LA RUE DES
PAVILLONS
Alain GRAUXJ’ai lu récemment une description de promenade dans Binche où l’on dit, je cite « Vous passez par le quartier des Pavillons, construits par les Allemands après la guerre 1940-1945… »
Je ne pouvais que m’insurger
contre ce qui se dit dans ce texte et rétablir la vérité sur ce quartier de
Binche.
La première guerre mondiale avait détruit un
nombre considérable d’habitations. En 1921, des pavillons du Fonds du Roi
Albert furent installés à l’extrémité de la rue du Moulin[1].
La rue des Pavillons relie la rue Ernest Drisse à la
rue du Moulin blanc.
Le 7-12-1923, le bourgmestre Charles Derbaix expose au
Conseil communal l’organisation du fonds du roi Albert, qui a pour objet la
location et la vente de pavillons destinés à pourvoir aux nécessités immédiates
créées par la crise du logement.
Sur proposition du bourgmestre, le Conseil décide à
l’unanimité de louer pour dix ans, vingt-cinq pavillons du fonds du roi Albert
(15 petits et 10 grands) à placer sur le terrain de la Ville, à «
LE FONDS DU ROI ALBERT
Le
Fonds Albert a été créé en 1916. Son objectif était de reconstituer le noyau
des agglomérations détruites au cours des combats, d’y recréer la vie et
l’activité et d’aider avant tout au rétablissement des administrations, du
culte, des écoles et des divers services publics, de ramener sur place les
ouvriers et de servir de point de départ à la reconstruction.
Des fonds sont récoltés en
Hollande, en Angleterre et même en Belgique, des fêtes de charité sont
organisées en son nom. Après la guerre, on rapatrie des baraquements érigés en
Hollande et en France à l’intention des réfugiés, on négocie avec des firmes
norvégiennes, suédoises et américaines l’achat de bois, vitres, clous, etc.,
lesquels sont entreposés dans ces grands baraquements. Le recensement des zones
à reconstruire s’étend sur toute la Belgique.
Des principes généraux
d’architecture furent appliqués à l’ensemble des constructions qui, bien que de
modèles parfois très différents, avaient des éléments communs.En
1919, 35 firmes ont fabriqué 2.965 maisons de 6m x 6 m ., 14 firmes ont fabriqué
500 maisons de 9m. x 6 m .
et 4 firmes ont fabriqué 220 maisons de types spéciaux. [3].
LES PAVILLONS
Les principes généraux d’architecture des « baraques Albert » peuvent se résumer ainsi :
1.
Habitabilité et salubrité de la construction : il fallait mettre les
habitations à l’abri des intempéries et des variations de température de l’air
extérieur et par conséquent construire des pavillons à paroi double avec
matelas d’air isolant de 7
centimètres . Les édifier sur des fondations résistantes,
installer le plancher à une certaine hauteur au- dessus du sol, des piliers
intermédiaires supportant le gîtage du plancher. Pourvoir les pavillons d’un
plafond et d’une toiture étanche.
2.
Solidité de l’abri : Quoique ces pavillons ne dussent avoir qu’un caractère
provisoire, on pouvait prévoir que la durée de la reconstruction définitive de
la Belgique serait de plusieurs années. D’autre part, pour augmenter leur
rendement, il était bon d’envisager leur utilisation ultérieure. La charpente
de la toiture fut d’ailleurs étudiée de façon qu’elle pût dans la suite
supporter une couverture en tuiles. Celles-ci faisaient totalement défaut en
1919. C’est pourquoi les pavillons furent couverts, à l’origine, avec du carton
bitumé et du feutre asphalté.
3.
La facilité de transport des éléments constitutifs jouait un rôle prépondérant,
en raison des nombreux transferts et manutentions qu’ils devraient subir en vue
de l’érection des pavillons dans les régions dévastées aux routes et voies
d’accès difficiles. Il fallait donc que le poids des panneaux et des divers
éléments fût réduit au minimum.
4.
La facilité du montage ainsi que du démontage et de remontages ultérieurs
formait aussi une condition indispensable, de façon à ne pas exiger la main-
d’œuvre de spécialistes. Il fallait pour cela des éléments constitutifs, peu
compliqués, légers et interchangeables.
5.
Il fallait choisir un type de pavillons relativement peu coûteux et pouvant
être fabriqué en série.
Lors
de la pénurie de logements en 1922, le Fonds fut une nouvelle fois mis à
contribution en offrant des habitations coquettes, confortables et saines aux
personnes en difficulté financière. Les nouveaux pavillons étaient montés sur
des fondations en maçonnerie et munis d’une aire de cuisine en carrelages. Ils
sont supérieurs et de meilleure qualité que ceux qui ont été construits à
l’armistice. Combien de temps, le Fonds a-t-il continué d’exister ? Nous
n’avons pas encore la réponse mais il semble qu’il existe encore bel et bien
lorsqu’il faut reloger les populations belges suite aux terribles bombardements
de la seconde guerre mondiale.
Les maisons qui composent le quartier des Pavillons
étaient de modestes pavillons en bois réalisés par le Fonds du Roi Albert pour
ses « Vétérans ». La plupart sont maintenant reconstruits en briques.
La rue des Pavillons, vue actuelle
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