mercredi 1 février 2017

Binche dans les dictionnaires


Binche au travers des dictionnaires
géographiques et historiques du XIXe sieclE
                                                                                                                                        Alain GRAUX
La lecture et la comparaison des notices parlant de Binche dans les dictionnaires géographiques anciens nous révèlent parfois de surprenantes distorsions entre la situation de la ville et la réalité.
Pour ce qui est de l’histoire de la ville, de curieuses similitudes apparaissent dans toutes ces publications.
Voyons en détail, par date de parution chronologique ce qu’ils nous apprennent :
1. En 1819 :
Dictionnaire géographique du royaume des Pays-Bas ou description physique, historique et politique des provinces, villes et endroits remarquables de ce royaume
Auteur : M DEWEZ, membre de l’Institut royal des Pays-Bas, de l’académie royale  des Sciences et des Belles lettres de Bruxelles.
Editeur : Adolphe Stapleaux, Marché aux Herbes, n° 323, Bruxelles.

Binche, ville du Hainaut sur la Haine, à trois lieues de Mons et de Charleroi, et à deux de Lobbes, où Saint-Ursmer avait fondé en 697, un monastère que Jean de Bavière, évêque de Liège, sur la demande de Guillaume de Bavière, comte de Hainaut, son frère (et non Guillaume lui-même, comme l’avancent les Délices des Pays-Bas), transféra à Binche par un diplôme du 19 mars 1409, et que le pape Jean XXIII confirma par un bref le 3 juin l’année suivante. L’abbé de Lobbes était prévôt de ce chapitre qui était composé d’un doyen et de douze chanoines.
La ville de Binche servait autrefois de dot aux filles aînées des comtes de Hainaut.
Dans la guerre du roi de France Henri II contre Charles-Quint en 1554, Binche, qui était mal fortifiée fut obligée de se rendre à la discrétion du roi, et fut livrée aux flammes et au pillage avec le beau palais que Marie, reine de Hongrie, sœur de Charles-Quint, gouvernante des Pays-Bas, y avait fait bâtir.
Binche concourt à la nomination des états de la province de Hainaut pour un membre.
Population : 3.900.

2. En 1831 :
Dictionnaire géographique, statistique et administratif de la Belgique et des neuf provinces qui la comprennent.
Auteur : Jean-Baptiste de Bouge, géomètre et géographe, auteur de plusieurs ouvrages.
Editeur : J.F. de Greef, rue des Pierres, n° 46, Bruxelles.

Binche, sur la Haine, 3916 habitants.
Cant. (canton), cur. (cure), mil. (canton de milice), à 2 6/7 l. (lieues) de Charleroi.

3. En 1832 :
Dictionnaire géographique de la province de Hainaut
Auteur : Philippe Vandermaelen.
Editeur : Etablissement géographique Vandermaelen, Faubourg de Flandre, Bruxelles.

Binche, commune  et chef lieu de canton de l’arrondissement et à 5 lieues 1/3 O.  de Charleroi et à 14 lieues 2/3 E.S.E. de Tournai et à 4 lieues E. du chef-lieu de la province. Elle est bornée au N. et à l’E. par la commune de Battignies, au S.E. par celle de Buvrinnes et au S. et à l’O. par le territoire de Waudrez.
Cette commune se compose de son chef-lieu situé sur la grande route de Mons à Charleroi et de ses deux faubourgs, la Roquette et Versailles.
Hydrographie
Les ruisseaux de Buvrinnes et de Bonne-Espérance forment en partie la séparation de la ville avec ses faubourgs. Ces deux petits cours d’eau impriment le mouvement à trois moulins et longent quelques prés. Il y a trois étangs ou réservoirs dont un alimente une brasserie, les autres fournissent l’eau nécessaire aux moulins.
Sol
Découpé, d’un aspect très irrégulier. La ville est bâtie, partie sur le sommet, partie à mi-côte d’une colline. Le terrain présente beaucoup de sinuosités au S. et à l’O.
La nature du sol n’est point favorable à l’agriculture : un sable argileux de 5 à 6 pouces de couche végétale forme les meilleures parties arables ; on trouve sur un grand nombre de points des terres marneuses, shisteuses ou rocailleuses, extrêmement sèches, qui tirent leur unique valeur de leur proximité de la ville.
Agriculture
On récolte très peu de froment, plus de seigle et d’avoine, des fourrages, des pommes-de-terre, des légumes et des fruits. Il y a quatre bonniers de prés.
On y remarque deux petites sablonnières, quelques jardins compris dans l’enceinte de la ville et les faubourgs offrent une culture soignée tant en arbres fruitiers qu’en légumes et plantes potagères.
Les vergers sont clos de haies et touchent aux habitations. Ils contiennent des pommiers, des poiriers, des noyers et des cerisiers.
Il y a une pépinière d’arbres fruitiers et forestiers et une oseraie. Ce terroir dont la qualité est en quantité peu productive, s’exploite généralement en petites tenues. On n’y élève point de chevaux, le gros et le menu bétail est assez rare.
Population : 4993 habitants.
Habitations
Binche est remarquable par la beauté des sites pittoresques qui l’environnent. Cette ville est entourée de murs percés de portes. Elle renferme 760 maisons agglomérées dont quelques unes se font distinguer  par l’élégance de leur bâtisse. Une grande rue se prolonge d’un bout de la ville à l’autre. Il y a une belle place ornée d’une fontaine, une église, un collège d’humanités, établi en 1725 et qui était régi par des Augustins ; sept écoles primaires ; un hospice et une sous-commission urbaine de bienfaisance.
Cette ville est la résidence d’un juge de paix, d’un inspecteur honoraire et d’un commissaire voyer des chemins vicinaux, d’un receveur d’enregistrement et des domaines, d’un inspecteur, d’un contrôleur et d’un percepteur des contributions directes des droits d’entrée et de sortie et des accises, d’un directeur des postes aux lettres, d’un arpenteur-géomètre, de quatre notaires, de deux médecins, de deux chirurgiens et d’un artiste vétérinaire.
Marie, reine de Hongrie et sœur de l’empereur Charles V, affectionnait particulièrement le séjour de Binche. Elle y a fait construire un château magnifique, dont il ne reste pour tout vestige qu’un escarpement flanqué de tours sur lequel on a aménagé une terrasse qui présente aux promeneurs des points de vue fort agréablement variés. Des potagers enclos de haies vives remplacent les bâtiments somptueux qu’on y admirait jadis.
Commerce et industrie
Binche possède trois fabriques de savon, une fabrique d’huile, trois raffineries de sel, quatre brasseries, quatre distilleries de genièvre, neuf tanneries, sept corroieries, neuf chapelleries, une teinturerie, sept fabricants de couteaux, plus de six cent ouvrières confectionnent des fleurs à plat, qu’elles vendent principalement aux fabricants de dentelles à Bruxelles, pour orner les voiles, les fichus et autres ouvrages de dentelle. Il s’y fabrique aussi une très grande quantité de souliers, soit pour l’armée, soit pour être vendus aux foires. Cette branche d’industrie y occupe constamment plus de quatre cent ouvriers.
Foires et marchés
 Il s’y tient le 16 de chaque mois une foire aux chevaux et aux bestiaux, et trois marchés hebdomadaires, le lundi, le jeudi et le samedi.
Routes et chemins
La grande route de Mons à Charleroi traverse la ville de Binche. Quelques chemins vicinaux conduisent aux communes environnantes, ils sont pavés et entretenus avec soin jusqu’à la limite du territoire.
Histoire
Cette ville, que Baudouin le Bâtisseur fit entourer de murs, en 1110, servait autrefois de dot aux filles aînées des comtes de Hainaut.
En 1554, dans la guerre du Henri II, roi de France, contre l’empereur Charles-Quint elle fut obligée de se rendre à la discrétion du vainqueur, et fut livrée aux flammes et au pillage avec le beau palais que Marie, reine de Hongrie, sœur de Charles-Quint, gouvernante des Pays-Bas, y avait fait bâtir.
Paradin, auteur français, dit que ce château renfermait plusieurs sortes d’amblesmes, marqueteries, madrures, ouvrages bigarrés de diverses pièces, verreries, tableaux, médailles, images, statues, le tout, moult gentilment arrangé.
En 1578, elle fut prise deux fois, d’abord par les Espagnols et ensuite par les Français, sous les ordres du duc d’Alençon. Les Espagnols l’ayant reprise depuis, la cédèrent à la France par le traité d’Aix-la-Chapelle. Elle a été rendue à l’Espagne par la paix de Nimègue.
Avant la révolution française, il y avait à Binche un chapitre composé d’un doyen et de douze chanoines. Ce chapitre qui avait été transféré de Lobbes en 1409, formait une prévôté qui comprenait 51 villages.

4. En 1845
Dictionnaire géographique et statistique du Royaume de Belgique
Auteur : Charles MEERTS, professeur d’histoire et de géographie à l’école normale de Lierre.
Editeur : M. Vanderborght, Marché aux Poulets, n° 26, Bruxelles.

Binche, ville de la province de Hainaut, arr. (arrondissement) adm. (Administratif) de Thuin, arr. jud. (Judiciaire) de Charleroi, elle est ch-l de cant. (Chef-lieu de canton), de mil. (Milice) et de cant. De j-de-p. (justice de paix).
Pop. (Population) : 5131 hab.
Sup. (superficie) : 78 ha.
Sit. (Situation) : Sur la route de Mons à Charleroi et à 5 l. (lieues) O. (Ouest) de cette dernière ville et à 4 l. de la première.
Hydr. (Hydrologie) : Cette petite ville est arr. (arrosée) par les ruisseaux de Buvrinnes et de Bonne-Espérance, lesquels la séparent en partie de ses faubourgs.
Industrie et commerce : Les forges, la coutellerie, la taillanderie, les verreries, les tanneries et corroieries, les chapelleries, les brasseries, les distilleries, etc. sont les branches principales de l’industrie des h. (hommes).
Plusieurs centaines de femmes s’occupent constamment de la confection de fleurs en plat pour orner les voiles, les fichus et autres ouvrages de dentelle.
Edifices : Binche est aussi riante à l’intérieur que dans les environs qui sont pittoresques. On y voit plusieurs bâtiments construits avec élégance ; une grand-rue se prolonge d’un bout de la ville à l’autre. Il y a une église, une maison communale, un collège, plusieurs écoles primaires et un hospice.
Histoire : Cette ville était autrefois la dot des filles aînées des comtes de Hainaut. Elle fut entourée de murs en 1110 par Baudouin le Bâtisseur.
Henri II, roi de France, en guerre avec l’empereur Charles-Quint s’en rendit maître en 1554 et la livra aux flammes.
Avant la révolution française, il y avait à Binche un chapitre composé d’un doyen et de douze chanoines. Ce chapitre qui avait été transféré de Lobbes en 1409, formait une prévôté qui comprenait 51 villages.

5. En 1850
Dictionnaire géographique et statistique rédigé sur un plan entièrement nouveau.
Auteur : Adrien Guibert.
Editeur : Jules Renuard et Cie, Paris.

Binche, ville de Belgique, Hainaut, arr. et à 25 Km O. de Charleroi ; sur la Haine.
Pop. En 1837 : 4967 hab.
Ch. L. de canton. Collège.
Industrie importante : fabrication considérable de souliers occupant 400 ouvriers ; de broderie sur tulle et dentelles, par plus de 600 ouvrières ; très nombreuses tanneries et corroieries, savonneries, raffineries de sel.
Belle terrasse sur l’emplacement du magnifique château bâti par la régente, Marie, sœur de Charles-Quint, et que les Français détruisirent en livrant la ville aux flammes en 1554.

Conclusion
Les auteurs des différents dictionnaires parus au cours du XIXe siècle, ont tout simplement plagié les travaux de leurs devanciers, sans se rendre sur place pour vérifier le bien fondé de leurs assertions.
Le dictionnaire de Vandermaelen est le seul à donner des indications plus complètes, prises sur place, et bien renseignées.

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