samedi 1 avril 2017

Binche et la musique

BINCHE ET LA MUSIQUE
                                                                                                                                          Alain GRAUX

Binche a toujours été le lieu favori des muses, c’est de musique que nous parlerons ici, on se souviendra de Gilles de Bins, compositeur de grand renom, Philippe le Bon se l’attacha comme chapelain en 1436. On trouva son nom dans plusieurs traités de musique, il perfectionna la notation musicale.
Il existait une maîtrise à la collégiale Saint-Ursmer, elle exerça ses talents au cours des siècles, on sait qu’en 1760, les membres de la société de musique Sainte-Cécile se dotèrent d’un règlement. Les membres du chapitre collégial donnèrent leur patronage à cette société qui avait pour but l’amélioration de la musique profane et religieuse par l’exécution de motets et de messes.
En 1825 fut créée la société d’émulation sous la présidence du notaire Auguste Fontaine, plus tard, elle changea son nom en « Société harmonique de l’Union » et enfin en « Cercle musical de l’Union », elle fut en activité pendant un demi siècle et eut pour directeurs des gens connus comme M. Saupe et R. Livain, le violoniste de renom Charles de Beriot prêta quelques fois son concours et des prestations à l’harmonie.
En 1838, un groupe de huit musiciens portant le nom de « chasseurs de Munich » vinrent donner un concert à Binche, ce qui donna l’idée à huit musiciens de l’harmonie de se constituer en groupe avec la même dénomination sous le direction de Félix Dehaye. Le groupe initial prospéra et le nombre d’exécutants augmenta ; en 1880, ils étaient 68 et remportèrent de nombreux prix, la société des Chasseurs fut reconnue société royale en 1881.
Suite à des différents dans la société des Chasseurs, il y eut une scission au sein de celle-ci et une partie des membres forma le 1er avril 1856 la société de fanfare dite des « Pélissiers » nommée ainsi en souvenir du maréchal François Pélissier, vainqueur de Sébastopol en Crimée. En 1835, ils étaient 35 participants, le roi Léopold II conféra le titre de société royale au Pélissiers. En 1872 elle comptait 70 exécutants.
Les organisations socialistes locales devaient se doter en 1920, d’une société de musique qui elle aussi gagna des lauriers aux cours de concours musicaux, c’est la « Fanfare en avant »

La Fanfare « En Avant »  a petit à petit décidé d’abandonner le concept de fanfare pure (ensemble de cuivres et de percussions) en intégrant saxophones, clarinettes, flûtes et même guitare et claviers. Elle a donc décidé de rebaptiser sa dénomination en   « Philharmonique binchoise  En Avant »

Binche doit aussi se féliciter d’un compositeur de grand renom, c’est Louis Canivez, né à Binche en 1837, il fit ses débuts sous la conduite du compositeur allemand M. Saupe, il fut directeur de nombreuses harmonies et fanfares dont celle de Charleroi et de Couillet. Il polémiqua souvent à propos des vices qui s’attachent  aux concours musicaux, il fit un discours très remarqué lors du congrès musical de Malines en 1881. Instituteur à Aiseau, il quitte l’enseignement en 1862 pour se fixer à Châtelet, puis en 1875 à Charleroi ou il ouvre un magasin d’instruments de musique. Il composa énormément de mélodies vocales, de chœurs, de morceaux pour piano, de la musique sacrée, auteur de « pas redoublés », de marches pour fanfares et harmonies, il effectua de nombreuses transcriptions et arrangements. C’est sur sa musique que les « chinels » de Fosses  dansent chaque année, il est aussi l’auteur d’une méthode pour tuba, pour flûte, pour clarinette et pour saxophone. Il mourut à Ittre en 1911.
Binche connut plusieurs chorales :
Le « Chœur des Etudiants » a été établi le 1er février 1841, il fonctionna jusqu’en 1861.
Il était placé sous la direction de M. Diericx, professeur.  Il était formé de 35 membres[1].
Le milieu du 19e vit se créer plusieurs chorales :
La « Société des travailleurs binchois » chorale créée le 1er janvier 1850
Elle se composait de 24 membres présidés par Ursmer Delhaye
Elle reçut une médaille à Binche en 1850 et 1851, ainsi qu’à La Hestre[2]
Ephémère, elle fonctionna à Binche  jusqu’en 1852[3].
En remplacement de la « société des Travailleurs » fut fondé le 10 octobre 1852, la société des « Montagnards » sous la présidence d’Alfred Leclercq, E. Courtois, secrétaire et la direction d’Ursmer Delhaye.
Ce cercle fonctionna jusqu’en 1855[4]
La société chorale « Les Amis d’Orphée » fut fondée le 1er janvier 1850, elle eut d’emblée 36 exécutants sous la présidence de Léon Fontaine, Joseph Docquier, secrétaire et la direction de Louis Canivet[5].
En 1859, le cercle est présidé par M. Fernand Colman et le bourgmestre Wanderpepen en est président d’honneur.
Le solfège est enseigné aux membres selon la méthode Galin-Lecarpentier, c’est donc la musique chiffrée qu’elle a adoptée[6].
Le « Cercle de chorale » lui a succédé vers 1880, il se composait de 68 choristes dirigés par M. Desbrugh. Ils se réunissaient au cercle catholique, rue Saint-Jacques.
Le collège de Binche qui possédait déjà depuis 1840 une société de fanfare a vu s’ériger une société chorale établie le premier janvier 1851 sous le nom de l’ « Union ».
Elle est présidée par l’abbé Léopold Chappuis et le directeur-secrétaire est Isidore Devergnies[7].
Elle reçut une médaille à Mons, deux à Binche, une à Fontaine-l’Evêque, une à Thuin, une à La Hestre[8]
Les « Pieds fermes » et un cercle choral dont le local se trouvait au n° 15 rue de l’Eglise, au café Louis Cambier
La Société « Les Mélomanes » [9]fut fondée en 1890.  Son local est situé au café Louis Cambier après la chorale les Pieds fermes.
A cette époque c’était une chorale d’hommes, à voix égales. Elle était composée de :
André Bibert, Elvire Caëls, Armand Derave, Victor Gigounon, Emile Graux, Henri Groise, Florimond Lavaux, Jean-Baptiste Lebrun, Alexandre Parfum, Lucien Sebille et Victor winance
En 1933, il fit appel aux voix féminines pour interpréter divers oratorios
Après 1945, le cercle choral s’oriente définitivement vers un chœur à voix mixtes.
De 1973 à 1980, la société traversa une période difficile.
En 1980 Hugues-Marie Heureux  reprit la direction, et retrouva son essor.
Il n’est pas possible d’évoquer la musique à Binche sans parler des nombreuses batteries de tambours des sociétés carnavalesques qui demandent de longues répétitions dès la prime jeunesse et qui égrènent leurs ra et leurs fla tout au long de l’année, sans parler des orchestres qui les accompagnent et qui font partie de la vie courante.
Ce petit panorama, certes incomplet, de la vie musicale binchoise est le reflet d’une activité culturelle intense qui au cours des siècles égaya les murs de notre vieille cité.

[1] A.E.M. Archives locales, P.1182.
[2] Idem
[3] THYS Auguste, Historique des sociétés chorales de Belgique, Gand, 1855, p. 63
[4] THYS Auguste, Historique des sociétés chorales de Belgique, Gand, 1855, p. 63
[5] THYS Auguste, Historique des sociétés chorales de Belgique, Gand, 1855, p. 63
[6] A.E.M. Archives locales, P.1182.
[7] THYS Auguste, Historique des sociétés chorales de Belgique, Gand, 1855, p. 63
[8] A.E.M. Archives locales, P.1182.
[9] GARIN A. Binche et le carnaval, Charleroi, 1998, pp.157-158.

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