mardi 7 février 2017

Le redressement de la rue de Mons en 1841


LE REDRESSEMENT DE LA RUE DE MONS EN 1841
                                                                                                                                          Alain GRAUX

Aux abords de Binche, du côté occidental, à la route de Mons il y avait jadis un coude en pente rapide et un engorgement fort dangereux pour le roulage. Le Conseil de régence y remédia en partie, moyennant une dépense d’environ 700 florins, pendant l’année 1825[1].
Au printemps 1839, suite à plusieurs accidents, des pétitions des habitants de la ville eurent lieu en faveur de l’amélioration de l’entrée de la ville sur la route de Mons.

                                               Extrait du plan cadastral de Binche vers 1830

Le 14 août1839, une commission d’enquête tenue par les conseillers communaux, se réunit à l’hôtel de ville,  deux projets sont présentés par l’inspecteur général des travaux publics :
La démolition  et l’élargissement de la porte de Mons avec la suppression de toutes les pentes supérieures à 50 cm, ou l’ouverture d’une nouvelle communication avec le centre de la cité à travers les propriétés de MM. Deliège et Poivre.
La commission est favorable à l’ouverture d’une nouvelle route par 7 voix pour, MM. Courtois et Lengrand sont contre et MM. Lecocq et Goffaux s’abstiennent car ils ont signé une des pétitions qui ont circulé en ville lorsqu’il s’est agit de faire le redressement[2]
Le 1er janvier1840, la Députation permanente du Hainaut a transmis au département des travaux publics le projet de redressement de la route de Mons, aux abords de Binche.
Au Conseil communal, le bourgmestre Wanderpepen signale que le Collège échevinal a écrit le 13 décembre1839, à Louis Troye, membre de la Chambre des représentants et à Mr le chevalier Vander Heyden de Hauzeur, sénateurs, en leur faisant connaître que depuis très longtemps on réclamait le redressement de la route de 2e classe, n° 6, de Mons à Charleroi, aux abords et dans la traverse de la ville de Binche, afin de remédier aux accidents des plus funestes qui se succèdent et se reproduisent trop souvent. Que les pièces nécessaires ont été renvoyées  par la députation permanente du Hainaut au ministre des travaux publics le 31-août dernier...prie ces Messieurs d’user de tous les moyens en leur pouvoir afin d’engager le ministre des travaux publics à mettre un terme à la lenteur qu’on paraît apporter dans la conclusion de ce projet[3]
Le 8 février 1840, le chevalier Vander Heyden de Hauzeur écrit au Collège :
« …les ingénieurs des Ponts et Chaussées chargés de ce travail…ont fait un rapport le plus favorable à cette demande, Mr le ministre des travaux publics partage entièrement leur manière de voir à cet égard, mais jusqu’à ce jour on a pensé qu’il était plus équitable de faire construire des routes dans des contrées qui en étaient entièrement privées que de faire des redressements dans celles qui étaient déjà favorisées…qu’en définitif, c’était le manque de fonds qui ne permettrait point en ce moment d’affecter les 45.000 Fr. nécessaires pour entreprendre ces travaux… »[4]
Le 9 janvier 1841, le Conseil communal, vu la lettre du gouverneur de la province en date du 15 décembre 1840, portant qu’il a reçu du ministre une dépêche expliquant que ce projet exige une somme de 55.000 Fr. et que vu le manque de ressources nécessaires, il voudrait que la Ville de Binche participe en partie dans la dépense
La Ville répond défavorablement à cette requête car dit-elle, elle vient de voter un subside de 6.666 Fr.66 en faveur de l’ouverture de la route de Binche à Merbes-le-Château et est dans l’impossibilité d’intervenir au coût des travaux [5]
Le 1er février 1841, le Conseil communal revoit sa position du 9 janvier, et concède gratuitement en faveur de l’établissement du redressement, tous les grès et matériaux qui proviendront de la démolition de la tour, portique et murs de rempart où le redressement aurait lieu et les parties de terrain communal non aliénés, qui seraient empris et permettant l’enlèvement le long du rempart des terres, décombres, qui sont nécessaires au remblais [6]
Par une lettre datée Le 22 mars 1841, le représentant Louis Troye informe le bourgmestre de Binche que le gouvernement  provincial, qui avait accordé un subside de 12.000 Fr. en faveur du redressement, a décidé de le porter au ¼ des dépenses totales [7]
L’arrêté royal du 24 mai 1842, ordonna le redressement de la rue de Mons par la tour Paulet [8]
Le cahier de charge du Ministère des travaux publics n° 124 publie la mise en adjudication des travaux qui auront lieu en 1842.
Nous tirerons du cahier de charge les caractéristiques principales  du travail à exécuter :
La longueur du redressement est d’environ 447 m. Son tracé part de la rue de Mons à environ 150 m. de l’angle de la rue de la Régence, laisse à gauche la Tour Paulet, traverse le jardin du Sieur Albert Thibaut, et aboutit à la route de 2e classe n° 6, en face du pignon du Sieur Leclercq-Huart.
Le tracé se compose de quatre alignements :
Le premier se confond avec l’axe de la rue de Mons.
Le second, sur 124 m., se rattache à l’extrémité du précédent en face de l’origine de la muraille du Sieur Clément Lemoine.
Le troisième, sur 275 m, forme avec le précédent un angle de 130°, passe de 5 m, vers la droite de la muraille du Sieur Leroy et se termine à l’axe de la route de Charleroi-Bray.
Le quatrième, de 48 m, forme avec me précédent un angle de 153°, se confond avec l’axe de la route précitée et s’arrête à un point pris dans le prolongement du pignon du Sieur Adrien Leclercq-Huart.
La chaussée sera exécutée sur une largeur de 7 m.
A la rencontre des chemins et ruelles sera établi des rampes de raccordement de  50 cm. De pente au plus par mètre courant.
Celle du chemin de Péronnes établie en remblai aura au moins 6 m. de largeur à la crête et arrivera au niveau de la propriété du Sieur G. Willot.
Les ouvrages d’art consistent en :
- Un pont de 5 m. d’ouverture, à construire sur la rivière « aux chevaux ».
Le pont aura 14 m. entre le parement de ses têtes et 5 m d’ouverture en plein cintre. La hauteur totale du pont aura 5 m. au dessus des fondations.
- Un aqueduc de 50 cm, d’une ouverture dans les deux sens à construire sous le raccordement du chemin de Péronnes.
La nouvelle chaussée sera réalisée avec des matériaux neufs entre le pont de départ de la route n° 6 et celui de la route n° 33[9].
Le conseil communal du 13 mars 1843 décida que « vu le redressement qui s’exécute à ce momeent aux abords de la traverse de la ville, il y aura une nouvelle communication partant de la commune de Waudrez et aboutissant à la rue de Mons, au moyen de la disparition  des maisons dites Lallemand, rue de Mons et des Archers, elle arrête unanimement de donner à cette communication la désignation de place du général Boussart[10]. Cette place est l’aboutissement de la rue de la Pépinière sur la rue de Mons. Le plan du cadastre de 1830 indique que la rue de la Pépinière s’appelait rue du Général Boussart   
  
Cet extrait du plan Popp montre le redressement de la rue de Mons, on remarquera que la rue de Mons actuelle s’appelle rue des Bonnes femmes alors qu’actuellement cette dénomination s’applique à l’impasse qui menait jusqu’à la tour Paulet. La rue Lucien Roland actuelle garde toujours son ancienne appellation de rue de Mons. La rue de Million actuelle s’appelait encore rue de Mons à Binche.


[1] LEJEUNE T. Histoire de la ville de Binche. , p. 15-16.
[2] A.V.B. 01-00-01-10/320.
[3] A.V.B. 01-00-01-10/320
[4] A.V.B. 01-00-01-10/331
[5] A.V.B. 01-00-01-10/401.
[6] A.V.B. 01-00-01-10/407.
[7] A.V.B. 01-00-01-10/415.
[8] Mémoires et publications de la Société des Sciences, des Arts et des Lettres du Hainaut, t. IX, 3e série, pp.240-241.
[9] A.V.B. 6698. Cahier de charges du Ministère des Travaux publics n° 124, 1842.
[10] A.V.B. 01-00-01-10/564.

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