UN PATRIOTE BINCHOIS :
LOUIS FAYT
Alain GRAUX
Louis Fayt, marchand
binchois, fit parler de lui une première fois le 17-5-1789, lorsqu’il fut
arrêté par les troupes envoyées à Binche contre les émeutes frumentaires. Lors
de la révolution brabançonne, « Ame damnée » de Philippe-Joseph
Carpentier (1737-1819) Doyen de la collégiale Saint-Ursmer, député aux Etats et
ennemi déclaré de Joseph II. Il devint après son élargissement, capitaine des
volontaires binchois.
T. Lejeune rapporte une
anecdote le concernant :
« un ancien usage qui
se pratiquait à la veille de l’Ascension donna lieu à des manifestations
bruyantes. Parmi les officiers des volontaires, à Binche, Louis Fayt était celui
qui jouissait de la plus grande popularité. Animé d’un ardant patriotisme il
avait été élevé au grade de capitaine par ses concitoyens.
Or, dans la soirée du 20
mai, quelques individus ayant rapporté un grand bouleau de l’un des bois du
voisinage, le déposèrent chez le nommé Delhaye, dit l’Architecte. Vers minuit,
la société de musique de la ville vint les y rejoindre. De là, ils se mirent en
marche suivis de leurs amis et allèrent planter « l’arbre de mai » en
face de la maison de leur capitaine « au son des instruments ». Le
lendemain, jour de l’Ascension, les patriotes « affectèrent un air
d’insolence et de bravade »
Quelques hommes
consentirent à veiller le bouleau pendant la nuit suivante. A sa rentrée chez
lui, Fayt leur fit donner une bouteille de punch. On joua ensuite des airs
patriotiques, après quoi tout rentra dans le calme. Le 22 à neuf heures du
soir, il se forma de nouveaux rassemblements et la musique parut encore dans la
rue où demeurait le capitaine Fayt. Les sérénades recommencèrent aux
applaudissements du peuple excité par les principaux meneurs. Alors on déplanta
le « mai » et on le traîna parmi la ville… »
Suite aux courses
continuelles du capitaine vers l’abbaye d’Aulne pour se concerter avec le
chanoine Carpentier qui avaient éveillé l’attention de l’autorité militaire, il
fut appréhendé de nouveau par le capitaine Paulus à la tête d’un corps volant
du régiment de Murray, il est incarcéré au château de Mons le 3-8-1789. Il fut
alors remis au pouvoir du substitut-avocat de l’empereur.
Libéré à la retraite des
Autrichiens, il est chargé le 17-12-1789 par le Comité général du Hainaut de
gérer la recette du Domaine de Binche, abandonnée par la fuite du major
François-Joseph de Stassart, receveur des domaines et prévôt de la ville et terre
de Binche. Il obtint aussi une commission l’autorisant à recruter des
volontaires dans le quartier de sa ville natale. Il s’acquitta de son rôle avec
succès et dirigea ses recrues sur la capitale du Hainaut, où ils étaient
incorporés dans les compagnies au fur et à mesure de leur arrivée
Les Binchois se comportent
brillamment sur la Meuse. Le bureau de guerre du Hainaut est fier de proclamer
l’exploit de ses troupes. Le 22-9-1790, quatre cent volontaires sont aux ordres
de Louis Fayt, et du capitaine Pêtre, de Vellereille-lez-Brayeux. Ils passent
la Meuse à Hastières, bousculent les Autrichiens, ramènent trois canons et 17
prisonniers.
A retour des Impériaux,
François de Stassart se venge et fait opérer une saisie sur les biens de Fayt
en « garantie des comptes qu’il doit rendre ».
Plus tard L. Fayt devient
un des secrétaires de « l’Assemblée générale des Représentants du Pauple
souverain du Hainaut Belgique » installée sous Dumouriez le 22-11-1792.
Bien que militant Statiste comme le Doyen Carpentier, il s’oppose fréquemment à
ce dernier et émigrera en 1794. Son exemple illustre les dissensions au sein du
parti dominant à l’époque
Bibliographie concernant Louis Fayt :
A.G.R.- C.F. , 1.1.473
Bureau de la guerre du
Pays et comté de Hainaut, Mons
24-9-1790.
Le Livre noir du Pays et
comté de Hainaut, t.8, p.27 ;
t.9, pp. 17-19.
MEURISSE et LECONTE, Une
page d’histoire belge. Les Binchois et la Révolution brabançonne,
publication extraordinaire de la Soc. Arch. Binche, p.13-15.
DELECOURT Introduction à
l’histoire administrative du Hainaut depuis la première invasion française,
Mons 1839, p.88.
L. SHADECK, l’émigration
de 1794 dans le département de Jemappes, ULB, mémoire inédit de licence,
1960-1961, 2 vol.
Tableau de la
souscription patriotique de la province de Hainaut, Mons 1790, p.30.
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