mardi 14 février 2017

Les boulangers binchois


LES BOULANGERS BINCHOIS
                                                                                                                                          Alain GRAUX
Depuis toujours le pain est l’alimentation de base de la population, mais bien peu de renseignements concernent les boulangers binchois sous l’ancien Régime, il faut attendre la fin du XVIIIe siècle pour qu’on parle d’eux.
L’invasion française fut ressentie durement par les boulangers de notre ville.
Le 13 mai 1794, l’administration communale provisoire reçut l’ordre de fournir 19.080 rations de pains pour le lendemain à 10h du matin. Tous les boulangers binchois se mirent à l’œuvre, mais leur travail nocturne n’eut pas l’effet escompté, les Français ayant dû quitter la ville précipitamment.
Les réquisitions de pains étaient pratiquées couramment par toutes les armées. Le 19 mai, sur l’ordre du général autrichien, comte Kaunitz, les Binchois durent préparer 26.00 rations de pain pour le lendemain[1].
D’autres réquisitions furent subies par les boulangers :
Le 12 messidor an II (29 juin 1794) 6.000 pains e trois livres sont imposés pour le lendemain à 9h en les prévenant qu’il sera fait un visite domiciliaire et que ceux qui auraient fait une fausse déclaration seraient mis en état d’arrestation, et ce qui se trouvera chez eux serait confisqué  au profit de la République[2].
Le 7 nivôse an III (26-12-1794) l’agent national du district a reçu des plaintes concernant le manque de pains.
Le 19 nivôse an III (9-1-1795) la distribution en grains à la population est fixé à 1 livre par tête par jour, ainsi qu’n pain d’une livre ½ pour une ou deux décades. Les bons ne pourront excéder la quantité de grains ou farine que la municipalité a reçu.  On décide qu’un  ou deux boulangers sera nommé pour la cuisson du pain qui se fera à l’hôpital. Le citoyen Honorez sera commissaire à l’inspection de la cuisson des pains. Le pain coûtera 10 sous pour 3 livres.
Le 22 nivôse an II (11-1-1795)  la ville est dans la plus grande disette, la municipalité  a distribué du pain pour 149 familles, il en reste encore 29 qui seront remis à l’hôpital[3]
Le 8 floréal an III (28-4-1795) les  boulangers refusent de livrer du pain si on ne leur fourni pas le grain. Une présentent une pétition à l’administration du district pour obtenir six quintaux moitié froment, moitié seigle[4].
Le recensement de l’an IV (1795), renseigne 20 boulangers :
Grand-Place
Lebeau Charles, 32 ans (idem 1798) ; Lebeau Joseph, 37 ans ; Tondeur Pierre, 27 ans (idem 1798)
Grand-rue
Courtois Englebert, 41 ans (idem 1798) ; Devergnies Jean-François, 54 ans ; Hecq Théodulphe, 35 ans (idem 1798) ;  Massart Emmanuel, 40 ans (idem 1798) et son frère Massart Ursmer, 38 ans
Rue de la Caillerie
Delrue Louis, 40 ans (idem 1798) ;  Deprez Philippe, 25 ans
Rue du Cerf
Buisseret Bernard, 37 ans (idem 1798)
Rue de L’Eglise
Haine Ursmer, 37 ans (idem 1798)
Rue de la Triperie
Claise Joseph, 30 ans (idem 1798) ; Leblanc Joseph, 27 ans
Rue de Million
Dubois Ursmer, 62 ans
Rue des Pelletiers
Lebrun Louis, 37 ans
Rue Saint-Paul 
Deneufbourg Ursmer, 40 ans (idem 1798) ; Virlet François, 39 ans (idem 1798)
Rue Margot du Fayt
Michel Philippe, 46 ans
Rue Saint-Jacques
Courtois Augustin, 44 ans ; Lebeau Honnoré, 44 ans ; Leblanc Toussaint, 35 ans (idem 1798)

Le recensement de 1798 renseigne quelques noms différents :
Grand-rue : Bourgeois Philippe, boulanger chez Sanglier (marchand boulanger),
Rue Saint-Jacques : Long Pierre-Joseph.
Rue des Trois Escabelles : Seghin François
Rue de Million : Veuve Ursmer Dubois

Le 15 mai 1812, les boulangers déclarent les céréales qu’ils possèdent chez-eux :
Courtois Augustin, rue Saint-Jacques 208, déclare posséder 30hl de froment, 8hl de méteil, 54 myriagrammes[5] de farine.
Courtois Maximilien, rue de l’Issue du Cerf, 212, déclare posséder 16hl de froment et 60 myriagrammes de farine, en outre chez Ursmer Courtois, son frère, rue des Orphelins, la quantité de 9hl de froment.
Delrue, Louis, rue de Mons 249, déclare posséder 21 myriagrammes de farine.
Dubois Constantin, rue de Mons 81, déclare posséder 21hl de froment, 13hl de méteil et 160 myriagrammes de farine
Haine Ursmer, rue Saint-Paul 97, déclare posséder 27 myriagrammes de froment.
Meunier Ursmer. Rue Saint-Paul 96, déclare posséder 133 myriagrammes de farine de froment.
Lebeau Charles, Grand-Place 189, déclare posséder 113 myriagrammes de farine.
Mathieu Ferdinand, rue des Pelletiers 179, déclare posséder 118 myriagrammes de farine.
Legendre Joseph, ouvrier boulanger  pour et au nom de la veuve Philippe Bourgeois, boulangère, Grand-rue 333, déclare posséder 21 myriagrammes de farine[6]

Le 20 juin 1815 : 2600 rations de pain sont réquisitionnées par ordonnance de M. Sallé commissaire de guerre de la 13e brigade du corps d’armée prussien.
Le 31 mai 1816, un arrêté de la mairie de Binche stipule :
-          Les boulangers et marchands de pain de cette ville, ne pourront vendre et débiter  d’autres pains que ceux ayant les poids qui seront déterminés invariablement  par la mairie et conformément au nouveau système des poids et mesures.
-          Le prix des dits pains sera réglé par la mairie tous les samedis, d’après les mercuriales du grain dans les marchés de Mons.
-          Cette taxe sera observée dans le cours de la semaine suivante. Elle sera soigneusement affichée aux portes de la maison commune.
-          Chaque boulanger sera tenu d’avoir une balance suspendue dans sa boutique et d’être muni de la série de poids correspondant à ceux des pains.
-          Ces balances et ces poids devront avoir été vérifiés et porter les marques du bureau de vérification, les poids seront en fer ou en cuivre…[7]

Le 29 octobre 1824[8] le Collège des bourgmestre et échevins de la ville de Binche édictèrent un règlement de police sur le poids et la qualité du pain :
«  L’expérience nous ayant démontré que les règlements et tarif pour la fixation du prix du pain, arrêté le 21 mars 1823, ne peuvent être ponctuellement suivis, parce qu’alors, le bénéfice des boulangers serait trop considérable, et que les intérêts de nos administrés se trouveraient lésés par cet état de chose.
Considérant que la fixation du prix du pain, en prenant pour base le prix des grains, déterminé par la mercuriale du marché de Mons, entraine certains inconvénients en ce qu’elle n’est pas toujours exacte, et que le prix des grains diffère souvent, entre les villes de Mons et de Binche.
Vu l’article 155 de la loi fondamentale, l’art. 70 du règlement de cette ville arrêté par S.M. le 23 janvier 1824.
Vu la loi du 6 mars 1818, et l’arrêté pour la fixation du prix du pain émané par la régence de cette ville le 21 mars 1823,
A fait et arrêté les dispositions suivantes :
* A partit du 15 novembre 1824, les boulangers et marchands de pain, ne pourront vendre et débiter, soit dans leur boutique, soit sur le marché public, d’autres pains que ceux ayant le poids et les qualités ci-après déterminées, savoir :
- Pain blanc de froment bluté de première qualité du poids de 5 onces, d’une livre, ou de deux livres des Pays-Bas. Ce pain doit être composé de la fleur qui contient la farine de froment de 1ère qualité.
- Pain de froment, dit pain de ménage du poids s’1 livres ou de deux livres des Pays-Bas. Ce pain doit être composé de toute la farine que contient le froment pur et de bonne qualité.
- Pain de seigle de bonne qualité, du poids d’1 livre ou de deux livres des Pays-Bas. Ce pain doit être composé de toute la farine que contient le seigle pur
* Le pain de chaque espèce doit être bien manipulé, n’avoir aucun mauvais goût, présenter une mie spongieuse, élastique, parsemée de trous plus ou moins grands, d’une forme inégale, et offrir une croute  sèche et cassante, qui indique qu’il a reçu une cuisson convenable.
* Les pains qui seront reconnus ne pas avoir leur poids, ou qui ne seront point jugés avoir les qualités  voulues, par le présent règlement, seront confisqués par les ordres du Collège du bourgmestre et échevins.
Deux tiers en seront donnés au bureau de bienfaisance, et l’autre tiers au dénonciateur, et à défaut de celui-ci à l’agent de police qui aura constaté la contravention.
* les boulangers qui s’apercevraient en retirant leurs pains  du four qu’ils n’ont pas le poids voulu, ne pourront les vendre ni les déposer dans leur boutique qu’en les coupant au moins en deux parties.
* Les galettes, couques, rondelains, et autres friandises continueront à être vendus sans être soumis au poids.
* Celui qui exerce la profession de boulanger, sera tenu de se faire inscrire au secrétariat de la Ville, ou il donnera l’indication d’une marque particulière et distinctive qu’il devra apposer sur le pain qu’il exposera en vente, cette marque sera empreinte sur le registre à ce destiné.
* Sont considérés comme boulangers non seulement ceux qui manipulent ou font manipuler le pain pour le vendre chez eux, mais encore tous autres qui vendraient du pain sur étaux, dans le marché public ou dans tout autre endroit.
* Tout boulanger ou autre marchand de pain, sera tenu de peser le pain, d’il en est requis par l’acheteur. Il devra à cet effet avoir dans le lieu le plus apparent de sa boutique, des balances et des poids de 2 livres, d’1 livre, et de 5 onces des Pays-Bas, dûment poinçonnés.
* Toute contravention au présent règlement sera punie d’une amende de 5 à 15 livres et d’un emprisonnement  d’un jour séparément  ou cumulativement, suivant les circonstances… »[9]

Comme l’indique les règlements de police voici les marques que boulangers doivent apposer sur leurs pains  en 1823:
Bourgeois  Veuve Laurent: N                       Meunier Ursmer I D
Bourgeois Veuve Philippe P B.[10]           Dehu  Michel-Joseph: D
Boussart Alexis B. A.                                   Delrue  Louis: L D
Colman  Ursmer: U C                                   Navez Auguste A N
Lebeau Honnoré L.H                                    Debaise François  F D
En 1829 :
Deprez Victor  V D
Wilbaut Louis-Benoît L W
Petre Jean-Baptiste J P

L’architecte Depuydt signa les plans du Grand salon, Grand-Place, et les devis estimatifs le 20-3-1825, il signale dans les caves, une boulangerie dans laquelle se trouve le jet d’eau venant des fontaines, de 6 aunes de long sur 3,2 de large.
En décembre 1830, le bourgmestre de Binche, de Biseau de Hautteville,  demande aux boulangers de lui fournir la quantité de différentes espèces de grains propre à leur négoce et en leur possession:
Alexis Boussart  ne déclare travailler que 9 hectolitres de froment.
Ursmer Colman emploie 20 hl de froment
Augustin Courtois emploie 80 rasières en froment et 15 muids de seigle
François Debaise utilise, 40 hl de froment, 10 hl de méteil, 22 hl de seigle et 24 hl d’orge
Louis Dejehansart travaille 12 hl de froment et 6 hl de seigle
Honoré Lebeau utilise 50 rasières de froment et 6 rasières de seigle.
François Massard a 6hl de farine blutée de froment
Ursmer Meunier a 60 hl de froment en farine, 15 hl de seigle et 100 hl d’orge destinée à faire de la bière.
Jean-Baptiste Petre utilise 16 hl de froment, 5hl de méteil[11]


Le 30 novembre 1846, eut lieu une pétition des boulangers de Binche, adressée au conseil communal de la ville:
« Les soussignés, tous boulangers domiciliés en la ville de Binche, ont l’honneur de vous exposer que la mise en exécution de l’article premier du règlement de police en date du 5 février 1825, sur le poids et la qualité du pain entraine pour eux, des conséquences fâcheuses auxquelles ils ne pourront se soustraire, qu’à l’aide d’une augmentation de prix. Ils déplorent  la nécessité d’une mesure qui frappera directement la classe ouvrière et indigente dont la nourriture principale est le pain.
Emus des accusations lancées contre eux et qui ne tendent rien moins qu’à leur ravir cette réputation de probité indispensable dans un commerce dont la confiance est l’âme.
Ils ont crus, Messieurs, qu’en vous exposant les faits dans toute leur simplicité, vous apprécierez la pénible position dans laquelle ils se trouvent et vous vous empresseriez d’apporter certaines modifications au règlement qui forme l’objet de leur réclamation. Etant démontré par l’expérience que la décision prise par l’administration communale en 1828, n’a pas atteint le but qui lui était assigné.
Les requérants posent en fait que le pain subit, soit par l’action de l’air, soumis aux variations incessantes de l’atmosphère, une diminution plus ou moins considérable de poids et de volume et supplient de vouloir ordonner qu’il soit procédé à une épreuve contradictoire, tendant à établir, jusqu’à quel point leur assertion mérite d’être prise en considération. Ils croient cependant devoir soumettre à l’appréciation de leurs magistrats, une mesure qui selon eux obvierait aux inconvénients signalés. Déjà à la suite de tous les arrêtés relatifs à cette matière, cette mesure adoptée tout récemment encore par la ville de Paris serait de nature à donner à l’acheteur une garantie certaine, à laquelle il importe d’abord de pourvoir dans tous commerce, dans toute industrie, c'est-à-dire que le numéraire compté par lui représente la valeur exacte de la quantité achetée.
L’article du règlement de police précité porte « tout boulanger ou autre marchand de pains sera tenu de peser le pain s’il en est requis par l’acheteur ou par tout autre préposé à la surveillance et à l’exécution du présent règlement, il devra à cet effet avoir dans le lieu le plus apparent de sa boutique des balances et des poids de deux livres, d’une livre, et cinq onces des Pays-Bas ».»
Modifiant cet article, imposé à tous les boulangers, l’obligation absolue de vendre le pain au poids que vous établirez par ce moyen une impossibilité matérielle de toute fraude ultérieure sur la quantité.
Avant  de terminer cette requête…nous devons Messieurs, pour répondre à certains reproches qui nous sont adressés et que nous repoussons avec force, établir la différence du prix du pain entre la capitale et Binche, dans la première ville, le pain de 2 kg coûte 94 cts et dans la dernière 82 cts, et cependant les grains servant à la fabrication de l’un et de l’autre sont pour la plupart tirés du même marché de Bruxelles.
Les soussignés osent espérer que par une prompte décision, vous mettrez fin à cet état de choses…
Signé, Dejehansart, F. Fayt, Pierre Outlet, François Verset, L. Trigallez, L. Colman, J. Delbart, A. Hupin, F. Cordier, Termolle, Henry Claise, Cordier, Colmant, Waterschoot, André Sayaux »[12].

Voici les marques des boulangers en 1846
Blain Maurice B M                                        Deliège Xavier X D
Bourgeau Augustin  A                                  Fayt François  F F
Boussart Emile E B                                       Carlier-Lebeau, rue du Cygne F C
Cordier Emmanuel, rue de Mons, C E          Hupin-Marlier Antoine A H
Courtois  Veuve Augustin: A C.                   Outelet-Claise Pierre P O
Sebille Alexandre S                                       Verset François F V[13]

Vers 1860, le plan et matrice Popp renseignent 18 boulangers :
Bette Charles, Debecker Alexis, Breda Alexandre, Cuyt Maximilien, Decoene François, Delait Achille, Deligne Léopold et son fils Léon, Delcourte Pierre (Vve), Denayer Charles, François Théodore, Jeuniaux Alexandre, Moreau Antoine, Stassin Isidore, Stassin Thomas (Vve), Tamigneaux Adolphe, Tongre Ferdinand, Vandenbroeck Pierre-Jh.
Peu avant la guerre 1914-1918, 21 boulangeries  étaient installées dans la ville (hormis les pâtissiers):
Avenue de Burlet : Laurent Jules (n°47, depuis 1900)
Avenue Wanderpepen : Lievens Ernest (n°17) ; Beaumez François (n°71) ; Fournier Edouard (n°90)
Faubourg Saint-Jacques : Vandeweghe Camille (n° 16)
Grand-rue : Legrand Ildefonse (n°98), Humbled Paul (n°193, depuis 1909)
Rue des Boulevards : Richelet Louis (n° 54)
Rue de Buvrinnes : Vandeweghe Jules (n° 75, depuis 1911)
Rue Carlo Mahy : Dorval Léon et son fils Vital (n° 15)
Rue de Charleroi : Delplancq Omer (n°9)
Rue du Cerf: Carlier Emile et Van Reickem Octave (n°5)
Rue du Cygne : Trigallez Armand et son fils François (n° 26)
Rue de la Hure : Decastiaux Albert (n°7)
Rue de Mons : Baudoux Emile (n° 107)
Rue de Robiano : Boudart Auguste (n°27) ; Boussart Gustave (n°56) ; Ost Oscar (n°82) ; Roulez Emile (n°86)
Rue Saint-Georges : Gravis Désiré (n°24)
Rue Saint-Jacques : Demars Oscar (n° 53)
Rue Saint-Paul : Goffaux Louis (n° 65, depuis 1909)

En septembre 1914, l’administration communale décida de réglementer la vente et le débit du pain. Les habitants pouvaient disposer de 400 grammes de pain maximum par jour. Le prix en était fixé à 28 centimes le pain d’un kg, et de 55 centimes le pain de 2 kg.
Le pain est alors fourni sur présentation d’une carte de famille remise à chaque chef de ménage, dans les locaux aux jours et heures indiqués, trois distributions se faisant par semaine. Il était recommandé de se présenter avec la somme exacte ou avec les bons du Comité de secours.
















[1] MILET A. Binche au début de la seconde occupation française (1794), dans « Les cahiers binchois » n°8, 1987, p.10.
[2] Idem, p.14.
[3] A.V.B. 00-00-01-42
[4] A.V.B. 00-00-01-42
[5] Un myriagramme vaut 10kg 14 gr.
[6] A.V.B. 3941
[7] A.V.B. 3938
[8] Publié en février 1825.
[9] A.V.B. 3929
[10] A.V.B. 3917, Marques des boulangers de Binche
[11]A.V.B. 3934 Formulaire à remplir par les boulangers concernant les grains qu'ils emploient

[12] A.V.B. 3933
[13] A.V.B. 3936

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