jeudi 20 avril 2017

Les communications de la ville de Binche

LES COMMUNICATIONS DE LA VILLE DE BINCHE
                                                                                                                                                      Alain GRAUX

Un des premiers soins de l’empire romain fut l’aménagement des routes gauloises en voies militaires. L’empereur Auguste confia à son gendre Agrippa,  gouverneur de la Gaule, la tâche d’établir un réseau routier. La chaussée reliant Bavay à Cologne est un des éléments de ce réseau. Elle passe à proximité de notre ville. Vodgoriacum (Waudrez) est un relais-vicus jalonnant cette route. De nombreux vestiges de cette époque témoignent de l’occupation romaine à proximité de cet axe vital.
Les portes de l’enceinte de la ville s’ouvrent sur de chemins menant aux localités importantes du comté, la porte de Mélion vers Mons, celle de la Sablonnière vers Fontaine l’Evêque, la Neuve porte vers Morlanwelz, la porte Saint-Paul vers la France.
Les chaussées construites sous l’ère autrichienne, généralement empierrées ou pavées, étaient robustes, praticables toute l’année et donc d’un grand intérêt commercial.
En vertu de l’octroi impérial  de Charles VI, en date du 30 mars 1733, la chaussée pavée Mons-Binche est achevée entre Villers Saint-Ghislain et Binche[1].
En 1764, sous le règne de l'impératrice Marie-Thérèse, la chaussée reliant Mons à Nivelles via l'octroi de Bray est achevée. Il manquait la chaussée reliant Binche à Charleroi pour assurer la desserte régulière de la cité binchoise.
Dès 1757, les travaux étaient commencés, mais il faudra attendre le régime impérial de Napoléon pour relancer l’entreprise.
Dès le régime français les grands services de transports s’organisent. Les diligences deviennent de plus en plus importantes. Avec le développement des services postaux, les malles-poste assurant le transport des dépêches assureront simultanément celui des voyageurs et des messageries.
Dans notre région, une diligence reliait Mons à Namur. Le seul itinéraire possible au départ de Mons était celui toujours connu sous le nom de "Vieux chemin de Binche" passant par Binche, Battignies (d’où est probablement issu le nom de la rue de Namur) prolongé vers Ressaix et Leval. Cet itinéraire reste difficile, les trajets sont lents et pénibles sur des voies difficilement carrossables en toute saison
L'empereur Napoléon Ier souhaita la création d'une route militaire traversant le département de Jemappes, dans ce sens il promulgua un décret le 16 septembre1807. L'inauguration de la route aura lieu le 9 décembre 1810[2], mais en réalité les travaux d'achèvement se poursuivront jusqu'en 1816[3].
Des relais pour les diligences s'installent alors à Binche, à l'actuel « Lion d'or » sur la Grand-rue, et à la "Vieille poste aux chevaux" près du carrefour dénommé "Le roi des Belges' à Anderlues.
Sous le régime hollandais, les berlines des "Messageries royales des Pays-Bas" assument le service.
L’Almanach de la province de Hainaut pour l’année 1835, présenté par Jean-Baptiste Thorn signale :
« Une diligence part de Binche  tous les jours à 6 heures du matin pour Bruxelles, où elle arrive à deux heures et demie.
Le départ de Bruxelles a lieu à huit heures du matin et l’arrivée à Binche à quatre heures et demie.
Les diligences de Mons à Namur, à Charleroi et à Liège passent à Binche.
Deux voitures de roulage partent de Binche le mardi de chaque semaine à deux heures du matin et arrivent à Bruxelles vers neuf heures du soir ; elles en repartent le jeudi à cinq heures du matin et arrivent à Binche le vendredi à deux heures après-midi.
Une voiture de roulage part de Binche pour Mons, les lundis, mercredis et vendredis à sept heures du matin, et repart de Mons à cinq heures du soir, au - Corbeau -, rue d’Havré ».
Le rapport de l’administration communale sur les affaires de la Ville signale en 1871 signale que les services de diligences entre Binche et Mons ont été supprimés, depuis que le chemin de fer a établi des trains directs entre Charleroi et Mons par Binche. Plusieurs services de roulage au moyen de

Dès 1e 22 mars 1835, des ingénieurs et arpenteurs sillonnent la région du Centre jusqu’Erquelinnes avant d’entamer les travaux préliminaires d’une ligne allant d’Ecaussinnes à Erquelinnes qui allait s’appeler « Chemin de fer du Centre ».
Pour atteindre une plus grande prospérité, les habitants appelaient de tous leurs vœux l‘établissement d'une voie ferrée qui les mit en communication avec les autres localités importantes de la Belgique; ce qui resta longtemps à s'accomplir.
La Compagnie du chemin de fer du Centre, société anonyme, fut approuvée par arrêté royal du 3 septembre 1853. Ses buts étaient la construction et l’exploitation d’un chemin de fer traversant les charbonnages du Centre. La concession du chemin de fer du Centre, de Haine-Saint-Pierre Baume à Erquelinnes fut accordée par arrêté royal du 27 septembre de la même année. Il s'agissait primitivement d'un chemin de fer reliant le bassin houiller du Centre à la frontière française.
En 1854, l’assiette de l’œuvre, surtout importante entre Leva1 et Ressaix, était déjà érigée mais la construction du pont qui devait enjamber la rue de Namur n’était pas encore entamée. Il sera construit durant les années 1854-1855.
Un train d’essai fut organisé le 10 juillet 1857, et une inspection par les ingénieurs de l’Etat eut lieu le lendemain afin d’ouvrir la ligne officiellement[4]. La section de Baume à Erquelinnes, longue de 22 Km 601 a été livrée à l’exploitation le 2 août 1857, jour de son inauguration par le duc de Brabant (futur Léopold II). Le premier train inaugurant la ligne fut appelé « Prince de Chimay ».
Chacune des stations et des haltes intermédiaires, que l’on créa sur cette ligne, correspondaient en quelque sorte soit à une concession charbonnière, soit à une exploitation industrielle. A 1’origine, en effet, le chemin de fer n’avait été conçu que pour le seul transport du charbon et des marchandises; on ne tarda cependant pas à reconnaître qu’il pouvait aussi être fort utile pour le transport des personnes et notamment pour amener chez nous un complément de main-d’œuvre.

L’introduction du chemin de fer vicinal dans notre région ne se fit pas sans de nombreux efforts de la part de la Ville de Binche.
En 1888, on était au début de l’établissement des vicinaux dans le pays, l’administration communale apprit qu’il était question de créer une ligne de Manage à Haine-Saint-Pierre et Bracquegnies.
Par délibération du 21 août 1888, le conseil communal de Binche émit le vœu de voir étudier la question du prolongement de cette ligne depuis Haine-Saint-Pierre jusque Binche.
L’idée fut rejetée par la Société Nationale des Chemins de Fer Vicinaux du fait de trop nombreux investissements.
C’est donc un refus qui oblige l’administration communale d’envisager de tourner ses efforts d’un autre côté. En  1890, elle apprit que l’on mettait à l’étude la création d’une nouvelle ligne de La Croyère (La Louvière) à Estinnes-au-Val par Saint-Vaast-Péronnes-Bray. Elle conçut le projet d’un embranchement de Binche à Péronnes, et d’accord avec l’administration
En mars 1891, le conseil communal de La Louvière rejeta formellement le projet d’embranchement de Péronnes à Binche.
L’idée de cet embranchement donna l’idée d’une ligne de Binche à Bracquegnies par Péronnes et Saint-Vaast. C’était le seul moyen de relier Binche au bassin du Centre par une ligne vicinale. Ce second projet rencontra lui aussi l’opposition de la Députation permanente du Hainaut
Il fallut attendre le 15 décembre 1896, pour que l’ordre soit donné de dresser les plans de la ligne Binche à Bracquegnies, le dossier complet est transmis alors par la S.N.C.V. au gouvernement.
Le 19-3-1898, le Moniteur publiait l’arrêté royal de concession octroyé par le roi Léopold II le 23 février 1898.
Le 24 novembre 1898, eut lieu à l’hôtel de ville une réunion de la commission provinciale des chemins de fer vicinaux, des inspecteurs de la voirie et des délégués des communes intéressées à l’effet d’examiner un avant-projet de chemin de fer vicinal de Binche à Merbes-le-Château et Solre-sur-Sambre. Ce projet a rencontré l’adhésion générale et il a été décidé de le mettre immédiatement à l’étude[5].
Le 21 avril 1899, le conseil communal décide de prier la S.N.C.V. de bien vouloir étudier le plus tôt possible, un chemin de fer vicinal de Binche à Bersillies-l’Abbaye et de solliciter de l’Etat et de la province, la souscription d’une partie du capital nécessaire à la mise en exploitation de cette ligne, de supporter une part des mêmes frais, équitablement répartis entre les autres communes intéressées et de rembourser à la Société Nationale la part qui lui incombera dans les frais d’études déboursés par cette société en cas de non exécution du chemin de fer.[6]
Le projet de la ligne de Binche à Bersillies-l’Abbaye fut déposé en 1900, elle fut autorisée par la S.N.C.V. le 20 janvier 1902 et la concession de passage fut autorisée le 9 février 1907[7].
Le 18 février 1903, le conseil communal de Binche, considérant qu’un prolongement de la ligne de Binche à Anderlues de la ligne Binche-Bracquegnies, rendrait de grands services aux localités traversées et pourrait être exploité avantageusement, décide de prier la SNCV de bien vouloir étudier un prolongement du chemin de fer vicinal de Binche-Bracquegnies[8].
Le 21 juillet 1904, le conseil communal de Binche prend connaissance d’un projet de plan pour la ligne Binche-Anderlues et estime que ce plan peut être adopté[9]. Le 13 août 1907, le conseil communal de Binche, vu la lettre du gouverneur du 5 juillet, constatant qu’aucune opposition n’est faite pour l’établissement d’une ligne vicinale de Binche à Anderlues, émet l’avis que le tracé proposé est adopté.
Après le construction du tronçon de Fontaine-l’Evêque à Marchienne, la ligne électrique Binche-Charleroi fut inaugurée le 1er octobre 1930.


[1] LEJEUNE T., Histoire de la ville de Binche, Binche,  1887, p.15.
[2] 1810, Inauguration de la route de Binche à Charleroy et Fleurus, dans Documentation et rapports, Soc. Paléontologique et Archéologique de Charleroi, 25-26, 1901-1903, t. XXV, pp. 307-314
[3] CLERBOIS E. Binche et l’histoire postale, dans Les Cahiers Binchois, n°15, p.119.
[4] MATTHIEU E. Les œuvres sociales et chrétiennes des arrondissements de Mons et de Soignies, Bruxelles 1908, p.4.
[5] A.V.B. 01-00-01-21, p.137.
[6] A.V.B. 01-00-01-21, p.161.
[7] Moniteur Belge du 24-2-1907.
[8] A.V.B. 01-00-01-21, p.338.
[9] A.V.B. 01-00-01-21, p.393.

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