Alain GRAUX
Sous le Régime autrichien, en
1764, les services du Conseil des Finances organisèrent dans tout les Pays-Bas
un recensement[1] des industries, qui,
suivant un modèle standard, nous renseigne [2]:
-
Sur le nombre d’exploitations et de métiers y
travaillant.
-
La durée de l’exploitation.
-
Les octrois autorisant l’exploitation
-
Le nombre d’ouvriers
-
La quantité et débit de ce qui se fabrique
-
Les matières premières et leur provenance.
-
L’exportation des marchandises
-
Les taxes dues à l’exportation
-
La protection de l’aloi des matériaux fabriqués.
Voyons en détail ces
manufactures :
Trois manufactures de petites
étoffes de laine dite saye et carizée occupant dix métiers[3]
Exploitées depuis 1703, par un
octroi du 12 mai 1703 contenant différents privilèges et à condition que chaque
manufacturier devra avoir 3 outils battantes.
Elles emploient 75 ouvriers
sujets de S.M. pour fabriquer et peigner la laine.
Elles peuvent faire
annuellement 28.900 aunes d’étoffes susdites.
Le débit des dites étoffes se
fait pour la plus forte partie dans la ville de Binche, étant à remarquer dans
cette ville il y a quantité de tailleurs, fripiers qui font des habits, tant pour
les hommes que les enfants pour lesquels ils emploient en doublure les dites
serges, qu’on vient acheter chez eux journellement, le reste s'exporte sur Mons
par passavants de ce bureau.
La matière première, qui est
la laine, provient de Namur par acquit à caution du bureau principal de cette
ville, et des villages circonvoisins du district de ce bureau tant par acquit à
caution des bureaux de Fontaine- l'Evêque et Anderlues, que par certificats des
gens de loi : ces manufactures peuvent employer annuellement environ 836 livres de laine
filée.
L'on n'y emploie pas de
teintures, les sayettes se faisant en blanc.
On sait uniquement que ces
étoffes payent pour aller à Lobbes et Thuin, pays de Liège, le droit de 60e.
On plombe ces étoffes pour les
différencier de celles venant de l'étranger.
Nota Bene. Il est à observer
que les manufacturiers ci-dessus repris font peigner la quantité de 10.000 livres de
laine lavée qu'ils tirent de Namur et des villages circonvoisins de ce district,
comme il est dit article plus haut, dont ils emploient 836 livres de laine filée
pour leurs manufactures et que le reste s'exporte par acquit à caution de ce
bureau sur Mons, Leuze et Bruxelles.
Il y a 4 chapeliers, établis
depuis très longtemps.
On emploie 72 ouvriers, sujets
de S.M., y compris les maîtres.
Ils font annuellement environ
3.000 chapeaux communs de différentes qualités pour hommes et enfants.
Ces chapeaux se vendent dans
la ville, aux foires de Soignies, Merbes-le-château, Beaumont, Braine-le-Comte
et RœuIx: parfois aussi à Thuin, pays de Liège.
Les matières premières
viennent d’Anvers et de Bruxelles par Mons.
Liège demande un droit de
soixantième.
On marque les chapeaux faits
dans la ville avec un cachet aux armes de la ville et on marque les chapeaux
étrangers avec un cachet aux armes de S.M.
Fabrique
de bas de laine.
Il y a un fabricateur de bas
de laine, occupants trois métiers, installé depuis très longtemps, qui emploie
3 ouvriers, sujets de S.M, y compris le maître.
Il peut faire annuellement 400
paires de bas tant grands que cadets.
Il vend dans la ville la plupart
des bas qu'i1 fait lui sont commandés par des particuliers.
La première matière qui est la
laine provient de ce district par certificat des gens de loi, les teintures
proviennent en partie de Binche et Mons, pour lesquelles i1 tire en petite
quantité à la fois.
Liège demande droit de
soixantième.
Fabriques
de peaux de chamois
Il y a à Binche quatre
chamoiseurs, établis depuis très longtemps et employant 73 ouvriers, sujets de
S.M., y compris les maîtres.
Ils passent annuellement en
chamois environ 29.000 peaux tant de veau que de mouton.
Le débit se fait en partie
dans la vil1e de Binche, où on les fabrique en culottes, gants et autres
ouvrages de bufetrier; le reste s'exporte sur Mons, Ath et Tournai par
passavants de ce bureau, et quelque fois sur Thuin, Liège, par acquit à
payement libre de sortie de ce bureau.
Les peaux viennent en partie
de Liège (en ne payant pas de droits d'entrée et en partie de Charleroi,
Fontaine-|l’Evêque, Gosselies, Trazegnies, Mons et autres lieux de ce district.
Les huiles viennent d'Anvers et de Bruxelles.
Liège prend un droit de soixantième.
Il n'existe pas de fabrique
semblable dans la principauté de Liège.
Tisserands
Six tisserands occupants
chacun un métier sont établis depuis très longtemps.
Ils ont chacun, un ouvrier. Ils peuvent faire annuellement environ 2.500 aunes de toiles.
Le débit des toiles se fait
dans la ville de Binche et lieux circonvoisins de ce district, aux particuliers
qui les font faire.
Le Lin provient de Bruxelles.
Liège demande un droit de
soixantième
Deux tanneries; occupants
chacune trois cuves sont ouvertes depuis très longtemps, elles emploient 4
ouvriers, trois sujets de S.M. et un Liégeois.
Elles peuvent tanner
annuellement environ 460 cuirs de bœufs, vaches et chevaux et 60 peaux de veaux[4].
La plus grande partie de la production
se vend dans cette ville, le reste à Mons et dans les villages voisins.
Les cuirs proviennent de ce district,
parfois de Mons. Les écorces (2.400 livres ) proviennent des bois de ce
district, parfois de France ou de Liège en payant les droits d,'entrée.
Liège demande un droit de
soixantième.
Fabriques
de couteaux
Quatre couteliers travaillent
à Binche depuis très longtemps, ils utilisent 6 ouvriers, sujets de S.M., y
compris les maîtres.
Ils peuvent faire annuellement
environ sept cent livres pesant de couteaux.
La plus grande partie part en
France, une autre partie va à Mons et Tournai.
L'acier qu'ils emploient au
nombre de 400 livres
se tire par acquit de tonlieu de Bruxelles, et les cornes se tirent de Mons,
par passavants, et quelquefois de France, dont la sortie est libre.
Liège demande un droit de
soixantième et la France: 16 francs du cent pesant.
Il n'existe pas de pareille
fabrique à Lobbes et Thuin, pays de Liège.
Il existe aussi à Battignies une usine :
Fabrique de couverture de
laine
Il existe une fabricant de couvertures de bourre de laine occupant un
métier depuis 3 mois, il occupe 2 ouvriers, sujets de S.M..
Cette usine fabrique 400 couvertures qui se vendent à Binche et à Mons.
La laine provient de Binche.
Liège demande un droit de soixantième.
On plombe ces couvertures aux armes de la ville de Binche, et les
étrangères aux armes de S.M.
[1] A.G.R. C.F. 4392.
[2] Cet
article est tiré de l’étude de Philippe Moureaux, La statistique industrielle dans les
Pays-Bas autrichiens à l’époque de Marie-Thérèse, Bruxelles, Commission
royale d’histoire, t.1, 1974
[3] En
1762 (C.F. 4281), on a noté : « N.
Potier a 9 métiers, il consomme suivant son aveu 9.000 livres de laine
annuellernent. Louis Durieux, deux métiers. Joseph Gaspar, un seul. Tous ces fabricateurs
sont établis sans octrois, se fondant disent-ils sur un ancien privilège avant
l'avènement du Duc de Bavière. Ils tirent leurs matières premières des
provinces de Limbourg et de Namur, les quantités n'étant point limitées, ils en
tirent suivant 1eur désir ». En 1763(C.F. 6133), on a précisé «
Elle consiste en 14 métiers qui emploient chacun mile livres de laine
lavée faisant 14.000
livres dont on fait environ 28.000 aunes d'étoffe Plus une
manufacture octroyé en 1759 sous le titre de manufacture royale mais qui n'est
pas en vigueur. Elle occupe seulement trois métiers qui emploient environ 3 mille
livres de laine lavée. Ces manufactures occupent annuellement 35 ouvriers non
compris les fileurs tous sujets de Sa Majesté »
[4] En 1763 (C.F. 6133), on a noté : « Deux tanneries
qui peuvent tanner environ 1400 cuirs, année commune ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire