UN MUSICIEN RENOMME: GILLES BINCHOIS
Alain GRAUX
Gilles Binchois où
Gilles de Bins, dont la statue ciselée par Edmond de Valériola est située au
square Eugène Derbaix avec celle des autres célébrités de notre ville, était un
musicien et fameux polyphoniste.
Il naquit vers
1400[1], fils
de bourgeois de Mons, Jean de Binche et Jeanne Pauluche. Jusqu’en 1425, il
était au service d’un seigneur anglais. Contrairement aux nombreux compositeurs
franco-flamands, qui sont d’infatigables
voyageurs, Gilles Binchois fut plutôt casanier, en effet le duc de Bourgogne,
Philippe le Bon, se l’attacha en 1436, il devint secrétaire aux honneurs. En
1437, grâce à sa dignité de prêtre, il fut pourvu d’un canonicat de
Sainte-Waudru à Mons, à Saint-Pierre de Cassel à Saint-Donat de Bruges. Dès
1452, il était prévôt et chanoine de Soignies, collégiale où il fonda plusieurs
fondations. Dès 1438, il devint chapelain du duc et recevait de ses divers
bénéfices 800 livres
par an. A partir de ce moment, il dirigea la chapelle musicale ducale. Il
perfectionna la notation musicale et son nom reste attaché à plusieurs traités
de musique, influençant durablement les musiciens de la génération qui suivit.
Ses œuvres, furent souvent empruntées, parodiées, voire plagiées, ce qui prouve
le prestige de ses compositions.
Il s’est surtout
distingué par des compositions profanes où domine le rondeau[2] à
trois voix traité par déchant[3].
On connaît une
cinquantaine de chansons françaises d’une exquise invention mélodique.
Mais il réalisa
aussi des œuvres religieuses pour lesquelles il ne fait que rarement usage d’un
cantus firmus grégorien, des motets polyphoniques.
Ses traits
seraient connus par un portrait[4]
réalisé par Jan Van Eyck, où il figura l’aède grec Thimothée de Milet. Selon
l’historien Erwin Panofsky, Gilles Binchois aurait posé pour ce portrait en
1432 ; si cette hypothèse s’avère exacte, ce serait le premier portrait de
grand format d’un compositeur.
Une miniature du Champion
des Dames composé par Martin le Franc entre 1440 et 1442[5] et
dédié à Philippe le Bon le représente aussi avec le fameux compositeur
Guillaume Dufayt. Ce dernier est représenté à côté un orgue portatif, tandis
que Gilles Binchois, célèbre par ses chansons, tient une harpe. Sous la
miniature figurent les stances faisant l’éloge de ces deux maîtres.
C’est en compagnie
de Dufayt qu’il assiste le 3 mars 1449, à une réunion du chapitre de
Sainte-Waudru à Mons, où les chanoinesses leur font mille démonstrations
d’admiration et d’amitié.
Gille Binchois
décéda à Soignies le 20 octobre 1460.
[1] Certains biographes tel G. Decamps, prétendent qu’il
serait né à Mons.
[2] Air où le thème principal est repris plusieurs fois
[3] Mélodie en contrepoint dans le plain-chant
[4] Ce portait se trouve à la National Gallery de Londres
[5] Bibliothèque Nationale de Paris, Ms. Fr. 12476, f°98.
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