vendredi 17 février 2017

La Maison Hainaut frères: fabrique de pianos


LA MAISON HAINAUT FRERES, FABRIQUE DE PIANOS
                                                                                                                                   Alain GRAUX

 
                                         Carte postale publicitaire. Collection J-Cl. Marlière

Nous avions déjà signalé cette fabrique de pianos dans notre contribution à l’histoire de Battignies1, ainsi que dans un article paru dans le bulletin de la Société d’Archéologie2. Nous avions rédigé cet article sur base de rubriques du dictionnaire de Malou Haine3. Les points concernant les activités de la famille Hainaut se révèlent erronés.

* Norbert Hainaut4.
Il est le fils de journaliers vivant à Buvrinnes, il créa son entreprise en 1840.
En 1848, il achète au brasseur Edouard Bruère un terrain où il fit ériger une magnifique demeure servant également à la fabrication de pianos. Elle est établie à Battignies chaussée de Charleroi, formant le coin de la rue de Merbes qui allait alors de s’ouvrir, sur les parcelles B.23g et B.23h. du cadastre5.
Le 22 septembre 1851, il dépose un brevet pour la fabrication d’un piano double6.
Le 22  février 1859, il dépose un nouveau brevet, c’est un engin servant à copier la partition, l’improvisation, le travail de composition, le morceau de musique à deux ou quatre mains au moyen d’un appareil graphique simple - un phonographe -  solide et durable que l’on adapterait et attacherait, mais de manière à l’enlever à volonté, à un instrument quelconque à clavier (piano, orgue, harmonium, etc.).
Cet appareil reproduirait sur une bande de papier d’une longueur indéfinie, mais d’une largeur n’excédant pas 13 cm, pour répondre à un clavier de 7 octaves, tout morceau de musique.
Norbert Hainaut a résolu ce problème en créant une méthode de notation musicale appliquée à un appareil graphique au moyen duquel tout clavier peut devenir phonographe et rendre ce qu’on y joue par des tirets horizontaux comportant leur valeur et accusant les silences  tirets s’écrivant sur et entre des lignes produites à espace moindre pour les tierces mineures, espace plus grand pour les tierces majeures.
Méthode visuelle et rationnelle à la fois, évitant l’emploi de queues, crochets, traits, pauses et demi-pauses. Cette méthode sténographique écrit sur un espace plus restreint que les procédés alors en alors en usage. Ce brevet est accordé le 25-2-18597.
Pour cette invention, M. Jobart8 qualifie Norbert Hainaut de nouveau Guy d’Arezzo.

 
                                                  Détail du « Phonographe de Norbert Hainaut, brevet 7172.

Norbert Hainaut eut six enfants, trois filles et trois garçons. Ces derniers travailleront dans l’usine familiale et succéderont à leur père sous la raison sociale « Hainaut Frères » :
  • Ursmar Hainaut9
En 1878, il participe à l’exposition universelle de Paris où il présente deux pianos buffets, l’un à cordes demi obliques, l’autre à cordes obliques dont « l’égalité du son et du toucher » lui vaut la mention honorable.
Ursmar Hainaut quittera Binche en 1889, il s’établit à Morlanwelz au 115 Grand-rue, sa veuve continua l’activité jusque 1932

* Norbert-Auguste Hainaut10.
Avec son frère Ermin, il présente un brevet le 5 septembre 1890 concernant 12 perfectionnements aux pianos :
a)      Touches maintenues par des arcs-boutants dont un bout est articulé et l’autre bout fixé aux touches.
b)      Extrémités des touches reposant sur le fond par l’intermédiaire de vis dont le réglage détermine la hauteur du clavier.
c)      Dièses ou touches noires creusées au-dessus.
d)     Claviers où l’angle droit rentrant, existant entre les queues et les palettes des touches blanches, est remplacé par une courbe ou par un angle obtus.
e)      Emploi du caoutchouc ou autre matière semblable comme ressort et comme arrêt des touches et autres pièces du mécanisme et aussi pour adoucir et étouffer les vibrations des cordes.
f)       Noix des marteaux (g) munies d’un embranchement (h) dont l’extrémité peut s’articuler au-delà des notes voisines (j). (Fig.2).
g)      Production de l’échappé par la flexion brusque de deux pièces articulées (k) servant d’intermédiaire entre la touche et la noix (fig.2).
h)      Lames métalliques employées comme ressort, articulation et comme guide des prolonges, dans la mécanique et aussi comme guide des tiges des pédales.
i)        Emploi au chevalet (comme points d’appui des cordes) de fils métalliques s’appuyant sur le chevalet, ou sur une surface quelconque, par la tension des cordes (Fig.3).
j)        Modification (continue ou momentanée) du son, par le moyen d’une substance molle et élastique, s’appuyant  sur la partie vibrante des cordes, à petite distance d’un de leurs points d’appui, et de manière à ne pas diminuer beaucoup le prolongement des vibrations.
k)      Emploi de cordes chargées d’une masse quelconque, en un ou plusieurs points de leur partie vibrante.
l)        Accord à l’octave, ou à la double octave, des cordes d’une même note11.

Détails des plans des améliorations présentées par les frères Hainaut, brevet 91.915

* Ermin-Léon-Joseph Hainaut12
La maison « Hainaut Frères » participa à l’exposition nationale de Bruxelles en 1880 et remporta la médaille d’or de l’exposition universelle d’Anvers en 1885 pour la présentation de pianos à cordes croisées.


1 GRAUX A., Contribution à l’histoire de Battignies, Binche, 1988, p. 28.
2 GRAUX A., Allez musique ! , dans bulletin SAAMB n° 5201, septembre 1992, p.13.
3 Le Dictionnaire des facteurs d’instruments de Wallonie et Bruxelles du 9e siècle à nos jours, Bruxelles 1987, cite un hypothétique Ursmer Hainaut, de même qu’un Nicolas Hainaut, qu’il faut tout simplement confondre avec Norbert Hainaut.
4 Hainaut Norbert, ° Buvrinnes 14-7-1818, † Battignies 28-7-1874, x Dassonville Adolphine, ° Buvrinnes 21-8-1819, † Binche 13-3-1893, couturière.
5 Plan Popp de Battignies.
6 Brevet 5252
7 Brevet 7172.
8 JOBART J. Le Progrès international, 13-2-1859.
9 Hainaut Ursmer-Louis-Norbert, alias Ursmar, ° Battignies 1-2-1854, † Morlanwelz  1920±, x Potié.
10 Hainaut Norbert-Auguste-Joseph, ° Battignies 24-2-1859, † Binche 17-1-1924.
11 Brevet 91.915
12 Hainaut Ermin-Léon-Joseph, ° Battignies 31-3-1863, † Binche 17-12-1929.

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