vendredi 17 février 2017

Binche sous le régime français


BINCHE SOUS LE REGIME FRANÇAIS
                                                                                                                                                        Alain GRAUX
BREF HISTORIQUE DE LA PERIODE FRANCAISE

Première invasion française
6-11-1792       Le général Dumouriez gagne la bataille de Jemappes sur les troupes de François de Croix, comte de Clerfayt.
                        Après un simulacre de plébiscite, la Convention vote l’annexion du département de Jemappes à la France.
18-3-1793              Défaite de Neerwinden, retour des Autrichiens.
Notre pays échappe ainsi au régime de la terreur qui sévit en France.

Deuxième invasion française
26-6-1794              Jourdan gagne la bataille de Fleurus.
2-7-1794                  Marceau culbute les Autrichiens à Seneffe.
Quelques jours plus tard, la Belgique est aux mains des Français.
1-8-1795                  Annexion de la Belgique à la France (9 vendémiaire an IV).
26-10-1795          Installation du Directoire.
Coup d’état de Bonaparte, création du Consulat (18 brumaire an VIII).
2-12-1804              Napoléon est sacré empereur de Français.
1/6-2-1814      Les Cosaques sont dans la région.
6-4-1814                  Abdication de Napoléon 1er
30-5-1814              Réunion de la Belgique à la Hollande

Les 100 jours
1-3-1815                  Bonaparte est à Paris
18-6-1815              Napoléon est vaincu à Waterloo
22-6-1815              Seconde abdication

A PROPOS DU CALENDRIER REPUBLICAIN
Pour marquer une ère nouvelle, les révolutionnaires français imaginèrent un calendrier rationnel, universel et purgé des références chrétiennes. De type solaire, il fait commencer l’année le jour de l’équinoxe d’automne qui est aussi le jour de la fondation de la République.
Il compte douze mois de trente jours, complétés par cinq journées complémentaires, les « sans culottides ». Chaque mois comprend trois tranches de dix jours dont le dernier, le décadi, est férié.
Le calendrier ne sera jamais vraiment accepté par le peuple attaché à ses saints et furieux de ne plus se reposer que tous les dix jours au lieu de tous les sept. 
D’autant plus que les autorités binchoises avaient pris des mesures impopulaires : 
Défense le jour de la décade d’étaler des marchandises dans les rues et d’empiéter sur la voie publique.
Défense d’étaler le poisson les jours d’abstinences indiqués par l’ancien calendrier.
Obligation d’arborer le drapeau tricolore, le décadi, annoncé la veille par une sonnerie de cloche, etc.
Le 31 octobre 1793, le citoyen Fabre d’Eglantine, le poète que l’on sait[1], a remis à la Convention un rapport basé sur un nouveau calendrier. Fabre est en réalité le coauteur du dit calendrier dont les calculs ont été établis par le mathématicien Romme[2], un député qui siège sur les bancs de la Montagne[3] à la Convention.
Nous publions ci-dessous les principaux extraits du rapport du citoyen Fabre. Ils laissent voir que le poète a su, heureusement, régler son inspiration sur les nécessités de la vie sociale.
« La Commission que vous avez nommée a cru qu’elle remplirait son but, si elle parvenait à frapper l’imagination par les dénominations, et à instruire par la nature et la série des images.
L’idée première qui nous a servi de base est de consacrer, par le calendrier, le système agricole, et d’y ramener la nation, en marquant les époques et les fractions de l’année par des signes intelligibles ou visibles pris dans l’agriculture et l’économie rurale.
Plus il est présenté de points d’appui à la mémoire, plus elle opère avec facilité : en conséquence, nous avons imaginé de donner à chacun des mois de l’année un nom caractéristique, qui exprimât la température qui lui est propre, le genre de productions actuelles de la terre, et qui tout à la fois fit sentir le genre de saison où il se trouve dans les quatre qui composent l’année.
Ce dernier effet est produit par quatre désinences affectées chacune à trois mois consécutifs, et produisant quatre sons, dont chacun indique à l’oreille la saison à laquelle il est appliqué.
Nous avons cherché même mettre à profit l’harmonie imitative de la langue dans la composition et la prosodie de ces mots et dans le mécanisme de leurs désinences : de telle manière que les noms des mois qui composent l’automne ont un son grave et une mesure moyenne, ceux de l’hiver un son lourd et une mesure longue, ceux du printemps un son gai et une mesure brève, et ceux de l’été un son sonore et une mesure large.
Ainsi les trois premiers mois de l’année, qui composent l’automne, prennent leur étymologie, le premier, les vendanges qui ont lieu se septembre en octobre : ce mois se nomme Vendémiaire.
Le second, des brumes basses qui sont si je puis m’exprimer ainsi, la transsudation  de la nature d’octobre en novembre : ce mois se nomme Brumaire. Le troisième, du froid tantôt sec, tantôt humide, qui se fait sentir de novembre en décembre : ce mois se nomme Frimaire.
Les trois mois de l’hiver prennent leur étymologie, le premier de la neige qui blanchit la terre de décembre en janvier : ce mois se nomme Nivôse. Le second des pluies qui tombent généralement avec plus d’abondance de janvier en février : ce mois se nomme Pluviôse. Le troisième, des giboulées qui ont lieu, et du vent qui vient sécher la terre de février en mars ; ce mois se nomme Ventôse.
Les trois mois du printemps prennent leur étymologie, le premier de la fermentation et du développement de la sève de mars en avril : ce mois se nomme Germinal. Le second, de l’épanouissement des fleurs d’avril en mai: ce mois se nomme Floréal. Le troisième de la fécondité riante et de la récolte des prairies de mai en juin : ce mois se nomme Prairial.
Les trois mois de l’été enfin prennent leur étymologie, le premier de l’aspect des épis ondoyants et des moissons dorées qui couvrent les champs de juin en juillet : ce mois se nomme Messidor Le second, de la chaleur tout à la fois solaire et terrestre qui embase l’air de juillet en août : ce mois se nomme Thermidor. Le troisième, des fruits que le soleil dore et mûrit d’août en septembre : ce mois se nomme Fructidor.
Il résulte de ces dénominations, ainsi que je l’ai dit, que, par la seule prononciation du nom du mois, chacun sentira parfaitement trois choses, et tous leurs rapports :
Le genre de saison où il se trouve, la température, et l’état de la végétation. C’est ainsi que dès le premier de Germinal, il se peindra sans effort à l’imagination par la terminaison du mot, que le printemps commence par la construction et l’image que présente le mot, que les agents élémentaires travaillent ; par la signification du mot, que les germes se développent. »
Le calendrier républicain fut donc créé pendant la période où notre pays était redevenu autrichien après la première invasion française.
Mais Fleurus n’était pas loin, les armées révolutionnaires l’emportèrent le
 Juin 1794. En septembre, les anciens Pays-Bas furent occupés par les armées françaises et furent annexés le premier août 1795 (9 vendémiaire an IV).
L’application du nouveau calendrier ne se fit pas rapidement dans nos régions. Il est cependant une exception. Huit jours après la bataille de Fleurus, le 3 juillet 1794, eut lieu à Binche le baptême d’un enfant de soldat français : François Gérard. A la demande de la mère, cantinière, l’acte est daté du 15 messidor an II, le curé Godefroid a ajouté après la date « vieux style, le 3 juillet 1794 ». Il ne le fera plus désormais, étant hostile à la République.
Il faudra attendre le 18 octobre 1796 (27 vendémiaire an V), le mariage de Charles Bury et de Marie-Joseph Lecompte, pour que l’acte soit inscrit avec le nouveau calendrier.
Il aura un usage légal jusqu’au 31 décembre 1805.



[1] Fabre Philippe, dit Fabre d’Eglantine, ° Carcassonne 1750, † Paris 1794, guillotiné avec les dantonistes. Auteur de chansons sentimentales (Il pleut, il pleut, bergère)
[2] Romme Charles-Gilbert, ° Riom 1750, † Paris 1795, homme politique et révolutionnaire français.
[3] Groupe politique de la Révolution, qui a connu son apogée en 1793, avec 300 députés.

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