LA NAISSANCE D’UN
NOUVEAU QUARTIER ET SA CONVIVIALITÉ
Fernand GRAUX
Sous l'égide du bourgmestre de
Binche, Charles Deliège, par mesure de salubrité publique, il fut décidé de
supprimer toutes les petites maisons ou masures qui s'accolaient aux remparts
de la ville, afin de mettre ceux-ci en
valeur.
En contrepartie, il fallut créer,
pour les habitants aux revenus modestes de ces maisons un nouveau quartier qui
serait situé sur le hameau de Battignies qui possédait de nombreuses pâtures et
vergers qui se trouvaient disponibles à quelques encablures du centre ville,
deux kilomètres à peine.
Le projet fut accepté par l'administration
communale du moment et mis à exécution. On vit, en peu de temps, surgir par
blocs de six et comme des champignons, de jolies petites maisons blanches, bien
accommodées. Mais si les maisons étaient bien réalisées, il restait beaucoup à
faire : l'égouttage était construit, mais au détriment des rues non encore
tracées. Par temps de pluie, on s'enfonçait dans la boue jusqu'aux genoux pour
entrer dans les maisons. Les demandes provenant des expulsés étaient devenues
si pressentes qu'il avait fallut, par la force des choses, les faire entrer
bien avant les finitions intérieures à effectuer, tel les raccordements en électricité,
au gaz, l’installation des toilettes, etc. D'autre part, les Binchois venant de
l'entité, qui n'avaient pas trouvé logement en ville affluaient, et voulaient
eux aussi intégrer ces nouveaux logements promis de longue date. On vit les
camions de déménagements venir de toute part, créant une pagaille sans pareille.
Ces préliminaires exposés sont
nécessaires pour la compréhension de ce qui va suivre. Tout cela ne s'est pas
fait sans qu'une solidarité ne se soit établie entre ces nouveaux venus qui ne
se connaissaient un peu où à peine. Les coups de mains se donnaient
sans rechigner des uns aux autres et c'est ainsi qu'une camaraderie se créa de
toute pièce, dès la création du quartier, entre les nouveaux venus.
Le
temps passa, les années aussi, la camaraderie s'accentua entre tous ces voisins devenus amis par la force des
choses, dans une cité qui à présent
avait un tout autre aspect. Les pelouses garnies de fleurs et de plantations, bordées de haies bien alignées et
bien taillées, les jardins retournés
et bien servis approvisionnaient en légumes tous ces ménages enchantés d'habiter ces lieux qui prirent un nom
bien approprié: Cite des Jardins.
Jusque bien tard dans la soirée, il fallait voir le soir, tous ces gens sur la devanture de leur maison, jouer aux cartes ou se fendre en parlottes interminables. Les gosses, après l'école et les devoirs faits, jouaient entre eux à n' en plus finir, bref, c'était le bon temps !
Jusque bien tard dans la soirée, il fallait voir le soir, tous ces gens sur la devanture de leur maison, jouer aux cartes ou se fendre en parlottes interminables. Les gosses, après l'école et les devoirs faits, jouaient entre eux à n' en plus finir, bref, c'était le bon temps !
Un
jour, au centre même du quartier, un petit groupe de voisins proches émirent l’idée de créer une ducasse, à l'instar
d’autres festivités existantes en
ville, telles celles de la place du Centenaire, régie par Raymond Termolle, ou celle du Pont-Martine, avec Désiré Serrure, ou encore à Million avec
Georges Troukens et
encore au quartier de la gare avec Philippe Garin.
Faisant
partie du groupe des instigateurs de cette kermesse, je fus chargé d'organiser
le projet. J’étais
déjà connu par de nombreux Binchois comme animateur, chanteur et comédien sous le pseudonyme d'Eddy Freddy. J'acceptai de bon cœur car l’idée me plaisait. Un comité fut créé après
diverses concertations. Sylvain Patoux fut nommé président, Arthur Rombeaux, fils du bourgmestre
de Waudrez, secrétaire,
et Willy Coron, trésorier. Quand à moi j’eu la charge d'organiser et de penser cette fameuse ducasse. Ce ne fut pas
une sinécure, mais avec l'aide
de nombreux bénévoles enthousiastes et compétents, un programme copieux et varié fut élaboré comme vous allez le
voir :
Trois
jours de festivités furent prévus.
La fête foraine comportait un carrousel, des balançoires et un tir à
pipes.
Le
samedi, une retraite aux flambeaux, accompagnée d’une fanfare où des musiciens
venus des trois
fanfares locales, dispensèrent une musique joyeuse. On avait convenu l'affaire
moyennant un verre à boire dans chaque café de la rue de Bruxelles. Elle fut suivie par
une foule enthousiaste.
Le dimanche matin,
au son de musiques prodiguées par un disque-joker, l'apéro fut de rigueur, la bière coulait à flots, dispensée par une buvette
fournie par un brasseur obligeant
qui nous avait prêté aussi des chaises et des tables. L'après midi, vers 5 heure, une séance de
variétés permettait aux artistes
amateurs de la ville de venir se produire bénévolement jusqu'à 20 heure. Une pièce de théâtre suivit, écrite sous
ma plume pour la circonstance.
La soirée se terminait joyeusement par un dernier verre.
Le
lundi fut consacré aux enfants avec des jeux variés et un corso fleuri : trottinettes, voiturettes, vélos bigarrés déambulaient, applaudis par les
parents admirant
leur progéniture avec amour.
Cerise sur le gâteau, après avoir payé tous les
frais qui incombaient à la ducasse, nous offrions à tous les pensionnés de la
cité une paire de pantoufles, une bouteille de vin et un morceau de tarte
confectionnée par les
dames du comité, c'était leur cote part à cette aventure merveilleuse concoctée par leurs maris dans
cette cité vraiment conviviale. Le surplus était distribué à l’œuvre du
« Franc du vieillard ».
L’amitié et la confraternité n’était pas un
vain mot dans notre quartier, mais la vie actuelle ne présente plus ce genre
d’activités. Si la générosité se fait encore sentir, elle ne se fait plus de la
même manière, tout change!
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