au prix de
389 florins annuels. Mais ceux-ci se désistent
en mars 1829, vu le peu d’avantages que leur laisse le régisseur, car
ils ne peuvent organiser eux-mêmes des manifestations théâtrales ou bals, etc.
Le 17-8-1829, François Plomb écrit encore au conseil
de Bienfaisance :
« Le Salon de Binche se trouve encore
vacant, vu que personne ne trouve avantage à le reprendre, vu le peu de
bénéfices qui s’y trouvent. Dailleurs il y a des caffés à Binche plus beaux que
le buffé du Salon qui n’a aucune commodité, enfin s’il on veux me remettre le
salon pour 400 fr. par an… »
Mais un bail de 3/6/9 ans, fut passé le 16-6-1830 au
profit de Constantin Denamur et Maximilien Goffaux, cafetiers de la ville, pour
le montant de 378 florins annuels.
Un bail de 3/6/9 ans fut passé devant le notaire
Fontaine le 11-12-1865 au profit de Félix Sebille au loyer annuel de 300 Fr.
A partir de 1860 environ, le Waux-hall sera loué
exclusivement à l’administration communale pour toutes ses manifestations
protocolaires et autres. Les baux sont octroyés à la Ville pour la somme de 1.11 fr. par an,
les salons du Waux-hall doivent être en parfait état d’entretien, meublés de 94
chaises, 8 tables et 10 bancs en chêne, avec en plus « une bonne
contrebasse à cordes ».
Le 24-2-1885, le Bureau de bienfaisance
« considérant que ses ressources pour l’année 1885 subiront une réduction
sensible suite aux dépréciations qui pèsent sur ses fermages et que de nombreux
secours devront être accordés à de
nombreux ouvriers sans travail, est d’avis de faire appel à toutes ses
ressources et décide qu’à partir du premier janvier prochain, le Bureau de
Binche exploitera de nouveau à son profit les salons du Waux-hall ».
Le prix des locations pour les soirées, bals,
concerts, etc. est fixée à 150 fr. tous frais de gaz et de nettoyage compris.
Les sociétés de musique réclamèrent que le prix était trop élevé pour la tenue
des concerts, n’utilisant la salle que quelques heures, il leur fut accordé une
remise de 50 fr.
Le 23-6-1885, la location du buffet et le droit d’y
débiter des boissons sont accordés pour un an à Firmin Richard et Arthur
Honorez au prix de 20 fr.
En janvier 1893, les enchères portées en location
publique du Waux-hall, pour les 5,12,13,14 et 19 février 1893 (carnaval) sont
remportées par Alfred Jaupart, cabaretier, pour la somme de 1.100 fr.
LES TRAVAUX D’APPROPRIATION DU GRAND SALON EN 1873
Une nouvelle façade vit le jour sous les plans de
l’architecte Delpierre, de Waudrez, présenté en septembre de l’année suivante
et approuvé par l’administration en octobre 1863.
Mais il fallut attendre septembre 1872 pour le Conseil de bienfaisance décida le
réaménagement du bâtiment du Grand Salon, supprimant les salles où l’on faisait
classe, ainsi que le logement de l’instituteur.
Le 18-4-1872, l’architecte Mahieu interpellé sur la nature
des travaux à exécuter pour parvenir à restaurer solidement la façade du
Waux-hall répondit qu’il fallait le restaurer « sur le mode le plus
économique en même temps que le plus efficace, débutant par le déplâtrage
complet de cette façade, en extrayant ensuite quelques grès qu’elle renferme,
après quoi faisant usage de la chaux de Basècle, l’on replâtrerait
immédiatement, peignant d’une forte couche d’huile et presque simultanément et
au fur et à mesure de son achèvement, chaque partie de l’édifice… »
C’est cette façade que de nombreuses cartes postales
anciennes nous livrent, avec toutefois une modification, car en 18.., le balcon
de l’établissement fut démoli
Le plan Popp situe bien ces parcelles qui
appartiennent au Bureau de bienfaisance :
Section B. Parcelle 300a : Maison, entresol. 1a 20 ca.
300b : Maison, entresol 60 ca.
300c : Salle
de danse 60 ca.
300c bis : Magasin 2a
30 ca.
LA REPRISE DU WAUX-HALL PAR LA VILLE
Lors de sa séance du
28-12-1892, le Conseil du Bureau de bienfaisance, présidé par Elie Meunier
prend l’initiative d’écrire à l’administration communale de Binche :
« …voulant sortir d’indivision et faire disparaître
toutes les charges et estimant que la Ville a besoin d’une partie de l’ancien
couvent des Récollets pour l’établissement d’un bureau de postes et pour ses
écoles, ainsi que du Waux-hall pour ses fêtes publiques, distributions de prix,
remises aux pompes, bancs, etc. Le Bureau céderait à la Ville sa part dans la
propriété de l’ancien couvent des Récollets, ainsi que la propriété complète du
Waux-hall, moyennant une rente annuelle de 3.000 fr., et sous condition que la
part d’intervention du Bureau de bienfaisance dans les frais d’instruction
primaire et gardienne ne pourraient s’élever à plus de 1.000 fr. annuellement.
L’administration communale mettant aussi une salle de l’hôtel de ville à la
disposition du Bureau de bienfaisance pour y tenir ses séances… »
L’administration communale répondit le
4-9-1893 :Suite à l’accord verbal intervenu dans une des réunions des deux administrations, nous avons l’honneur de vous faire connaître que nous consentons à l’arrangement proposé moyennant une rente de 2.500 fr. Cette rente ne pourrait être remboursée avant quinze ans…
Cette décision fut entérinée lors du Conseil du Bureau de bienfaisance du 10-9-1893 :
« Vu que la Ville se réserve à rez-de-chaussée
des remises pour y placer les pompes, échelles, crochets et autres instruments
propres à arrêter les progrès de l’incendie et enfin les bancs à l’usage du
marché…
Vu que le jour de la célébration de la fête de Saint
Ursmer , ceux du dimanche, lundi, mardi et mercredi de la kermesse, le dimanche
et lundi suivant le jour anniversaire de la naissance de S.M. notre roi, si le
temps ne permet pas de danser au cirque du château, les entrepreneurs de la
danse peuvent se servir du Waux-hall.
Vu qu’il est loisible au Collège des Bourgmestre et
échevins de disposer du Waux-hall dans ses jours extraordinaires de
réjouissances publiques.
Attendu que par la transformation du Waux-hall en
1864, le Bureau a fait disparaître les locaux occupés autrefois par l’école
communale des garçons et par le logement de l’instituteur, les remises du
matériel d’incendie et des bancs du marché.
Considérant que par convention existante le Bureau
est tenu de fournir à la ville les locaux ci-dessus désignés et que par
convention à venir il ne resterait à la charge du Bureau de Binche, que sa
cote-part dans les frais de l’enseignement primaire…
Considérant que le Waux-hall est en état de vétusté
et qu’il y a avantage pour le Bureau de Binche à accepter les propositions de
la Ville…
La Ville et le Bureau conviennent ce qui suit :
Le Bureau de Binche cède à la ville sa part de
propriété dans l’ancien couvent des Récollets et l’entière propriété du
Waux-hall, moyennant une rente de 2.500 fr. à payer par la Ville…les deux
administrations renonceront à toutes réclamations au sujet des sommes qui
pourraient être dues pour les loyers arriérés des salons du Waux-hall… » (5)
L'ancien Waux-hall et l'hôtel de ville
LA DEMOLITION DU WAUX-HALL
Avec le temps l’édifice était devenu fort vétuste;
en 1932, l’administration communale décida sa démolition et son remplacement
par un nouveau bâtiment conçu sur les plans de l’architecte Saintenoy.
GLACIERE DU WAUXHALL
Du 15 mai au 15 octobre 1869, la glace sera fournie à domicile en ville, aux personnes qui prendront un abonnement, à raison de 35 centimes le seau (5Kg).
Elle sera aussi fournie aux personnes non abonnées qui feront parvenir leur demande en temps utile au concierge (avant 8heures du matin) au prix de 50 centimes le seau.
Le service de distribution se fera de 9 à 12 heures du matin.
On peut en tout temps faire prendre de la glace, à raison de 50 centimes le seau.
S’adresser au concierge pour les conditions de l’abonnement
Notes
(1)
A.V.B. 11-00-08-142.
(2) A.V.B. 01-00-01-16.
(3)
Cette maison appartenait à Marie-Thérèse Delcourt, rentière, veuve de
Michel Masuy. Devant le notaire Nicolas-Joseph Sebille, elle vendit cette
maison par arrentement le 9 pluviôse an IV (29-1-1796) à Augustin Baudoux,
maçon , et Caroline Masuy, son épouse. Ces derniers hypothèquent une maison
sise à Binche, dite « le Château de Renisquin » tenant à la halle aux
grains, et aux représentants Louis Tordeur. De même une autre maison gisant
hors la porte Saint-Jacques, tenant au rempart et aux « jardins de Saint-Vincent »,
et aux warressaix. Les époux Baudoux-Masuy revendirent la maison le 22 brumaire
an IX (13-11-1800) à Anne Marie Wyns, veuve Buisseret, négociante. Celle-ci ne
tiendra pas longtemps cette maison « sise sur la Grand-place, tenant à la
halle d’un côté et à Ursmer Masuy de l’autre ». Par l’intermédiaire de
Jacques-Augustin Deneufbourg, rentier à Binche, son fondé de pouvoirs, elle
vend sa maison le 12 frimaire an XIV (3-11-1805) à François Baurain, tailleur,
et à Augustine Delrue, son épouse.
(4)
Pour rappel, le théâtre de vaudeville, est une comédie légère, fondée sur
l’intrigue et le quiproquo, tel qu’on le jouait dans les théâtres parisiens,
des Variétés, de la Gaieté ou du Gymnase.
(5)
Archives du C.P.A.S. de Binche, Je remercie M. Besanger et ses
collaborateurs qui m’ont ouvert leurs archives.
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