Alain GRAUX
En riposte aux actions de le
majorité libérale issue du scrutin de 1878, qui avait retiré à l'Ecole des
Frères, le subside d'adoption et mis fin aux activités du Collège Saint Augustin,
le parti catholique revenu au pouvoir en 1884 supprima l'école gardienne
communale par délibération du conseil communal du 23 décembre 1885. L 'administration
adopta l'école maternelle de la rue du Phénix: l'Asile Sainte Philomène. Le
parti libéral décida alors de créer une école Frœbel laïque appelée" école
libérale" et qui fut ouverte rue de Fontaine. Les administrateurs communaux
catholiques continuèrent leurs « coups de boutoirs » sur
l'enseignement officiel; ils décident en août 1889 de supprimer l'école moyenne
des filles; ils firent mille difficultés aux enseignants. Comprenant les
malheurs de l'enseignement laïque, un comité se forma sous la houlette du
notaire Gaillard; les membres en étaient Paul Limbourg, P. Schaut, E.
Jacquemin, Fernand Hauchamp, Camille Termolle, Auguste Wanderpepen, C.
Becquevort et le docteur Lambert. Ce comité géra l'école qui était tenue depuis
1889 par Mademoiselle Neumann pour l'école gardienne et par Mesdemoiselles
Gheude, Spée et Roman ; elles étaient sous la direction de Mademoiselle
Huriaux. Les institutrices étaient payées 60 Fr. par mois, les ressources de
l'école provenaient de la cotisation des membres protecteurs (minimum 10 Fr.
l’an), de fêtes, tombolas et du minerval des élèves qui était de 7fr.'50 (en préparatoires :
2 classes) et 10 Fr. en moyennes (2 classes).
L'école fut transférée en 1889,
rue de la Halle-aux-Filets, dans l'immeuble de Monsieur Boulanger; elle s'y
tint jusqu'en 1897; il y avait alors 60 à 70 élèves.
Le Comité eut des difficultés
financières; il fut dissout et remplacé. Monsieur L. Latteur le présida; les
membres étaient Jules Paternotte, Orner Deprez, Zénon Lalisse, Georges Jaupart,
E. Daille et E. Buisseret; ils durent combler le déficit de la première équipe
et reprirent les affaires dans de mauvaises conditions; l'école se tint alors
dans une maison appartenant à la veuve Michel Devergnies pour un bail de trois
ans. Suite à ces difficultés il n'y eut plus que 2 classes (40 à 45 élèves),
dirigées par Mesdemoiselles Roman et Elite Henry.
Bientôt grâce à la vigilance du
comité organisateur, une 3e classe fut ouverte et tenue successivement par
Mesdemoiselles Pluvinage, Grappix, Desguin, Bougard et Rousseau.
Le 20 août 1900 l 'école fut transférée
rue de la Régence dans un immeuble appartenant à Raoul Warocqué qui le prêta
symboliquement; à cette époque les institutrices gagnaient 75fr. par mois,
Mesdemoiselles Roman et Henry étant les plus anciennes gagnaient 92 Fr.
L'école reçut son premier subside
provincial en 1906 : 500 Fr.
Plusieurs membres du comité
disparurent et furent remplacés par Messieurs Hendrikx, Victor Pennart, Fondu,
P. Lebeau, L. Deprez, G. Honorez et Fernand Roulez.
Pendant la guerre, en 1916, l 'école reçut de la
nourriture provenant des Etats-Unis. Elle comptait, en 1911, 150 élèves,
comprenant une section Frœbel et trois sections primaires.
Le 1er Juillet 1921, Raoul
Warocqué fera don de tous ses biens à la Province de Hainaut. Il spécifie
que « l'ASBL l'école libre laïque
de Binche » aura la Jouissance de l'immeuble de la rue de la Régence, loué
au prix symbolique de 1 Fr. et que l'association devrait garder la destination
et l'aspect que l'école avait de son vivant. En 1921, l 'Etat institua la
mixité des écoles moyennes; les quatre premières filles à pouvoir en
bénéficier furent Hélène Adam, Marcelle Delval, Marie Rombeau et Nelly Roulez ;
l'école libre laïque ne fit plus alors que préparer les filles à cette école.
En 1950 le Ministère de l'Instruction publique créa une section préparatoire
à l'école moyenne des filles; ce fut un rude coup pour l'école libre laïque qui
voyant les défections de plus en plus nombreuses prit des mesures pour
rentabiliser l'école ; on construisit de nouveaux bâtiments, on organisa un bus
de ramassage scolaire, etc. En 1970, ce fut le pacte scolaire qui eut raison de
l'école, car étant école subsidiée elle devait créer un cours de religion; ce
fut le déchirement au sein du comité organisateur (installé en février 1954, ce
comité était composé de Messieurs Paul Gilson, Jules Gilson, Eugène Pourtois,
(Marius Hendrikx, Alfred Henry, Pierre Babusiaux, Oscar Nicaise et Pierre Rainchon):
en effet, l'esprit des fondateurs était bafoué.
Après maintes discussions, ces
Messieurs négocièrent la reprise de l'école libre laïque par l'école moyenne de
l'Etat qui reprit ses institutrices. Le comité fut dissous le 17 février 1973.
Le bâtiment de la rue de la
Régence abrita ensuite l'école dentellière.
[1] Je remercie vivement
Monsieur et Madame Alfred Henry, sans qui cette étude n'eut pu avoir lieu et
qui m'ont permis de consulter leurs archives.
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