mardi 14 février 2017

A propos des vitraux de la collégiale Saint-Ursmer


A PROPOS DES VITRAUX DU CH(EUR
DE LA COLLEGIALE SAINT-URSMER
                                                    Alain GRAUX
Les cinq vitraux du chœur de la collégiale Saint-Ursmer sont d'une grande finesse d'exécution: le décor, les détails architectoniques, les figures, les vêtements, les emblèmes, les banderoles, tout est d'un fini exquis.
1° La fenêtre centrale représente Jésus bénissant d'une main et tenant de l'autre le globe surmonté de la croix. Le couronnement présente dans les quadrifolium qui le compose, un ostensoir gothique accompagné de deux anges, balançant leurs encensoirs d'or ; deux inscriptions en banderoles portent en latin « Ma chair est une nourriture » et « Mon sang est un breuvage ». Viennent ensuite deux têtes de chérubins ailés et deux nuages d'azur chargés d'étoiles d'or.
2° Le second vitrail à droite, représente Marie tenant l'enfant Jésus qui lui donne amoureusement la main. Deux anges servent de supports, l'un porte la couronne, l'autre le sceptre de la Reine du ciel ; on lit pour légendes en latin : « Reine du Carme » et « Priez pour nous ».
Comme dans la fenêtre précédente et dans les autres, on voit deux têtes de chérubins ailés ; les pièces d'ornements sont ici des fleurs de lys, symboles de l'innocence et de la pureté de la Vierge immaculée.
3° A gauche de la figure du Christ, parallèlement à celle de Marie, figure Saint Ursmer, patron des Binchois. Il est vêtu du costume antique, porte à la main droite qu'il appuie sur son cœur, le signe de la croix; il repose la main gauche sur sa crosse épiscopale. Dans le couronnement, sur les anciennes armes de la ville, on lit pour inscription latine : « Saint Ursmer, priez pour nous ». 
Deux anges sont représentés priant, les mains jointes; des croix ancrées, figurant le symbole de la consécration épiscopale, forment ici le sujet de l'ornementation. 
4° Le vitrail suivant représente Saint-Pierre tenant à la main ses deux clefs traditionnelles : l'une d'or, symbole du pouvoir spirituel. La tiare brille dans un des quadrifolium du couronnement ; deux anges se partagent les deux clefs ; on lit en banderoles latines : « On vous a donné les clefs du royaume des cieux ». 
5° Pour le dernier vitrail, l'apôtre Saint-Paul tient d'une main un livre et s'appuie de l'autre sur une épée. On trouve dans les quatre feuilles du couronnement deux anges dont l'un tient le glaive, l'autre la palme du martyre; son livre est ouvert, et on y lit ces paroles : « Jésus est ma vie » et « Mourir pour lui est un gain ».
Tels sont les cinq vitraux qui ornent les fenêtres du chevet du chœur de l'église paroissiale Saint-Ursmer. Ils sont dus au talent de M. Jean- Baptiste Capronnier, de Bruxelles, qui les a exécutés sur les plans de M. l'abbé Lepers, alors vicaire à Binche.


Le produit d'une souscription publique à laquelle un grand nombre de personnes de la ville s'étaient empressées de participer servit à couvrir les frais occasionnés par l'exécution de ces œuvres d'art[1]

JEAN-BAPTISTE CAPRONNIER
Jean-Baptiste Capronnier fut le rénovateur du vitrail en Belgique et eut une renommée internationale. Fils et élève de François Capronnier (1779-1853), on lui doit la restauration de la plupart des verrières anciennes de notre pays. Son travail de création fut considérable également à l'étranger. Son souci de perfection fut tel que les cartons de vitraux qu'il commandait aux différents artistes à son service relèvent de véritables œuvres d'art. Étant de formation artistique lui-même, il réalisa aussi une quantité importante de cartons et d'études destinées à la commande de verrières.
A partir de 1840, Jean-Baptiste Capronnier reprit la direction de l'atelier fondé par son père et c'est à partir de là que celui-ci prit un essor considérable en Belgique et dans toute l'Europe. Il exécuta un nombre très important de vitraux destinés à des édifices publics et privés au-delà de nos frontières. Plusieurs cathédrales et églises classées peuvent s'enorgueillir de posséder, encore de nos jours, de belles parures de vitraux peints issus de l'atelier Capronnier.
J-B. Capronnier s'entoura de collaborateurs précieux pour la réalisation des cartons de vitraux, tels Charles De Groux, Constantin Meunier, François Joseph Navez et bien d'autres. La qualité artistique et stylistique des dessins exécutés par leurs soins est remarquable. Jean- Baptiste Capronnier lui-même exécuta une partie des cartons préalablement à l'exécution des vitraux.


[1] LEPERS, Notice sur les vitraux de l'église paroissiale de la ville de
Binche, l850. Binche, imprimerie de Sebille-Tahon ; in-8', 8 pp.

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