LA VERRERIE DE
BINCHE
Alain GRAUX
On peut lire fréquemment que la verrerie de Binche
a été créée par Messieurs Devergnies et Laurent, en réalité il faut savoir que
cette société en nom collectif ayant pour objet la fabrication du verre à
vitre, des bouteilles et de la gobeleterie, a été fondée le premier décembre
1860, devant le notaire Auguste Fontaine, par les personnes suivantes :
Devergnies
Henri, négociant à Binche.
Devergnies
Maximilien, négociant à Binche.
Devergnies
Michel, négociant à Binche.
Fontaine-Buisseret
Hyppolite, négociant à Binche.
Laurent
Emile, notaire à Binche.
Laurent
Firmin, industriel à Binche.
Laurent
Juvénal, propriétaire à Binche.
Laurent
Victor, industriel à Binche.
Lessine
Edmond, propriétaire à Binche.
Lessine
François, docteur en médecine à Binche.
Maiglet
Frédéric, industriel à La Louvière .
Ils
apportèrent chacun 10.000 francs or.
Le capital ainsi constitué est de
110.000 francs or, avec réserve d’appel de fonds à concurrence de 55.000 francs
or.
Le siège est établi à l’usine sise à
l’endroit dit « Versailles ».
La raison sociale est
« Laurent-Devergnies et Compagnie ».
La durée de la société est fixée à 15 ans à partir du
premier décembre 1860.
Les fondateurs apportèrent en sus à
la société un terrain d’un hectare 12 centiares qu’ils acquirent devant le même
notaire, de la société des chemins de fer du Centre, le 27 août 1860 pour la
somme de 18.844 francs 72 centimes.
La société fut dirigée par une
commission de quatre membres nommés par l'assemblée générale qui devait se
produire une fois par an, la signature
sociale appartint à Maximilien Devergnies et à Victor Laurent[1]
.
Par la suite
diverses transactions se firent à propos des parts d'actions :
le 27 décembre I865, Juvénal Laurent vendit à
Francois Lessine, docteur en médecine, tous ses droits sur la verrerie pour la
somme de 10.000 francs[2].
Le 12 septembre
1871, Rosalie Buisseret, veuve d' Hyppolite Fontaine, négociante à Binche, et
leur enfants : Louise Fontaine, propriétaire, épouse d'Isidore Devergnies,
greffier ; Védastine Fontaine, propriétaire, épouse d'Hector Brogniez,
marchand brasseur à Haine-Saint-Paul ; Laure Petit, veuve de Juvénal
Fontaine, vendent à Victor Laurent, industriel domicilié à Battignies, la part
qu'elles possèdent en commun, pour la somme de I0.000 francs[3].
Le 26 mars 1872, Michel Devergnies,
propriétaire à Binche, vend pour 10.000 francs à Frédéric Maiglet ses droits
sur la verrerie[4],de
même que son frère Maximilien, propriétaire et négociant à Binche, vend à
Victor Laurent les siens[5].
Joséphine Devergnies, propriétaire à
Binche représentant Henri Devergnies, son frère défunt, vend à François
Lessine, docteur en médecine, Victor Laurent, Firmin Laurent, Edmond Lessine,
docteur en médecine, Ludovic Laurent, étudiant en droit, les droits d’une part
qui lui appartient pour la somme de 10.000 francs[6].
Suite à ces transactions passées le
26 mars 1872, les associés restant et continuant la société des verreries de
Binche convinrent d’adopter la raison sociale «Laurent et Lessine » au
lieu de « Laurent-Devergnies et Cie. » dont la durée fut portée à 15
ans.
Victor Laurent fut le seul ayant la
signature sociale[7].
Le 12 janvier 1875, Edmond Lessine
vendit à Ludovic Laurent ses droits sur la firme qui avait entretemps encore
changé de dénomination et qui était « Laurent, Maiglet et Lessine ».
Ludovic Laurent possédait trois actions (deux actions qu’il tenait de son chef
et une à titre d’héritier de François Lessine, son père)[8].
Cette dénomination avait été prise
le 12 janvier 1875.
Malheureusement, la société fit
faillite, celle-ci fut prononcée le 2 mars 1877 par le tribunal de commerce de
Charleroi.
Le 7 septembre 1878, le notaire Léon
Fontaine, de la résidence de Ressaix, mit en adjudication la verrerie ; il
procéda à la vente publique des parts afférentes aux membres de la société qui
se répartissent comme suit :
4/10e à Victor Laurent,
3/10e à Ludovic Laurent, 1/10e à Firmin Laurent et 2/10e
à Frédéric Maiglet.
Lors de la vente la verrerie est
décrite comme suit :
« Une verrerie en pleine
exploitation, très bien outillée et possédant un matériel complet, trois fours
à huit pots, quatre étenderies, de vastes magasins, des chambres à pots, moulin
à broyer, forge et ustensiles, une belle habitation du directeur, cour et
jardins, une cantine avec cour et jardin, bureaux, hangars, chambrettes
d’ouvriers, ensemble contenant en superficie 1ha 34 ca 68a (section C du
cadastre ; parcelles 181c, 181h, 181k, 181m, 181n, 181o, 224g, 224h, 224i,
224k, 224l, 224m, 224n, tenant au chemin de fer du Centre, en face de la
station,, au chemin de Binche à Lobbes et à celui de la Samme provenant de la
compagnie du chemin de fer du Centre par actes passés
1.
Le 27 août 1860, pour 1 ha 12 a 54 ca.
2.
Le 18 février 1861, pour 22 a 1 ca.
L’estimation est fixée par les
curateurs à 26.310 francs 81 centimes
Outre le prix d’acquisition de la
verrerie, matériel et outillage, l’acquéreur devra rembourser aux vendeurs 122
francs dépensés par eux pour le remplacement à la verrerie des tuyaux en terre
par des tuyaux en plomb, servant à la conduite des eaux, et 1045 francs
représentant « les 3/5e des travaux effectués pour réparer un
four remis à feux il y a trois mois. L’acquéreur reprendra au prix de revient
le supplément non employé du verre existant en magasin et des matières
premières ou des verres qui resteraient dans les pots ».
Aux amateurs assemblés à la cantine
de la verrerie, on a exposé en vente les parts afférentes aux faillis
co-associés, mises à prix à 60.000 francs.
La dernière enchère a été portée à
71.000 francs et prononcée au profit de messieurs Léon Monnoyer-Wéry,
industriel à Roux ; Nestor Cheruy, agent commercial à Roux et Jules
Paternotte, marchand brasseur à Binche[9].
Le 6 octobre 1878, les acheteurs de
la verrerie décident la création d’une société anonyme nommée :
« Société anonyme des verreries
de Binche ».
Le capital est porté à 140.000
francs représenté par 280 actions de 500 francs.
Léon Monnoyer, Nestor Cheruy et
Jules Paternotte apportent en propre à la société, les terrains, la verrerie,
l’outillage, les marchandises et la matière première, les appareils, machines
et mobiliers, ainsi que la situation commerciale, tels qu’ils l’ont acheté le 7
septembre 1878.
En retour de cet apport estimé à
90.000 francs, ils reçoivent 180 actions entièrement libérées.
Les 100 actions restantes sont
souscrites par :
Francq Martin, négociant à Jumet (10
actions).
Misonne François-Xavier, négociant à
Charleroi (15 actions).
Mahaux Léopold, comptable à
Marcinelle (15 actions).
Mauroy Alphonse, clerc de notaire à
Binche (15 actions).
Paternotte-Allard Gustave, ingénieur
des mines à Morlanwelz (15 actions).
Pêtre Alfred, industriel à Baudour
(15 actions).
Vaerenwijck Edouard, administrateur
de la banque de Charleroi (15 actions).
La verrerie est alors gérée par
trois commissaires : MM. Mahaux, Mauroy et Gustave Paternotte.
Les administrateurs sont MM.
Monnoyer, Misonne, Pêtre et Jules Paternotte[10].
L’usine fabrique alors le verre à
vitre blanc de grandes dimensions, le verre opale, le verre teinté, les verres
mousselines, mats et cannelés.
La verrerie avec fours à bassins
occupait en 1880, 7 employés et 72 ouvriers ; elle produisait 300.000m² de
verre à vitre pour un chiffre d’affaires de 360.000 francs[11].
En 1890, on installa un nouveau four
à bassin, la société acquit de nouveau du terrain à cet effet. Le 27 décembre
1894, elle demandait l’autorisation d’installer une machine à vapeur. L’usine
occupe 360 ouvriers[12].
La société exportait sa production
principalement en Angleterre, aux Etats-Unis, au Canada et aux Pays-Bas[13].
Pendant la guerre 1914-1918, la
verrerie ferma ses portes jusqu’en novembre 1919. Les activités s’accrurent,
mais en 1922, la verrerie à bouche cessait ses activités[14].
Les ouvriers verriers gagnaient
alors 1 franc 65 centimes par canon.
La nuit du 31 décembre 1926 au 1er
janvier 1927, un incendie ravage une partie des installations, la verrerie
était alors outillée pour la fabrication mécanique, des machines à étirer le
verre furent installées, elles ne durent pas fonctionner longtemps ca en 1931,
la mise en place du trust des verreries mécaniques fit suspendre la fabrication
dans l’usine de Binche. Les activités ne devaient plus reprendre.
A cette époque, le siège social de
la société se situait au n° 103, Boulevard de Waterloo, à Bruxelles, son
capital était de 7.000.000 de francs, elle était dirigée par Alfred Labrique.
L’administrateur-président était le baron Coppée, de Bruxelles, le
vice-président était Fernand Babusiaux, notaire à Binche et l’administrateur,
R. Dautrebande.
En 1933, la société des verreries de
Binche était en liquidation[15].
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