mercredi 30 novembre 2016

Binche, mémoire des rues: la rue de Savoie


La rue de Savoie
                                                                                                           AlainGRAUX                                                                  
L’Issue du Noir Lévrier
On sait que l’abbaye de l’Olive située à Mariemont posséda un refuge à l’endroit dit l’Issue du Noir Lévrier
En 1568, l’abbaye dut subir la fureur des bandes calvinistes.  Les moniales se réfugièrent dans leur refuge de Binche pendant une trentaine d’années.
Afin de relever leur couvent du bois de Mariemont, les religieuses vendirent leur refuge à Charles Tahon vers 1601.
De la veuve Charles Tahon au lieu des abbesse et religieuses de l’Olive sur leur hostel à l’Issue du Noir Lepvrier, procédant du remploi faict par Messieurs des deniers par eulx reçeu de Monsr Dorlois par le rachapt des surcens qu’il debvoit sur deux bonniers de terre quy fut appertenant à ce mesme, restant XXVI L. l’an de rente échéante au 1er jour du mois de novembre dont elle a nampti les dits capitaulx le XVI juing 1633[1].

Rue du Chien
En 1619, un greffe scabinal dit « …à froncq la Haulte cauchie ...faisante coing à la rue du Chien et aux rempartz… »
C’est probablement la rue de Savoie, à cause de l’issue du Noir Lévrier

Rue Cantine
Sur le plan de Binche de 1786, l’appellation rue Cantine
C’est la seule mention connue sous cette dénomination, c’est l’actuelle rue de Savoie.

ATELIER de TANNERIE GAILLIEZ
Charles Gailliez[2], tanneur ayant son usine de tannerie sise à Battignies (Pavé de Charleroi) possédait des ateliers de mégisserie situés rue de Savoie, par succession, ils passeront aux mains de l’épouse de Jules Bouquéau, qui en fera une savonnerie.

LA SAVONNERIE BOUQUEAU
Jules-Joseph-Ghislain Bouquéau, fabricant d’huile et de savon, depuis 1840, demanda le 1er  mars 1857, l’autorisation d’établir dans l’ancien moulin et savonnerie qui lui appartenaient rue de Savoie, une machine à vapeur de 12 CV ainsi qu’un moulin à huile et un moulin à écorces. A ces installations seront joints un épurateur d’huile à l’acide sulfurique et une fabrique de savon. Le 22 avril 1857, il obtient l’autorisation, avec pour obligation, entre autres: que la cheminée soit construite en briques, d’une hauteur de 22 à 25m et pourvue à la base d’un pavillon avec l’obligation de ne faire usage que du charbon provenant des houillères du Centre[3].
En outre, la députation permanente du Hainaut accorda l’autorisation le 19 juin 1857 mais spécifie que l’emploi de presses à coins est interdit pour l’extraction des huiles[4].
Le plan et matrice Popp (1860 env.) renseigne Jules Boucquéau[5], négociant à Binche et propriétaire des parcelles:
Sect B n° 906t, moulin à huile à vapeur
        B n° 906m savonnerie
Le 11 novembre 1891, Marie-Thérèse Leclercq, veuve de Jules Bouquéau sollicite l’établissement dans son usine, 20 rue de Savoie,  d’un dépôt de 300 litres de pétrole.
L’atelier continua ses activités et le 21 janvier 1922, les frères Bouqéau,   Arthur[6] et Jules[7] , sollicitèrent de l’administration communale, l’autorisation de maintenir en activité la fabrique de savon mou et d’y établir un dépôt de 2000 L d’essence. L’inspecteur en chef, directeur du travail de la province du Hainaut, remit un rapport favorable le 30 juin 1924[8] mais sous certaines conditions:
« On ne pourra employer pour la fabrication du savon que des huiles de graines de lin, de chanvre, de colza ou de palme à l’exclusion de toute huile animale ou de graisse de cette nature... On utilisera pour le fabrication, de la soude purifiée exempte de sulfure ...La cheminée de la savonnerie aura 25 m de haut au moins… ». L’autorisation est enfin accordée le 18 juillet 1924.

W. : èl ruwelle Bouquéau. Selon la tradition orale on appelait la rue de Savoie, ruwelle Boukiau, du nom de la savonnerie Boucquéau qui y était établie.

ETABLISSEMENTS DELHALLE
L’atelier Jules Delhalle [9] était au départ un atelier de cordonnerie. Avec l’évolution de l’industrie binchoise, il le transforma en atelier de tailleur,  installe alors ses ateliers, 4 rue de Savoie, à côté de la savonnerie Bouquéau.
Son fils, Maurice Delhalle[10], continua l’entreprise jusqu’à son décès. Sa veuve continue l’exploitation. L’entreprise englobe alors l’ancienne savonnerie.
 En 1944, les Etablissements Maurice Delhalle demandent à l’architecte Paul Pire  de concevoir un nouvel atelier rue de Savoie, le permis de bâtir leur est accordé le 18-11-1944[11].
En 1961, est créée une nouvelle société anonyme, « Les Anciens établissements Maurice Delhalle »[12], elle durera jusqu’en mars 1982[13].
Un autre établissement de confection lui succède, la société « Flagship » ayant son siège à Anderlecht. En 1982, les dirigeants de cette firme adoptent la dénomination de « S.A. Flagship-Delhalle ». Cette firme fermera ses portes  en février 1985[14].

L'Institut supérieur PLUS OULTRE
L’Institut supérieur « Plus Oultre » investit alors l’ancienne usine de confection.
C’ est un établissement officiel d'enseignement de promotion sociale organisé par la Ville de Binche, reconnu et subventionné par la Communauté française. Lieu d’apprentissage ouvert à tous, les cours s’y donnent le jour, le soir et le samedi. Des unités de formation peuvent également s’ouvrir selon les demandes des étudiants et les possibilités de l’Institut.
On y donne des cours de marketing, de tourisme option gestion, de bureautique,  informatique,  infographie, comptabilité, des cours de langues : anglais, néerlandais et français, des cours de dentelle, d d'habillement

LA GRANGE
Initialement appartenant elle aussi au tanneur Charles Gailliez, elle devient une dépendance de la savonnerie Bouquéau, cette grange établie au coin de la rue de Savoie et de la ruelle Sainte-Anne, fut acquise en 1993, sur les conseils de l’ASBL Remparts par la Régie foncière de la Ville de Binche, afin d’en faire un point d’accueil touristique dans le cadre du parcours de visite des remparts. Des expositions y furent montrées et une école de tamboureurs y tient ses cours.


[1] A.V.B. 11-00-06-48
[2] Gailliez Charles-Adrien-Joseph, ° Mons  (Saint-Nicolas) 17-10-1776, † Binche 8-5-1819 X Binche 25 brumaire an V (15-11-1796), Leclercq Caroline-Bernardine-Joseph, ° Binche 10-7-1778, y † 19 nivôse an 8 (9-1-1800).
[3] A.V.B. 01-00-01-12
[4] A.V.B. 01-04-09-980. Enquêtes commodo-incommodo
[5] Bouquéau Jules-Joseph-Ghislain, x Binche 29-5-1849, Leclercq Marie-Thérèse-Renelde-Joséphine.
[6] Boucquéau Arthur, ° Binche 24-5-1851, x Binche 7-2-1882, Grégoire Marie-Célinie
[7] Boucquéau Jules-Alfred-Léon, ° Binche 12-4-1887
[8] A.V.B. 01-04-09-168
[9] Delhallle Jules, ° Battignies 11-11-1861, † Binche 9-11-1930, x Binche 8-6-1885, Delhalle Louise, ° Battignies 21-2-1865, † Binche 3-8-1912, négociante en liqueurs.
[10] Delhalle Maurice, ° Binche 7-7-1885, † Louvain 27-10-1936, x Binche 29-9-1906, Empain Rachel-Elise, ° Binche 30-9-1880, † 29-4-1967.
[11] DURIEUX G. Exposition : L’architecture binchoise de 1850 à 1950, septembre 1999
[12] M.B. 1961/25349
[13] M.B. 1982/625.
[14] M.B. du 16-2-1985 et 18-5-1985.

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