PROMENADE DANS LE BATTIGNIES DU PASSÉ[1]
Alain
GRAUX
Visiter Battignies, c’est se
souvenir d’un village dont on n’a qu’un vague souvenir, il s’est perdu dans les
brumes de la mémoire, car qui connaît encore, mis à part quelques
« initiés » de l’histoire, le bourg de Battignies ?
Battignies était assez étendu,
partant de Buvrinnes à Péronnes ou de Binche à Ressaix.
Entre Buvrinnes et Epinois
s’étendaient les terres de la prévôté de Prisches, qui était en principe le
chef-lieu de la seigneurie qu’était alors le village et qui dépendait de
l’abbaye de Marchiennes sur la Scarpe (France) et ce, dès le XIIe siècle. Elle
était tenue par des censiers jusqu’à la fin du XVIe siècle et ensuite par un
prévôt religieux et quelques moines jusqu’en 1802. Le château précédé d’un
grand jardin est un long bâtiment sans étage que limitent deux pavillons de
même hauteur ; à l’arrière se profile la chapelle. La ferme se juxtapose
au bâtiment principal.
Le chef-lieu était un peu à l’écart
de la vie du village qui se concentrait à la sortie de Binche, porte de
Bruxelles.
Près de la place se trouvait le
pilori, symbole de la haute justice et la chapelle Sainte-Anne, témoignage de
la ferveur des Battigiens du XVIe
siècle.
De là partent tous les chemins qui
traversent le village qui bien qu’étant à vocation agricole eut de nombreuses
industries.
La route de Binche à Morlanwelz qui
vit si souvent passer nos souverains : c’est par là qu’ils se rendaient de
Binche à Mariemont ; c’est le « chemin à carossses » qui en
perpétuait le souvenir (aujourd’hui disparu dans la rocade de Binche). C’est là
aussi que la maladrerie de Binche avait ses assises.
Le chemin du Cœur Dollent a repris
son appellation ancienne, les Binchois de ma génération le connaissaient sous
le nom de rue du Rœulx, il nous mène jusqu’à l’antique voie romaine, l’actuelle
chaussée Brunehault qui fait la limite du village.
La ruelle du Moulin Blanc :
beaucoup se souviennent du moulin à vent de Battignies qui vit encore défiler
nos libérateurs en 1945 et qui est maintenant disparu.
La rue de Fontaine qui n’est pas
celle qu’on croit être car c’est notre rue de Parsignies, pardon, rue de rue
des Pastures qui rejoignait le moulin à eau de Parsignies, autre lieu-dit du
village.
Au centre du bourg on pouvait suivre
les remparts de Binche par le chemin « des vieux chaufours » qui
rappelle une branche importante de l’activité de ses habitants. Ce chemin qui
rejoint la route de Binche à Mons et le chemin de Péronnes, vous l’avez
reconnu, c’est notre rue de la Pépinière où l’on évoquera aussi une bien belle
cérémonie sous l’Empire.
C’est le long de la « rivière à
k’vaux » qu’on découvrira l’importance de l’activité économique que prit
Batttignies au XIXe siècle. On y trouvait des tanneries, moulins à farine et à
tan, l’usine à gaz, la fonderie Paris et l’industrie chaufournière.
On peut encore, par le petit bout de
la lorgnette, retrouver des traces de toutes ces activités et si les vestiges
sont rares, les textes, eux, en conservent le souvenir.
Cette évocation n’a pas la
prétention d’être complète, ce n’est qu’une façon d’aborder le passé de ce
village qui fut annexé à Binche en 1881.
[1] Présentation de la conférence donnée par à la Société d’Archéologie de Binche le 22 janvier 1989.
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