LA MAISON HAINAUT FRERES, FABRIQUE DE PIANOS
Alain GRAUX
Carte postale publicitaire. Collection J-Cl. Marlière
Nous avions déjà signalé cette
fabrique de pianos dans notre contribution à l’histoire de Battignies1, ainsi que dans un article paru dans le
bulletin de la Société d’Archéologie2.
Nous avions rédigé cet article sur base de rubriques du dictionnaire de Malou
Haine3. Les points concernant les activités de
la famille Hainaut se révèlent erronés.
* Norbert Hainaut4.
Il est le fils de journaliers
vivant à Buvrinnes, il créa son entreprise en 1840.
En 1848, il achète au brasseur
Edouard Bruère un terrain où il fit ériger une magnifique demeure servant
également à la fabrication de pianos. Elle est établie à Battignies chaussée de
Charleroi, formant le coin de la rue de Merbes qui allait alors de s’ouvrir,
sur les parcelles B.23g et B.23h. du cadastre5.
Le 22 septembre 1851, il dépose
un brevet pour la fabrication d’un piano double6.
Le 22 février 1859, il dépose un nouveau brevet,
c’est un engin servant à copier la partition, l’improvisation, le travail de
composition, le morceau de musique à deux ou quatre mains au moyen d’un
appareil graphique simple - un phonographe -
solide et durable que l’on adapterait et attacherait, mais de manière à
l’enlever à volonté, à un instrument quelconque à clavier (piano, orgue,
harmonium, etc.).
Cet appareil reproduirait sur une
bande de papier d’une longueur indéfinie, mais d’une largeur n’excédant pas 13 cm , pour répondre à un
clavier de 7 octaves, tout morceau de musique.
Norbert
Hainaut a résolu ce problème en créant une méthode de notation musicale
appliquée à un appareil graphique au moyen duquel tout clavier peut devenir
phonographe et rendre ce qu’on y joue par des tirets horizontaux comportant
leur valeur et accusant les silences tirets s’écrivant sur et entre des
lignes produites à espace moindre pour les tierces mineures, espace plus grand
pour les tierces majeures.
Méthode
visuelle et rationnelle à la fois, évitant l’emploi de queues, crochets,
traits, pauses et demi-pauses. Cette méthode sténographique écrit sur un espace
plus restreint que les procédés alors en alors en usage. Ce brevet est accordé
le 25-2-18597.
Pour cette invention, M. Jobart8
qualifie Norbert Hainaut de nouveau Guy d’Arezzo.
Détail du « Phonographe de Norbert Hainaut,
brevet 7172.
Norbert Hainaut eut six enfants,
trois filles et trois garçons. Ces derniers travailleront dans l’usine
familiale et succéderont à leur père sous la raison sociale « Hainaut
Frères » :
- Ursmar Hainaut9
En 1878, il participe à
l’exposition universelle de Paris où il présente deux pianos buffets, l’un à
cordes demi obliques, l’autre à cordes obliques dont « l’égalité du son et
du toucher » lui vaut la mention honorable.
Ursmar Hainaut quittera Binche en
1889, il s’établit à Morlanwelz au 115 Grand-rue, sa veuve continua l’activité
jusque 1932
* Norbert-Auguste Hainaut10.
Avec son frère Ermin, il présente
un brevet le 5 septembre 1890 concernant 12 perfectionnements aux pianos :
a)
Touches maintenues par des arcs-boutants dont un bout
est articulé et l’autre bout fixé aux touches.
b)
Extrémités des touches reposant sur le fond par
l’intermédiaire de vis dont le réglage détermine la hauteur du clavier.
c)
Dièses ou touches noires creusées au-dessus.
d)
Claviers où l’angle droit rentrant, existant entre les
queues et les palettes des touches blanches, est remplacé par une courbe ou par
un angle obtus.
e)
Emploi du caoutchouc ou autre matière semblable comme
ressort et comme arrêt des touches et autres pièces du mécanisme et aussi pour
adoucir et étouffer les vibrations des cordes.
f)
Noix des marteaux (g) munies d’un embranchement (h)
dont l’extrémité peut s’articuler au-delà des notes voisines (j). (Fig.2).
g)
Production de l’échappé par la flexion brusque de deux
pièces articulées (k) servant d’intermédiaire entre la touche et la noix
(fig.2).
h)
Lames métalliques employées comme ressort, articulation
et comme guide des prolonges, dans la mécanique et aussi comme guide des tiges
des pédales.
i)
Emploi au chevalet (comme points d’appui des cordes) de
fils métalliques s’appuyant sur le chevalet, ou sur une surface quelconque, par
la tension des cordes (Fig.3).
j)
Modification (continue ou momentanée) du son, par le
moyen d’une substance molle et élastique, s’appuyant sur la partie vibrante des cordes, à petite
distance d’un de leurs points d’appui, et de manière à ne pas diminuer beaucoup
le prolongement des vibrations.
k)
Emploi de cordes chargées d’une masse quelconque, en un
ou plusieurs points de leur partie vibrante.
l)
Accord à l’octave, ou à la double octave, des cordes
d’une même note11.
Détails des plans des améliorations présentées par les
frères Hainaut, brevet 91.915
* Ermin-Léon-Joseph Hainaut12
La
maison « Hainaut Frères » participa à l’exposition nationale de
Bruxelles en 1880 et remporta la médaille d’or de l’exposition universelle
d’Anvers en 1885 pour la présentation de pianos à cordes croisées.
3 Le Dictionnaire des facteurs d’instruments de
Wallonie et Bruxelles du 9e siècle à nos jours, Bruxelles 1987,
cite un hypothétique Ursmer Hainaut, de même qu’un Nicolas Hainaut, qu’il faut
tout simplement confondre avec Norbert Hainaut.
4 Hainaut
Norbert, ° Buvrinnes 14-7-1818, † Battignies 28-7-1874, x Dassonville
Adolphine, ° Buvrinnes 21-8-1819, † Binche 13-3-1893, couturière.
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