mercredi 30 novembre 2016

Le Grand salon ou Waux Hall


                                                 LE « GRAND SALON » OU « WAUX-HALL » DE BINCHE
                                                                                                                                      Alain GRAUX

Si l’histoire du théâtre communal, appelé aussi Waux-hall, est bien connue, il n’en est pas de même du bâtiment qui le précéda, examinons de plus près la genèse et les étapes de l’histoire de cette grande bâtisse :

L’ECOLE DES GARCONS PAUVRES
L’administration du Conseil de Bienfaisance, pour pallier au manque d’instruction de la classe laborieuse de Binche, avait décidé de créer une école. Ces cours eurent une fréquentation dépassant les espérances.
Le comité de Bienfaisance de la ville fit une demande à l’administration afin de créer une nouvelle école. Le Conseil des bourgmestre et échevins décida le 19-4-1824, de créer une commission afin d’examiner les possibilités d’une telle requête. Les membres de cette commission créée le 13-7-1824, étaient : M. Brouwet, échevin et M.M. Coupez et Lecocq, membres du Conseil.
Ces messieurs présentèrent leurs conclusions au Conseil municipal extraordinaire du 19-8-1824 :

« Projet d’amélioration de l’école des garçons pauvres de la ville de Binche :

Il existe une école communale pour les indigents de la ville, elle est fréquentée par 134 élèves. L’exiguïté du local oblige l’instituteur à diviser sa leçon, l’une a lieu le matin et commence à six heure, l’autre a lieu l’après-midi. Le local est prévu pour 150 élèves. Il n’y aura plus qu’une leçon qui se donnera le jour avec plus d’aisance et moins de lumière.
La conservation des provisions est exposée à des inconvénients sans nombre. Dans le nouveau local, elles seront à l’abri. Le rez-de-chaussée pourra renfermer le charbon, les caves serviront à contenir les pommes de terre et les greniers les grains.
Les fêtes et réunions extraordinaires, ainsi que les bals d’hiver, les fêtes du carnaval, ont lieu jusqu’ici dans les salons de l’hôtel de ville . On en avait senti depuis longtemps tous les inconvénients. On a donc pensé que le bâtiment projeté offrait une occasion favorable à faire cesser cet état de choses. En destinant la grande salle et ses appendances à ces réunions et en établissant pendant tout le cours de l’année une société de personnes les plus notables de la ville pour gérer cet établissement, on peut raisonnablement porter à 900 florins le produit de cette partie du bâtiment au lieu de 300 florins.
L’emplacement retenu est situé sur la Grand-place de Binche, à l’emplacement de la halle aux grains appartenant à la Ville.
Cette permutation de propriété serait profitable à l’administration du bureau de bienfaisance par la location du « salon » augmentant ainsi son revenu, indépendamment que la Ville pourrait reprendre la jouissance de la demeure actuelle de l’instituteur.
Il y a divers moyens économiques pour réduire les dépenses qu’exigera l’établissement de bienfaisance, le Conseil d’administration n’aurait qu’un léger sacrifice à faire, celui de la concession du terrain, tous les frais de construction seraient supportés par le bureau de bienfaisance.
Le bureau de Bienfaisance possède à Gottignies des parties de prairies dites « Bernardines », tenant en une seule pièces, près de la ville du Roeulx . Elles sont converties en héritages avec quatre maisons, jardins, prairies, terres labourables et houblonnière, contenant 11bonniers 47 perches, divisés en 27 portions, occupées par bail emphytéotique de 99 ans par François Cambier et consorts, commencé le 1-12-1729 et finissant le 30-11-1828, au fermage annuel de 74 florins 28 cts. La vente de cette propriété pourrait couvrir les frais projetés » (1).

Les cours furent dispensés dans cette école jusqu’en 1843 environ, comme nous l’apprend ce texte daté du 20-12-1869 :
Suite au rapport du bourgmestre relatif aux cessions  faites en 1824, par l’administration communale au Bureau de bienfaisance, du terrain situé entre la Grand-place et la rue de la Triperie , nommé les Halles, pour y construire les bâtiments d’une salle d’école avec logement pour l’instituteur.
Que l’ancienne maison d’école, sise rue de l’Ecole, fut également abandonnée au Bureau de bienfaisance, celui-ci s’étant engagé à tenir constamment à la disposition de la Ville un local pour les écoles communales.
Attendu que depuis 1843, date de la nomination des Frères comme instituteurs communaux, le Bureau a été provisoirement dégagé de fournir des locaux pour les écoles, la commission tutélaire des Frères ayant mis à la disposition de ceux-ci, gratuitement, une partie de la maison anciennement occupée par le Sieur Coupez, rue de l’Ecole.
Attendu que le gouvernement réclame de la Ville la construction des écoles, celles-ci devant être aux termes de la loi propriétaire des bâtiments des écoles communales.
Attendu que la ville pourrait, en vertu de la convention de 1824, réclamer du Bureau de bienfaisance son intervention pour la construction des écoles et que le Bureau de bienfaisance a converti en salon le local qui servait anciennement d’école communale.
Attendu que si la Ville prend à sa charge la construction des écoles, il est équitable que le Bureau lui en tienne compte, soit en réduisant le prix de la location du Waux-hall, soit en lui remettant la maison de la rue de l’Ecole et l’indemnisant du terrain de l’ancienne halle.
Après délibération, prie Messieurs Grégoire et Wilmart, conseillers, de vouloir bien examiner ce dossier et de faire les propositions qu’ils jugent convenir (2).

LE GRAND SALON

Le Conseil communal fut favorable aux conclusions de la commission et on procéda à l’échange des propriétés de la Ville et du bureau de Bienfaisance.
L’architecte Depuydt signa les plans et les devis estimatifs le 20-3-1825. Le montant de la construction s’élevait à 33.236 florins des Pays-bas.
Le bâtiment s’étendait de la Grand-place où était située la façade principale, jusqu’à la rue de la Triperie, où se faisait l’entrée de l’école.

Le plan figuratif comprenait :

Rez-de-chaussée

-          Un portique (Salle des pas perdus) de 5 aunes de largeur sur 3,2 aunes de profondeur.
-          Sur la droite du portique, l’escalier.
-          A gauche du portique, l’estaminet servant de bureau des séances du comité.
-          Au fond du portique, un salon pour la distribution des vivres, peut aussi servir de billard, de 9 aunes de long sur 4 de large.
-          Un dégagement pour aller de l’escalier aux magasins sans passer par le salon de distribution.
-          Un autre dégagement.
-          Une remise pour les pompes, échelles, crochets, bancs appartenant à la ville, contenant 18 aunes de long sur 13 de large.
-          Un deuxième magasin au charbon, les hangars pour la remise au bois à brûler et les latrines.
-          Un escalier pour aller à l’école dont l’entrée sera dans la rue de la Triperie.

Sous terrain

-          Une boulangerie dans laquelle se trouve le jet d’eau venant des fontaines, de 6 aunes de long sur 3,2 de large.
-          Caves de 15 aunes de long sur 4 de large.

Premier étage

-          Un salon de réunion et exercices publics de 18 aunes de long sur 13 de large. Le salon est décoré de colonnes qui soutiennent le plancher supérieur et diminuent la portée des bois.
-          Buffet, comble du portique et escalier.
-          Ecole de 13 aunes de long sur 9 de large.
-          Communication de l’école avec le salon au moyen d’une cloison mobile que l’on pourrait enlever pour rendre au besoin le salon plus grand.

Grenier

Mansardes avec grenier au milieu, pour y placer les grains provenant des fermages appartenant aux pauvres.

Pour la construction du bâtiment il fallut acheter un bâtiment enclavé dans les halles, ce dernier appartenait à  François Baurain (3). La vente eut lieu le 25-4-1825 pour le prix de 1067 florins.
Le bâtiment fut rapidement érigé. La décoration intérieure fut confiée à l’entrepreneur de peinture Henri Lebrun.
La salle de danse  était peinte de couleur jonquille à la détrempe, surmontée d’une corniche corinthienne dorée et le soubassement peint en gros lilas. Douze colonnes peintes en blanc au vernis, les chapiteaux en or et les bases en bronze. La place des rafraîchissements était peinte en chamois. Ces travaux furent réalisés pour la somme de 141 florins 65 cts.

L’INAUGURATION

La première pierre du bâtiment fut posée le 22 novembre 1825 :
Après la messe de la Sainte Cécile, en présence de l’administration communale au complet, des membres du Conseil de Bienfaisance et des administrateurs des établissements publics, la réunion eut lieu en l’hôtel de la Régence à 11 h.
Un cortège se mit en route au son de la cloche et du carillon et des harmonies de la ville. Arrivé au « Grand salon », le Conseil installa M. Toubeau, instituteur désigné pour enseigner dans la nouvelle école destinée aux indigents.
Des discours furent prononcés, tant par le président du conseil, que par l’instituteur. Ensuite plusieurs morceaux de musiques furent exécutés et chantés. La cérémonie se clôtura par un banquet. Un toast fut prononcé par le président du conseil de Bienfaisance à la prospérité de cet établissement. Il fut suivi par celui du bourgmestre dédié au roi et à la famille royale. Le président de l’hospice fit un troisième speech sur les bonnes intentions manifestées dans les résolutions du Conseil communal pour la construction de l’édifice dont on célèbre l’inauguration.
Le bâtiment est géré par un régisseur. Le premier régisseur fut Pierre-François Ghislain, trésorier du Conseil de Bienfaisance.

LES FÊTES DE BIENFAISANCE

De nombreuses fêtes furent organisées au profit de l’institution de Bienfaisance. Les fêtes du premier de l’an, du carnaval, de la kermesse du mois de juillet, de nombreux bals, etc. étaient organisées par le régisseur qui passait les contrats entre lui et les musiciens devant notaire. En général il y avait un orchestre de huit musiciens pour exécuter « les contre-danses, galops et valses qu’il plaira au bureau ».
Outre les bals, de nombreuses manifestations eurent lieu dans l’édifice, des concerts, de nombreux vaudevilles (4), etc.
Nous avons relevé pour les vingt-cinq premières années, entre autres :
* Le 9-9-1838 :
Les artistes réunis des théâtres d’Anvers et de Liège donnent :
« Elle est folle », drame-vaudeville en deux actes de Mesleville, suivi de :
« Les deux divorces » pièce en un acte de Cognard.

* Le 2-12-1838 :
M. Anguinet, un des premier physiciens de France, ventriloque, conjointement avec sa demoiselle et M. Comte, physicien du roi, présentent une seule et brillante représentation de ses exercices, entre autres « la colonne de la place Vendôme » (de 4 pieds 3 pouces de haut) et un programme en dix points. Scènes de ventiloquie.

* Le 9-7-1839 :
Concert vocal et instrumental par la chanteuse Sophie Gueton et Benoit Fauconier au piano.

* Le 30-12-1839 :
Grand concert spirituel et vocal par 40 chanteurs montagnards des Hautes Pyrénées, élèves du conservatoire de Bagnères-de-Bigorre.

* Le 23-1-1840 :
Attendu le déficit qui se trouve dans la caisse du bureau de bienfaisance par suite de prescriptions médicales, le président organise une grande tombola qui sera tirée le 8-5-1840, ainsi qu’un grand bal.

Le « Théâtre des Jeunes acteurs de Binche » dirigé par le Sieur Picolo, présente de nombreuses pièces et ballets:
* Le 26-9-1841 :
« La prima Dona ou la sœur de lait », comédie-vaudeville en un acte, suivie de :
« Souvenirs d’enfance », vaudeville en un acte, suivi de :
« La meunière de Marly », comédie-vaudeville de Mesleville et Duvegris.

* Le 27-9-1841 
« Le mariage enfantin », vaudeville en un acte, de la Gaieté. Suivi de « Monsieur Lefebvre », comédie en un acte, et terminé par
« La fermière », tableau villageois en un acte, des Variétés.

* Le 30-9-1841 :
Le « Théâtre des Jeunes acteurs de Binche » présente :
 « La folle ou le testament d’une anglaise », drame en 2 actes, suivi de « Le filtre champenois », de Mesleville et Brazier, comédie-vaudeville en un acte, du Gymnase.

* Le 3-10-1841:
Le « Théâtre des Jeunes acteurs de Binche » présente :
 « La Dame des belles cousines ou la duchesse de Metz », vaudeville en un acte, suivi de :
« Zoé, ou la petite jardinière », vaudeville en un acte, suivi de :
« « La fiole de Cagliostro » vaudeville en un acte.

* Le 10-10-1841 :
Le « Théâtre des Jeunes acteurs de Binche » présente :
« Le gamin de Paris », drame-vaudeville en deux actes. Suivi de :
« La coquette corrigée », comédie en un acte, suivie d’un ballet.

* Le 17-10-1841 :
Le « Théâtre des Jeunes acteurs de Binche » présente :
« Bruno le fileur », drame-vaudeville en deux actes, de Barthélémy et Filliot.

* Le 19-6-1842 :
Soirée « spirituelle et constructive ».
M. Weiss, prestidigitateur, professeur de l’académie de physique de Paris, présente un spectacle de prestidigitation, magie blanche et physique amusante, terminée par la fantasmagorie.
La salle représentera « un temple d’illusions », brillante illumination.

* Le 24-1-1842 :
Les artistes du théâtre de Mons présentent :
« Plus de jeudis ou les deux ouvriers » vaudeville en deux actes de Scribe. Suivi de :
« La permission de 10 heures », vaudeville en un acte du Palais Royal.

* Le 9-1-1842 et le 26-3-1842 (Laetaré) :
Soirée musicale par la société « Les Chasseurs ».

* Le 29-1-1843 :
Théâtre physique et mécanique, dirigé par Louis Courtois, du théâtre de Mons. Il présente l’art de la magie et prestiges. Magie égyptienne.

* Le 4-12-1843 :
M. et Mme. Léon, artistes du théâtre de la Renaissance et du Vaudeville de Paris, conjointement avec les élèves du Conservatoire, présentent :
« Michel et Christine ou le retour d’un brave » suivi d’un spectacle de vaudeville.

* Le 7-12-1843 :
Les mêmes produisent :
« Pauvre Jacques », comédie en un acte, suivi de plusieurs petits vaudevilles.

* Le 11-12-1843 :
Les mêmes montrent :
« Le tailleur et la fée », vaudeville fantastique, suivi d’un spectacle de vaudeville.

* Le 7-8-1843 :
Le théâtre de Charleroi et M. Charles des Lys présentent :
« La sœur de Jocrisse », vaudeville en un acte de Varner et Duvert, et « Valérie ou la jeune aveugle », comédie en trois actes de Scribe.

* Le 27-4-1845 :
La compagnie des « Artistes dramatiques » sous la direction de M. Perrier donnent trois vaudevilles en un acte:
« Louisette ou la chanteuse des rues », « Margot, la comtesse » et « La sœur de Jocrisse »

* Le 1-5-1845 :
La même compagnie représente :
« La grâce de Dieu », vaudeville en cinq actes, suivie de :
« Le caporal et la paye », vaudeville en un acte.

* Le 6-7-1846 :
Concert de M. Montigny, au violoncelle, et Melle. Fayt, pianiste.

* Le 20-12-1846 :
Le théâtre des Variétés de Mons présente
« Bruno le fileur », vaudeville en deux actes de Cognard Frères, et « Elle est folle », vaudeville en deux actes de Mesleville.

* Le 9-4-1849 :
Le théâtre Royal de Mons donne en représentation quatre pièces de vaudeville.

* Le 22-5-1849 :
« Vues dissolvantes » de l’école polytechnique de Londres et « tableaux brillants », exercices équilibristes et gymnastiques.

* Le 25-12-1850 :
La troupe de M. Marcus présente :
« Qui se ressemble se gêne », vaudeville en un acte de Michel Fontaine.
«Le cachemire vert », comédie en un acte d’Alexandre Dumas.
« Le ménage de Rigolette », vaudeville en un acte de Brissebarre et Gériz.

* Le 7-5-1854 :
« Palais enchanté »  de la famille Gransart-Courtois, célèbres prestidigitateurs, spectacle de magie.

LA REDOUTE DE BINCHE

Une société « La redoute de Binche » fut fondée par le Bureau de bienfaisance en séance du 19-12-1833, afin d’organiser de nombreux bals au profit des œuvres de bienfaisance et se dota alors d’un règlement :
  1. Le titre que prend la société indique suffisamment le but qu’elle se propose, la société se réunit pour se livrer au plaisir de la danse.
  2. Tout sociétaire parle fait seul de son admission, contracte sur l’honneur l’obligation de se conformer strictement aux règlements qui régissent la société, de se comporter dans ses réunions avec tous les égards dus aux dames et aux membres d’une société recommandable.
  3. Il est facultatif à tous sociétaire de présenter des étrangers moyennant un franc d’entrée par cavalier.
  4. Le présentant est personnellement responsable de l’étranger présenté.
  5. Tout étranger présenté devra se conformer ponctuellement au règlement de la société et sera soumis aux mêmes lois que le sociétaire.
  6. La société confie à la délicatesse de chacun de ses membres le choix des dames qui l’accompagneront.
  7. Cependant et dans le cas inattendu où l’un des sociétaires s’écartant du respect qu’il doit à la société, se fit accompagner dans l’une de ses réunions par une femme qui ne peut convenir à cette société, les commissaires devront à l’instant faire au sociétaire peu délicat, les représentations qu’ils jugeront nécessaires : ils inviteront la personne ainsi introduite à se retirer, ils l’exigeront le cas échéant.
  8. Le respect que l’on doit aux dames ne permet pas que l’on soit admis à danser en bottes éperonnées.
  9. Les personnes de cette ville non signataires ne pourront être admises à aucune de ces redoutes, qu’en justifiant d’avoir acquitté l’abonnement entier.
  10. Les personnes dans un état d’ivresse et dans une tenue peu décente seront priées de se retirer.
  11. Tout individu employé par la société, tels les musiciens, limonadiers, garçons de salle, porteurs de cartes ou préposés, seront soumis à la surveillance des commissaires et doivent exécuter, chacun selon la nature de ses fonctions, les ordres qu’ils peuvent leur donner.
Lors de cette séance, sont délégués commissaires pour veiller à l’exécution du règlement, MM. Georges, Lecocq, Leclercq et Malingreau.

QUELQUES TENANCIERS

Parallèlement aux activités organisées dans au profit du bureau de bienfaisance, le « Grand salon » et la taverne étaient loués par le régisseur à divers tenanciers. La transaction se faisait par bail de 3/6/9 ans.
Le 27-5-1826, François Plomb, cabaretier à Houdeng-Aimerie propose la location du « café de Bienfaisance » pour 400 fr. annuels à condition que l’administration lui fournisse le billard, une pompe à bière et les quinquets.
Le Bureau de la bienfaisance se montre réticent. Il passera un bail devant le notaire Lecocq le 25-3-1828 qui fut accordé à Charles-Emmanuel Depape, propriétaire et marchand limonadier à Waudrez, et Félicité Bury, veuve Charles Lucq (sa belle-mère), pour trois ans, au prix de 389 florins annuels. Mais ceux-ci se désistent  en mars 1829, vu le peu d’avantages que leur laisse le régisseur, car ils ne peuvent organiser eux-mêmes des manifestations théâtrales ou bals, etc.
Le 17-8-1829, François Plomb écrit encore au conseil de Bienfaisance :
« Le Salon de Binche se trouve encore vacant, vu que personne ne trouve avantage à le reprendre, vu le peu de bénéfices qui s’y trouvent. Dailleurs il y a des caffés à Binche plus beaux que le buffé du Salon qui n’a aucune commodité, enfin s’il on veux me remettre le salon pour 400 fr. par an… »
Mais un bail de 3/6/9 ans, fut passé le 16-6-1830 au profit de Constantin Denamur et Maximilien Goffaux, cafetiers de la ville, pour le montant de 378 florins annuels.

Un bail de 3/6/9 ans fut passé devant le notaire Fontaine le 11-12-1865 au profit de Félix Sebille au loyer annuel de 300 Fr.

A partir de 1860 environ, le Waux-hall sera loué exclusivement à l’administration communale pour toutes ses manifestations protocolaires et autres. Les baux sont octroyés à  la Ville pour la somme de 1.11 fr. par an, les salons du Waux-hall doivent être en parfait état d’entretien, meublés de 94 chaises, 8 tables et 10 bancs en chêne, avec en plus « une bonne contrebasse à cordes ».

Le 24-2-1885, le Bureau de bienfaisance « considérant que ses ressources pour l’année 1885 subiront une réduction sensible suite aux dépréciations qui pèsent sur ses fermages et que de nombreux secours devront être accordés à  de nombreux ouvriers sans travail, est d’avis de faire appel à toutes ses ressources et décide qu’à partir du premier janvier prochain, le Bureau de Binche exploitera de nouveau à son profit les salons du Waux-hall ».

Le prix des locations pour les soirées, bals, concerts, etc. est fixée à 150 fr. tous frais de gaz et de nettoyage compris. Les sociétés de musique réclamèrent que le prix était trop élevé pour la tenue des concerts, n’utilisant la salle que quelques heures, il leur fut accordé une remise de 50 fr.

Le 23-6-1885, la location du buffet et le droit d’y débiter des boissons sont accordés pour un an à Firmin Richard et Arthur Honorez au prix de 20 fr.

En janvier 1893, les enchères portées en location publique du Waux-hall, pour les 5,12,13,14 et 19 février 1893 (carnaval) sont remportées par Alfred Jaupart, cabaretier, pour la somme de 1.100 fr.

LES TRAVAUX D’APPROPRIATION DU GRAND SALON EN 1873

Une nouvelle façade vit le jour sous les plans de l’architecte Delpierre, de Waudrez, présenté en septembre de l’année suivante et approuvé par l’administration en octobre 1863.

Mais il fallut attendre septembre 1872 pour le  Conseil de bienfaisance décida le réaménagement du bâtiment du Grand Salon, supprimant les salles où l’on faisait classe, ainsi que le logement de l’instituteur.

Le 18-4-1872, l’architecte Mahieu interpellé sur la nature des travaux à exécuter pour parvenir à restaurer solidement la façade du Waux-hall répondit qu’il fallait le restaurer « sur le mode le plus économique en même temps que le plus efficace, débutant par le déplâtrage complet de cette façade, en extrayant ensuite quelques grès qu’elle renferme, après quoi faisant usage de la chaux de Basècle, l’on replâtrerait immédiatement, peignant d’une forte couche d’huile et presque simultanément et au fur et à mesure de son achèvement, chaque partie de l’édifice… »
C’est cette façade que de nombreuses cartes postales anciennes nous livrent, avec toutefois une modification, car en 18.., le balcon de l’établissement fut démoli

Le plan Popp situe bien ces parcelles qui appartiennent au Bureau de bienfaisance :
Section B. Parcelle 300a :        Maison, entresol.         1a 20 ca.
                              300b :        Maison, entresol               60 ca.
                              300c :         Salle de danse                  60 ca.
                              300c bis :     Magasin                      2a 30 ca.

En janvier 1885, le Bureau de bienfaisance ayant repris l’exploitation du Waux-hall, vu l’état de vétusté dans lequel se trouvent les peintures du salons, de la scène et du mobilier décide qu’il y a lieu de faire quelques réparations et alloue une somme de 300fr. à cet effet.

LA REPRISE DU WAUX-HALL PAR LA VILLE

Lors de sa séance du 28-12-1892, le Conseil du Bureau de bienfaisance, présidé par Elie Meunier prend l’initiative d’écrire à l’administration communale de Binche :

« …voulant sortir d’indivision et faire disparaître toutes les charges et estimant que la Ville a besoin d’une partie de l’ancien couvent des Récollets pour l’établissement d’un bureau de postes et pour ses écoles, ainsi que du Waux-hall pour ses fêtes publiques, distributions de prix, remises aux pompes, bancs, etc. Le Bureau céderait à la Ville sa part dans la propriété de l’ancien couvent des Récollets, ainsi que la propriété complète du Waux-hall, moyennant une rente annuelle de 3.000 fr., et sous condition que la part d’intervention du Bureau de bienfaisance dans les frais d’instruction primaire et gardienne ne pourraient s’élever à plus de 1.000 fr. annuellement. L’administration communale mettant aussi une salle de l’hôtel de ville à la disposition du Bureau de bienfaisance pour y tenir ses séances… »
L’administration communale répondit le 4-9-1893 :
Suite à l’accord verbal intervenu dans une des réunions des deux administrations, nous avons l’honneur de vous faire connaître que nous consentons à l’arrangement proposé moyennant une rente de 2.500 fr. Cette rente ne pourrait être remboursée avant quinze ans…
Cette décision fut entérinée lors du Conseil du Bureau de bienfaisance du 10-9-1893 :
« Vu que la Ville se réserve à rez-de-chaussée des remises pour y placer les pompes, échelles, crochets et autres instruments propres à arrêter les progrès de l’incendie et enfin les bancs à l’usage du marché…
Vu que le jour de la célébration de la fête de Saint Ursmer , ceux du dimanche, lundi, mardi et mercredi de la kermesse, le dimanche et lundi suivant le jour anniversaire de la naissance de S.M. notre roi, si le temps ne permet pas de danser au cirque du château, les entrepreneurs de la danse peuvent se servir du Waux-hall.

Vu qu’il est loisible au Collège des Bourgmestre et échevins de disposer du Waux-hall dans ses jours extraordinaires de réjouissances publiques.

Attendu que par la transformation du Waux-hall en 1864, le Bureau a fait disparaître les locaux occupés autrefois par l’école communale des garçons et par le logement de l’instituteur, les remises du matériel d’incendie et des bancs du marché.

Considérant que par convention existante le Bureau est tenu de fournir à la ville les locaux ci-dessus désignés et que par convention à venir il ne resterait à la charge du Bureau de Binche, que sa cote-part dans les frais de l’enseignement primaire…

Considérant que le Waux-hall est en état de vétusté et qu’il y a avantage pour le Bureau de Binche à accepter les propositions de la Ville…

La Ville et le Bureau conviennent ce qui suit :

Le Bureau de Binche cède à la ville sa part de propriété dans l’ancien couvent des Récollets et l’entière propriété du Waux-hall, moyennant une rente de 2.500 fr. à payer par la Ville…les deux administrations renonceront à toutes réclamations au sujet des sommes qui pourraient être dues pour les loyers arriérés des salons du Waux-hall… » (5)

L'ancien Waux-hall et l'hôtel de ville

LA DEMOLITION DU WAUX-HALL

Avec le temps l’édifice était devenu fort vétuste; en 1932, l’administration communale décida sa démolition et son remplacement par un nouveau bâtiment conçu sur les plans de l’architecte Saintenoy.

GLACIERE DU WAUXHALL

Du 15 mai au 15 octobre 1869, la glace sera fournie à domicile en ville, aux personnes qui prendront un abonnement, à raison de 35 centimes le seau (5Kg).

Elle sera aussi fournie aux personnes non abonnées qui feront parvenir leur demande en temps utile au concierge (avant 8heures du matin) au prix de 50 centimes le seau.

Le service de distribution se fera de 9 à 12 heures du matin.

On peut en tout temps faire prendre de la glace, à raison de 50 centimes le seau.

S’adresser au concierge pour les conditions de l’abonnement


Notes


(1)     A.V.B. 11-00-08-142.
(2)     A.V.B. 01-00-01-16.
(3)     Cette maison appartenait à Marie-Thérèse Delcourt, rentière, veuve de Michel Masuy. Devant le notaire Nicolas-Joseph Sebille, elle vendit cette maison par arrentement le 9 pluviôse an IV (29-1-1796) à Augustin Baudoux, maçon , et Caroline Masuy, son épouse. Ces derniers hypothèquent une maison sise à Binche, dite « le Château de Renisquin » tenant à la halle aux grains, et aux représentants Louis Tordeur. De même une autre maison gisant hors la porte Saint-Jacques, tenant au rempart et aux « jardins de Saint-Vincent », et aux warressaix. Les époux Baudoux-Masuy revendirent la maison le 22 brumaire an IX (13-11-1800) à Anne Marie Wyns, veuve Buisseret, négociante. Celle-ci ne tiendra pas longtemps cette maison « sise sur la Grand-place, tenant à la halle d’un côté et à Ursmer Masuy de l’autre ». Par l’intermédiaire de Jacques-Augustin Deneufbourg, rentier à Binche, son fondé de pouvoirs, elle vend sa maison le 12 frimaire an XIV (3-11-1805) à François Baurain, tailleur, et à Augustine Delrue, son épouse.
(4)     Pour rappel, le théâtre de vaudeville, est une comédie légère, fondée sur l’intrigue et le quiproquo, tel qu’on le jouait dans les théâtres parisiens, des Variétés, de la Gaieté ou du Gymnase.
(5)     Archives du C.P.A.S. de Binche, Je remercie M. Besanger et ses collaborateurs qui m’ont ouvert leurs archives.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire