AUTOUR
DE LA PORTE DE LA ROQUETTE SOUS L’ANCIEN REGIME
Alain GRAUX
Nul n’ignore que la première
enceinte de la ville s’ouvrait par
quatre portes, celle s’ouvrant à l’ouest
s’appelait la porte de la Roquette (Rokette) ou du Posty. Par analogie,
elle donna son nom aux alentours, lieu-dit nommé « les Roquettes ».
Le cartulaire des cens et rentes[1] daté de 1265 énonce les rentes que les bourgeois des Roquettes doivent:
Et si
a en le Rokéte à Binch entor LXXXX boirois, desquels cascuns soloit devoir IIII
d. par an : valoient entor XXX s. Se prisoit-on toute cèle rente entor
LXXXX lib. Par an. Et ore a li cuens aquis tout che ke messire Sohiers de
Braine avoit en le Rokète et le dognon ».
En mai 1321, le comte de
Hainaut Guillaume, érige en fief la maison dite la porte de la Rokette, en
faveur de Jacques de Maubeuge, dont il reçoit la foi et l’hommage[2].
Il lui accorde l’eau provenant du château de la salle.
"…au devans de le porte a le Rokette tenant d’une part as degrés allant à le dite Rockette…"[3].
Il faut attendre le XVIe
siècle pour qu’on ait des textes parlant plus exclusivement de ce faubourg qui
ne comporte que quelques maisons.
Le 20 juillet 1540
devant les Jurés Pierre Vernoye, Désiré
de Saint-Venant, Jehan Lescaillier et Remy le Voet « Delle
Marguerite Gérard veuve Simon de Saint-Venant se fait morte[4] au
profit de Jacquemin de Saint-Venant son seul fils lui demeurant, de la moitié
part qu’elle a sur une maison gisant aux Rocquettes, partageant contre Désiré de Saint-Venant et venant de feu Jehan de Saint-Venant père
des dits Désiré et feu Simon »
Cela fait, Jacquemin de Saint-Venant vend sa part à
son beau-frère Pierre Naret époux de Catherine sa sœur à charge de 4 L 6 s. tournois de rente
annuelle au profit du dit Jacquemin.
Les biens spécifiés voisinent un jardinet appartenant
à Pierre Naret d’achat qu’il fit naguère à Jehan Naret fils Michel.
Le 5 janvier
1544, devant les Jurés St Venant, Hollande et Tayenne ; Jehan Janekin
assisté par un mambourg, Collart Naret fils feu Collart, donne sa maison gisant
aux Rocquettes à Binche à Jehanne Naret sa femme fille de
feu Ghobert pour qu’après elle le bien
retourne à ses enfants tant fils que filles[5]
Le 21 janvier
1544, devant les Jurés Tayenne, Fiefnet et Hulin ; Collart Gilbart,
Jehan de Dinant et Quentin Naret veuf de feu Marie Gilbart, ont vendu à Bauduin
Deppe 20 s. de rentes qu’ils avaient sur la maison dudit Bauduin, gisant aux Rocquettes[6].
16 novembre
1544, devant les Jurés du Trilz,
Fiefnet, Hulin et de Pret ; Jehanne Le Clercq veuve de Jehan Naret
demeurant à Mons, s’est fait morte au profit de François de Ghorges son
beau-fils, mari de Jehanne Naret. Elle lui accorde l’héritage d’une tenure
gisant aux Rocquettes de Binche, tenant à Anthoine Plicette et à la veuve Collart du Bois, à charge de
100 s. tournois par an pour tous cens
Il Adhérite[7]
Jean Lespoix preneur à rente pour lui et ses hoirs[8]
Le 4 mai1545,
devant les Jurés Vernoye, Prévost, St-Venant, et du Trilz; Jehan Naret fils
Michel, tapissier demeurant à Binche a vendu à Pierre Naret tanneur demeurant à
Binche, une masure gisant aux Rocquettes tenant à Ursmer de Walhaing, à
Pier Naret même, aux hoirs Jehan du Trilz tanneur, et à la veuve Collart du
Bois et aux rues, l’acheteur ayant femme et enfants[9].
Le 9 mai 1551,
devant les Jurés : Gilbart, de le Tenre, Fiefvet. ; Anthoine,
Bertrand et Jehan du Trilz, frères, enfants de feu Christophe « reconnaissent avoir vendu à Pierre
Naret une part et portion qu’ils ont en ¼ partant contre eux et Antoine
Plicette en un jardin lieu et tenure gisant aux Rocquettes, tenant à
l’héritage Pierre Naret »[10]
Le 6 juillet 1551, devant les Jurés Gilbart, Tenre,
Fiefvet, Escaillier ; Jehanne de Pitepan ayant épousé Hubert de Lattre, de
son gré, s’est fait morte au profit de Guillaume du Pairoy, mari d’ Isabeau Tayenne, sa fille et de feu
Franchois Tayenne qui fut son 1er mari, lui donnant un jardin
qu’on dist le Vignoble gist es Rocquettes
faubourg de Binch, tenant aux murailles de la ville, à Jehan de Pitpan et aux
rues ; aussi un jardin qu’on dist Stephayt, tenant à Philippe
Tayenne et au chemin ; un autre jardin gisant assez près du précédent de
l’autre côté du chemin, tenant à Jean Massoul et au chemin ; ce fait le
dit Guillaume a vendu 6 L .
de rente à Jehan Moiset couturier demeurant à Bruxelles, et ce avec l’accord de
sa femme[11].
Le
1er octobre 1556, suite au sac de la ville, les masures, jardins,
lieux et tenures gisant aux Rocquettes.qui
furent à Jehan de Prices gisant au « Terme Germineau » au faubourg,
tenant au chemin de deux côtés aussi à Collart Naret et une autre masure tenant
à Guillaume de Prices et à Pierre du
Bois…sont demeurés à nouvelle rente à Guillaume de Prices au prix de 35 L . 5 s. par an
-
Les hoirs Ursmer
de Priches qui demandent 48 s. 10 d.
-
Franchois Moreau
aussi par achat fait par lui 46 s. 5 d.[13]
Le
22 mars 1564, devant les Jurés Charles Ansseau, Godefroid Jocquet, Vinchent
Leghait, Michel Desmoulins, eut lieu la vente par criée du jardin des hoirs Pierre Naret aux Rocquettes.
« On fait savoir que Maître Ursmer, Jehan et
Vinchent Naret, frères, enfants de feu Pierre et de Catherine de Saint-venant,
se faisant forts pour Pierre et Philippe Naret, leurs frères absents, font
mettre à rente un jardin planté de pommiers, poiriers et autres arbres gisant aux Rocquettes, faubourg de Binche, tenant à
l’héritaige de la veuve de Saint Venant, à Ursmer de Walhain et au chemin..
Demeuré à Pierre le Voet au prix de 7
L . 10 s. t.[14]
Le 12 février 1572 (n.st.), devant les Jurés Bauduin
Deppe, Nicolas Moreau, Jehan Houssart et Philippe de Jeumont., Demoiselle
Catherine de Trahegnies veuve Collart Deslens, demeurant au faubourg à Binche
requiert comme mambour Philippe Fiefvet fils Philippe et dit que sa maison,
jardin, tannerie gisant aux Rocquettes
échoira après son trépas à son fils Nicolas Deslens pour lui et ses hoirs.
Le 12 mars 1572, La tesnerie, cuves, plains et
vinaiges qui fut aux hoirs Antoine Plicette gisant aux Rocquettes faubourg de Binche, tenant à
l’héritage Jehan de Faulx fils Gilles et au chemin, est demeuré à nouvelle
rente selon l’ancienne loi, au prix de 4 L 12 d., à Guillaume le Voet et Ursmer
Lespoix.
Le département des rentes effectué le 25-8-1573.
compte parmi les rentiers :
-
Michel Desmoulins en action de feue sa femme, Jehanne
du Trieu apparant par le chassereau de feu Désiré de Saint-Venant qui fut le
grand père de Jehanne du Trieu, il demande 30 s. qui font 28 s.[15]
Le 16 octobre 1572 La tesnerie, escorcherie plain
et vinaige qui fut à Jehan et Ursmer Lespoix gisant aux Rocquettes faubourg de Binche, tenant aux hoirs Collart du Bois et au chemin, est
demeurée à nouvelle rente selon l’ancienne loi à Pierre le Ghait, au prix de
119 sols blancs par an.
Le département réalisé le 7-1-1573 par les jurés
Bauduin Deppe, Me Godefroid de Trahegnies, Jean Houssart et Philippe de Jeumont
compte comme rentiers, les hoirs Franchois de la Gorge qui demandent 100 s. qui
font 83 s. 4 d.[16]
Le 28 mars 1596, Laurent Moreau, Gilles de Wamberchies
mari de Catherine Moreau, Jacques Willot mari de Péronne Moreau ; Pierre
Patinier mari de Marie Moreau et Guillaume Gilbart époux de Marguerite Moreau,
tous frères et beaux-frères enfants de feux Nicolas Moreau et Demoiselle
Michelle Tayenne font mettre en arrentement un jardin et héritage planté
d’arbres portant fruits, gisant aux Rocquettes,
au lieu qu’on dit Pajot, tenant par devant aux rues, et d’autre part aux hoirs
Jehan du Trieu et par dessus au pré dit de Willerzies et à un petit jardin
appartenant à Josse Hulin,.
Il est demeuré à Bauduin le Cocq, bourgeois de Binche
au prix de
Le 10 janvier 1607, Ysabeau le Voet veuve de Bauduin
le Cocq fait différentes fondations pieuses à l’hôpital Saint-Pierre, à
l’église, obits, sépultures etc.
Elle se déshérite de diverses pièces d’héritages à
savoir:Un jardin de 2 bonniers gisant aux Rocquettes, tenant aux prés de Willerzies et aux hoirs Jean du Trieu et aux rues.
La moitié d’une tannerie plains, cuves et vinages gisant aux Rocquettes, tenant à elle même, à la rivière et aux rues.
Elle adhérite Laurent Moreau, homme de loi, comme mambour pour sa vie durant, prévoit son remariage et s’il n’y en a pas, aller après son trépas à ses parents, et aussi de son côté Jeannette, Quintine et Anne le Voet et leurs hoirs et aussi Jeanne Walbrecq sa nièce, fille de Catherine le Voet qui tiendra lieu de sa mère.
Elle fonde un obit à la chapelle Saint-Nicolas en l’église de Binche, à lever sur un jardin planté d’arbres qui fut aux hoirs Michelle Tayenne gisant es Rocquettes, ten. au pré du Roy qu’on dit Willerzie et aux hoirs Jean du Trieu. Elle en adhérite Laurent Moreau en qualité de confrère de laditte chapelle[17].
[1] DEVILLERS L. Cartulaire des rentes et cens dus au comte de Hainaut
(1265-1286), Mons, 1873, p. 100
[2] Monuments pour servir à l’histoire des provinces de Namur, de Hainaut et
de Luxembourg, t.
3, 1874, p.94
[4] Se
faire mort : délaisser à son plus proche héritier apparent, un bien en
avancement d’héritage
[7] Adhériter : investir,
faire héritier, mettre en possession
[10] A.E.M. Embrefs, reg. 2 f° 58
[11] A.E.M. Embrefs, reg. 2 f° 60 v°
[12] Département :
partage des rentes
[13] A.E.M. Rentes, reg.1, f° 21, copie de document
disparu
[14] A.E.M. Registre des criées n°2, f° 45.
[15] A.E.M. Rentes,
reg. 1, f° 113 v°
[16] A.E.M. Rentes,
reg. 1 , f° 115.
[17]
A.E.M. Copie d’embref, reg. 6, f° 155
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