BINCHE ET LA
MUSIQUE
Alain GRAUX
Binche a toujours été le lieu favori des muses,
c’est de musique que nous parlerons ici, on se souviendra de Gilles de Bins,
compositeur de grand renom, Philippe le Bon se l’attacha comme chapelain en
1436. On trouva son nom dans plusieurs traités de musique, il perfectionna la
notation musicale.
Il existait une maîtrise à la collégiale
Saint-Ursmer, elle exerça ses talents au cours des siècles, on sait qu’en 1760,
les membres de la société de musique Sainte-Cécile
se dotèrent d’un règlement. Les membres du chapitre collégial donnèrent leur
patronage à cette société qui avait pour but l’amélioration de la musique
profane et religieuse par l’exécution de motets et de messes.
En 1825 fut créée la société d’émulation sous
la présidence du notaire Auguste Fontaine, plus tard, elle changea son nom en
« Société harmonique de l’Union »
et enfin en « Cercle musical de
l’Union », elle fut en activité pendant un demi siècle et eut pour
directeurs des gens connus comme M. Saupe et R. Livain, le violoniste de renom
Charles de Beriot prêta quelques fois son concours et des prestations à
l’harmonie.
En 1838, un groupe de huit musiciens portant le
nom de « chasseurs de Munich »
vinrent donner un concert à Binche, ce qui donna l’idée à huit musiciens de
l’harmonie de se constituer en groupe avec la même dénomination sous le
direction de Félix Dehaye. Le groupe initial prospéra et le nombre d’exécutants
augmenta ; en 1880, ils étaient 68 et remportèrent de nombreux prix, la
société des Chasseurs fut reconnue société royale en 1881.
Suite à des différents dans la société des
Chasseurs, il y eut une scission au sein de celle-ci et une partie des membres
forma le 1er avril 1856 la société de fanfare dite des « Pélissiers » nommée ainsi en
souvenir du maréchal François Pélissier, vainqueur de Sébastopol en Crimée. En
1835, ils étaient 35 participants, le roi Léopold II conféra le titre de
société royale au Pélissiers. En 1872 elle comptait 70 exécutants.
Les organisations socialistes locales devaient
se doter en 1920, d’une société de musique qui elle aussi gagna des lauriers
aux cours de concours musicaux, c’est la « Fanfare en avant »
La Fanfare « En Avant » a petit à petit décidé d’abandonner le concept de fanfare pure (ensemble de cuivres et de percussions) en intégrant saxophones, clarinettes, flûtes et même guitare et claviers. Elle a donc décidé de rebaptiser sa dénomination en « Philharmonique binchoise En Avant »
Binche doit aussi se féliciter
d’un compositeur de grand renom, c’est Louis Canivez, né à Binche en 1837, il
fit ses débuts sous la conduite du compositeur allemand M. Saupe, il fut
directeur de nombreuses harmonies et fanfares dont celle de Charleroi et de Couillet.
Il polémiqua souvent à propos des vices qui s’attachent aux concours musicaux, il fit un discours
très remarqué lors du congrès musical de Malines en 1881. Instituteur à Aiseau,
il quitte l’enseignement en 1862 pour se fixer à Châtelet, puis en 1875 à
Charleroi ou il ouvre un magasin d’instruments de musique. Il composa
énormément de mélodies vocales, de chœurs, de morceaux pour piano, de la
musique sacrée, auteur de « pas redoublés », de marches pour fanfares
et harmonies, il effectua de nombreuses transcriptions et arrangements. C’est
sur sa musique que les « chinels » de Fosses dansent chaque année, il est aussi l’auteur
d’une méthode pour tuba, pour flûte, pour clarinette et pour saxophone. Il
mourut à Ittre en 1911.
Binche connut plusieurs
chorales :
Le « Chœur des Etudiants » a été établi le 1er février 1841, il fonctionna
jusqu’en 1861.
Il était placé sous la direction de M. Diericx, professeur. Il était formé de 35 membres[1].
Le milieu du 19e vit se créer plusieurs chorales :
La « Société des travailleurs binchois » chorale créée le 1er
janvier 1850
Elle se
composait de 24 membres présidés par Ursmer Delhaye
Elle reçut
une médaille à Binche en 1850 et 1851, ainsi qu’à La Hestre[2]
En remplacement de la « société des Travailleurs » fut fondé le
10 octobre 1852, la société des « Montagnards » sous la présidence d’Alfred
Leclercq, E. Courtois, secrétaire et la direction d’Ursmer Delhaye.
Ce cercle
fonctionna jusqu’en 1855[4]
La société chorale « Les Amis d’Orphée » fut fondée le 1er
janvier 1850, elle eut d’emblée 36 exécutants sous la présidence de Léon
Fontaine, Joseph Docquier, secrétaire et la direction de Louis Canivet[5].
En 1859, le cercle
est présidé par M. Fernand Colman et le bourgmestre Wanderpepen en est
président d’honneur.
Le solfège est
enseigné aux membres selon la méthode Galin-Lecarpentier, c’est donc la musique
chiffrée qu’elle a adoptée[6].
Le « Cercle de chorale » lui a succédé vers 1880, il se composait de 68 choristes
dirigés par M. Desbrugh. Ils se réunissaient au cercle catholique, rue
Saint-Jacques.
Le collège de
Binche qui possédait déjà depuis 1840 une société de fanfare a vu s’ériger une
société chorale établie le premier janvier 1851 sous le nom de l’ « Union ».
Elle est présidée
par l’abbé Léopold Chappuis et le directeur-secrétaire est Isidore Devergnies[7].
Elle reçut une médaille à Mons, deux à Binche, une à Fontaine-l’Evêque,
une à Thuin, une à La Hestre[8]
Les « Pieds fermes » et un cercle choral dont le local se
trouvait au n° 15 rue de l’Eglise, au café Louis Cambier
La Société « Les Mélomanes » [9]fut fondée
en 1890. Son local est situé au café
Louis Cambier après la chorale les Pieds fermes.
A
cette époque c’était une chorale d’hommes, à voix égales. Elle était composée
de :
André
Bibert, Elvire Caëls, Armand Derave, Victor Gigounon, Emile Graux, Henri
Groise, Florimond Lavaux, Jean-Baptiste Lebrun, Alexandre Parfum, Lucien
Sebille et Victor winance
En 1933, il fit appel aux voix
féminines pour interpréter divers oratorios
Après 1945, le cercle choral s’oriente
définitivement vers un chœur à voix mixtes.
De 1973 à 1980, la société
traversa une période difficile.
En 1980 Hugues-Marie Heureux reprit la direction, et retrouva son essor.
Il n’est pas possible d’évoquer la musique à
Binche sans parler des nombreuses batteries de tambours des sociétés
carnavalesques qui demandent de longues répétitions dès la prime jeunesse et
qui égrènent leurs ra et leurs fla tout au long de l’année, sans parler des
orchestres qui les accompagnent et qui font partie de la vie courante.
Ce petit panorama, certes incomplet, de la vie
musicale binchoise est le reflet d’une activité culturelle intense qui au cours
des siècles égaya les murs de notre vieille cité.
[1] A.E.M.
Archives locales, P.1182.
[2] Idem
[3] THYS Auguste,
Historique des sociétés chorales de
Belgique, Gand, 1855, p. 63
[4] THYS Auguste,
Historique des sociétés chorales de
Belgique, Gand, 1855, p. 63
[5] THYS Auguste,
Historique des sociétés chorales de
Belgique, Gand, 1855, p. 63
[6] A.E.M.
Archives locales, P.1182.
[7] THYS Auguste,
Historique des sociétés chorales de
Belgique, Gand, 1855, p. 63
[8] A.E.M.
Archives locales, P.1182.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire